Nouveau voyage dans le pays des nègres
171 pages
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Nouveau voyage dans le pays des nègres , livre ebook

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Description

Extrait : "Il y a cent ans à peine, l'idée d'aller aux îles était une idée de mort, et si quelque audacieux chercheur de fortune bravait la terreur publique en s'embarquant pour ses lieux redoutés, il emportait, en quittant sa terre natale, les adieux éternels de ses amis. Aujourd'hui on est moins effrayé, parce que les relations sont devenues plus fréquentes entre la métropole et ses colonies, parce que les routes, les canaux, les chemins de fer ont ouvert..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782335075946
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335075946

 
©Ligaran 2015

VUE DE SAINT-LOUIS
Avertissement essentiel
La partie de ce volume qui a pour titre : Études sur la colonie du Sénégal , contient, outre l’historique complet de cette possession française, mes vues personnelles sur son avenir ; mais ce n’est qu’un projet, et il ne doit en rien faire préjuger les intentions ultérieures du gouvernement.
Pour faire ce travail, j’ai dû analyser et même quelquefois critiquer les actes de l’administration coloniale antérieurs à 1846, année où mes notes ont été prises. On comprendra que ma tâche eût été impossible si je m’étais laissé conduire par des scrupules en louant ce qui me semblait attaquable.
Je dois aussi rappeler que la mission que j’avais reçue (voir les instructions de M. l’amiral de Mackau dans l’ Introduction du premier volume) m’imposait le devoir de fournir au gouvernement tous les documents propres à l’éclairer sur la politique et le commerce de l’Afrique occidentale.
Mes Études sur la colonie du Sénégal ne sont donc pas une œuvre de fantaisie faite en vue de me donner de l’importance, mais le compte-rendu sérieux et consciencieux d’une mission de confiance.
Je dois encore rappeler qu’il n’a pas dépendu de ma volonté de livrer plus tôt à la publicité un travail dont la date remonte à huit ans.

A. RAFFENEL.
Paris, ce 6 février 1856.
Première partie
I

Le Sénégal tel qu’il paraît être. – Les Dieppois et les Rouennais sont les premiers Européens qui aient fondé des établissements aux côtes orientales de l’Afrique. – Rivalités des Portugais ; leurs prétentions.
Il y a cent ans à peine, l’idée d’aller aux îles était une idée de mort, et si quelque audacieux chercheur de fortune bravait la terreur publique en s’embarquant pour ses lieux redoutés, il emportait, en quittant sa terre natale, les adieux éternels de ses amis.
Aujourd’hui on est moins effrayé, parce que les relations sont devenues plus fréquentes entre la métropole et ses colonies, parce que les routes, les canaux, les chemins de fer ont ouvert, en France même, des communications qui n’existaient pas, il y a un siècle, entre les populations du centre et les populations du littoral. Aujourd’hui on ne dit plus les îles  ; on dit l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, l’Australie ; les colonies de la France sont connues par leur nom, et ces noms n’inspirent plus d’effroi. Le mystère des régions tropicales est dévoilé ; on ne raconte plus à la veillée les merveilleuses aventures des hardis voyageurs qui ont franchi l’Océan pour établir leur demeure à la Martinique, au Canada, à Saint-Domingue, à l’île de France. Le prestige de ces noms est détruit ; la gloire d’avoir vu l’Atlantique et le cap des Tourmentes est éclipsée.
Chacun sait aujourd’hui que les pays compris entre les tropiques donnent, en retour de leur éternelle verdure et de leur ciel toujours bleu, des chances de mortalité plus grandes que dans les pays tempérés ; mais chacun sait aussi que ces chances, examinées avec l’œil de l’expérience, doivent perdre leur caractère terrifiant. Les Antilles, l’île de la Réunion, la Guiane même, si tristement célèbre, il y a cinquante ans, par les lamentables récits des déportés du 18 fructidor, sont aujourd’hui réhabilitées.
Le Sénégal ne l’est pas. Le Sénégal est demeuré tel qu’il était autrefois ; c’est toujours une terre maudite ; c’est toujours une fosse ouverte et ne se fermant pas.
Quelles sont les causes de cette réprobation qui a survécu au temps, qui a résisté aux révolutions accomplies dans les idées. Le Sénégal offre-t-il un asile privilégié aux fléaux endémiques qui frappent l’existence ? Non ; car ces fléaux sévissent aux Antilles avec plus de violence. Le Sénégal se trouve-t-il situé à une si grande distance de la métropole que ceux qui auraient le désir de s’y établir soient préoccupés de la longueur du chemin ? Non ; car les autres colonies sont éloignées d’Europe d’une distance au moins double.
Pourquoi donc le Sénégal demeure-t-il frappé d’interdit devant l’opinion ? Pourquoi ces familles d’émigrants qui vont demander à la terre étrangère la subsistance que la patrie ne peut pas toujours leur offrir, n’ont-elles jamais pris la route du Sénégal ?…
C’est que le Sénégal est bien réellement une terre maudite. C’est que, indépendamment d’un climat capricieux et perfide, beaucoup moins meurtrier toutefois que celui des Antilles (n’oublions pas de le signaler), on trouve au Sénégal une vie des plus misérables.
Les Européens qui l’habitent vivent sur un îlot de sable ; sur un îlot de sable sans eau, sans terre, sans arbres, sans gazon ; sur un îlot de sable baigné pendant sept mois par des eaux salées . Ils ne sont pas propriétaires du sol et ne veulent pas le devenir. Ils n’arrivent au Sénégal que pour s’y livrer à un trafic mesquin, et ils n’attendent, pour abandonner à jamais cette terre désolée, que la réalisation d’une modeste fortune ; jour de bonheur qui ne luit pas sur tous, hélas !
Voilà l’existence de la population blanche du Sénégal ; elle comprend environ cent vingt âmes.
D’autres Européens, employés du gouvernement, partagent avec elle les misères et les privations attachées à cet affreux séjour. Ces derniers, presque tous contraints par un tour de service ou par des nécessités de carrière, y viennent à contrecœur, y vivent avec douleur et le quittent avec joie, heureux quand ils ont pu préserver leur santé des atteintes de la fièvre, de la dysenterie, de l’hépatite et surtout de ce mal qui, se jouant de la science des médecins, frappe de mort quiconque ne sait pas accepter les regrets de la patrie absente.
On conçoit que le souvenir rapporté d’un pareil exil, choisi dans des vues de spéculation par les uns, accepté sous l’empire de la nécessité par les autres, doive être pour tous un souvenir amer dont le secret n’est pas gardé. C’est qu’en effet il n’y a au Sénégal ni promenades pittoresques, ni jardins odorants, ni douces causeries, le soir, sous le frais feuillage des grands arbres.
Du sable mouvant, un soleil de plomb, des maisons blanches qui réfléchissent des rayons brûlants, une population en guenilles : voilà les joies matérielles du Sénégal. Il n’y a plus dès lors à s’étonner de le retrouver avec sa fâcheuse renommée d’autrefois.
Pas de population attachée au sol pour le cultiver et l’approprier aux besoins d’un peuple civilisé ; pas de colonie. Aussi le Sénégal n’est-il aujourd’hui qu’un lieu d’échange, ancien bazar-d’esclaves transformé en marché où se troquent les gommes du Sahhrâ, les peaux des troupeaux des pasteurs foulhs et quelques grammes d’or arrachés aux eaux de la Falémé et aux terres d’alluvion du Bambouk.
Il y a pourtant de la terre et de l’eau comme partout au Sénégal. Il y a de riches cultures dans le haut de son cours ; et les indigènes y récoltent en abondance du riz, des mils, du coton, de l’indigo. Les habitants de Saint-Louis vont s’approvisionner au Fouta du mil nécessaire à la subsistance des nègres de l’île, et les troupeaux y sont nombreux. Ainsi, non seulement les indigènes vivent dans des conditions presque luxueuses, mais ils nous font participer aux produits que donne leur pays.
Dieu n’a donc pas dépouillé la terre de la Sénégambie des trésors de la production.
Pourquoi n’en profitons-nous pas ? Pourquoi la main intelligente de l’homme civilisé a-t-elle refusé son aide à cette terre qu’il a choisie, à cette terre qui lui donnerait aussi des joies et des douceurs s’il voulait les lui demander ?
La réponse viendra plus tard. Disons auparavant qui a découvert le Sénégal et par quelles phases il a passé avant nous.
De tout temps la nation portugaise, dont la place est incontestablement marquée au premier rang dans l’histoire des navigations du XV e  siècle, a revendiqué l’honneur d’avoir fondé les premiers établissements européens aux côtes occidentales de l’Afrique. À l’époque où la fièvre des découvertes pouss

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