Nouvelles, théâtre et essais
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Description

Le zouave de la Seine est kidnappé par un célèbre "météorologiste"... Une voiture disparaît de son garage subtilisée par quelqu’un d’improbable... Où il est question d’hirondelles et de papillons... Mais quel est le lien entre cet enchaînement de nouvelles et de poésies qui se succèdent à un rythme époustouflant? Le seul qui force l’admiration, celui de l’humour, proche parfois d’un cynisme élégant qui flirte avec la réflexion philosophique. François Le Roy a su créer un monde à part entre le réel et l’imaginaire où le lecteur se plaît à vagabonder de vers en prose pour une promenade surprenante et délicieuse!

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372076
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nouvelles, théâtre et essais
François Le Roy
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Nouvelles, théâtre et essais
 
 
 
 
 
 
 
Texte de Jérôme Le Roy, élève de quatrième (fils aîné de François)
Sujet  : Imaginez que vous constatiez la disparition d’un monument dont vous êtes responsable (les tours de Notre-Dame, par exemple), que vous vous lanciez à sa recherche et le retrouviez.
Jonglez avec les mots, créez des situations inattendues, choisissez tous les détails (nom des gens, des rues…).
 
— On a volé le zouave du pont de l’Alma !
C’est cette surprenante phrase que moi, Alibaba Tomouch-ton-nez, soixante-trois ans, conducteur de bateaux-mouches, braillais dans l’oreille de Calypso Nautone, ma collègue guide, un peu dure d’oreille.
Elle connaît tous les monuments de Paris du bord de Seine comme sa poche. Elle présentait le zouave, comme d’habitude, sans même le regarder, en français, anglais, japonais, javanais, argot, latin de cuisine, et bien d’autres dialectes encore. Pendant ce temps, les passagers préféraient regarder la lente immersion d’une bouteille de Berk citron concentré.
— Mais c’est vrai ! cria-t-elle en se relevant (car dans mon étonnement, j’ai failli savoir combien de poils au menton avait la grand-mère du marinier qui conduisait la péniche que j’ai manqué d’emboutir).
Eh oui, il fallait se rendre à l’évidence : le zouave du pont de l’Alma, si précieux instrument de mesure des crues de la Seine, avait disparu !
D’abord troublé, puis complètement abattu (il faut dire qu’en plus, j’en étais responsable), je rentrai chez moi. Là, je mis mes pantoufles sans aucun plaisir, n’eus pas le courage de me préparer un jus d’orange, et allumai distraitement la radio ; je l’aimais bien, mon zouave. Avec mon bateau, c’était ce que j’aimais le plus au monde.
 
En vain, je remuais mes méninges, me remémorais tous les livres d’Agatha, reine du crime. C’était l’heure des prescriptionations météorologiques. Une voix dit :
— Demain, il fera beau sur toute la France, sauf au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, ainsi qu’au centre où l’on pourra voir de gros strato-alto-nimbo-siro-allo-maman-bobo cumulo-stratus humulus.
« Voilà un bulletin à rendre jaloux Albert Simon en personne, pensais-je. Lui qui adore la pluie, qui pense qu’il ne pleut jamais assez à Paris et que c’est malheureux que le zouave n’ait jamais d’eau… »
Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Je parie que c’est lui qui l’a volé ! D’habitude, c’est lui qui dit la météo à cette heure-ci. Où peut-il s’être enfui en si peu de temps, avec un bagage aussi volumineux ?
Sur une île déserte, non.
Dans un sous-marin, non plus.
Lui qui adore l’eau, il se sera caché dans un endroit humide.
Dans les égouts ? Non.
Dans la piscine municipale ? Non.
Dans un verre d’eau ? Non, il y serait trop à l’étroit.
En Bretagne ? Mais oui, c’est cela ! En Bretagne, il pleut tout le temps. C’est grand, et il y a beaucoup de gens qui ne le connaissent pas.
 
Sur ce, je bondis sur mon vélo, zigzaguai entre les voitures qui s’entassaient sur la voie express le long des berges, distribuai quelques pieds-de-nez moqueurs aux automobilistes tout rouges qui se vengeaient sur leurs klaxons. En trois coups de pédales, je fus au parc Montsouris, où personne ne savait où Albert Simon s’était enfui. Par contre, ils savaient où il habitait.
J’enfourchai à nouveau mon vélo, fis faire trois tours sur lui-même à un agent qui me barrait la route, les bras en croix. Arrivé chez Mme Simon qui tricotait un imperméable à son fils, je fus obligé de tirer beaucoup de liquide de ma poche pour la faire avouer que son fils était parti dans la nuit avec un camion pour Trifouillis-les-Crevettes, où il avait une résidence secondaire.
Rentré chez moi, je pris mes économies et me rendis à la gare Montparnasse avec mon vélo.
 
Après avoir parcouru cinq cents kilomètres en train, en car, à bicyclette et à pied, je reconnus facilement la maison de mon homme. C’était la seule, parmi les cinq du village, à être bardée de parasols sur toutes les façades. J’appuyai sur la sonnette. Un jet d’eau en sortit, découvrant un jardin bien vert, qu’inondaient une dizaine d’arroseurs automatiques. Une piscine trônait au milieu.
Albert Simon m’offrit un verre d’eau. J’allai droit au but :
— Monsieur Simon, dis-je, je suis venu rechercher le zouave.
Albert Simon, en colère, dégaina un pistolet à eau dernier modèle.
— Cela ne se passera pas comme cela ! dit-il.
Je réussis quand même à le raisonner, et il consentit à rentrer avec le zouave et moi.
 
Huit jours plus tard, à son procès, il avoua que sa grenouille était décédée et qu’il s’était laissé embobiner par un représentant qui lui en avait vendu une Algérienne, qui restait toujours au fond de son bocal qui lui rappelait son oasis.
De rage de n’avoir pu prédire le temps, Albert Simon avait volé le zouave du pont de l’Alma, empêchant les autres météorologistes de constater le niveau des crues de la Seine et ainsi d’établir ses erreurs.
Le jury, après avoir délibéré, fit connaître sa lourde sentence :
— Monsieur Simon, vous êtes condamné à passer quinze jours sous le soleil de Tahiti !
— Pitié ! répondit-il en s’agenouillant. Je jure de ne plus jamais faire le zouave !
 
 
 
Note : Il faut rappeler qu’Albert Simon était très populaire et aimé des auditeurs d’Europe 1, qui appréciaient son humour lors de ses présentations du bulletin météorologique quotidien.
 
 
 
 
L’hirondelle
 
 
 
Le soleil allait se coucher.
 
Au sixième étage, Jacques s’approcha de la fenêtre. Son regard embrassait la cour de l’immeuble, étroite et profonde, tel un puits. Les parois des immeubles, roses de soleil, plongeaient jusqu’à un petit jardin arboré, qui servait de cour de récréation à la crèche du rez-de-chaussée.
 
Les enfants étaient rentrés chez eux. Sur les bâtiments d’en face, les innombrables cheminées se découpaient sur le ciel rougeoyant du soleil couchant.
 
Pas un bruit.
 
Soudain, Jacques fut le témoin d’un étrange spectacle. Un essaim d’hirondelles glissait à toute vitesse en contrebas. Elles frôlaient les façades de cette cour intérieure, tels des avions de chasse, dans une ronde folle.
 
Chaque fois qu’elles passaient devant sa fenêtre, c’était pour replonger le long des murs, frôler les appartements d’en face, et revenir vers lui, véloces. Elles volaient, prisonnières, dans cette cour dont elles ne semblaient pas connaître l’issue.
 
Fasciné par ce spectacle, Jacques eût été incapable de dire combien de temps cela dura. Comme une éternité. Puis, soudain, elles bondirent vers le ciel, comme libérées de leur enfermement. Il ressentit alors un immense plaisir.
 
Lui aussi pouvait sortir de sa prison et voler libre, dans la nuit naissante.
 
 
 
 
Maria
 
 
 
Roissy. Niveau des arrivées. Le vol United Airlines en provenance de Washington s’affichait sur l’écran avec une heure de retard. Comme il était arrivé avec une demi-heure d’avance, elle ne serait donc pas là avant une heure et demie. Il décida de remonter au parking pour finir sa nuit écourtée en s’allongeant sur le siège de sa voiture.
Arrivé à son véhicule, il repoussa le siège en position allongée et s’y coucha. Il programma sa montre pour se réveiller une heure plus tard, puis sombra très vite dans un sommeil profond. Il pratiquait souvent la sieste en milieu de journée, lorsque ses collègues étaient à la cantine ou en déjeuner d’affaires. La tour où il travaillait, à la Défense, comportait trois étages de parking en sous-sol. Son bureau était à quelques mètres des ascenseurs. Il lui suffisait de prévenir sa secrétaire, et il pouvait s’endormir quelques minutes plus tard.
 
Il se retrouva brusquement quarante ans en arrière. Étudiant en marketing, il avait obtenu, à l’issue d’une sélection sévère, une bourse Fulbright qui lui avait permis de se former aux études de motivation si utiles à la démarche marketing, dans un pays où la société de consommation et ses manipulations publicitaires étaient en avance de vingt ans sur l’Europe.
Ensuite, il aurait dû retourner en France finir son master à l’université d’Amiens. Le sort en avait décidé autrement. La deuxième année, peu avant Pâques, son conseiller lui avait proposé un job d’été à l’université de Missoula, dans le Montana. Cela l’arrangeait bien, car l’université d’Amiens ne rouvrirait qu’en octobre. Jonathan accepta la proposition, mais il dut entreprendre un long voyage à San Francisco pour faire prolonger son visa par le consulat.
Il profita des vacances de Pâques pour faire ce voyage au volant d’une vieille Ford prêtée par un camarade. La voiture n’avait plus guère que le moteur qui fonctionnât normalement. Tout le flanc gauche du véhicule avait été enfoncé par un chauffard, mais on pouvait entrer et sortir par la portière de droite. Ce sont des choses que l’on n’autorise qu’aux États-Unis, pays de la liberté, comme chacun sait.
À San Francisco, les bureaux du consulat se trouvaient dans un petit square luxuriant, tout proche des studios de Fred Astaire. La ville lui sembla très agréable, mais il ne pouvait y rester plusieurs jours sans grever lourdement son budget d’étudiant boursier. En juin, il reçut les félicitations du dean pour son excellent travail et entreprit un long voyage jusqu’au Montana, en autocar Greyhound. Il traversa les Rocheuses et arriva un peu fatigué à Missoula, sur un campus quasi désert, par une chaleur était torride.
Le job était intéressant. Il s’agissait d’un poste de lecteur auprès

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