Obstination
366 pages
Français

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Obstination , livre ebook

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Description

Nymat est un personnage improbable qui traverse sa vie comme un roman, en exhibant ses douleurs. Au lieu d’accepter son vrai visage, il a recours à des figures de style aussi vaines que compliquées. Il enfile des masques successifs en usant de prénoms différents : Georges, Georges-Nym, Nymge. Mais il a beau changer d’identités, de mondes (réels et imaginaires), de conquêtes, de postures, il creuse toujours le même sillon : la recherche d’un amour absolu pour combler le vide laissé par la mort d’une mère qu’il n’a pas choyée autant qu’il aurait pu. Autant qu’il aurait dû ? Et il ne manque pas de s’abîmer à chaque nouvel espoir déçu. Jusqu’au bout. Dans sa vie adulte, il rencontre trois femmes qui vont peser sur son destin.

Obstination est un conte fantastique au sens « dépourvu de naturel ». C’est une mélancolie particulière dont l’écriture semble avoir été bercée par Billie Holiday quand elle susurre à l’oreille « He’s Funny That Way ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332637987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-63796-3

© Edilivre, 2014
Avertissement
Qui a dit : « La fluidité m’exaspère » ?
OBSTINATION,
c’est un conte fantastique empesé, au sens « dépourvu de naturel », où les métaphores et les boursouflures s’affrontent ou se serrent les coudes, c’est selon. C’est une aventure un tantinet désespérante dans laquelle le gongorisme se fait l’allié d’un pathos dégoulinant.
Fruit d’un pur hasard, assez cocasse, c’est Calderón de la Barca qui annonce ici la couleur. Les spécialistes du cultisme apprécieront.
Parallèle évident.
En parlant de son film « Tirez sur le pianiste » , François Truffaut disait dans sa correspondance à Roger Diamantis, en date du 05 avril 1971 :
« Il y a trois femmes dans ce film :
… {la} voisine… en même temps une prostituée…
… {la} femme-épouse meurtrie qui se jette par la fenêtre…
… {la} fille avec qui tout pourrait recommencer.
Ces trois personnages représentent trois caractères de femmes qu’un homme peut rencontrer dans sa vie. »
Ce livre n’est que cela. On ne saurait mieux dire.


Approche cinématographique.
Façon « cinéma muet », 9 cartons explicites – des intertitres, autrement dit – précèdent chaque partie importante pour que le lecteur ne se perde pas en route. Du moins est-ce l’idée.
Ce fil d’Ariane devrait révéler finalement la simplicité du propos. Le reste n’est que littérature.
Précision,
à destination des esprits contrariés à la lecture de ce bouquin.
L’auteur partage l’assertion suivante et chacun peut donc, sans se gêner en rien, laisser parler son cœur ou sa raison ; voire les deux.
« Je n’estime pas que l’homme soit capable de former dans son esprit un projet plus vain et plus chimérique, que de prétendre, en écrivant de quelque art ou de quelque science que ce soit, échapper à toute sorte de critique, et enlever les suffrages de tous ses lecteurs. »
Jean de la Bruyère dans
« Les Caractères : Discours Sur Théophraste »


« On n’a cessé de dire et de répéter que mon œuvre est trop personnelle. Avec autant de persistance, j’ai réfuté cette accusation en répétant que toute œuvre doit être personnelle, soit directement, soit indirectement ; qu’elle doit refléter les climats émotionnels de son créateur. »
Tennessee Williams dans Mémoires d’un vieux crocodile.
Aux amours gravés à mon bras : Véronique ma femme, Cédric et Luc nos enfants, avec un remerciement particulier à ce dernier, relecteur attentif dont les conseils d’écriture et de composition ont conduit à la finalisation de ce livre.






Il y a tant de plaisir à se plaindre, disait un sage, que pour pouvoir se lamenter, on devrait rechercher les malheurs.
Calderón de la Barca. dans La vie est un songe.
L’inachevé



INTERTITRE 1
Le héros, un gamin solitaire à peine équilibré, perd sa mère. A l’occasion de son enterrement – sordide, suivant un parcours avilissant –, il s’oppose encore une fois à son père, ressasse ses souvenirs, rumine ses haines et attise ses rancœurs.
L’enfance flétrie
– Nymat, on prononce le « t » ? lui avait demandé son premier maître.
– Oui m’sieur.
– C’est curieux. D’ailleurs, ton prénom est curieux.
– C’est maman qui l’a choisi.
– Tout de même.
– Oui, mais c’est maman…
Nymat avait quatre ans.


Vu d’avion, Morsang semblait posée tout d’un bloc sur le sol, bien rangée, contournée par une route départementale mal entretenue, transpercée dans ses quartiers sud par la ligne de chemin de fer qui la reliait au monde moderne deux fois par semaine. La campagne encerclait la petite ville. Nymat la subissait depuis longtemps. C’était une sorte de prison pour ses vacances estivales, avec des chaînes séculaires à chaque coin de rue. Un univers de traboules aux angles abrupts, de virages interdits et d’immensité castrée.
Nymat aimait bien Jean-Léon : sa blondeur proprette, ses cheveux courts, ses lunettes plates, sa bouille rondouillarde, sa frimousse de rire et de soleil, sa malice éclatante. Ils avaient fêté leurs neuf ans dans l’année.
– Nymat, j’te fais une proposition.
– Ouais ?
– J’te fais le charbon ce soir si tu m’y caresses.
– Non, « je » fais le charbon.
– Mais, les araignées… ? !
– M’en fous.
C’était à moitié vrai. En pleine nuit, ça foutait la trouille d’aller ramasser le coke au fond du jardin. Derrière les tôles ondulées, la poussière irritait la gorge et les narines. Des araignées couraient sur le seau, la pelle, les mains. Mais Nymat s’était décidé la veille : il ne caresserait plus Jean-Léon. Plus rien ne comptait désormais que son intérêt pour les deux masses compactes planquées dans le corsage de la grosse Thérèse et l’idée qu’il se faisait de leur utilité. Un bruit courait depuis l’arrivée de la demoiselle au « Café du P’tit Matelot » : la nouvelle serveuse ne serait jamais la dernière à mignoter les pompons ! Le printemps avait suffi à confirmer la rumeur et dans les soirs calmes et mous de juillet, la garce roucoulait pour un public de mâles avachis chaque jour plus nombreux. Derrière son comptoir, Thérèse était bavarde jusqu’à l’incontinence. Un rictus déformait sa bouche trop écarlate quand elle lançait au premier péquin venu : « pour les Lieux c’est au fond à droite, suivez la mouche. » Chacune de ses saillies en évoquait d’autres. Et Bon Dieu ! Son corps, sa gouaille, son effarante vulgarité portaient à l’extase les marins d’eau douce agglutinés, dévastés par des excitations trop grandes pour eux. En face, perché sur le toit crasseux d’une remise, Nymat observait le manège jusqu’à la fermeture.
Plus tard, seul dans le corps de bâtiment qui abritait sa chambre, perdu dans son lit trop large et suffocant d’envies sans avenir, il s’imaginait profondément enfoncé en elle. Les seins de Thérèse, géants, bousculaient son horizon et sa sueur aigre perlait aux cloisons ternes. Il lui gueulait dans la nuit : « ma laide, ma toute laide, cachés toi et moi, gazelle lourde et rat dément, comme j’aimerais tes escalopes ! » En réalité il ne braillait rien : à neuf ans tout juste sonnés, il n’avait encore ni cette capacité d’idéation, ni ce vocabulaire et se contentait de pulsions équivoques. Cette violence verbale, c’était celle dont il avait, avec le temps, enjolivé son souvenir.
– T’es sûr ? miaula Jean-Léon.
– Sûr.


La nouvelle survint le jour où il se fit piquer au pouce par une abeille. Pas folle la guêpe ; autant s’acharner sur les peaux tendres.
– Les enfants !
La voix, comme exhumée, provenait de l’autre côté d’un mur qui les dominait d’un bon mètre.
– Mes amours !
La tête de la Belette crevait le ciel, juste au-dessus d’eux, bizarrement et parfaitement encadrée par deux minuscules nuages. Le soleil violent, en arrière plan, en précisait les contours. On l’aurait dite décapitée, face de carême annonciatrice des plus profonds bouleversements. Leur nourrice ne dérogeait pas à ses habitudes. Perchée sur la tombe de Jean de Violhaine – père illustre dudit Cardinal de la Motte, prêtre défroqué en mauvais état, titillé par les vers, regretté par sa mère, déserté par ses frères, renié par ses filles et pissé par les chiens –, elle avait traversé le cimetière coupant au plus court pour les dénicher.
– Nymat, arrive voir mon chéri.
Il fila vers elle en contournant le rempart de vieilles pierres. Il courait avec insouciance. Ses pointes de pieds marquaient à peine la terre et les pailles desséchées crissaient sous ses affleurements. Les yeux mi-clos de la Belette suivaient le gamin dans sa course légère. Cela paraissait pouvoir durer l’éternité quand brusquement, à mi-parcours, tout brûla dans sa poitrine. Ses foulées perdirent leur ampleur. Son sourire s’effaça. Le petit manquait d’air à mesure qu’il pressentait son malheur. Une angoisse sourde envahit son ventre. Ses jambes se durcirent un peu plus à chaque enjambée. Il termina presque en marchant les vingt mètres qui restaient à parcourir. Il arriva en haut du raidillon, vidé, vulnérable.
Au bout du chemin, la Belette campée sur ses deux solides poteaux tendait les bras au bout de chou pantelant. Il haletait. Elle l’enveloppa et lui chuchota à l’oreille.
– Viens. C’est ta maman. C’est presque fini. La plaie s’est refermée avec la vermine à l’intérieur.
Son regard égaré, ses paupières trop lourdes, ses larmes déjà jusque sur les lèvres, tout soulignait la gravité des mots. Leur bonne vieille, comme ils l’appelaient, frottait ses yeux rougis pendant qu’elle entraînait Nymat vers un talus où elle le fit asseoir avant de s’y laisser tomber à son tour. Elle aperçut au loin Jean-Léon qui s’éclipsait. Elle pensa que la saloperie saurait faire son sale boulot, mais bien malin qui pourrait dire combien de temps ça lui prendrait. Et elle pria aussi. Elle pria pour que Nymat ne lui demande rien de plus, et remercia le Ciel en le sentant s’abandonner dans ses bras.
Elle le berçait doucement maintenant. Sous l’aisselle de la nourrice, des poils humides collaient à l’épaule nue du gamin. Ils peuplaient chacun de pensées confuses le silence fourre-tout qui s’installait entre eux. Les parfums entêtants et l’acide des transpirations se mélangeaient dans cet après-midi d’indolence. Les heures s’effilochaient en se dilatant sous la chaleur. Nymat glissait vers un infini visqueux, glauque, baigné d’odeurs fortes et de moiteurs insidieuses.
Il s’éveilla entre chien et loup. Il revenait à lui amputé et le regard dur. Ce soir, Jean-Léon irait au charbon, inévitablement.
Le retour à la maison se fit sans un mot. Les vacances tournaient court. Le lendemain, les préparatifs, rapides mais sans précipitation, suivirent une sieste imposée.
Au départ du train, deux étreintes empruntées, l’une avec Jean-Léon, l’autre avec la Belette, miren

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