On est tous la salope de quelqu un
222 pages
Français

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On est tous la salope de quelqu'un , livre ebook

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Description

Rose est une femme parfaite, qui n’a jamais osé dire non à personne. Pour reprendre le contrôle de sa vie, elle feint d’être amnésique à la suite d'un accident. Elle bascule dans un mensonge qui va faire exploser les secrets de toute une famille, des vies ordinaires qui cachent parfois des passés peu glorieux. Plusieurs vies et plusieurs époques se chevauchent, rythmées par les aveux et les rebondissements dont nous pourrions être, intentionnellement ou non, les acteurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 novembre 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782332841476
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-84145-2

© Edilivre, 2014
Dédicace

A Jérémy et Mélody.
-00000-
Une infirmière rentra dans ma chambre, pour s’assurer que ma perfusion remplissait bien son rôle. Elle pressa sur la poche au-dessus de ma tête et eut un air contrarié. Elle me demanda si ça allait. Non, ça n’allait pas, mais je ne répondis pas, je fermais les yeux afin qu’elle me laisse tranquille. Il était si difficile à dire ce mot ? Pour moi, en tous cas, qui disais toujours oui, c’était une révélation, non, non, non… ils s’enchaînaient dans mon esprit comme les divagations d’une rivière qui déborde de son lit, et je les entendais retentir contre les parois de mon cerveau. Ou alors il s’agissait tout simplement d’une douleur inconnue que j’attribuais à un flot de pensées, j’étais en plein délire. Pourquoi ce non venait si facilement à moi qui avais toujours eu tant de mal à le dire ? Il avait suffi que je me cogne le crâne pour que je puisse penser non. Tout s’était détraqué dans ma tête, ou au contraire remis en place. Je devinais une petite douleur, contrariée par les médicaments. Pourquoi était-il réapparu dans ma vie ? Pourquoi se promenait-il là ? Je me sentais légèrement ensuquée, mais je savais bien pourtant que je l’avais vu, tout près de moi. Ce qui s’était passé après restait confus, il avait surgi et je m’étais directement retrouvée là, mais les douleurs dans mon corps me laissaient bien imaginer que j’avais tronqué une scène dans le déroulement des évènements. Ce n’était rien comparé au tumulte dans ma tête.
– Vous savez où vous êtes ?
– Non.
– Vous vous souvenez de quelque chose ?
– non.
Non, était le premier mot qu’elle avait prononcé à son réveil. Il venait de se présenter, mais elle n’avait pas compris son nom même si sa blouse blanche laissait supposer sa fonction. Il avait poursuivi son interrogatoire de questions anodines. Mais elle ne répondait que par la négative. Il lui avait annoncé de but en blanc qu’elle avait peut-être un traumatisme crânien. Des traumatismes, elle se doutait qu’elle en avait, mais crânien, c’était nouveau. Il sortit en lui lançant « ça va aller maintenant ». Elle pensa « non », mais ne le prononça pas.
Elle se sentait épuisée et se demandait si c’était à cause de son état, ou d’avoir pu formuler tant de « non » à la suite. Elle n’avait pas l’habitude. Elle regardait autour d’elle pour constater qu’elle était reliée à des machines. Il venait de lui expliquer qu’elle avait été percutée par une voiture, s’était évanouie, avait été mise sous surveillance, au cas où son corps aurait dérapé à nouveau.
« Traumatisme crânien, », mais comment en étais je arrivée là ? Les souvenirs se contorsionnaient, se chevauchaient pour ne me laisser que quelques bribes éparses. Une chute, un choc, mais comment ? Je n’arrivais pas à me souvenir. Je perdais la mémoire, je me perdais dans ma mémoire, je fus assaillie par une angoisse profonde. J’entendis frapper à la porte et une autre infirmière rentra sans attendre ma réponse. Toute ma vie était comme ça, on me posait une question, et on n’attendait pas ma réponse. Comme si elle allait de soi.
J’étais dans un film, l’actrice principale d’un scénario qui m’échappait. Le décor n’était pas très enthousiasmant, et malgré la couleur des murs qui était passée du blanc au mauve, les odeurs étaient toujours caractéristiques. Des efforts avaient été consentis pour que cette chambre ne ressemble pas à celle d’un hôpital, mais malgré les couleurs qui se voulaient sûrement apaisantes, elle n’était pas rassurante.
L’infirmière me demanda comment je me sentais, mais avant que j’eus le temps de réagir, elle souleva le drap, prit ma tension, ne jugea pas utile de me donner le résultat, me dit juste « vos parents vont arriver » et me fit un sourire avant de ressortir.
Ma mère faisait ça aussi, elle rentrait dans ma chambre après avoir donné un coup bref sur la porte, elle me lançait un « tu travailles ? », en déposant sur mon bureau le magazine qu’elle venait de lire et elle ressortait sans avoir même regardé à quoi je m’occupais. Un jour, elle n’avait même pas vu que je pleurais. J’avais arrêté de pleurer depuis ce jour. C’est vrai ça, ça sert à quoi de pleurer si personne ne vous voit ? Ma mère préférait ne pas voir, et surtout ne pas entendre, et je lui en voulais de cela. Ce souvenir qui refaisait surface dans ce contexte en était la preuve. J’aurais du penser à tout l’amour que mes parents m’avait donné, et des sentiments moins nobles se dévoilaient. Je me sentais toute petite dans ce lit, adulte pourtant, j’avais l’impression de redevenir la petite fille qui n’avait jamais osé dire non.
À ce moment, Paul, mon mari, entra dans la chambre. Comme il l’avait fait dans ma vie, sans frapper, tout doucement, comme dans un musée où l’on craint que le bruit casse les œuvres d’art. Je ne le regardais pas, je ne pouvais pas. Il me fit un grand sourire, mais ses yeux étaient fatigués, ceux d’un homme qui a attendu une réponse qui risquait de modifier le cours de sa vie. Je comprenais à l’instant que j’avais peut-être failli mourir, du moins quelqu’un l’avait imaginé, mais aucune émotion ne m’envahit. Je n’y avais pas encore pensé. Il s’approcha doucement, mais n’osa pas me toucher. C’était évocateur de notre relation. S’approcher, se côtoyer, vivre ensemble, mais jamais trop près. En fait, je n’avais pas envie de le voir. Je voyais ma vie, mes frustrations, mes désillusions, mon amour, mon image. Il fit le tour du lit, me scruta. A son regard, j’eus un doute. Etais-je entière ? Me manquait-il une partie de moi, une jambe, un bras ? Il espérait sans doute que je sois ravie de le voir, mais je n’arrivais pas à réagir.
Il prit une grande inspiration, et d’un air intrigué et inquiet, prononça tout doucement : « tu me reconnais ? » J’hésitai… je n’avais pas envie… je ne voulais pas… et je dis « non », un non sans intonation ni intention. Il recula comme si il voulait se passer le film en marche arrière, et attendit d’être tout près de la porte pour l’ouvrir et sortir précipitamment. Quelques minutes plus tard, il revint avec une infirmière. Elle me regarda fixement.
– Bonjour, vous savez quel jour on est ?
– non.
– vous savez comment vous vous appelez ?
– non.
– Vous vous souvenez de l’accident ?
– Non.
C’était tellement facile de dire non, pourquoi ne l’avais-je pas dit plus tôt ? C’était du pur bonheur, non non et non ! Pour l’accident, c’était vrai, mon esprit était tout de même suffisamment embrouillé pour que je ne me pose même pas la question de ma présence ici.
Ma chambre fut soudainement envahie par une horde de blouses. Mes réponses avaient elles résonné dans tout l’hôpital ? Une main s’extirpa d’une poche pour saisir le bras de Paul et l’inviter à sortir. Je lisais l’effroi sur son visage hagard. Le médecin que j’avais vu juste avant s’approcha de moi et se voulut rassurant. « Ce n’est rien, vous avez subi un gros choc, mais la mémoire va revenir, il faut juste que vous soyez un peu patiente, d’accord ? ». Je sentis de la compassion dans sa voix, et de la sincérité. Il était réellement ennuyé de ce qui m’arrivait. J’aurais voulu lui glisser à l’oreille qu’il me laisse un peu profiter de ce moment où je m’appartenais, où je voulais juste avoir un peu de répit, réfléchir à ma vie. Mais faire de lui mon complice impliquerait une trahison instantanée et des questionnements non plus sur ma mémoire, mais sur ma santé mentale.
En sortant de la chambre de Rose, le Professeur Lenoir, fut entouré immédiatement par Paul, ainsi que Sylviane et Charles, les parents de Rose qui venaient d’arriver, et que Paul venait de mettre au courant de la situation. Charles, qui n’extériorisait que rarement ce qu’il ressentait, tremblait, et Sylviane avait les yeux gonflés. Ils ne posaient pas de questions mais attendaient des réponses. Le Professeur Lenoir n’aimait pas ces situations, ce n’était pas pour les affronter qu’il avait choisi cette carrière, il n’aimait que les bonnes nouvelles, mais c’était incompatible avec sa fonction de chef de service. Il aurait bien envoyé une infirmière, mais elles étaient toutes débordées. Il se servait de son côté toujours pressé pour fuir ces regards interrogateurs et désespérés. Surtout aujourd’hui, il s’était disputé avec sa femme le matin, elle en avait assez de ne pas le voir, qu’il rentre toujours tard, qu’il reparte très tôt. C’était une fois de plus, mais ce matin elle avait parlé de divorce et ça l’avait tétanisé. Il l’aimait, notamment pour sa patience et son soutien, mais elle craquait. Il aurait voulu rentrer tôt chez lui, mais comment laisser Rose et cette famille en désespoir ? Il se racla la gorge, juste le temps de trouver les mots les mieux adaptés.
– Ne vous affolez pas, ça arrive souvent après un choc, il faut juste lui laisser un peu de temps.
– C’est quoi du temps ? Interrogea Sylviane larmoyante. Paul la prit par l’épaule.
– Je ne sais pas Madame, il va falloir être patiente.
Sylviane s’étrangla avec sa salive.
– Mais…. elle… redeviendra comme avant ?
– Nous allons procéder à une batterie de tests et nous vous tiendrons informée.
Il ne s’adressait plus qu’à elle, un seul désespoir suffisait. Charles interrompit la discussion, il en avait assez entendu, et surtout il voulait protéger sa femme. Il serra la main du Docteur et le remercia pour tout. Il entraîna Sylviane vers la sortie. Il avait besoin d’un bon whisky.
-00000-
– François, tu as oublié de prendre le pain !
– Ah oui, pardon… j’avais la tête ailleurs.
Lena le regarda, sa voix était blême tout comme son teint.
– Qu’est ce qui t’arrive, ça ne va pas ?
– Si… enfin… non… je ne sais pas… je viens d’a

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