Oued el Hammam ou la rivière aux eaux chaudes
164 pages
Français

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Oued el Hammam ou la rivière aux eaux chaudes , livre ebook

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Description

Oued el Hammam ou la rivière aux eaux chaudes : autour d’elle des douars et des fermes naquirent et formèrent la Guethna. La vallée fut traversée par énormément de monde qui, frappé par sa beauté s’y installèrent et y vécurent. Ce sont leurs vies pleines d’émotions, de joies et de peines qui forgèrent son histoire durant près d’un siècle.
A la Guethna, les gens en ont beaucoup à raconter. Du Cheikh Mohieddine, le père de l'Emir Abdelkader, des premières années de l'occupation française, des déportations vers la Nouvelle Calédonie, vers Cayenne en Guyane, de l’histoire aussi des anciens combattants des grandes guerres, sans oublier celle d'Henri, Moustafa, et Julien, que leur amour pour les livres et la lecture lia, en laissant derrière eux les traces d’une belle amitié.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332700285
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-70026-1

© Edilivre, 2014
1
Le soleil s’étire doucement des monts du Tifroura et ses rayons caressent les eaux scintillantes de la rivière qui s’écoule lentement entre les roseaux et les lauriers fleuris avant de se perdre au milieu des orangeraies longeant les deux rives de l’oued. Un peu plus bas du petit pont qui sert de passage vers le douar de Sidi Mohieddine, en cette heure matinale, des paysans accroupis sur de grosses pierres lavent le blé. Ils trempent dans l’eau de gros couffins en alfa remplis de grain, qu’ils remuent de leurs mains laissant les débris de moisson emportés par les flots. Au bord de la rivière, entre les touffes de roseaux à l’abri du regard des passants, les femmes étalent le blé trempé sur des nattes d’alfa. Plus haut sur les flans des collines, les bergers poussent leurs troupeaux de chèvres et de moutons vers les hauteurs menant vers le mont Stamboul, en criant derrière les retardataires, essayant d’arracher quelques feuilles d’oliviers sauvages. Le cri des bergers réveille la vallée, et les perdrix encore abritées sous les touffes de maquis, effrayées, sifflent et s’envolent en battant des ailes. Les premiers rayons du soleil chauffent les branches et de petites vapeurs dessinent des auréoles au-dessus des branchages de pins peuplant la montagne, l’enveloppant d’une légère nuée blanche. En s’approchant du pied de la montagne, le cri des bergers s’assourdit et laisse la place au murmure de la source de Guechoul, qui s’ajoute aux chants des oiseaux, profitant de leur solitude récitent une symphonie matinale en trempant leurs becs dans l’eau glaciale, tournoyant leurs petites têtes à la recherches d’un quelconque danger. A l’approche d’intrus le gazouillement s’arrête et laisse entendre le ronronnement de l’eau. Souvent, les paysans des douars avoisinants, habitant l’autre versant de la montagne, prennent le chemin de la source pour descendre vers le douar de Sidi Mohieddine, en plus du raccourci, ils sont attirés par les petits vergers de figues, de vignes et de grenadiers plantés aux abords du bassin de la source. Entre les touffes d’herbes, se dessine un petit sentier en serpentin qui mène vers les hauteurs de la colline. Au sommet, la ferme de Si Amar, située sur un plateau au milieu des terres fertiles d’Ouchen, en face du mont Stamboul. Elle domine la vallée et le douar de Sidi Mohieddine. Souvent quand la brume cache la basse plaine, la ferme ressemble alors à un petit îlot dans une mer blanchâtre. A la levée du jour, la brise, pousse vers la ferme l’odeur des pins et imbibe l’air d’un merveilleux parfum. Construite au début du siècle dernier par des maçons espagnols, elle ressemble fortement aux fermes d’Andalousie, peinte à la chaux, elle se détache de la couleur verdâtre et brune des champs. Le portail à double battants décoré en fer forgé, orné de jolies dessins peint en bleu clair donne accès sur une grande cour couverte de pierres taillées en pavés, que les pousses d’herbe dessinent leurs contours. A l’intérieur, de grandes fenêtres entrouvertes vers la cour laissent pénétrer les rayons du soleil, chauffant l’intérieur des pièces. L’assemblage du carrelage dégage des formes géométriques en arcs et triangles décorant le sol en jolies dessins. Le toit en tuiles rouges ternit par le soleil, ressemble à un tapis de laine saharien. S’ajoutant à la beauté de la ferme, les colonnes de figues de Barbarie et le champ d’oliviers biens alignées et bien entretenus longent le chemin jusqu’à la route menant vers le douar laissent deviner la présence continuelle du fermier. Un léger bourdonnement en vague ressemblant au bruit d’abeilles, s’échappe d’une grande pièce construite à l’écart de la ferme, à l’intérieur, les enfants, leurs planches devant eux, récitent le Coran en balançant leurs têtes encore lourdes de sommeil.
La ferme située à mi chemin entre Sidi Mohieddine et les douars avoisinants de la montagne, attire les paysans et prennent toujours le plaisir de s’arrêter quelques instants discuter avec son propriétaire. Si Amar était un pieu homme plein de bonté et de vitalité, dès son jeune âge, il reçut le titre de Hadj, comme se veut la coutume, après son retour du grand voyage en terre sainte, à la Mecque qu’il avait accompli avec son père Hadj Mansour au début du siècle dernier, il dépassait alors un peu plus la vingtaine. Il choisit de vivre dans cette ferme sur les hauteurs de la Guethna, que son père lui légua, écoutant les conseils des médecins, après la longue maladie qu’il eut lorsqu’il tomba de cheval en traversant la rivière Oued el Hammam un hiver alors qu’il revenait de Bou-Hanifia et depuis, vivait avec des problèmes respiratoires.
Un peu plus bas de la ferme, se dressent quelques chaumières bâtis avec des pierres et de l’argile rouge que la famille des Bouachra avaient construite en arrivant pendant la période de la Deuxième Grande Guerre quand la maladie et la famine frappèrent une grande partie du pays. C’était vers la fin des moissons, un matin, la ferme fut réveillée par l’aboiement continuel des chiens créant un vacarme inhabituel, Si Amar sortit le premier, suivit des autres, à leur étonnement, ils découvrirent une caravane qui passait près de la ferme, et les enfants, voyant le maitre d’école rejoindre Si Amar, sortirent de l’école coranique et couraient vers la caravane, ébahis devant les dromadaires qu’ils voyaient pour la première fois. La caravane s’arrêta un peu plus bas de la ferme, sous les amandiers au bord du champ d’oliviers. Un homme d’un certain âge, trapu enturbanné d’un voile blanc, les traces de fatigue se lisaient sur son visage envahi par une barbe mal taillée, sûrement le chef de famille, se dirigea vers Si Amar, les autres, hommes, femmes et enfants, profitant de cette pause s’assoyaient en petits groupes sous les arbres. En arrivant, il salua en embrassant l’épaule de Si Amar et empoignant sa main qu’il porta ensuite vers sa poitrine, ils parlèrent longuement et depuis ce jour là, la famille des Bouachra s’installa pour ne repartir que quarante années plus tard. Après l’indépendance, ils décidèrent de retourner à Mèchria dans le Sud du pays. Ils laissèrent derrière eux des parents, enterrés à la Guethna, ainsi que Si Bachir qui fut tué par l’armée française devant sa maison pendant la Guerre de Libération.
Dans la vaste pièce à l’écart de la ferme, construite pour la prière, et servant d’école coranique pendant le jour, elle accueillera les passagers voulant s’arrêter la nuit à la ferme. Dans cette pièce, passèrent la nuit beaucoup de gens, même des jeunes Parisiens, déserteurs des troupes stationnant à Sidi Bel-Abbes à une cinquantaine de kilomètres de la montagne cherchant à regagner la côte. Parfois l’hôte est un grand voyageur et, après le dîner, les hommes se réunissaient à l’intérieur pour la prière du soir et attendaient avec impatience les longs et merveilleux récits que les voyageurs rapportaient de leurs aventures. Souvent, les femmes, profitant de l’obscurité, se joignaient à eux, et viennent se blottir dehors sous la fenêtre, et veillaient jusqu’à une heure tardive de la nuit. Ma mère nous racontera beaucoup de ces récits inoubliables.
A la Guethna, nous avons beaucoup d’histoires ; de tout les temps. Du Cheikh Mohieddine, le père de l’Emir Abdelkader, des premières années de l’occupation française, des déportations vers la Nouvelle Calédonie, vers Cayenne en Guyane, de ceux qui ont choisi l’exil en Syrie avec l’Emir Abdelkader, l’histoire aussi des anciens combattants de la Première et Deuxième Grande Guerre et les dernières datant de la Guerre de Libération. Nous avons aussi nos contes pleins de mystère et de beauté que nous écoutions souvent. Parmi celles là, l’histoire de Si Boudali.
Cela se passa au début du siècle dernier, vers 1908, ce dernier fut accusé avec un de ses compagnons du meurtre d’un Espagnol, épicier de profession, vivant au village de Aïn-Fekan à une trentaine de kilomètres de la Guethna, beaucoup de paysans se déplacèrent pour assister au procès qui s’est tenu à la ville de Sidi Bel-Abbes. Ce jour là, la séance commença à onze heures du matin et coïncidera avec le son du clocher de l’église non loin du tribunal qui sonnera onze fois, alors ils dirent que Si Boudali aura onze années de prison. A la fin du procès tel fut le verdict prononcé et après avoir été jugés, ils furent incarcérés au pénitencier d’Orléanville. Sa famille, composée de sa femme et ses deux enfants, continua de vivre à la grande ferme de Hadj Mansour. Grande fut la surprise quand, un matin, la famille de Si Boudali disparut. Cherchant auprès de leurs familles et dans toute la contrée, personne ne sut ce qu’elle est devenue. Petit à petit, cessèrent les recherches, cela se passa quelques années après l’incarcération du chef de famille. Au début de l’année 1913, Hadj Mansour et ses fils partirent en pèlerinage à la Mecque. Ces voyages duraient plusieurs mois, car souvent, ils passaient par Damas en Syrie rendre visite à leurs proches, exilés du temps de l’Emir Abdelkader. Arrivant à la Mecque, au grand étonnement de tous, ils trouvèrent Si Boudali travaillant à la cours de la Mosquée et après les embrassades et les pleurs, il leurs expliqua comment il s’évada lors des travaux d’abattage d’arbres dans la forêt, reviendra jusqu’à la ferme pour emmener sa femme et ses deux enfants et prit le chemin de la Mecque à dos de cheval. En fin de séjour, tous le sollicitèrent de rentrer avec eux et que personne ne pensera à le rechercher encore une fois ; il dira, je suis heureux ici, comment pourrai-je laisser ce lieu sacré ? Mais je ne vous oublierai jamais et embrassez t

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