Paroles de chat
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Description

Mimine, une chatte d’âge respectable, nous griffe en quelques bonds le parcours de son existence et nous livre les quelques réflexions qui lui viennent à l’esprit après avoir observé le comportement des félins et des humains de son entourage. Ses multiples observations la portent à s’indigner, à formuler des jugements parfois tranchés. Ne faut-il pas appeler un chat un chat plutôt que se plier à l’usage abusif de l’euphémisme ou de la langue de bois? Si ce chat ne garde pas la langue dans sa poche, c’est sous la plume de son maître, Roland Chartier, qu’il nous raconte ses aventures. Truffé d’anecdotes qui parleront à tous les amoureux des félins, ce témoignage d’une vie et d’un quartier offre à chacun une nouvelle perspective, pétrie de fantaisie et d’humour: un regard neuf sur les genres animal et humain. Qui a dit qu’un chat noir portait malheur?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369847
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Paroles de chat
Roland Chartier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Paroles de chat
 
 
 
« On reconnaît la grandeur d’une nation dans la manière dont elle traite ses animaux. »
Mahatma Gandhi
 
 
 
 
 
Je me faisais sonner les cloches !
 
 
 
Comme depuis quelques jours mes maîtres sont partis en vacances de neige, je dois me contenter de la véranda. Le radiateur, en position hors gel, blotti contre le mur, se réserve jalousement les parcimonieuses calories dont il est porteur.
Un avion tisse un long fil blanc sur la voûte d’un ciel sans nuages et le froid de février, escorté par un vent du nord plutôt frisquet, mord le thermomètre. Un soleil timide vient dorer la base des arbres où j’ai trouvé refuge et il serait encore prématuré en cette saison de se prélasser au soleil pendant des heures comme seuls les chats savent le faire. Je me lève, je m’étire avec délectation et je promène, autour de chez moi, nonchalamment, ma solitude dans le bois. De toute évidence, aujourd’hui, il n’y a pas un chat ! On entend dans le lointain le bruit sourd de la circulation, haché par les aboiements d’un chien, qui déchirent le calme de l’après-midi.
 
Tiens, voici quelqu’un ! Cet homme va peut-être me faire bon accueil, à moins que ce ne soit un chasseur qui déteste les chats, tout particulièrement les chats noirs. Il faut que je vous dise que nous, les chats noirs, nous sommes bien souvent les laissés-pour-compte, fréquemment mis au ban de la société animale et il n’est pas rare qu’on nous traite avec hostilité.
L’un des neveux de mon nouveau maître me traite de greffier, il veut même m’apprendre à traverser la nationale en dehors des clous ! Dernièrement, pour taquiner mon maître, il est vrai, plus que pour me malmener, il m’a tiré les moustaches et j’ai perdu une vibrisse dans ce geste déplacé. Et il a ajouté, d’un ton goguenard : « Ça se démonte facilement ces bêtes-là ! ».
Il ne faut pas s’étonner que sa fille, Marie Beulin, il y a quelques années, voulût me tirer les moustaches quand elle ne cherchait pas à me mettre ses doigts dans les yeux. Mais, nom d’un chat, je ne me laisse pas faire ! Et puis quoi encore !
Heureusement, Tato, son frère un peu plus âgé, ne me manifeste aucune animosité. Il en est même venu à me représenter debout sur l’herbe dans un cadre idyllique entre une fleur et un papillon, la queue en point d’exclamation, l’air surpris, sous un ciel nuageux mais ensoleillé. Le portrait qu’il a fait de moi est à mon avantage et traduit sans nul doute l’intérêt qu’il me porte. Et je suis satisfaite de voir aujourd’hui cette pyrogravure trôner sur un meuble de cuisine aux côtés des photographies des petits-neveux. Ne fais-je pas désormais partie de la famille ?
 
Tiens, notre homme se met à ramasser des branches. Je vais m’approcher, son allure débonnaire m’inspire confiance. Il ressemble d’ailleurs un peu au papy, mon premier maître quand j’habitais près de l’église. Alors là, j’étais choyée ! Une gamelle toujours pleine, une liberté sans entrave. Je pouvais monter sur la table, chose que j’appréciais énormément. C’est d’ailleurs la moindre des choses ! Vous comprendrez sans doute que j’ai toujours préféré humer les mets délicats de mon maître plutôt que flairer l’odeur nauséabonde de ses bottes ! Je n’aime pas les dessous-de-table !
 
Je me souviens que le seul inconvénient dans ce logis, c’était la proximité de l’église. S’il est dans la gent féline, des chats courts sur pattes peu enclins à cultiver leur esprit, je crois être une chatte tolérante, ouverte sur le monde. Et je ne voudrais pas que vous me taxiez de félin anticlérical ou antireligieux, mais le retentissement des cloches met à mal les siestes les plus consciencieusement préparées, et pour parler vulgairement, elles vous foutent le bourdon.
Toutefois, ce ne sont pas les cloches qui m’ont contrainte à partir mais l’âge avancé de mon maître. Il a dû se résoudre à abandonner son foyer pour aller vivre chez sa fille à quatre bons kilomètres de chez lui. Un bouleversement dans ma vie de chatte malgré la faible distance ! Des levers intempestifs dès potron-minet, des interdictions comme s’il en pleuvait. Interdiction de dormir sur un sofa douillet aux confins d’un radiateur, interdiction de partager le lit de mon maître, interdiction de monter sur la table. Ma présence mettait la fille de mon maître de mauvais poil. C’est d’ailleurs ce qu’ici on me reprochait le plus, mes poils. Et le vrombissement constant de l’aspirateur venait remplacer la sonnerie des cloches de l’église. J’en vins même à regretter leur tintement !
La fille de mon maître tenait à refaire mon éducation qu’elle jugeait déplorable, surtout en présence de ses enfants auxquels elle voulait inculquer les règles élémentaires de la discipline. Elle veillait à leur conduite et tenait à ce qu’ils apprennent les bonnes manières pour vivre en société. Elle considérait que je leur offrais un piètre exemple de chat roi.
Et dès que j’enfreignais les principes de ce règlement intérieur tacite, je devais déguerpir sous une pluie d’injures pour m’éviter de crouler sous une avalanche de reproches immérités. Je passais ainsi la plupart du temps dehors. Tant et si bien que j’envisageai un jour de partir.
À vrai dire, je ne savais où aller. Néanmoins, je me souvins du chaleureux accueil que me réservaient toujours les jeunes voisins de mon maître. Ils me prodiguaient mille caresses, me choyaient, me réservaient les meilleurs reliefs de leur table. Peut-être m’ouvriraient-ils leur porte ? Je me résolus à tenter l’expérience.
Mais je redoutais d’affronter les dangers d’un tel voyage. Allais-je retrouver mon chemin dans la mesure où j’avais fait l’aller, terrassée par l’angoisse, au fond d’un panier, cernée par les ténèbres d’un coffre de voiture. Les coussinets de mes pattes pourraient-ils affronter la rugosité de la route sur une telle distance ? Mes griffes étaient-elles suffisamment acérées pour affronter la rencontre éventuelle de nos ennemis ancestraux ?
Après avoir envisagé le pire, j’en arrivai à la conclusion que nos craintes nous détournent de l’action et nous condamnent à un avenir insipide. Je décidai donc d’affronter les aléas de la vie, de m’exposer au danger plutôt que de mener une existence étriquée sous la férule de cet autoritarisme invétéré. C’est dans cet esprit qu’un soir, je pris la route. Rongée par l’inquiétude, je m’engouffrai dans une nuit sans lune tamisée par les aboiements des chiens du voisinage.
 
Il faut reconnaître que mes craintes étaient fondées. Je dus affronter de multiples dangers, notamment la roue d’un bolide ventripotent lancé à pleine vitesse. Il fut à deux griffes de m’écraser sur la chaussée si je n’avais pas eu le réflexe immédiat de me jeter dans le fossé. Je dus ainsi, au cours de ce long trajet semé d’embûches, me montrer courageuse devant l’adversité.
Bien des heures plus tard, j’arrivai à destination en capilotade, exténuée, affamée, les coussinets en sang. Porte close ! Quelle déception ! Je dus me résoudre à attendre le retour des propriétaires avec l’espoir qu’ils n’aient pas déménagé.
La fatigue eut raison de moi, et, tard dans la nuit, les débordements joyeux des enfants me réveillèrent subitement et je pus ainsi retrouver un foyer accueillant, une vie saine bercée par le tintement des cloches. Désormais, je les considérais avec bienveillance et elles venaient aimablement ponctuer mes rêveries au cours des longues siestes que je savourais avec une délectation non dissimulée.
Les humains s’abandonnent à un sommeil pesant sans se soucier de bâiller, d’étirer régulièrement tous leurs membres, pour reprendre ensuite une position avantageuse et se réveiller enfin dans une forme resplendissante, prêts à dévorer le monde.
Je pus ainsi me rétablir et je passai là, à leurs côtés, de doux instants de bonheur. À la suite de ce retour hasardeux et plein d’embûches, je mesurai les bienfaits de ma nouvelle situation et je me félicitai d’avoir pris cette décision.
 
À ce sujet, je dois louer l’ouverture d’esprit et la délicatesse de mon ancien maître, qui, averti de mon escapade, pour ne pas contrarier mon choix de vie, préféra me laisser dans le foyer de ma nouvelle famille où je lui semblais mener une existence heureuse. Un exemple à méditer !
 
 
 
 
Le bonheur appartient-il aux chats qui se lèvent tôt ?
 
 
 
Cette jeune famille à l’étroit dans ce logement de location vétuste, rêvait d’acheter un pavillon dans un cadre plus attrayant et je redoutais de vivre une expérience analogue à la précédente. On n’aime guère le changement lorsqu’on savoure des instants de bonheur.
Au cours d’un repas, je pus apprendre que mes amphitryons avaient enfin trouvé la maison de leur rêve dans une résidence pavillonnaire boisée de la commune. Ils ne tardèrent pas à déménager et prirent possession de ce nouvel espace à la joie de tous.
Je dus d’ailleurs reconnaître que ce nouveau logis répondait parfaitement à mes aspirations profondes. De grands arbres, des chants d’oiseaux, un nouvel espace pour mes promenades et l’opportunité de chaleureuses rencontres avec les chats du voisinage. Lors de mes premiers parcours de découverte, je remarquai qu’il y avait là peu de chiens et qu’on accueillait les chats sans réticence. Les voisins de mes maîtres, vraisemblablement attendris par ma présence, ne me manifestèrent aucune hostilité malgré ma couleur fuligineuse, je gagnais même au cours de ces incursi

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