PARTIR POUR DE BON
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

PARTIR POUR DE BON , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La nouvelle est rude. Même brutale. Elle interrompt la course folle de Greg, le trentenaire hyperactif. Il choisit de ne pas subir l'issue douloureuse qu'on lui promet. De là se succèdent une multitude d'évènements que personne ne pouvait prévoir...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414139835
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-13981-1

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
LE TEMPS D’UNE NUIT, Editions Edilivre, 2014.
Exergue

« Vivre, ce n’est pas attendre la fin de l’orage, c’est apprendre à danser sous la pluie ! »
Sénèque
« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
Dédicaces

A Claude, mon jumeau
A Maman,
1 JOUR DE PLUIE
 
Jour 1
Il pleuvait à verse.
Les nuages déversaient tout ce qu’ils pouvaient. Le bitume semblait disparaître et se transformer en rivière. A croire que la Seine s’était déplacée avenue Rivoli. Je parcourus le quai Henry IV qui déleste les beaux quartiers parisiens. Lui aussi prenait des airs fluviaux. Je n’avais pas de destination, je roulais juste pour rouler. Les voitures qui me précédaient projetaient leur sillage humide sur mes habits détrempés. Comme exprès. Ça m’était égal…
Ni mes gants, ni ma veste en cuir surpiqué n’ont résisté à cette pluie glacée. Le cuir brun s’était alourdi à mesure que l’eau s’introduisait le long des avant-bras. Mes coudes trempés dès les premiers kilomètres rafraîchissaient désagréablement le reste du corps. Ça m’était égal…
Des flaques immenses créées dans les tunnels irriteraient n’importe quel motard. Moi, ça m’était égal. Mes joues, elles aussi, étaient noyées, non par cette pluie diluvienne. Par mes larmes. Elles coulaient longuement. Impossible de les retenir. Des larmes silencieuses. Pas de sanglots. Inutile. Ces larmes, je les ne retenais plus depuis que j’avais mis mon casque. C’était une protection de plus. Les passants s’étonnaient de me voir monter sur ma moto par une météo pareille. Pas besoin, en plus de me voir larmoyer.
En un rien de temps, mon pantalon détrempé avait définitivement glacé mes jambes, mes reins et mes sous-vêtements. La fraîcheur de cette matinée printanière retenait le thermomètre sous la barre de dix degrés. Je restais figé sur mon deux-roues malgré les écarts de trajectoire que provoquait le vent latéral. Ça aussi, ça m’était égal…
Depuis l’entretien avec le docteur Jallun, rien n’avait plus d’importance. Mes yeux vitreux n’exprimaient plus grand chose. A l’inverse, mon visage figé traduisait de la stupéfaction. Mon sourire, habituellement omniprésent avait disparu.
Je me demandais « pourquoi » ? Une question de laquelle découlaient mille autres : Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi si vite ?…
Je quittai Paris. La départementale en direction Nord que j’avais empruntée un peu au hasard s’était déjà desséchée. Mes yeux-fontaines avaient réduit leur flot. Les nuages menaçants s’étaient agglutinés sur la capitale. Paris n’était même plus dans mon rétroviseur.
Mon corps souffrait du froid mais c’était comme si je ne ressentais plus rien. Mon subconscient semblait me diriger par instinct vers les rayons de soleil qui commençaient à transpercer la masse nuageuse. Ça ressemblait à une virée improvisée à la dernière minute au cours de laquelle personne ne sait où il veut vraiment aller. Quelle importance après tout ? Plus rien n’avait d’importance désormais. Plus rien.
Je parcouru un détour énorme pour relier Deauville. La route bien moins fréquentée menait à Soisson. Ça m’aidait à reprendre mes esprits. Je rectifiai l’itinéraire pour rejoindre mon refuge. Un leurre.
La moto retrouva sa place dans le minuscule garage accolé à cette maison au style anglo-normand. Elle ressemblait à la plupart des maisons de la côte d’albâtre. Des pierres grises jusqu’à mi-hauteur. Ça lui conférait un semblant de solidité. Des colombages verticaux et une façade bleu pâle. A l’intérieur, il y régnait un silence quasi-absolu que seul le flux des vagues pourrait perturber. Une kyrielle de bouquins immobiles attendaient qu’on les agrippe pour s’évader. J’en ouvris un, histoire d’échapper au chagrin. Je n’avais pas le cœur à lire quoique ce soit. Je finis par m’endormir…
* *       *
Motocycliste ou Motard : nom masculin ou féminin. Mammifère hybride généralement bipède. Visible en toute saison mais essentiellement par météo ensoleillée. La plupart du spécimen se regroupe naturellement. Quel que soit l’environnement, le motard manifeste son appartenance à la communauté par un tutoiement instantané (de près) ou arbore un « V » à l’aide du membre supérieur gauche (de loin). Quasiment tous portent une protection à la tête, tantôt sommaire tantôt intégrale. Son mode de vie est centrée sur le désir permanent à s’extraire de toute autre occupation pour s’adonner au seul but de l’existence : se déplacer et revenir au point de départ. Sa monture se décline en deux ou trois roues. Très souvent, le motard vit dangereusement. La fine couche de protection n’étant qu’anecdotique, la peau de cuir qu’il revêt le prémuni essentiellement de la peur de la gravité. Le motard est souvent d’humeur souriante mais pressée. Et vice-versa.
* *       *
Jour 2
Le soleil ne s’était pas encore levé. Moi oui. J’étais immobile comme l’étaient les bouquins. Ils n’avaient pas bougé. Eux sur l’étagère et moi sur le côté du lit. On aurait dit qu’on jouait à cola maya. S’il existe de mauvais réveils, celui-ci en était un. Le pire, je crois. Un frisson m’envahit. Pas de froid. L’angoisse remettait le couvert. Je refoulais la mauvaise nouvelle. Je maudissais le type à la blouse blanche. Sûr qu’il avait oublié le serment d’Hippocrate.
– Monsieur Vérone ? cria le médecin dans la salle d’attente. Veuillez me suivre.
Même pas un « comment ça va ? ». Trop occupé à dégainer son téléphone dernier cri. Sûr qu’il dialoguait par texto.
– Les examens sont terminés. Après analyse des radios, je dois d’être franc avec vous. Je ne vais pas tourner autour du pot. Nous avons détecté une tumeur au cerveau.
Sans même me faire asseoir, il avait balancé le verdict. A peine le temps d’imprimer l’information, qu’il revenait déjà à la charge.
– Votre état de santé va se dégrader très rapidement puisque la tumeur se trouve entre deux régions névralgiques. Vous risquez d’avoir des bourdonnements ainsi que des acouphènes. Il se peut que votre audition diminue rapidement…
Mon corps se liquéfia. Mes oreilles entendaient sa voix rauque expliquer les symptômes. On aurait cru entendre Docteur House. Jallun déroula sa description mais mon esprit avait déconnecté. Un vertige me fit pâlir. Pas le temps de me faire assoir. Il devait avoir des RTT à prendre. Ou un truc prévu avec ses copains. Son esprit était ailleurs. Le mien sûrement aussi… On était là, entre son bureau où trônait en bonne place une photo de famille et la porte entrouverte qui donnait sur un couloir bondé d’autres cobayes…
– Sinon, vous pouvez tenter le tout pour le tout en essayant un nouveau traitement…
Pas question pour moi d’être le projet expérimental du mois. Amorçant mon demi-tour, je rétorquai d’une petite voix :
– Merci docteur Jallun…
Je quittai l’hôpital au ralenti. L’esprit était court-circuité. Mes membres continuaient de fonctionner mais mes neurones affolés essayaient de traiter une information incohérente. Une certitude inacceptable. Un compte-à-rebours qui avait démarré : « Six mois, avait-il dit. Neuf mois, tout au plus… Désolé, Monsieur Vérone. »
Moi aussi j’étais désolé. Désolé de l’apprendre. Désolé de devoir l’assumer. Surtout de le subir. C’était ma nouvelle réalité, celle qui me poussa brutalement à quitter la capitale. Le citadin imprégné de la vie parisienne venait de mourir. En même instant, un autre venait de naître en moi. Une sorte de créature hybride. Un mort-né.
J’ai médité trop longtemps sur le rebord de lit. Mes jambes engourdies me punirent douloureusement. Mon estomac cria son gargouillis. Je n’avais rien absorbé depuis vingt-quatre heures. La tisane froide abandonnée hier ne m’enchantait guère. Je n’avais même pas pioché dans la réserve des After Eight.
Cette maison-refuge destinée aux rares week-ends non travaillés avait perdu de son intérêt. Les fou-rires des amis semblaient d’ores et déjà si lointains. Quels amis ? Mes « numéros favoris » ne comptaient que des relations d’affaires. Pas des amis. Fallait-il tomber malade pour m’en rendre compte !
* *       *
Jour 4
Le téléphone sonna.
Il m’arracha à mon sommeil mais je choisis de ne pas répondre… numéro masqué. Peut-être un client. Je me montrai indifférent. Je désactivai la sonnerie.
Jamais je n’aurais fait un truc pareil auparavant. Même pas en rêve. Ni pris de fièvre ni emplâtré. Rien n’aurait pu m’empêcher de bosser. Encore moins de décrocher le téléphone. La priorité, plus exactement, ma raison de vivre : signer des contrats. Encore et encore des contrats. Ce sont eux qui font le chiffre d’affaires, les commissions, le bénéfice net. Ils m’ont fait lever tôt et coucher tard des années durant. Le travail est un maître inassouvi et insatisfait. J’aimais être son esclave. Un esclave vaniteux.
Tout en ballottant la tête, je repensais à la semaine écoulée.
– Présentez-vous en trois minutes. Vos trois qualités et vos trois défauts.
Trois minutes pour se présenter. Telle était ma méthode. Pour le commun des mortels le temps c’est de l’argent. Pour un chasseur de têtes comme moi, c’est beaucoup plus. Un rituel fatal pour bon nombre. La plupart perdaient tout crédit en moins d’une minute.
Mon recrutement ne correspondait à aucune autre. La plupart des concurrents s’étaient convertis au logiciel de profilage, acquis à prix d’or. Moi, j’écoutais attentivement. Si ça valait un billet, je réorientais vers un autre domaine. Rien de compliqué. Juste discerner si la motivation du candidat était réelle. Si oui,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents