Peut-on savoir ?
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Description

La justice condamne, la peine accomplie libère de la dette envers la société, vous êtes quitte. Cependant, un événement douloureux peut activer dans l'esprit le sentiment de culpabilité, il bouleverse le corps jusqu'à perturber les actes du quotidien. Notre héros est la proie de pensées mortifères qui déstabilisent son mental et son physique : il abandonne sa profession et programme sa fuite. Au gré des adversités de la vie, le destin s'ingéniera à lui imposer ses choix. À chaque étape, une main invisible oriente ses pas, et se chargera de déterminer à sa place la nouvelle route à emprunter...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332950208
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95018-5

© Edilivre, 2015
Chapitre 1
Dans la grange, sous le toit de tôles ondulées chauffées par le soleil de juillet, la température s’élevait, s’insérait dans les narines d’Antoine l’air ambiant mélange d’odeur de foin, de mouton, de fumier, il imprégnait ses vêtements. Sur un billot en bois de noyer débité au siècle dernier dans le tronc d’un arbre poussé sur les coteaux jouxtant les bâtiments de la ferme, la carcasse d’un mouton depuis peu égorgé. Avec dextérité il le dépouillait. De l’air insufflé avec une grosse pompe à vélo dans une incision au niveau de la patte arrière avait doublé le volume de la bête transformée en jouet de baudruche. A sa ceinture pendait le fusil, il y aiguisait le tranchant de la lame du couteau effilée à son extrémité.
Antoine la quarantaine, grand, puissant, aux larges épaules, à la tignasse brune ensemencé de fils d’argent, vêtu d’un pantalon de coton bleu, d’un polo de la même couleur, ses pieds chaussés d’espadrilles bleu, les mêmes que celle qu’affectionnent les joueurs de pétanque, s’appliquait à apprêter la dépouille d’un futur méchoui.
Sans destination précise, son errance l’avait conduit en ces lieux isolés du massif central. Il s’était présenté dans cette ferme du Cantal au début du mois de juin de l’année précédente. Engagé pour le temps des moissons, il n’avait pas eu à décliner son C.V. Le patron, personnage bourru économe de ses paroles, une éternelle cigarette roulée éteinte au coin de ses lèvres, lui avait laconiquement asséné.
– Je t’embauche pour les mois d’été, je ne te déclare pas, si tu as besoin de Sécurité Sociale va chercher plus loin. Comment t’appelles-tu ?
– Antoine, c’est d’accord pour les conditions.
– Moi, Etienne, appelle-moi patron.
– D’accord patron.
– Tu coucheras dans la grange sur la paille, tu mangeras avec nous à notre table. Pour le prix, je vais y réfléchir. Je veux d’abord te voir à l’ouvrage, si ton travail ne me convient pas tu dégages à la fin de la semaine. Je me méfie des gens qui ont les mains trop blanches. Les gens de la ville qui veulent se reconvertir à la culture ne m’inspirent pas confiance.
Antoine ne répondit pas à cette remarque qu’il jugea pertinente, il demanda :
– Je me mets au travail de suite, que dois-je faire patron ?
– Suis-moi à l’étable, tu vas dégager le fumier et préparer la litière des vaches. Elles sont au pâturage dans le pré, ce soir tu les feras rentrer pour la traite.
Les deux premiers mois d’activité dans la ferme d’Etienne s’écoulèrent sans qu’ils échangent journellement plus de trois courtes phrases, elles explicitaient l’activité à déployer auprès des bêtes ou dans la culture des champs. Pendant les repas pris à trois à la cuisine autour de la table au lourd plateau de chêne, Antoine complimentait parfois Germaine l’épouse du patron, sur la saveur des plats cuisinés. En réponse à cette affabilité il recueillait un triste sourire de la maîtresse de maison, un grognement du maître des lieux.
Mi-septembre après le repas du soir, le patron ordonna à Germaine de sortir deux verres et la bouteille d’eau de vie de prunes, la plus vieille précisa-t-il. Pour la première fois il invitait Antoine à boire de sa gnole, il pensa que tant d’obligeance participait au préambule d’une conversation importante.
Le patron servit un verre, ils le burent en silence, un deuxième verre. Il roula une cigarette de tabac gris entre ses doigts à la peau gercée par le froid et les travaux agricoles. Il l’alluma avec son briquet à mèche d’amadou. Après plusieurs tours de la petite roue à molette, elle râpait la pierre, jaillit un cône d’étincelles, il souffla sur le cordon porté au rouge vif il transmit son embrasement au tabac. Enfin par une longue phrase, il émit sa pensée.
– Si tu le désires, tu peux passer l’hiver chez nous, le travail ne manque pas. Je suis satisfait de toi, tu es vaillant et consciencieux. Tu pourras installer tes affaires dans une chambre au grenier.
Antoine attendit avant de répondre. A son contact il reproduisait l’identique comportement de son patron. Seul pendant les travaux de la ferme, silencieux pour d’autres exigences qu’Etienne, il s’imposait de parler le moins possible, agissements qui le rendaient taciturne.
Ils burent un troisième verre, Antoine répondit enfin.
– D’accord pour cet hiver.
Le dialogue était clos, il se leva et rejoignit la grange.
Après l’hiver, la même scène intervint. Le patron lui proposa de poursuivre son travail jusqu’à la fin de l’été. Il accepta.
Antoine venait de terminer de dépouiller et de vider le mouton. Pour la fête nationale du 14 juillet, le maire invitait les membres du conseil municipal et leurs épouses à un festin champêtre, le méchoui en serait le met principal. Il le glissa dans un sac de jute, le chargea sur une remorque qu’il accrocha à l’arrière du vélo d’Etienne. Il l’enfourcha, forçant sur les pédales afin de démarrer l’équipage, il s’engagea sur le chemin de terre qui rejoignait la route nationale. Il devait livrer à la secrétaire de mairie la bête sacrifiée sur l’autel de la République.
Sur le chemin du retour, une voiture décapotable le doubla. A sa hauteur, il entendit le rire du conducteur et la voix de la femme à ses côtés, elle chantait à tue-tête. Des vacanciers qui extériorisent le bonheur et l’insouciance des gens heureux, pensa-t-il !
La route montait légèrement, Antoine debout sur les pédales, le poids de la remorque l’obligeait à se mettre en danseuse pour amener l’ensemble en haut de la côte.
Juste après le dernier virage avant le sommet, il aperçut la voiture immobilisée au milieu de la route. Le conducteur descendu sur la chaussée en bordure du talus se penchait à l’intérieur vers la place de la passagère. Dans un ruisseau qui coulait dans l’herbe en contre bas, il puisait de l’eau dans son chapeau et aspergeait la tête de son amie.
Antoine abandonna vélo et remorque, s’approcha de l’homme affolé qui lui cria les yeux exorbités.
– Allez chercher du secours, une guêpe ! Elle a avalé une guêpe qui a piqué sa langue ou sa gorge, elle ne peut plus respirer, elle va mourir étouffée.
Antoine évalua la situation, il s’adressa au conducteur.
– Sortons-la de la voiture, étendons la sur l’herbe du champ en contrebas, nous allons la sauver. Les secours arriveraient trop tard.
Antoine alla jusqu’à la remorque. Dans sa musette il se saisit du couteau avec lequel il avait dépouillé le mouton, d’une bouteille d’eau de vie de marc offerte par la secrétaire de mairie, gratification pour la livraison du méchoui. Il dégagea le flexible en caoutchouc de la pompe à pneu du vélo, coupa les deux extrémités à ras des embouts métalliques. Il s’approcha de la passagère, elle était pâle, les yeux fermés.
– Il faut faire vite, aidez-moi, tenez la fermement pour qu’elle ne bouge pas, dit-il au conducteur.
– Vous êtes fou, un couteau ! Qu’allez-vous faire ?
– Choisissez ! Vous préférez qu’elle meure étouffée !
Le conducteur ne répondit pas. Il avait compris. Ce berger pratiquait peut-être à l’identique sur ses bêtes malades. Il n’avait d’autre alternative, lui faire confiance. Il s’assit dans l’herbe derrière la jeune femme, passa sa jambe gauche sur le milieu de son corps, posa sa tête sur l’autre jambe la droite, de sa main gauche il emprisonna ses deux mains, avec la droite il releva sa tête, l’immobilisa fermement afin qu’elle ne puisse la bouger.
Pendant ce temps, Antoine versait le marc désinfectant couteau et flexible, il s’approcha du couple et répandit la boisson alcoolisée sur le cou de la patiente.
– Tenez la bien ordonna-t-il.
D’un geste précis et sûr avec la pointe acérée du couteau de boucher, il ouvrit la peau et la paroi de la trachée, dans l’ouverture il glissa le flexible. L’air pouvait à présent revivifier les poumons de la malheureuse.
– Elle est sauvée. Nous allons rabattre le dossier de son siège et la coucher, sa tête auprès de vous. Vous pourrez ainsi la surveiller pendant que vous rejoindrez l’hôpital le plus proche.
– Mais qui êtes-vous ? Interrogea le conducteur.
– Un garçon de ferme.
– Comment avez-vous pu exercer une emprise sans faille sur ma personne pour que je vous laisse intervenir sur mon amie ! Vous êtes massif, volontaire, un bloc et je m’y connais en hommes. Je suppose que je ne dois pas chercher à comprendre.
– C’est cela même ! Dans la vie il y a beaucoup de cons, peu de gens biens. Dans quelle catégorie vous rangez-vous ?
– La dernière.
– Alors vous avez tout compris ! Nos routes ne se sont jamais croisées. Vous indiquerez à l’hôpital qu’un docteur avec un fort accent étranger en vacances dans la région est passé par-là et a sauvé votre femme. Il était pressé, il a poursuivi sa route sans que vous ayez eu le temps de lui demander son nom. Dans l’émotion, par manque de réflexes, vous avez omis de relever le numéro minéralogique de sa voiture, sa couleur, sa marque.
– Combien vous dois-je ?
– Vous me devez le silence ! J’ai votre parole ?
– Vous l’avez. Je suis metteur en scène. Je faisais des repérages pour mon prochain film dont mon amie est la vedette principale. J’ai le pressentiment qu’un jour c’est vous qui aurez besoin de mon aide. Je vous donne ma carte. Vous pourrez me contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. J’adore cette femme que vous venez de sauver d’une mort horrible. Je resterai toute ma vie votre débiteur.
Ils avaient échangé ces phrases, pendant qu’ils installaient la passagère dans le véhicule. Le conducteur tendit sa carte, s’installa au volant et démarra. Antoine enfourcha son vélo et regagna la ferme.
Le mois suivant en août, une journée où la pluie s’approprie l’atmosphère, Etienn

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