Bagatelles contemplatives
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Bagatelles contemplatives , livre ebook

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Description

Que reste-t-il des rêves de la jeunesse quand on parvient à la maturité ? C’est une question à laquelle tous les poètes sont confrontés, à un moment ou à un autre de leur parcours. Un autre élément à prendre en compte est la maîtrise de l’écriture, qui ne fait que croître avec les années. Mais qui peut aussi s’avérer contraignante pour la spontanéité de la création, lorsque cette maîtrise devient manifeste. En résumé, la condition des poètes est à bien des égards un condensé de la condition humaine ici-bas, avec ses périodes de doute et de remise en question, mais aussi ses instants magiques, quand la plume de l’écrivant est en osmose avec l’environnement qui lui est familier. Si la poésie n’est pas une profession, elle peut en revanche devenir une passion à part entière. Et une passion résistant à l’usure du temps, transgressant les clichés, les idées reçues et les lieux communs. C’est dans cette optique que Florent Ploquin aura exercé son activité de poète, durant la longue genèse de cet ouvrage. Après tout, lorsque l’inspiration se conjugue avec le savoir-faire, ne peut-on pas revendiquer un niveau d’écriture professionnel pour la poésie ? C’est ce défi que doivent relever les auteurs persévérants, comme un antidote au conformisme de la pensée unique, et à son utilitarisme réducteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bagatelles contemplatives
Florent Ploquin
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Bagatelles contemplatives
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
La vraie poésie est avant tout un legs de l’esprit. Elle ne peut pas se concevoir sans un relatif désintérêt face au clinquant fiduciaire, ni sans un certain recueillement intérieur vis-à-vis des éléments qui nous entourent. La reconnaissance de sa valeur, dans la mesure où elle s’opère, ne peut résulter que d’une impression subjective, jamais exhaustive, et rarement consensuelle. Même avec les meilleures intentions en matière de transparence et de lisibilité du propos, le lectorat potentiel ne peut y trouver (et y percevoir) que ce qu’il mérite, sur le plan sensoriel, et même humainement parlant : on ne pourra jamais faire ressentir aux autres l’émotion poétique par délégation. Voilà pourquoi ce moyen d’expression restera toujours un genre paradoxal, doublement décrié à notre époque par l’utilitarisme délibéré de la société des loisirs, et l’avidité généralisée du système ambiant. Néanmoins, la poésie gardera une place de choix, même confidentielle, tant qu’une liberté structurée permettra de défendre ses valeurs. Et ce pour une raison très simple : on ne peut jamais l’extirper complètement du cœur des gens. Ou bien si l’on y parvient, c’est pour s’anéantir soi-même, dans un opprobre éternel et sous le coup d’un jugement destiné à faire jurisprudence. Autant d’indices prometteurs sur son devenir, même à l’époque des va-t-en-guerre mercantiles et des croisades technologiques. À chacun des découvreurs la part qui lui revient, donc. Abrutis et sujets récalcitrants à l’élévation des esprits s’abstenir.
 
F.P

 
 
 
Terre de Beauce, terre élue
 
 
 
Naguère, j’allais à travers champs, dans la campagne de Chartres. Et je me disais que rien n’était plus important pour moi que de fréquenter cette haute plaine, après les moissons, et avant la Toussaint. C’était, bien sûr, pour être en symbiose avec la nature. Pour bien comprendre le secret de cette terre lumineuse, et de ce ciel de cristal qui règne aux alentours. J’allais donc en cette étendue souveraine, comme éparpillé devant un chemin qui me semblait infini. Et je tombai amoureux de cette extraordinaire promesse : la lumière de Chartres. Car à mes yeux un rayon de soleil vaut plus qu’un bon repas. Il est aussi des gens dont l’humeur change en fonction du temps qu’il fait. D’autres ont du respect pour tous les jours de l’année, quels qu’ils soient. Ce sont ceux que l’irraison rebute et peine. Enfin, il y a les receleurs de l’univers et de la lumière. Ceux-là sont poètes, ou peintres, ou photographes aux aguets. Mais un subtil dosage de lumière et d’espérance n’a pas sa place, a priori, pour juger Chartres. Non, en fait on se rend compte que pour vraiment faire fructifier cette terre de Beauce, il faut être paysan. Et pour un céréalier beauceron cela veut dire aussi affronter le froid hivernal, pour voir où en sont les cultures avec le gel. Mais à l’époque de l’année où j’y suis allé, au début octobre, il ne s’agissait toutefois que de préparation du sol. Le temps n’était pas encore au semis. Et, croyez-moi, un paysan beauceron qui prend la terre à pleines mains sait de quoi il parle. Mais qu’en est-il maintenant du rêveur de passage, peintre, poète ou bohémien, qui observe la scène de Chartres, comme depuis un nuage ? Il est semblable à un vitrail, et la lumière du jour est sa nourriture à lui. C’est une nourriture qui a valeur de symbole, car la terre de Beauce renferme en elle le potentiel de son éternité. Oui, terre de Beauce, terre élue, tu resteras à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui t’ont connue et appréciée à ta juste place, sans méconnaître ton aura.
 
 
 
Les Exilés
 
 
 
Ils sont partis dès la première aurore, tous ceux qui avaient du vague à l’âme. Et ils ont contemplé les richesses des hommes, comme autant d’apparats superflus. Que vouliez-vous qu’ils fassent ? Ils ne pouvaient pas retourner à leur condition première, celle où ils éludaient un bonheur illusoire. Sinon, ils auraient été dans l’obligation de tricher avec leur destin. Naturellement, c’était au prix de leur vie.
 
 
 
Comparaison
 
 
 
Il y a une différence entre le vieillard écervelé et l’homme aigri par son ingratitude. Oui, celui-là légifère, tandis que l’autre boit avidement. Il boit la coupe de son orgueil, tandis que le vieux fou est approuvé par la nature. C’est là une dualité sur laquelle il faut méditer.
 
 
 
Résurrection
 
 
 
Après le supplice vint la récompense, et celle-ci contenait une promesse. Promesse de n’être pas déçu dans un avenir lointain. Abondance de mets et de vin, en temps et en heure. Certitude d’une délivrance morale, loin des joyaux de la conscience. C’est là l’héritage du Dieu vivant.
 
 
 
L’éphémère Communion
 
 
 
Ombres et lumière. Damiers et crayons verts. Il s’agit là d’une simple communion comme il s’en trouve en France, quelque part dans la nuit, sur les chemins d’ailleurs. L’indéfini respire, la nostalgie expire, et les souvenirs accumulés ne sont qu’un port d’attache vers un terroir meilleur. Et puis l’on va vers cette osmose : reflets de poésie pour que le jour se lève, succès de l’élégie pour que le chant s’élève ; et toujours, en écho, le pas pesant du jour.
 
 
 
Analyse
 
 
 
Le peintre est un homme de contraste. Son domaine est fait de lumière changeante et de silence méditatif. Son œuvre mûrit au son des crépuscules, et toujours il recherche l’équilibre du ton. Consistant en de vastes projections ou d’infimes retouches, son travail réside dans la nuance du geste. Son idéal est atteint lorsqu’il y a fusion complète entre les détails exprimés et les éléments de la couleur. Alors le rêve commence, lagon superlatif du nomade patenté, estuaire métaphysique où baigne l’essence de toute finalité.
 
 
 
Angélus
 
 
 
Il est sept heures du soir et l’angélus frissonne. Au loin la plaine s’en va vers des rivages subtils. Les arbres chantent sous le zéphir nouveau. Et une vieille R 16 de couleur mauve est stationnée dans une étroite ruelle bordée d’acacias. Mais d’où vient l’éloquence du lieu, le charme de ces maisons anciennes débordantes de couleurs ? En vérité, la doyenne qui s’en va là-bas avec son grand cabas jaune doit savoir tout cela. Je pense également à ces bouteilles de gaz inertes et impassibles, esprit tutélaire de ce moment particulier.
 
Il est sept heures du soir et une cloche jette son cri de bronze, à travers la contrée. C’est l’angélus du soir, sur le village tout entier. De jeunes enfants s’évadent même dans leur univers, préposés à la féerie de cette langueur résolument estivale. Tandis qu’une ménagère s’esclaffe au loin et pense déjà aux plats qu’elle agencera bientôt.
 
Si d’ordinaire à cette heure-ci vous passez par le bourg, écoutez donc l’harmonie régnante et le vaillant clocher égrener leurs hymnes protéiformes, vous ne le regretterez pas. Car qui décide du temps qu’il fait ? Et qui perçoit d’emblée la fluctuation de l’instant présent, et son reflet dans la durée ?
 
 
 
Croquis

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