Blasphèmes

Daniel Doizé

Description

On pourrait penser qu'après 60 ans, Daniel Doizé soit devenu un peu plus « sage ». Blasphèmes n'est pas un simple recueil de textes. C'est un véritable cri du cœur d'un homme touché par des émotions personnelles, sans doute excessives, mais indiscutablement sincères.

Sujets

• Poetry
• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 20 mai 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782414330164
• Langue: Français

Extrait

Daniel Doizé

Blasphèmes Recueil de textes

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Texte 1

Tant de contrastes font peur Deux couleurs Deux chaleurs Opposées Deux vies mélangées Bien rangées Millimétrées Un regard une ombre qui t’éblouit Tout à coup devant toi surgit Tu n’y prends pas garde Tu ne te protèges pas De celle qui te regarde De ses yeux en amande De son corps en ébène Tu ne te méfies pas Elle ne le sait même pas Elle est simplement là Où il ne fallait pas Simplement là Où tu n’aurais pas dû te perdre Elle évite ta présence Tu devines ses absences Elle passe devant tes gestes Et tu oublies le reste

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Tu oublies ta vie d’avant elle Tu oublies C’est trop fort ce que tu ressens C’est trop fort ce qu’elle te tend Noir et blanc Blanc et noir Jeune et vieux Vieux et jeune Tout le monde le voit Mais pas toi Mais pas elle Elle restera pour toi Tu reviendras pour elle Sans savoir où te mènent Ces nouvelles chaînes Les penseurs feront de vous des bannis Des maudits Les censeurs feront de vous des proscrits Des bandits Toi tu seras la méchante sorcière Envoûtant le bon vieux blanc pervers Toi tu seras le colon au cœur de pierre Emprisonnant la bonne petite ménagère C’est si simple de croire aux clichés C’est si simple de rester figé Dans ses idées Et si pour eux il y avait autre chose Et si pour eux il y avait overdose De sentiments métissés De sécheresse étouffée Dans deux âmes blessées Dans deux drames oubliés

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Comment savoir Ce soir Si tout est écrit Si tout est dit Quand tu lui souris Quand elle frémit Même cette chambre qui vous réunit Pour vous salir n’a pas suffi C’est de la pudeur qui vous unit C’est de la douceur qui vous punit Au bord de ce lit L’essentiel n’est plus là Au creux de ces draps Que vous ne froisserez pas Au cœur de ces bras Que vous n’enlacerez pas Vos regards et vos caresses Sont autant de promesses De sagesse Peur de se faire mal Peur de se faire sale Vos yeux au bord de l’orage Vos yeux au bord de leur cage Retiennent des larmes de traîne Contre ces vents de haine Qui contre vous se déchaînent Il y a autre chose en vous Il y a tant de choix en vous Vos mains se touchent Vos corps se couchent Bercés par la clim en cartouche Qui vous guide

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L’un vers l’autre L’un sans l’autre Devient impossible Poser ses lèvres sur un mirage Poser ses rêves sur un autre âge Devient possible Et si plus personne n’existait Et si plus personne ne voyait Tous ces mots murmurés à ton cœur Tous ces mots fredonnés à ta douleur Cet amour interdit Est né ici Cet amour interdit Est en vie Il vous faudra du courage Il vous faudra des naufrages Avant d’atteindre enfin Le refuge de votre destin Il vous faudra des orages Il vous faudra des nuages Avant d’atteindre enfin La sérénité de vos lendemains…

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Texte 2

Profitez bien Mesdames et Messieurs Approchez braves gens Regardez bien Ce Président qui vous sourit Qui se dit votre ami Dans ses beaux habits Profitez bien Mesdames et Messieurs Bientôt tout ceci Sera fini Pour lui Et pour les autres aussi Quand tu auras enfin compris Peuple sans vie Profitez bien Mesdames et Messieurs Peuple sans vie Peuple soumis Peuple oisif errant Peuple mal soigné Mal éduqué Tu n’existes même pas Que te faut-il encore

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Pour comprendre Que tout arrange Ces corrompus Ces vendus Qui te font croire Que tu es leur frère Leur mère Leur père Profitez bien Mesdames et Messieurs Tu n’es rien à leurs yeux Rien Un peuple ça Un peuple Un tas de moutons bêlants Dirigés par de faux bergers Aveuglés par des chants Prisonniers de faux méchants Enchaînés Aveuglés Traînés dans la boue D’un pays Vendu aux plus offrants D’une nation préfabriquée Par des étrangers Cachés Derrière des murs de honte Derrière des piles de comptes Dont tu ne verras jamais la couleur Mais dont tu subiras la douleur Profitez bien Mesdames et Messieurs

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Toute cette haine que je porte en moi Toute cette bave qui coule de mes doigts Je la garde pour vous Les petits rois Oui pour vous Pour cet instant Pour ce moment Où ce peuple qui n’existe pas Comprendra et se lèvera Où ce peuple saura Que vous l’avez violé Pillé Vendu Spolié Ecartelé Méprisé Et ce jour là Tous les jeunes évadés Exprimeront par la violence Vos mensonges de patience Et ce jour là Tous ces lieux massacrés De Tanger à Cape Town Porteront dans leurs danses L’annonce fatale De votre déchéance Profitez bien Mesdames et Messieurs Cette folie qui m’envahit Aujourd’hui N’est que le résultat Que le constat

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De vos gouvernances truquées De vos échéances manipulées Toute cette rancune refoulée Ne sera que la traduction D’un roman mal écrit D’une histoire trop subie D’une chanson maladroite D’une vie passée sans combattre Autre chose que des acrobates En cravate Qui se promènent en calèches climatisées Sur les pistes poussiéreuses de vos pays déracinés Profitez bien Mesdames et Messieurs Ce jour auquel vous ne croyez pas Ce jour où le peuple se reconnaîtra Dans sa misère Dans sa colère Ce jour-là sera celui de votre dernier combat Ce jour-là sera celui de votre Inch Allah Car ce jour-là Mesdames et Messieurs Votre peuple enfin reconstruit Ne posera plus son front dans la nuit Sur les ruines d’une éducation méprisée Sous les décombres d’un hôpital évacué Non Mesdames et Messieurs Ce jour-là Votre peuple enfin réuni Marchera sur vos châteaux Piétinera vos discours

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