51
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Français
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2019
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CES OMBRES
QUI NOUS CARESSENT
Jocelyne Langlois
À Louis
PARTIE 1
FEU SACRÉ
FEU SACRÉ
En camping, un certain soir de canicule du mois d’août 2001, l’interdiction de faire des feux en plein air est enfin levée… à mon grand plaisir, sauf que pendant ce temps… il pleut à boire debout! Bien à l’abri sous plusieurs bâches entrecroisées, je réfléchis à la région de Charlevoix que je découvre en suivant, sans trop m’en rendre compte, les traces de mes ancêtres maternels. Je vis une paix intérieure, comme si le cercle se refermait sur lui-même : tout s’explique. Ce soir-là, j’entends en sourdine de magnifiques phrases venues de nulle part. Comme toujours, j’éprouve à la fois du ravissement, une humble reconnaissance et, autour de moi, je sens quelque chose de bienveillant, souriant et approbateur.
De retour dans la ville aux mille clochers, après avoir travaillé à fond les écrits de mes vacances, j’entends se formuler dans ma tête les premiers vers de « Ces ombres qui nous caressent ». La suite s’enchaîne naturellement, presque mot à mot. Je me plais à croire que ce poème, surgi spontanément, constitue un pont imaginaire entre mon petit moi et ceux qui m’ont précédée. Me l’auraient-ils dicté de l’au-delà?
Je dédie donc ce volet à la mémoire de mes grands-parents, Alice Lavoie et Phillibert Lessard, et à leur fille - ma mère toujours vivante - Thérèse Langlois - qui m’encourage depuis ma naissance à voir la beauté en toutes choses.
HISTOIRES
DE FEU DE CAMP
Une nuit à Baie-Saint-Paul
Au détour de ma tête
J’entrevois cette nuit d'encre
À inspirer auteurs, peintres et marins
Il fait chaud à en perdre la boussole
Le compas et le sextant
Habituée aux ciels grisâtres
Jamais vraiment bleus
De Montréal, ma ville natale,
J'avais oublié
Étonnée
De voir autant d'étoiles agglutinées
Combien un ciel de nuit
Pouvait se couvrir d’outremer intense
Dans le réconfort de mon silence
Au-dessus de ma tête
Je vois, retenus au firmament
Tels des marionnettes
Sans tête
Ballottées par le vent
Quelques diamants
Mariant ciel et terre
Les doigts longilignes des conifères
Pointent en leur direction
« Regardez-les! Regardez-les! »
Regardez ces lumières multicolores
Sans chaleur
Comme ces vieilles dames
Bouleversées par leurs vies
Ayant fait le deuil de toute passion
Depuis qu’elles sont devenues veuves
Elles n'ont plus de feu sacré
À entretenir
Autre qu'à l'égard
De leurs petits-enfants!
Regardez ces vieilles dames
À la patience usée
D'avoir tant aimé
Leur époux
À la manière d'antan
Elles ont aussi tout donné
À leurs enfants
Qui aiment pourtant leur mère
Gros comme la terre
Mais pas autant que les pays exotiques
Où ils accourent
Dix ou quatorze jours par an
Loin de leur mère
Nourricière
Nos mamans
Ces étoiles de feu
Ces brasiers incandescents
Que l'on aime toujours
De trop loin, à leur goût…
Une chauve-souris plane
Au-dessus de ma chevelure
Un papillon de nuit me frôle la joue
Puis va joindre les feux follets
Qui s'amusent là-haut
De la vapeur s'échappe de ma bouche
Comme d'un dragon déchu
J’avale une dragée, un peu déçue
Je retire la dragonne
De ma montre puis elle se tait
Silence! Dans le cinéma de la nuit
La terre tourne
Comme une boule
Que l'on pousse tout le jour
Hier, nous avons visité
Les jardins secrets du Vieux-Moulin
Du Ruisseau Michel
Le vrai premier secret :
Il n'y a point de jardin
Le deuxième :
Le Ruisseau est quasiment tari
La canicule est tombée sur Charlevoix
Comme jadis un immense météore
Crevassa son plateau
En y laissant d’énormes cicatrices
Cratérisant cette région
Le vent se lève, un peu fou
Un peu ivre
Si silencieux
Que l'on entend à peine
Son chant de flûte entre les feuilles
Bouleversée par la multitude
De pierres précieuses
Incrustées dans ce firmament
De lapis-lazuli
J'implore la lune
De me faire découvrir
Le royaume des Pléiades
Je joue du tam-tam sur la table
Surprenante supplique
Venant invoquer la pluie
Dans un moment de frénésie
Je danse avec trépidation
À tel point que la poussière
S’élève du sol, salissant mes sandales
Jusqu’aux confins de mes cuisses
Mes poumons s’emplissent de sable
Mes narines bloquées me font nasiller
Mes paupières ne parviennent plus
À se refermer
Le sommeil me fuit, lui aussi
Notre tente, dressée comme un tipi
Porte en sa cime
Des filets de moustiquaire
Pour filtrer l’air
Contre les importuns
Et le redouté virus du Nil
Nous avons tellement dansé
Que lorsqu’elle est arrivée, la pluie
Nous ne l’avons pas sentie
Car nous étions déjà de sueur détrempés!
LA FAIM
FAIT VOIR DES ÉTOILES
À cause de la chaleur
J'ai un peu peur des ours