Chants limitrophes
94 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Chants limitrophes , livre ebook

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Description

Ce texte raconte une histoire... Sans doute un peu la nôtre, comme une Iliade contemporaine. L'histoire d'un enfant du siècle, né de la catastrophe et dans la barbarie. Parallèlement, le 11 septembre donne à ce texte un écho singulier : il inscrit dans notre siècle vagissant mais déjà déchiré le cataclysme fondateur ; c'est lui qui va justifier les quêtes et les conquêtes du héros poétique dans les sables d'Iraq et les montagnes d'Afghanistan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296466029
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHANTS LIMITROPHES
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55321-7
EAN : 9782296553217

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Patrick CHUINE


CHANTS LIMITROPHES


L’Harmattan
Baal ! Baal !
Baal ! Baal !

Vaste cri percuté de rives en rivages

sous des tonnelles de fumées.

Il est venu le dieu soudain parmi les hommes-

démesure

et son souffle soufré comme des vents

de sable

aux craquèlements des façades.

Il est venu le dieu, espoir des haruspices

fouilleurs sans fin d’entrailles

complaisantes.

Il est venu comme vient un orage avec ses

avant-

gardes de grisaille et d’ozone,

démon prestigieux fleurant le soufre

et le safran

à flanc de villes hypnotiques.

Baal !

Fondus les simulacres dans le cœur arrêté

de toutes les Karthage ; fondues comme cristal

les marines silices !

Et demeure le sel des antiques baptêmes

sur le front lacéré des îles sous le temps ;

demeurent les nuages vastes passants

neigeux des océans évaporés,

et demeure le vent !

Baal !

Invoqué dans toute pierre des églises,

évoqué par le chant des foules ondoyantes,

il est venu le dieu-mangeur-d’enfants

et son souffle a brûlé le chaume

au champ des foules ondoyantes.

A vous les survivants de la guerre dernière,

ce chant, à vous ce cri sans fin lancé

aux brumes de l’oubli !

Toute pierre gardera cicatrice en forme

de souvenance gravée au feu d’une autre

pierre.

A vous les survivants en forme de fossiles,

à vous ce chant, geyser d’abyssales brûlures ;

il heurtera souvent des tympans éclatés :

Baal !

Pensée vierge arrêtée au cercle de pâles

hémisphères,

brisés reposent des éclats d’éclairs

au crépuscule du songe.

Baal !

Ton cri s’estompe dans le soir ; ton cri

s’estompe …

Les outres de peau noire pleuvent leur pluie

sans larme sur les feux allumés ;

l’enfer se tord en spasmes incendiaires …

Et le silence sous l’étoile, le silence

sur toute pierre de ce monde,

silence balsamique sur toute blessure

de vivant, silence éternel silence

pour l’ombre portée, pour l’horrible

lithographie de la mort qui se cabre …

BAAL Baal baal …

Vaste cri percuté aux murailles du songe,

qui donc vivant ou mort pourra te donner

la réplique ?

Evaporés les tragédiens dans le feu de la

herse ;

demeurent les rideaux déchirés de fumées

emphatiques ;

et le silence sur toute chose, le silence

comme une pluie d’orage,

diluvienne …


Sur des sépulcres ébauchés, les mouches

de goudron bleu orbitent en silence …

De leur jeu programmé se dressent des visages

assoupis dans leur absence de sommeil.

Profondeurs …

Silence des arbres-tentacules, du ciel où

vibre un soleil solitaire.

Calme solennité du silence aux ombres

archaïques ;

il pleut sur l’océan des larmes de lumière

blanche.

Silence :

absence du cri dans toute gorge de vivant ;

l’algue seule s’accroche au rocher

qu’elle embrasse.

Asphyxie :

triste mot contenu dans la pierre ;

rêve d’un songe, le monde n’a pas de bouche

aux bornes de l’informulé.

Des vents nouveaux s’enroulent aux pierres

transparentes, des vents

vierges de sonore vibration.

Naissance, renaissance ;

illusion écarlate d’un monde anonyme

baigné d’un placenta de diffuse lumière :

la terre vierge miroir aux vibrantes étoiles.

Au flanc des fourmilières éventrées,

les fourmis dorment leur sommeil

minéral.
A Toi l’Unique, à Toi la Femme.
-- A toi l’Unique, à toi la Femme

de l’éclair épargnée, à toi ces mots

à tout jamais gravés au tombeau de tes songes.

Je t’ai trouvée comme on trouve un coquillage

de nacre aux spirales du sable :

dans le sommeil.

Et mon tympan sur ton sein gauche

a perçu le rythme de la mer …

Sur ce désert sans fin de dunes de cristal

la soudaine étrangeté d’une vie chaude,

miracle d’un cœur et d’une cadence ;

et le souvenir des villes hypnotiques :

au loin leur squelette blanchi …

Tu es femme née de la mort :

gloire sans fin au soleil qui t’habille !
-- Qu’entre tes doigts coule sans fin

le miel de ma peau sombre !

tu es homme né de la mort ;

tu avais dans la bouche les mots

de ma naissance

et à ton front j’ai reconnu mon ancienne

blessure.

Moi

déesse vierge encore sur l’autel d’holocauste

j’attendais sans savoir l’offrande de tes

lèvres.

La pluie fait sur mon corps des perles

insolentes ;

bois, homme des temps à venir.

Et que ta soif sans fin demeure !
-- Pour toi l’Unique, pour toi la Femme

mon cœur se gonfle et ma main tremble

comme la fleur de dune.

Je sens couler le fleuve des souvenirs d&rs

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