Croyais-tu trouver une rose sans épine ?
96 pages
Français

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Croyais-tu trouver une rose sans épine ? , livre ebook

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Description

Et in Arcadia ego, dit la phrase latine... Elle semble s’incarner dans le recueil de T. Chambe qui, tout au long de ses pièces poétiques, joue sur les registres de l’insouciance et de la cruauté, parasite le plaisir par l’incursion du triste, travaille sur des tonalités à la fois enfantines et spleenétiques, entrelace vie et mort. Œuvre en clair-obscur donc que ce Croyais-tu trouver une rose sans épine?, qui souffle le chaud et le froid sur nos âmes, et se confronte à tout ce que l’existence peut réserver de délices et de désillusions. Pessimiste ou optimiste, ce recueil? Il ne faut peut-être pas rechercher sa valeur entre ces deux extrêmes, mais dans leur constante négociation, dans leur perpétuelle intrication, nul n’étant à l’abri de l’insatisfaction, personne n’étant absolument condamné à l’absence de lumière... Aussi cette œuvre peut-elle essentiellement se définir par son réalisme, par sa justesse dans la description de notre humaine condition, par sa lucidité tout autant apaisante que tranchante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748369335
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Croyais-tu trouver une rose sans épine ?
Thibaude Chambe
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Croyais-tu trouver une rose sans épine ?
 
 
 
À ma grand-mère Marie-Louise qui m’a léguée du sang Chambe dans les veines.
 
 
 
À tous les descendants de ce sang.
 
 
 
À mon fils : que j’ai attendu bien plus que neuf mois et qui est mieux que moi, je te fais cette déclaration d’amour éternel…
 
 
 
JDD et JPV : merci.
 
 
 
Ouverture
 
 
 
Dehors, il fait nuit. Les bruyères portent un manteau de velours gris ourlé de perles humides. La brume d’Écosse a envahi la lande et se pose sur le toit.
 
Dedans, un feu de bois crépite. Les brindilles se tortillent sous l’effet de la chaleur. La flamme s’étire pour monter dans le conduit de la cheminée.
La fumée s’échappe de la maison, rencontre le nuage et part avec lui.
 
Ils s’emmêlent, se fondent, se confondent, l’un né du froid, l’autre née du chaud. Le vent les entraîne vers l’Italie. Ils croisent des étoiles, des montantes, des brillantes, des éteintes. La lune les guide puis les perd. La tempête va venir. Le tonnerre lance ses éclairs.
 
La pluie éclate. Ils ne sont pas au-dessus de Venise mais tant pis ! Il pleut sur Vérone. Juliette court se réfugier sous le parapluie de Roméo. C’est le début du monde.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tourner autour du pot
 
 
 
Le lapin d’Alice
 
 
 
— Vivement, vivement
Dimanche ! se dit-elle
En le saupoudrant de sel
Ce lapin encore blanc
 
Qui sera le plat gourmand
À la table de ceux et celles
Qui, reniflant, les papilles en éveil
Mangeront le lapin devenu vermeil.
 
Entortillé dans ses ficelles,
Rôtissant, suant, transpirant
Tout lentement sur la broche
Trop chaude qu’on ne l’approche
Que des yeux, le lapin prend
 
Encore une autre couleur.
— Du poivre, du beurre !
Crie-t-elle, de peur
Qu’il ne prenne de la noirceur !
 
Le lapin est cuit à point
Ni plus ni moins
Mais il est pour demain !
Le plat dans les mains
 
Elle pense : — Vivement…
 
 
 
Restaurant
 
 
 
Lorsqu’arrivait la fin de semaine
Carole et moi nous rendions tranquillement
Au restaurant de nos habitudes, pleines
Des dernières anecdotes de nos gens.
 
Le patron nous y accueillait gaiement
Ça faisait bien oh la la ! dix ans
Que nous parcourions sa carte à la table
Numérotée quatre qu’il nous réservait, agréable.
 
Nous prenions invariablement des olives
Pour entamer notre conciliabule et vives
Joyeuses de la rencontre et de nos boissons
Nous étalions nos états d’âme avec frisson.
 
Lorsqu’arrivait déjà le dessert
Nous faisions mine d’hésiter entre nos verres
Tarte tatin ou crème brûlée, nous avions tout goûté
Alors nous revenions à nos préférés.
 
Carole prenait le gâteau aux trois chocolats
Servi sur un flan étalé comme une toile d’araignée
Tandis que je me régalais de ce même gâteau
Mais présenté entre d’énormes flots
 
De chantilly ! Nous disions : « Au revoir »
Nous laissions au serveur un pourboire
Et nous faisions quelques pas digestifs
Au bord de mer toujours festif.

Avec les années, nous refaisions un peu moins le monde
La danse bleue, noire ou blanche des ondes
Nous apaisait et nous étions calmes
Car bien moins révoltées étaient nos âmes.
 
Nous commencions à bailler
La vue à nos horizons plus baissait
Nous retournions à nos voitures
À pas lents, traînant la chaussure.
 
Nous avions passé une bonne soirée
À raconter, discuter, nous écouter
J’étais la première crevée, trouvais plus la clé
Intérieurement, nous étions contentes de notre amitié
 
Et nous nous promettions de nous retéléphoner !
 
 
 
Dindon Ding Dong
 
 
 
Tôt, le gallinacé, de bonne heure
On l’arrose, quel bonheur
Afin qu’il bien bien mijote
Le grassouillet dans sa papillote.
 
Puis voici la ronde des citrons
Pour huîtres, crustacés, poissons
Et les rondes tartines de pain
Pour le foie gras étaler fin.
 
Le jus juteux coule du palmipède
On s’affaire, se hâte, de l’aide !
Sauce donc le dindon avec les marrons
Mélange les champignons et les cardons !
 
La cuisine est comme une ruche
Ça tourne, ça cause, ça vire
Entre les bruits de cuillères et les rires
Que faut-il encore faire ? Découper la bûche !
 
Mmhhh… tout est succulent
Ding ! Dong ! Il est l’heure !
À TABLE ! Et les chaises ont peur
De crouler sous les gourmands…
 
 
 
 
 
Légèreté
 
 
 
Il est des matins où j’ai des envies de vivre
Où le ciel, les cris des enfants m’enchantent
Et la journée file si vite que je suis un peu ivre
Je suis contente d’être contente et je m’en contente !
 
Les fleurs, les parfums, les odeurs de cuisine m’enivrent
Les heures s’accélèrent joyeusement et je me livre
Au jeu d’être heureuse, j’y trouve ma place
Je ris, je mange, je travaille aussi et je jacasse !
 
Une chanson facile me trotte dans la tête
Je porte la petite robe à bretelles pour les fêtes
L’air est frais, aucun événement tragique ou magique
Ne traverse ma journée et je suis bien, c’est fantastique !
 
Je gare puis ferme ma voiture à clé
Je traverse la place comme à l’accoutumée
Je prépare ma potion d’avant la nuit
Et lorsqu’elle arrive la voleuse du jour, je suis endormie.
 
 
 
Pirouette
 
 
 
C’est enfin le matin !
Pas trop tôt… vite au sapin !
Pousse pas ! Hé, la porte !
Qui l’ouvre ? Qu’importe !
Pousse-toi et pousse-la !
Faut savoir ! Et là…
Tu ne peux rien voir !
 
Car c’est encore la nuit
Dans la pièce endormie
Soudain des loupiottes
Clic clic clic clignotent
Vert fait de l’œil à rouge
Orange et bleu bougent.
Quelqu’un dans la mangeoire.
 
Alors les volets claquent
Le plancher cra craque
Les papiers dorés déchirés
Les cadeaux emballés déballés
C’est un moment de pirouettes
Et de joyeux : « Saperlipopette ! »
Pas le moment de s’asseoir !
 
 
 
 
 
Violoncelle
 
 
 
Jeannette
Sur sa bicyclette
Comme une jeunette
        Que rien n’arrête.
 
S’attaque aux pentes
Qui sont en descente
Qu’il pleuve ou qu’il vente
 Va voir sa tante.
 
Au bord de la Romanche
Se promène le dimanche
A mis une casquette
        Baisse la tête !
 
Attention à la galipette
La selle stoppe net !
Bascule vers la trempette
        Pas chouette…
 
C’est grâce à une branche
Qui heureusement penche
Qu’elle se retient, revanche !
        Mais… blanche.
 
Elle enfourche l’engin
Égratignures aux mains
Prend un autre détour
 Retour.
 
 
 
Crêpes
 
 
 
Sages comme une gravure
Surveillant les mesures
Un, deux, trois petits dos
Sont attentifs ; posture.
 
Les tabourets sont trop hauts
Pour que de leur perchoir
Les souliers raclent les carreaux
Les jambes font de la balançoire.
 
Il fait chaud dans la cuisine
Une bonne odeur de farine
De lait et d’œufs se mélange
Devant un, deux, trois anges
 
Ça chatouille les narines
Les paires d’yeux s’animent
Trois mentons dans les mains
Grommellent : « J’ai faim »
 
Six mains se précipitent
Pour attraper très vite
Plat et cuillère à lécher
Le calme, c’est terminé !
 
On sort tous les pots
Sucre, miel, confiture
De prunes, de mûres
De fraises, d’abricots.
 
On s’en lèche les doigts
On s’écrie de joie
Les sages sont sots
Ça tourne autour du pot !
 
 
 
Conséquence
 
 
 
Si on plaisantait ?
Sans se fâcher
Des kilos en excès
Des fessiers bien rembourrés
Des épaules bien charpentées
Des seins bien gonflés
 
Bref, de ces rondeurs
Qui à l’heure
Des repas se sont installées
Dans les poches étirées
De l’enveloppe des dames
Que ce drame
Commence à tourmenter
Au fil des années.
 
Elles sont fortes
Mais elles portent
Les enfants
Et les joies et les tourments
Que se reprocher ?
D’aimer la vie, le pain
Les raisins des vins ?
D’être gaies ?

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