Dans le bruissement de mon encrier
228 pages
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Description

« Calme. Apaisement. Paix. Plénitude. Je comprends tardivement pourquoi je ressens cette intense sensation de bien-être qui frise la vibration transcendantale, l'éveil de la kundalini, le nirvana : il n'y a pas d'être humain à proximité. Cioran aurait écrit ce soir-là, que “l'homme est ma bête noire”. Il faut quand même se méfi er de la pensée de l'instant. » En vers comme en prose, les écrits poétiques de Robert Orango-Berre donnent à entendre des pensées inspirées et sensibles. Outre leur intérêt substantiel, chaque texte réserve de belles envolées lyriques. Nous suivons le poète au gré de ses pérégrinations dans la capitale parisienne ou ailleurs, mué en observateur attentif des moeurs locales. La musique joue un rôle important dans sa vie, rythmant chaque souvenir des époques révolues. L'oeuvre de cet auteur gabonais prône des valeurs humanistes par-delà les frontières et mérite d'être découverte par un large public.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166385
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans le bruissement de mon encrier
Robert Orango-Berre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Dans le bruissement de mon encrier
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
« Écrire, c’est tout ce que l’on peut faire lorsque le cœur déborde »
 
Chantal Magalie Mbazoo-kassa
Fam ! Roman, La maison Gabonaise du Livre,
Libreville, novembre 2003
 
 
« Nous avons chacun un mot spécifique à dire en fonction de l’origine, de l’histoire à laquelle nous appartenons, mais aussi beaucoup en fonction de notre individualité particulière »
 
Maryse Condé, « Divas » n° 9, août 2000
 
 
« L’écrivain se nourrit toujours de ce qu’il a en lui (…) on part toujours de quelque chose qu’on a au fond de soi-même. »
 
Fatou Diome, romancière sénégalaise,
J.A.I. n° 2234, 28 novembre 2003
 
 
« Pas d’écriture sans le plaisir d’ouvrir une brèche dans les conformismes ambiants »
 
Pascal Bruckner, « Le Point » n° 2253, 12 novembre 2015
 
« Écrire est une forme de résistance à soi, au monde, à l’humanité du monde, aux autres, au silence des autres »
 
Nina Bouraoui, « Le Monde »,
16 décembre 2005
 
« Je ne peux m’empêcher de chercher autre chose. La table d’écriture est une table d’orientation. J’aurais arrêté d’écrire depuis longtemps si je n’avais pas la conviction qu’il y a encore « quelque chose » à trouver. »
 
Jean-Michel Maulpoix, « L’Express »,
 27 avril 2006



Jean Michel Maulpoix, l’Express, 27/Avril/2006
 


« Je ne peux m’empêcher de chercher autre chose. La table d’écriture est une table d’orientation. J’aurais arrêté d’écrire depuis longtemps si je n’avais pas la conviction qu’il y a encore « quelque chose » à trouver. »
 
 
J’exprime ma sincère et profonde gratitude :
À mon épouse Monique
À mes enfants
À ma famille et à ma belle famille
 
À Félix Deaken Owansango
 
Toute ma reconnaissance :
À Jean-Yves Ntoutoume et au regretté Paul Kama Mvoundza
qui, des années durant, ont publié mes articles dans leurs journaux respectifs.
Préface
Ma lecture de la presse africaine, très élogieuse sur les textes prolifiques et éclectiques de mon compatriote Robert Orango-Berre, comble mon égard de dramaturge pour les auteurs emblématiques de la fresque littéraire.
Au fil des ans, ma quête s’est familiarisée à la thématique de son œuvre qui est une symphonie de sujets sur son pays natal, sur l’Afrique, la France et ses violons d’Ingres alternant les interpellations, les interrogations à la fois pertinentes et percutantes.
En 2004, Nadia Mombo, journaliste à la deuxième chaine de télévision gabonaise, m’avait posé la question suivante : « Qu’est-ce qui vous a touché dans les textes de Robert Orango-Berre ? » Ma réponse : « La sincérité, la vérité et l’équité qui sont les valeurs cardinales de l’humanité ».
En effet, l’humanisme étant mon crédo de metteur en scène, l’écriture de Robert Orango-Berre rejoint le même idéalisme que je promeus sur la scène théâtrale pour prôner le divertissement, le discernement et l’engagement.
L’épuration de la fioriture et parfois de la grisaille des textes de l’auteur procure le plaisir de lire et de compatir aux mots de ses joies, ses peines et ses tourments.
L’évocation de ses remises en cause, dans l’ouvrage qui peint sa passion d’améliorer l’essentialisme d’un monde perfectible, l’élève au rang des citoyens de la félicité.
 
Dominique Douma
Comédien, metteur en scène, dramaturge.
Le blues de la traversée
Noir, ce blues venu du fond d’une cale, ô Congo
Comme un typhon lointain au bruit suave et voluptueux
C’est de la trompette de Satchmo qu’est parti ce timbre majestueux
Apocalyptique Atlantique d’où naquit l’image lugubre du ghetto
Noir, ce blues venu du fond d’une cale, ô Congo
Transbahuté et nourri de chagrin de la côte d’Afrique à Chicago
Bribes mélancoliques et nostalgiques sorties d’un vieux saxo
C’est de Coleman Hawkins qu’est parti ce vibrato
Noir, ce blues venu du fond d’une cale, ô Congo
Pathétique croisée de solos confus venus du pays de Loango
Comme un cri sanglant jaillissant du mât d’un bateau
C’est Coltrane qui parle de son peuple aux parfums afros
Noir, ce blues venu du fond d’une cale, ô Congo
Ici, le Blanc est couleur de circonstance, au nom du Très-Haut
Tandis que le Noir est couleur de tous les jours, triste fardeau, ô Afonso !
Dur, je trime avec pour seul compagnon mon vieux banjo
Noir, ce blues venu du fond d’une cale, ô Congo
J’attends impatiemment ce jour où j’irai profaner leurs tombes de là-haut
Déliquescente humanité qui ne laisse pas de place aux africanos
Et pour que ce swing qui parle fasse plus d’un héros à Gao.
 
 
Libreville, le 5 février 1984
À la mémoire de Mohamed Maïga
 
 
« Café Voltaire »
Qu’il était chouette jadis, le « Café Voltaire »
Le soir venu, illuminé par de beaux réverbères
Où nous allions savourer un délicieux café crème
 
Je me souviens de ce temps où on portait encore des blazers Qu’on ôtait pour faire la fête autour du flipper
Avant de déambuler rue Basfroi, rue Popincourt et rue de la Roquette
 
Si les bistrots de l’avenue Ledru-Rollin passaient Sidney Bechet
Ceux de la rue de Charonne laissaient échapper les riffs d’Erroll Garner
Et ce n’est que plus tard qu’on se mit aux sons des Beatles
 
La furie des jukebox nous servait de refuge pour supporter l’hiver
Dans une ambiance bohémienne qui faisait de nous des frères
Puis, dans ce Paris 11 e des années 1960, les bibliothèques
ont fini par prendre le pas sur l’inoubliable « Café Voltaire ».
 
 
Luanda, le 16 avril 1989
 
 
É chos de Fort-de-France…
Juillet 1989. Ce vendredi de juillet, le soleil des Antilles brille sur la Martinique et donne des couleurs éclatantes à la luxuriante végétation qui entoure La savane, grande place où dominent de magnifiques flamboyants et palmiers royaux. La bibliothèque Schoelcher est là, fière de ses majestueuses dorures et de sa mémoire multiséculaire. La statue de l’impératrice Joséphine aussi, juste en face du café qui porte le même nom, autrefois point de rencontre de l’élite martiniquaise.
Belle luminosité donc en cette fin de matinée. Population très colorée : café, ébène, sapotille, déambulant à proximité de l’Olympia et chaloupée par une discrète biguine sortie magistralement de la clarinette de Barel Coppet, relayée un peu plus tard par Mona et Saint-Prix à la flûte des mornes.
Les alizés poussés par la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique bercent les palmiers royaux qui servent de parure végétale à la charmante cathédrale de Fort-de-France. Plus loin, dans les échoppes, l’air joyeux, des touristes sirotent déjà leur petit punch de la matinée que les Martiniquais qualifient de « décollage » de la journée. Pendant que les habitants de Fort-de-France se rendent à leur travail, les enfants, dont de nombreuses fillettes portant à la tête de magnifiques rubans, prennent le chemin de l’école.
26 mai 2011. Un soleil radieux enveloppe la Martinique ce matin avec juste ce qu’il faut de chaleur. Autour de 28 degrés. De passage à Fort-de-France, je décide de réaliser un vœu qui me tient à cœur : me recueillir sur la tombe d’Aimé Césaire qui m’avait fait l’honneur de me recevoir il y a une vingtaine d’années.
Quelques atermoiements dus aux embouteillages de Fort-de-France ont failli avoir raison de ma détermination à effectuer ce déplacement du souvenir et de la gratitude. Qu’à cela ne tienne puisque pour me rendre au cimetière de La Joyau, sans entraves, j’ai passé la nuit à quelques kilomètres, dans la commune de Saint-Joseph. Circulation plutôt fluide et arrivée fébrile au portail du cimetière où repose le grand homme.
J’arrive, ému, sur la tombe d’Aimé Césaire. Ni monument ni mausolée. Une sobre dalle de marbre gris surmontée d’une stèle de marbre noir où a été gravé en lettres d’or son célèbre texte « Moi, laminaire ». Une rayonnante petite photo de l’illustre disparu incrustée sur un support fait de pierre est posée sur la dalle grise. Y sont inscrites les dates de naissance et de décès du poète. À Fort-de-France même, quelques portraits d’Aimé Césaire attirent mon attention. Des extraits de poèmes (dont un évoquant les ancêtres bambara) habillent de grandes reproductions photographiques en noir et blanc. Dans les profondeurs les plus subtiles de mon âme, j’éprouve un intense soulagement moral et intellectuel d’avoir pu accomplir cet acte de reconnaissance et de gratitude incommensurables. Non pas seulement parce que les bonnes actions purifient la conscience, mais parce que nous devons beaucoup à cet homme et à quelques autres de sa trempe qui ont consacré leur vie à « remettre l’homme noir debout » dans un contexte historique difficile.
Je quitte la Martinique subjugué par la beauté de ses paysages, par son réseau routier impeccable, ses maisons créoles de rêve, sa population colorée, accueillante et pleine de vie, ses élites créatrices, son rhum aux mille vertus et sa musique aux rythmes envoûtants. Mille couleurs agrémentent mon regard enchanté et ce n’est sans doute pas pour rien que la Martinique est aussi appelée Madinina, l’île aux fleurs. Mon séjour touche à sa fin. J’embarque à l’aéroport Aimé Césaire du Lamentin pour regagner mon Afrique natale et prendre encore le temps de rêver d’ici et d’ailleurs.
 
 
Fort-de-France (Martinique),
juillet 1989 et mai 2011
 

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