Des passes et des impasses

Marie-Jo Cardineau

Description

Sillage ouvert sur la mer Advenir à un autre Étranger à soi et aux autres Compagnon imprévisible De la traversée Métamorphose troublante Sublime passage Renaissance immatérielle Télescopage violent Des possibles et des interdits Révolté, gonflé d'idéal Et de sombres inquiétudes

Sujets

• Beauté
• Poetry
• Optimisme
• Espoir
• Révolte
• Beau
• Violence
• Nature

Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 27 septembre 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342011982
• Langue: Français

Extrait

Des passes et des impasses
Marie-Jo Cardineau
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : [phone]
Des passes et des impasses
 
 
 
« Dans la lumière de mille lampes allumées,
J’ai trouvé mon ombre ;
Dans le reflet de tant de bijoux scintillants,
J’ai trouvé ma misère ;
Dans la foule qui me côtoie et me pousse,
J’ai trouvé ma solitude. »
Liu Ta-Pai
 
 
 
Acédie
 
 
 
Je trompe mon ennui
Fidèle ennemi
Sosie du souci
 
Noir comme suie
Collante pluie
Temps pourri
 
Je trompe mon ennui
Jusqu’à la lie
Assouvie
 
Mon ennui a fui
Sous la plume étourdie
Poésie.
 
 
 
Eaux troubles
 
 
 
Enfance en eaux troubles
Un marécage où nager
Un marécage où se noyer
Opacité vaseuse
Opacité visqueuse
Sale temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Empêtrée dans les herbes
Malveillantes et toxiques du verbe
Accrochée à l’hameçon
En guise de leçon
Sale temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Ne voir ni le fond
Pourtant pas profond
Ni même la surface
Qui ne peut sauver la face
Sale temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Ne comprendre ni le bien
Qui n’est pas le sien
Ni le mal
Trop brutal
Sale temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Nourrie de pieux mensonges
Fascinée par les songes
Monde grouillant de créatures
Hors nature
Drôle de temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Entre la carpe et le crapaud
Balancer et faire l’idiot
Au rythme des mélopées en mineur
Ravaler sa peur
Morne temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Avancer les yeux baissés
Ne regarder que ses pieds
De peur de chavirer
Et de renoncer
Sale temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
S’agripper aux berges molles
Dans les herbes folles
Poser ses pieds dans la gangue
Et s’inventer une nouvelle langue
Changement de temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Se hisser à grand-peine hors de l’eau
Découvrir un frais ruisseau
Y admirer la fluide transparence
Des eaux qui dansent
Nouveau temps
Pour l’enfant
 
Enfance en eaux troubles
Et en sortir
Vers d’autres contrées partir
Passer les océans et les frontières
Vouloir la terre entière
Léger comme une plume
Renaître dans d’autres brumes
Nouveau temps
Il n’est plus enfant.
 
 
 
Crépuscule
 
 
 
Rondes, pépiements,
Tourbillons fulgurants,
Le ciel rougeoie
Zébré de sombres étourneaux
À la grâce insolente.
Art éphémère
Dessin du ciel
Danse de derviches tourneurs
Ils taguent la voûte céleste
D’excentriques calligraphies
Arabesques subtiles
À tombée de nuit
D’automne.
 
 
 
Haïkus
 
 
 
La voix s’envole
Légère dans les airs
La diva ensorcelle
* * *
La voix d’ange
Transporte au paradis
Les âmes mélomanes
* * *
Exaltation de l’âme
Ivresse des cimes
La musique habille de joie le cœur
* * *
Ses mains habiles sur les blanches et les noires
Joue les Yeux noirs
Danse gitane !
* * *
Les mains du pianiste font chanter
Les blanches et les noires
Oh ! des corneilles !
* * *
L’orbe plein de la lune
En habit de lumière
Se prend pour le roi soleil
* * *
De ses mains délicates
Il frôle les noires et les blanches
S’envolent les huppes
* * *
De son pinceau de soie
Le peintre fait sortir des nuages
Des grues cendrées
* * *
Sur la soie
Une grue cendrée
Dans un trait d’encre s’envole
* * *
Le grincement du plancher
Un pas familier
Te revoilà cher absent
* * *
Dans l’herbe blanchie de givre,
Ridée et grise
Gît une pomme
* * *
Feuilles sèches envolées
Fruits au sol tombés
L’arbre est nu
* * *
Ils ne sortent pas de mon chapeau
Mais du bois pris dans le halo des phares
Deux lapins blancs
* * *
L’homme à voix d’ange
Attise curiosité
Et fantasmes de femme
* * *
Le singe se moque
De l’arrogante
Qui toise la bête
* * *
Des gestes obscènes
Le singe moque
Les grimaces de l’arrogante
* * *
Les chiens de chasse à courre donnent de la voix
Par les monts et les étangs l’écho résonne
Le héron coiffe la tête d’un sapin.
 
 
 
Les cannibales
 
 
 
Sur quel tas d’ordures,
Avec quels outils de torture,
Exhibant leurs dorures,
Marchands d’illusions,
Marchands de nuit
Amassent des millions ?
 
Cannibales enivrés du sang
Sucé aux plaies des morsures
De l’exil et de la froidure,
Molosses grassement nourris
Des entrailles fumantes de la misère,
Ils se lèchent les babines, inassouvis.
 
Jouissant sans censure,
Sans honte, sans interdit,
...