Djebel
116 pages
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Djebel , livre ebook

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Description

« Il en est ainsi dans “les jardins où coulent les ruisseaux“ On découvre une luxuriance et même une luxure. La végétation va parfois, souvent, en lignes irrégulières, cela fait bon ménage avec une herbe compréhensive, habituée, pas de contraintes, pas de fatigues inutiles, on grandit ensemble gentiment, dans un roucoulement profond et continu de l’eau. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748392654
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Djebel
J. Cervier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Djebel
 
 
 
 
 
À Tibère de M’Sila
 
 
 
 
Le reître
 
 
 
Le reître, il a plié bagage en est,
Les jeux n’étaient pas ramassés qu’il est
Parti, lassé des choses régulières,
Son âme a pris le vent, aux grandes aires.
Dites, comment jugez-vous cet oiseau
Échappé de la cage ou du réseau ?
Moi je le trouve en marge d’une page
Fidèle à ses yeux, fidèle à son âge.
 
Quand l’habitude vous tient comme un chien,
L’habitude fatigue et ne vaut rien,
Quand les autres sont devenus les mêmes,
Quand les matins ont des faces trop blêmes,
Quand la chose au fond du miroir c’est toi,
Il est temps de muer, change de toit !
 
L’aube féconde ou l’aube corrosive
Donne son champ, sa litière évasive,
Marche là-bas, voici les nouveaux Dieux.
Change ton nom, ta monnaie, tes aïeux,
Et rejaillis dans les filles extrêmes,
Saisis la terre oubliée où tu sèmes,
Choisis la vie, peut-être le danger,
Tu dois risquer une âme d’étranger…
 
Je le regarde encore, ce prodigue,
La raison sans alliage m’intrigue,
Qui va chercher dans un temps, dans un lieu,
La vérité incisive le Dieu,
La nuit du rien, et puis toute la face
Pour une mélancolie de rapace…
Qui nous retient ? Un visage opulent,
— Des champs brûlés – efface tout relent.
 
 
Celui-là tourne ou passe les frontières,
Va sans mémoire, coupe ses arrières,
On l’examine au guichet pointilleux,
Un citadin en forme est sous vos yeux
Demi-sourire, blanches meurtrières…
Quand sont finies les ruses douanières,
Il est tout neuf et vierge de profil.
L’âme aiguisée qui retrempe son fil
Engagera faciles aventures,
Elle accommode aux images futures.
On se souvient peut-être, sans élan,
Photographie usée voyage à blanc.
— Embrasse mieux le présent fanatique,
La chose nue attend, point de relique.
 
Chez l’étranger, dit-il, on est chez soi,
Il a gagné les terres de sa foi,
Ses inconnues, ses idoles parées…
O filles ingénues, filles sacrées,
Vous écoutez des propos lumineux,
Mots incertains, achevés dans les yeux…
Il a choisi, hostile ou vénérée,
La face rude, la face dorée,
Dans un levant commence l’âge épris
Du temps, du feu, des suaves esprits.
Il a gardé ses yeux dans la lumière
Et vu briller, ainsi qu’une aube fière,
Le sein nouveau où dérober son lait.
 
On est conquis, o mince roitelet…
 
 
 
Étrangers
 
 
 
Temples étroits confits de perles fausses vous,
Et vos restes perdus en terre souveraine,
Quel ange attendez-vous ? Sous les ramages fous
Des colombes, un seul ennui au fond se draine.
 
 
Comme ils sont bien défunts ! Ces formules, ces croix,
Toutes ces nefs, disent l’étrangère semence,
Ne disent rien, je sais – On entend mieux les voix
Qui brûlent, sans idée, l’unique providence.
 
 
Es-tu dans une âme en souffrance, Dolorès,
Toi, si frivole et maintenant si casanière ?
Lui ne revoit que son histoire ! Dolorès,
 
 
Viens-tu jamais chez un vivant, à sa manière ?
Tu es la chose éparpillée dans les cyprès,
Tu es de la finissante poussière…
 
 
 
 
L’été dépasse votre misère ensevelie,
Étrangers,
On vous oublie.
 
 
 
Plumes
 
 
 
Le champ me garde une lumière
Abandonnée, pure absence d’humain,
Cette lueur enfin est singulière
Et le couchant, déjà, passe la main,
Une hérésie, une façon d’aurore
Se lève au milieu des buissons, je vois :
Une lumière qu’on dirait – sonore.
 
Alors il vient, très simple dans sa voix.
 
Et je me souviens du tableau étrange 1  :
Même propos, même clarté, pourtant…
Un adolescent aigu me dérange,Sanglé, bien fait, trop bien fait cet enfant,il est ambigu soudain et maléfiqueEt séduisant, comme il est dangereux
N’est-ce pas ? en même temps angélique…
 
Je les regarde à présent tous les deux,
Le merveilleux, l’autre sans envergure,
Lui, le second, a-t-il bien mesuré
Comme il jure, dans la sainte figure ?
Parmi le temps infaillible doré,
Il est un homme frêle qui chemine !
Mais il y a grande sincérité
En l’amitié que je sens, ou devine,
Mais cependant, quand je trouve à côté
L’âge parfait, d’une grâce achevée,
Et lui, ce gueux qui est le visité,
Je crois saisir une image rêvée :
L’un me paraît du songe en vérité,
Il est baigné de clarté, dans ce monde,
Le second est paré d’humilité,
Il a peut-être une beauté profonde,
L’un est vêtu dans une qualité,
Un style fait pour vous, hautes familles,
Et je vois bien quand il passe tout près,
Que l’autre est presque habillé de guenilles.
Cette âme élue navigue sans regrets,
Elle sourit, et même elle rayonne
Un peu – Que dit-elle ? Je n’en sais rien,
Elle dit sa vie, ma foi, ou ronronne,
L’ami venu de loin écoute bien…
Moi je reste à mon ombre, Sa lumière
Passe devant mes yeux, le bruissement,
Les voix font une musique régulière…
 
Celui que j’admire est simple, vraiment,
Ne choisit pas l’éclat, le temps des villes,
Choisit la forêt, une âme, le soir
Et l’herbe enfin qui aime ses chevilles…
(L’herbe fait gentiment son devoir,
Elle adoucit les pierres, les brindilles)
Comme il étend ses ailes je peux voir
Une aube remuer des choses filles…
À côté de l’ami vêtu d’espoir,
Quand même il doit juger rude la terre,
Mais il avance on dirait sans effort
Et continue de parler à son frère.
Le temps, l’espace autour d’eux, font le mort,
C’est la forêt muette du silence…
 
J’entends bouger des feuilles sous la nuit…
Il a monté sa voilure en puissance,
Touché le vent comme on cherche un appui,
Et le vent touche une forme de gloire…
 

On peut retenir l’ami qui s’en va ?
On peut le garder, garder la mémoire
De cette lumière étouffée qui va
S’en aller, mais dans la nuit – brûle encore ?
 
 
 
?
 
 
 
Amitiés dans le cercle, amitiés déridées,
Qui vient peuplé du soir s’épanche en vérité…
Nul orgueil exprimé, chacun est visité
Du même esprit, chacun délivre ses idées.
 
 
 
On se répond, on joue les notes accordées.
Polybe aime toucher, pour mince volupté,
Les dauphins résignés. Maint songe ici, capté :
— Je caresse, dit-il, mes filles asmodées…
 
 
 
La vasque épanouie murmure… Flavius,
Le menton appuyé, écoute ce laïus
Ou remue vaguement les défuntes années
 
 
 
Mais, à côté de lui, se pose une beauté :
Vois la riche tunique aux chutes ordonnées,
Dans ses plis verticaux s’élargir et flotter…
 
 
 
Versants
 
 
 
Vents et pluie ont gravé ton éloge, ton nom,
Rude terre, veinée de longues meurtrissures,
Mais des sérénités, immobiles ou non,
Chantent la vie, chantent les pierres – ces voilures…
 
 
 
Je m’approche bientôt de sa tranquillité :
Un sage qui étend des parfaites membrures,
Connaît la paix, le sein, les jambes en été
— Ces robes visitées de songes, d’aventures…
 
 
 
Quelle ombre a désigné le vent perdu si calme
Et son odeur ainsi que terres en voyage ?
Quelle ombre joue ? – On veut dans un luxe de palme,
Aux lisières du temps, vivre mieux que son âge…
 
 
La nuit veille un troupeau de brebis qui somnole
Et des murs calcinés, les formes sont numides
— Salem, tu dis… Elle est féconde une parole
Dans cette nuit où vont les choses moins lucides.
 
 
 
Les oliviers
 
 
 
Nous coucherons la nuit au pied des oliviers
Sévères, ou luisants de facettes, d’aiguilles.
Feuilles brèves, polies, comme vous êtes filles,
Dignitaires, comme vous êtes singuliers !
 
 
 
Il y avait ce ton de fauve caressant…
Le champ s’est revêtu d’une parfaite absence,
Regardons-le toucher, renvoyer du silence,
Parmi le temps sans foi, sans rives, mais puissant.
 
 
Et toi, la reposée, tu es Volubilis :
Pas une ombre agitée, pas d’insecte volage
Enfin. Les voies, les bancs de pierre sont un âge
Où divaguent la nuit, les feux ensevelis…
 
 
Qui joue sa vie ? Une flûte en roseau, un rien
De musique affaiblie ou pensive, dérange.
Solitudes, vous écoutez passer un ange…
Vous écoutez passer le vent musicien.
 
FINALE :        Un rien
        Dérange
        Un ange
        Musicien.
 
 
 
Approches
 
 
 
Le temps bouge, tu fais la nuit spirituelle
Quand tu viens, favorable à mes yeux, ma prière…
 
Je dis la femme pressentie en chemin, celle
Invoquée de très loin, celle qui est première…
J’ai confondu longtemps les rêves et les rives,
C’était l’ombre, c’était ma fille intérieure
Et la voici ! j’entends ses paroles naïves,
Comme elle vient où cependant elle demeure…
 
Vous finissez, roseaux ? État de choses blêmes,
Entre deux eaux glissés, vous êtes là encore
À sommeiller luisants, remuant des phonèmes
Très pâles – Qui vous berce longtemps vous ignore
Allez ! vous, et vos masques de nuit, vos intrigues…
Mais j’ai tourné enfin votre famille unie
Que je hais doucement, faux frères, seins prodigues…
 
Quel âge nous étreint, quelle aube indéfinie
Agite dans le sang profond une laitance !
La lune glisse et joue sur les hampes des vignes,
Commande aux oliviers de si haute naissance,
Les terres voient filer des présages, des signes…
 
 
Une portée du vent parmi le vent infime,
Passe la nuit et touche l’aube frémissante :
Refusés, accordés, sont une longue estime
Les grands versets d’oiseaux nomades que je hante.
 
 
 
Le cavalier
 
 
 
Nonchalant, magnifique à la voie cardinale
Avance, promené, pieds nus, le cavalier…
Sa bête réjouie l’emporte et fait scandale.
— Vous êtes généreux, hôtes du sablier…
 

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