Écrits de la baleine : 1998-2015
114 pages
Français

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Écrits de la baleine : 1998-2015 , livre ebook

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Description

Le texte est ici offert pour lui-même, à la faveur des mots et leur choc de culture et d'histoire.
Une poésie de survivance et d'espoir s'intrique aux actualités quotidiennes, urbaines ou nord-côtières. Sa voix n'est pas seule, nomade attablée aux extravagances et aux contradictions de cette époque de fin et de début de millénaire. Opiniâtre, elle se confronte avec passion au monde de la création en des lieux des Amériques toujours à se reconstituer dans le souffle du pays, du fleuve et des baleines.
Les Écrits de la baleine présentent une anthologie des six ouvrages poétiques réalisés par Sylvie Chenard entre 1998 et 2015.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782981665515
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Sylvie Chenard – 2017 Conception de couverture et mise en page : Maryse Bédard Révision et correction d’épreuves : La Lanterne, services éditoriaux
ISBN : 978-2-9816655-0-8 (imprimé)
ISBN : 978-2-9816655-1-5 (ePUB)
Dépôt légal 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec 2017 Bibliothèque et Archives Canada 2017
Tous droits de traduction et d’adaptation, en totalité ou en partie, réservés pour tous les pays. La reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation de l’auteur.

Introduction
Les Écrits de la baleine présentent une anthologie des six ouvrages poétiques réalisés par Sylvie Chenard entre 1998 et 2015. Elle y témoigne de ­solidarités sociales amalgamées à la création artistique, à ses lieux d’élaboration et aux métissages des Amériques. Ses recherches et ses chroniques poétiques lui permettent d’explorer la déconstruction et la reconfiguration d’un ordre sym­bolique pour le respect de la terre, des espèces et de l’humanité dans sa diversité et ses droits équitables. L’écriture est pour elle le moment d’imaginer des changements individuels et collectifs responsables et durables en toute liberté, en étant sensible à l’histoire et à la situation des Autochtones, des immigrants, de l’environnement, des amours et des passions des femmes, des hommes et des enfants qui l’entourent.
Écrits à Montréal
2004 Anamnèse Script Amérique – Chroniques écrites entre 1999 et 2004. Inspirées du fait divers d’une baleine dans la baie de New York et d’un parcours initiatique pour apprivoiser la conscience collective.
2009 Quintessence ou les saisons de la baleine – Chroniques de la baleine, écrites en 1998, revisitées en 2009. En soixante-quatre parties, la rencontre d’un homme et d’une femme, de l’Occident et de l’Orient.
Écrits à Tadoussac
2008 Cirque de l ’ eau/Bestiaire marin – Reportage poétique en Gaspésie, sur la Côte-Nord, à Tadoussac. Inspiré par les gens du pays rencontrés sur la route des baleines et leurs réponses à la question « Qu’est-ce que le cirque de l’eau évoque pour vous ? ».
2009 Jazzamérique – Cinq « livres » pour les cinq valeurs à la base de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité, intriquées à la manière des improvisations jazz.
2012 Les nouvelles de la nuit – Douze nouvelles, écrites entre 2008 et 2012, témoignant de la résistance en tant qu’artiste.
2015 Inéluctable – Six leitmotiv pour la sauvegarde des peuplades et des espèces, élaborés lors d’une résidence de création à Tadoussac entre 2011 et 2014.


Note biographique
Sylvie Chenard est artiste multidisciplinaire. Elle propose des créations multimédias hybrides et engagées rassemblées sur son site Les projets de la baleine. Musicienne, auteure, poète, journaliste, elle a travaillé dans les milieux culturels, éducatifs et féministes, où elle s’implique depuis près de 40 ans.
Fin des années 70, au Saguenay, elle travaille à la revue Focus à Jonquière, où elle apprend le métier de journaliste. Par la suite, elle collabore à plusieurs médias communautaires, à la revue Résistances , au Collectif sur l’histoire du mouvement des femmes au Saguenay–Lac-Saint-Jean. À Montréal, elle a publié, entre autres, aux Éditions Triptyque Chansons et chroniques de la baleine (1994), dans la revue Estuaire et chez Ambiances magnétiques Océan pour la suite (CD, 2002).
Son mémoire de maîtrise en communication, concentration multimédia interactif, a été rendu disponible sur son site et s’intitule : Culture et féminisme pour changer le monde (2004).
Elle a présenté plusieurs extraits de ses textes poétiques lors de spectacles collectifs de musique improvisée qu’elle a initiés :
Chansons et chroniques de la baleine ; Manifeste pour contrer la violence faite aux femmes ; Océan ; Anamnèse Script Amérique ; Jazzamérique ; Les nouvelles de la nuit.
À Montréal, elle a travaillé notamment au Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) et à l’Université du Québec. Pendant plusieurs années, elle a partagé sa vie entre Montréal et la Côte-Nord, et est résidente permanente à Portneuf-sur-Mer depuis 2016.


Ces écrits sont dédiés à la mémoire de Michèle Roy et d’Hélène Monette, chères amies disparues, femmes d’exception qui ont touché notre époque, immenses amoureuses, généreuses, ricaneuses critiques, lucides et sensibles qui ont bouleversé ma vie, ma conscience et mon écriture, qui m’ont ouvert les portes du féminisme et de la littérature.
Je remercie les membres de ma famille pour leur énergie créative et leur tendre estime qui ont inspiré et favorisé la réalisation de mes projets ; je remercie mes compagnes de culture, de création, de plein air, Diane T. Tremblay et Maryse Poulin, pour leur précieuse amitié. Également, je remercie tout le beau monde que j’ai rencontré, avec qui j’ai créé, musiqué, et grâce auquel j’ai pu exister, évoluer.
Merci à Catherine Hurtubise (révision linguistique) et Maryse Bédard (graphisme) pour leur professionnalisme remarquable et leurs services efficaces durant l’élaboration de cet ouvrage




L’été indigo
La folie des profondeurs me broie l’ombre au creux du Nord. Nous sommes tous unis encore. Nous nous sommes choisi une vie pour confronter les répressions subtiles. Nous n’y parvenons que lorsque l’heure devient bleue et que les étincelles parfument nos tempêtes. Nous, les ailes déployées, nous, les amants des océans, nous, les amoureuses entrées dans le ciment de nos marchés solidaires.
Hier encore nous nous sommes perdus dans la spirale violente où nous étions happés sans pouvoir. Mais voilà, nous avons conquis l’alternative confiante, nos apprentissages conscients, nos propres forces ingénieuses des printemps éclatés et des matins ravis, nos solutions collectives. Ce répit nous amène au cœur de l’Amérique, anarchie des ferveurs dépendantes, des chics vendeurs de rêves, de peurs, de dégoûts, des gourous d’affection. Nous suivons le chemin de nos ombres, les abstractions jusqu’aux rivages, ce cri multicolore des musiques urbaines nous guide un peu. Aller là où nous avons profondément changé nos vies.
Elle est là, tout près, au large. À la dérive, elle se laisse mourir au seuil de l’Amérique. Tout ce que nous trouvons à faire, c’est de sympathiser avec le ­clochard, passer une meilleure journée, alléger le fardeau de cette femme, amuser cet enfant, aimer le voyageur, écrire à propos de nos vies, transformer encore et encore les horreurs. Ce bonheur éveillé de nos dignités enragées.
Nous sommes ensemble et l’observons. Nous avons participé au sauvetage. En rêve, nous avons réussi à resituer le Nord. Elle est là, devant nous, sans ses forces migratrices et nomades, prisonnière de son combat de survie. Elle est là baignant dans les relents fous d’Amérique à l’orée des océans inanimés.


Agréable
Nous nous promenons en mocassins made in tout risque, au Carré des transes, à la Place des corps désirés, au Parc des désorientés. Les franges de nos gestes et de nos peaux virevoltent. Totems intérieurs tam-tament nos pas. Nous avons nos profils silencieux et scrutons les langues en feu des enfants désespérés, criards et récalcitrants. Alertés, nous mentons des politesses en dansant les yeux tournés vers le miel. Nous avons blindé nos casques à plumes et comptons une à une les perles de nos torques. Elles ne chantent pas encore tandis que les métropoles célèbrent leurs origines diverses. Les averses de couleurs nous glacent les pôles, nos canots au dos, nous explorons les pays verts et béton.


La main
Nous ne serrons la main de personne, mains moites, sales, luisantes, et nous étirons nos joues pour saluer les piétons, le cœur au bord de tous les mots. Nous voyageons parmi ces esprits cosmopolites dans l’Amérique aux parfums européens. Toutes les langues confondues des sites universalisés. Une grande femme, verte et grise en rage et en fête avec ses rassemblements identitaires, irréductibles. Nous croisons ses yeux des horreurs, des angoisses, perdus dans les défaites de l’histoire des peuples. Ce cri contenu dans sa main qui cache sa misère à l’ombre des bourses. Nous le rencontrons enfin, lui-même sans aise, échoué aux abords de l’île piégée. Nous broyons nos mémoires pourpres, ces sorts crachés, de tels venins. Voilà notre guérison. Voilà la survivante en attente, en appel baignant dans le suc détraqué. Désengagements. Nous sommes tous médusés d’ennui d’étudiants obligés, sans histoire, sans littérature. Et pourtant c’est vivant.
Sa déchéance est provocante, et nous chialons encore, nos petits cerveaux écrasés dans le miasme du capital et ses communications militarisées, perverses. Le monde devient de plus en plus fou, zappé aller-retour, troublé de surabondance, de petites guerres manipulées et de grands crimes contre ­l’humanité. Cruauté des bas-fonds d’épouvante. Et nous, nous étions encore civilisés, pleins de nos fleuves.


L’ombre
Toucher aux souffles artisanaux aux teintes bleues et ocre. Nous avons toujours les yeux rivés en haut juste pour voir le ciel nous tomber sur la tête. Justement. Nous sommes dans le train des lumières, les objets diffus, le mouvement ­stroboscopique. Le cadre dans le cadre, la musique dans la musique, les mises en abîme de nos spirales naissantes, digressantes. L’humanité ruisselle ses formes délétères. Nous sommes lourdes dans cet univers évanescent, paniquées des débuts, des métamorphoses. Il y aurait une fin radicale et une suite amicale. Nous chantons en chœur et à l’unisson la seule note qui nous revient, celle de notre peuple, et ce n’est justement pas accordé. Nous sommes sourdes et aveugles devant la géante, jusqu’à ce que notre vide s’ouvre.
Enfin elle nous apparaît. L’interdit est levé. Nous nous relions à nos fleuves lointains. L’adolescente chercheuse tranquille, grave, mince. Nos échos de mon

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