Histoires souveraines : Poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec
213 pages
Français

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Description

Dans le contexte des débats en cours sur la réconciliation et les séquelles de la colonisation, cet ouvrage met en valeur les oeuvres d’écrivains autochtones francophones à travers le portail poétique et politique de la littérature. Il rend compte de la place qu’occupent l’expérience intime et le retour du sujet sur soi dans les récits exprimant la souveraineté autochtone en examinant, notamment, l’oeuvre d’An Antane Kapesh, autrice fondatrice de la parole anticoloniale, et celles de Naomi Fontaine, Natasha Kanapé Fontaine, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Louis-Karl Picard-Sioui et Mélissa Mollen Dupuis.
L’étude se penche successivement sur les thèmes de l’histoire, du corps, de la parenté et de la temporalité et dévoile des trajectoires qui montrent bien que la souveraineté autochtone se raconte à partir du personnel. Ancrée dans une méthodologie qui privilégie les traditions intellectuelles, les savoirs et les contextes autochtones, elle vise à comprendre les particularités du corpus francophone et tisse des liens avec les récits et les théories autochtones de l’Île de la Tortue, dépassant ainsi les sphères linguistiques coloniales qui ont tenu ces écrits à distance pendant si longtemps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760646162
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Isabella Huberman
Histoires souveraines
Poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec
Les Presses de l’Université de Montréal



Collection «Expressions autochtones» La collection «Expressions autochtones» se donne pour objectif de rassembler des travaux théoriques et pratiques de langue française sur les peuples autochtones. Elle privilégie une approche interdisciplinaire des questions d’actualité, de société et de culture qui se posent au Québec et ailleurs dans le monde. Sous la direction de Louise Vigneault, professeure agrégée au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Histoires souveraines. Poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec / Isabella Huberman. Nom: Huberman, Isabella, auteure. Description: Présenté à l’origine par l’auteure comme thèse (de doctorat–Université de Toronto), 2019, sous le titre Pratiques et poétiques des histoires personnelles dans les littératures autochtones francophones au Québec. | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20220005761 | Canadiana (livre numérique) 2022000577X | ISBN 9782760646148 | ISBN 9782760646155 (PDF) | ISBN 9782760646162 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Littérature québécoise—Auteurs autochtones—Histoire et critique. | RVM: Souveraineté dans la littérature. | RVM: Décolonisation dans la littérature. Classification: LCC PS8089.5.I6 H83 2022 | CDD C840.9/897—dc23 Mise en pages: Chantal Poisson Dépôt légal 1 er trimestre 2023 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal 2023 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Elles remercient également le gouvernement du Canada de son soutien financier pour ses activités de traduction dans le cadre du Programme national de traduction pour l’édition du livre.




Note sur la langue
J’ai tenté le plus possible de concilier la terminologie employée avec l’orthographe préconisée par les langues autochtones. Ainsi, les noms utilisés pour désigner les communautés des Premières Nations sont ceux qui sont en usage dans les langues autochtones. Il en va de même des nations. Lorsque je renvoie à la nation autochtone d’un individu, j’emploie la nomenclature ainsi que l’orthographe qu’il utilise dans ses propres écrits, au moment où je rédigeais ces lignes.
Sauf indication contraire, les traductions des citations en langue originale anglaise sont les miennes.


Remerciements
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à toutes celles et ceux qui ont contribué de près ou de loin à la création de ce livre. Tout d’abord, je suis reconnaissante pour les occasions que j’ai eues d’échanger avec Naomi Fontaine, Marie-Andrée Gill, Natasha Kanapé Fontaine, Rita Mestokosho, Virginia Pésémapéo Bordeleau et Louis-Karl Picard-Sioui. Je les remercie pour leur générosité, leur confiance et leur humanité. Mikwetc. Tshinashkumitinau. Tiawenhk.
Je tiens à remercier Joëlle Papillon qui a accompagné cette réflexion depuis les tout débuts. Son appui intellectuel, sa valorisation d’une approche éthique ainsi que son sens de l’humour ont rendu ce travail possible. Je remercie sincèrement Grégoire Holtz, qui m’a enseigné la valeur d’une histoire. Je dois beaucoup à Warren Cariou pour son soutien de mon travail et pour son mentorat dans l’humilité et la gentillesse. Je suis reconnaissante à Corrie Scott, Isabelle St-Amand, Karine Bertrand et Johanne Melançon pour leur soutien au fil des années. Merci à celles et ceux dont les travaux compagnons ont permis à celui-ci de voir le jour.
Merci à Rodney St-Éloi, de Mémoire d’encrier, de m’avoir conviée aux Nuits amérindiennes en Haïti en mai 2015. Merci à Virginia Pésémapéo Bordeleau de nous avoir invités à Rouyn-Noranda. Merci à Naomi Fontaine et Rita Mestokosho de leur accueil chaleureux sur la Côte-Nord. Merci à Louis-Karl Picard-Sioui et au comité organisateur de Kwahiatonhk! le Salon du livre des Premières Nations de créer annuellement un espace de rencontre et d’échange fructueux autour des littératures autochtones actuelles au Québec.
Merci à Patrick Poirier et à l’équipe des Presses de l’Université de Montréal pour leur accompagnement tout au long de la transformation du manuscrit en livre.
Je suis redevable à l’Indigenous Literary Studies Association et à ses membres, qui pratiquent la critique littéraire autochtone dans un esprit de grande générosité. C’est toujours un plaisir et un honneur de participer aux rassemblements annuels de l’ILSA. Je suis aussi redevable aux membres du groupe de recherche Decolonial Distruptions: Indigenous Literatures of Turtle Island, que j’ai eu le plaisir de codiriger entre 2016 et 2018 au Jackman Humanities Institute. Nos discussions, lectures, rencontres d’écrivains et d’écrivaines, ainsi que les événements que nous avons organisés dans la communauté autochtone à Tkaronto m’ont poussée à penser mes questions de recherche autrement. Je remercie également les étudiantes et étudiants du cours Lectures dirigées (LCO 6610) dans le programme Récits et médias autochtones , donné pendant les hivers 2021 et 2022 à l’Université de Montréal. Leur enthousiasme contagieux m’a rappelé la place importante de l’éducation et le pouvoir transformateur de la littérature.
Je remercie mes amies écrivaines, qui ne cessent jamais de m’impressionner, pour leurs lectures et relectures à différents stades de ce projet. Élise Couture-Grondin, Natasha Hay, Isabelle Kirouac-Massicotte, Jeanne Mathieu-Lessard, Julie St-Laurent: ce livre est meilleur grâce à vous. Je remercie mes parents pour leur soutien de tous les instants. Merci à mes amies et amis pour leur appui et merci à Josh, pour son amour. Vous m’avez aidée à garder à l’esprit ce qui compte.
Merci, enfin, aux jeunes femmes venues de tous les coins des Territoires du Nord-Ouest avec qui j’ai eu le grand honneur de travailler entre les années 2010 et 2016. Vous m’avez tant inspirée et tant appris de la valeur inestimable de la ténacité et du courage. J’espère que vous savez que vous êtes tant aimées. Finalement, à Mary Effie Snowshoe. Pour sa mémoire, son amitié, ses conseils. Ce travail est à toi. Mahsi Cho .


Introduction
Ça paraît peut-être pas, c’est pas le feu d’artifice comme eux autres y font quand y font quequ’chose, mais je sens qu’on grouille. C’est pour ça qu’avec le rythme, le ton, j’ai envie de vous dire la beauté de not’ race, j’ai envie de vous dire en beaux mots ben cordés tout ce qu’elle a dans le cœur de beau pis de grand…
Virginia Pésémapéo Bordeleau, Chiâlage de métisse, 1983
De la publication d’ Eukuan nin matshi-manitu innushkueu = Je suis une maudite Sauvagesse, en 1976, à la parution du recueil de nouvelles Amun, en 2016, et au-delà, les littératures autochtones produites au Québec mettent en avant des demandes de justice, de guérison et de récupération des savoirs autochtones. Si, à l’échelle nationale, l’on prête aujourd’hui plus attention aux voix autochtones, il importe de reconnaître la contribution des écritures de langue française au corpus littéraire autochtone dans l’ensemble du pays, voire de toute l’Île de la Tortue 1 . Les deux langues officielles du Canada (des stigmates du colonialisme) influencent la façon dont les histoires, les idées et les récits autochtones circulent. Elles ont, en outre, créé des barrières dans la transmission et l’échange des littératures autochtones du Kebec et du Kanata 2 . Alors que les littératures autochtones d’expression anglaise jouissent d’une certaine visibilité dans l’Île de la Tortue depuis le début des années 1970 – une période que l’on considère généralement comme celle de la «renaissance» des arts autochtones –, les écrivains et écrivaines œuvrant en français se trouvent doublement marginalisés, leur minorisation étant à la fois d’ordre culturel et linguistique. En effet, la grande majorité des recherches en études littéraires autochtones du côté anglophone mentionnent à peine l’existence de la littérature francophone et, dans certains cas, l’ignorent complètement 3 . Cette omission du corpus francophone entraîne deux conséquences: d’abord, elle participe à l’effacement des histoires et des peuples autochtones de la région connue actuellement sous le nom du Québec. Ensuite, cet oubli laisse croire, dans une certaine mesure, que toutes les expériences du colonialisme au Canada sont pareilles, facilitant l’homogénéisation de celles-ci. En réalité, les voix autochtones francophones s’inscrivent dans un contexte particulier marqué par une histoire de relations raciales, par des débats sur la souveraineté et, bien évidemment, par la langue. Si l’une des visées centrales de cette étude est de montrer la spécificité du corpus francophone, une autre est d’œuvrer au décloisonnement du champ des études autochtones francophones et de celui des études autochtones anglophones et de favoriser l’intégration de la littérature autochtone du Québec dans le champ des études littéraires autochtones. Autrement dit, il est question de mettre en valeur la littérature autochtone d’expression française en montrant sa spécificité tout en établissant des liens de parenté entre les récits et les théories autochtones, de façon à dépasser les sphères linguistiques coloniales qui ont tenu ces deux corpus à distance pendant si longtemps.
En 2003, le dramaturge wendat Yves Sioui Durand demandait: «Comment se fait-il qu’il y ait un si grand déséquilibre entre le nombre de poètes, romanciers, d’auteurs dramatiques entre les Autochtones du reste du Canada et les Autochtones du Québec?» (2003: 56). Depui

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