L itinéraire ardennais
118 pages
Français

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L'itinéraire ardennais , livre ebook

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Description

N'achète pas ce recueil, il est ensorcelé :
Du point A au point B, périlleux est le fleuve,
À quoi te servirait de franchir la vallée ?
N'achète pas ce livre si les cours d'eau t'émeuvent !
Sont des choses par essence farouches aux descriptions,
Ce qui rend malheureux, ce qui fait le bonheur.
À lire ce catalogue des baisers et des gnons,
Tu pourrais bien passer un très mauvais quart d'heure...
N'achète pas cet e-book, je t'aurais prévenu.
Tu ne pourrais t'en servir pour te faire mousser :
C'est de la poésie, je suis un inconnu.
Seul l'amateur de rimes ou de calembredaines
Y trouverait le compte des sous qu'il a laissés
(Et pourrait comparer son pays à l'Ardenne).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 octobre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332705891
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-70587-7

© Edilivre, 2014
Louette-Saint-Pierre (18 h 31)
La fin des combattants (La mort des 4 Fils Aymon)
Cessons un peu mes frères de taper comme des sourds :
À mes tempes qui bourdonnent résonnent les tambours.
La vigueur m’abandonne, mes forces prennent congé,
Mon sang sèche sur l’homme que je viens d’égorger.
Moi qui toisais la vie bardé de certitudes,
J’ai des doutes à présent et telle la cistude,
Je veux garer ma tête pour mirer mon cerveau.
Mes frères, ceci m’étreint à l’entrée du caveau :
Il leur montrait la plaine écarlate et poisseuse,
Où moissonnait naguère une toute autre faucheuse,
Cueillant le coquelicot et le bleuet joli
(Et son galant la chose au milieu des épis)…
Peuplée d’agonisants enchevêtrés aux morts,
De la plaine saccagée montait comme un remords.
Pensif – le soir tombait – chacun reprenait souffle ;
C’était l’heure où les braves regrettent leurs pantoufles,
Un ami sur l’ami doucement sanglotait.
Renaud voulut savoir pourquoi il se battait.
Parla d’abord Guichard, le frère un peu balourd,
Et sa voix de rogomme lui sembla de velours.
Toujours mêmes renards ! Toujours mêmes alouettes !
Les gueux de Malvoisin incendieraient Louette,
Et l’on verrait les cerfs remplacés par les rennes,
Et par un autre nom on nommerait l’Ardenne,
L’ennemi n’est pas vaincu et toi tu t’interroges !
Est-ce ainsi que les lâches justifient qu’ils dérogent ?
La seule question qui compte, c’est quelle arme employer :
Il n’y a pas de naufrage tant qu’on n’est pas noyé.
Bien dit, frérot vaillant, opina maître Alard.
Mais j’ajoute ceci : moi, je suis le rempart
De la foi. D’un impie, je fais quatre rondelles.
Que je le brûle tout vif ou que je l’écartèle,
Je suis la main du Dieu qui créa les merveilles,
Et je rêve d’une fin à son calvaire pareille,
Me menant à la mort elle seule à sa hauteur :
Un sommeil parfumé aux cent mille serviteurs,
Où je serai fêté pour les services rendus,
Et dans Sa grande lumière à mon Dieu confondu.
Et puis le Richardet, cadet des quatre zigues,
Dit qu’il l’avait aimé comme elle dansait la gigue,
Qu’elle était belle et tendre et qu’ils s’étaient jurés
Un amour éternel et toujours partagé.
Or n’avait-il pas vu quand elle vit l’ennemi
Passer l’ombre fatale aux amants désunis ?
Il dit qu’il pardonnait à la belle inconstante,
Car elle était à lui, car c’était son amante,
Mais qu’il voulait occire l’amour déjà fané
Et ramener sa tête pour conclure l’hyménée.
Renaud se sentait las. Mais vraiment convaincu
Par les propos foireux de ces trois trous du cul :
La patrie et l’autel et puis la jalousie ;
Il vit l’ultime charge comme un revenez-y
Des récits du passé, des légendes futures.
Il partit en hurlant à tuer sa monture
Des choses qu’on ne dit pas quand on est éduqué.
Ses frères le suivirent. L’ennemi estomaqué
N’eut pas le temps de fuir, étant à s’inquiéter
Des raisons de se battre en ce si bel été.
L’appel d’air
D’ombre, cette bouche ne te disait rien
Qui vaille. Sombre et triste. Tu étais bien
Mal, seul, anonyme et sans mémoire,
Pareil aux autres et pareil au couloir.
Puis, long et sale comme une berme centrale,
Il y a ce flot qui te happe et dévale,
Te dépose là où finira ta nuit.
Tu vas toujours où le soleil a fui ?
Quelle cohue que le quai, quelle claque et quelle
Odeur : le tabac le nylon les aisselles.
Voici le silure de sept heures dix-sept.
Le cafard prend place avec la mallette,
Le suit perruche au nombril brillant :
Restent les places pour eux deux à l’avant.
Allée des grillons, succession des berces,
Reste debout et compte les traverses !
Les grenouilles-taureaux montent au hoquet
Suivant. Du coup se taisent les criquets.
Regarde ton portable. Les prédateurs
S’avancent et crachent au milieu des vapeurs.
Plus personne ne bouge. Dans la rame
Quel est celui qui a gardé son âme ?
C’est à quoi au juste que tu te destines,
Criquet peureux, perruche gourgandine,
Grenouille taureau et cafard égoïste ?
Et toi l’ensommeillé et toi le triste ?
Faudrait pas grand’chose pour tout arrêter :
Du courage et de la lucidité.
Mais voilà : tu es sûr des horaires
Définis. Et les rails oblitèrent
L’infini. C’est ici, tu descends,
À l’air libre, tu remontes. En passant,
Même plus tu ne croises le regard
De mendiants pareils à toi. Hagard.
Le matou vu
En matière de souris, c’est toi que je préfère,
Me dis-je chaque jour devant celle qui fait clic :
Ta façon de sourire, tes aimables manières,
Me font tourner la tête autant que ta plastique.
Juste avant les sept coups, je sens que tu gigotes,
Préparant le réveil que tu vas me servir.
Je me ferais bien chat, à l’heure où tu chicotes,
Pour te croquer crûment, selon le bon plaisir ;
Me laisserai-je aller en matou jouisseur
(Les tendres voluptés que tu sais si bien faire) ?
Plongerai-je sous les draps pour un petit bonheur
(Ma langue un peu râpeuse dans un coin sans lumière) ?
Revanche du réveil sur mes rêves érotiques :
Quand j’ouvre – hélas ! – un œil, je vois une culotte,
Il est déjà trop tard pour nous mettre en pratique,
Je ne peux mettre en bouche qu’une tartine idiote…
Dès la dernière bouchée je m’étire et me tire :
Pas fini mon café, je t’aime ! à tout à l’heure !
Et je pense : ce soir, nous verrons bien sans rire
Si ton mignon minou miaule en mode mineur.
Le saut de l’ange
C’est vraiment peu de choses cette idée
Que tu regardes comme un papillon,
Elle te mène là, comme on sort de prison,
Où tout est mou, baroque et déridé.
C’était facile mais ne crie pas victoire
Trop vite : le doute est au coin de la rue.
On voit des volontés qui s’atténuent
Et blettissent à la façon des poires.
Ce monde est fait pour te récupérer :
Confort de mutuelle, allocation,
Il va te falloir justifier l’option ;
Seuls les gitans ont le pouvoir d’errer.
(Et souviens-toi de ce qu’ils endurent
Les parcages, les contrôles, les entraves,
Les enfants qui pleurent, les vieux qui bavent,
Le catalogue complet des injures ;
Il faut payer, croqueur de liberté.)
Oh, si tu es riche, pose-toi des questions :
Vas-tu partir en coche ou en avion ?
Et qui aura tes valises à porter ?
Que de soucis au bord de la piscine…
Ton père, ta mère et toi ont rajeuni :
Faut bien nager, allez saute qu’on te dit !
C’est un moment où tout se rembobine.
Si j’ai le bon conseil à te donner,
(Moi qui me suis écrasé par terre
À la manière des fruits pendant l’hiver)
Fuis les avis et arrête d’y penser.
Ha ha ! Quand on n’a pas le sou en poche,
Tout est plus compliqué : faut du courage !
Va, cours, vole, sans penser au dommage…
T’en souvient-il lorsque tu étais mioche ?
La première fois le long du grand bassin ?
L’enfance est élastique, elle s’allonge :
Je t’assure, elle est bonne, allez plonge !
Et ne prends pas le métro ce matin.
Les fourmis
Pas très loin du sommet les grandes fourmilières
Sur l’horizon laiteux des vastes coupes à blanc
Dessinent un front de ciel comme une cordillère
Quelle impression ces buttes font au regard rasant
Qu’on se mette un instant à la place du nain
Qui veut son droit d’entrée au cône pyramidal
Faut voir à l’intérieur tout le monde est copain
Un pour tous tous...

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