Les Damnations
350 pages
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Les Damnations , livre ebook

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Description

Cet ouvrage englobe la totalité de la production poétique de Thomas Fallet. Ces poèmes en vers se veulent strangulés par le corset du style et parachevés par une force de cohésion qui revient à placer la tragédie au centre de notre existence. À qui s'en imprègne vraiment, les messages véhiculés par ces poèmes satiriques et violents, sont néanmoins porteurs d'une grande sagesse alternant avec une redoutable clairvoyance. La sagesse est vécue comme le résultat logique de la clairvoyance et du sens tragique de l'existence. Étant convenu que la plupart se réfugient dans leurs illusions, refusent de voir le réel tel qu'il est ou ne peuvent l'accepter sans réserves, cet ouvrage se penche aussi sur l'hystérie régressive et la servitude volontaire de l'humanité dans laquelle nous nous démenons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334232906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23288-3

© Edilivre, 2019
Dédicace


À Thierry Cabot.
Les Damnations
L’ouroboros (I)
La névrose, le deuil, le plaisir, la tendresse,
De nos cœurs dépravés sont les fourbes serpents ;
Ainsi, persévérant dans une aveugle ivresse,
Notre masse putride est toujours en suspens.
De nos illusions la mendicité blême,
N’emprunte aux boniments qu’un stérile secours,
Et nos sens hébétés par la torpeur extrême,
Planent comme un essaim de rigoureux vautours.
Plus impuissante et soûle en ses acrimonies,
Notre froide parade aux piteux engouements,
Suffoque en rejouant ses mièvres symphonies,
Sous le fouet du délire et des maux infamants.
Comme un spasme avorté de précepte en précepte,
Chaque distraction d’opulence et d’orgueil,
Trahit en crevassant le front du pitre inepte,
De l’Abrutissement l’inévitable écueil !
Dans les grossiers climats subornant la fortune,
L’inquiète avarice et ses divers effets
Étalant sans répit leur bassesse importune,
Compte en stabilisant ses volages bienfaits !
Par la caducité de nos errances vaines,
Imprudemment vautré dans ses désirs rétifs,
L’égoïsme turpide en secouant ses chaînes,
Stimule l’aiguillon des scrupules plaintifs.
Pour briller à tout prix dans un siècle de boues,
L’imbécile Insolence empoignant son fourreau,
N’apporte entre l’excès de ses milliers de roues,
Qu’une tête de plus au panier du bourreau ! (…)
L’ouroboros (II)
La hargne et le dégoût de ce siècle banal,
Tel qu’un Diable incarné par l’aride matière,
Va cherchant son salut dans l’inceste infernal,
Centuplent le Chaos, la Dèche et la Poussière !…
Nos vices réarmant leur Despote effronté,
De l’infâme progrès sont les hideurs nouvelles,
Et l’incurable Ennui dans sa difformité,
S’immisce en dévorant nos étroites cervelles !
Affreux, traître, malsain, précaire, enlinceulé,
Jusqu’au moindre détail de ces ignominies,
Tout atteste que Seul notre Enfer est peuplé,
Et n’entraîne au trépas qu’un monceau d’avanies !
Ainsi qu’un paria chétif et malséant,
Se poussant plus avant sur la planète immonde,
Notre démarche intègre en l’abîme béant,
N’y trouve que le Vide où la grandeur se sonde !
– Gouffres torrentiels ! Désastres colossaux !
– Vieux jouets du Vulgaire et des soins insipides,
Dont les Contorsions aux degrés abyssaux,
Outre le poids des ans sont nos Argyraspides !
Tout en se confinant dans la Corruption
Crispant son large poing contre sa plaie impure,
La Vanité fatale et la Destruction,
Simulent leurs amours dont l’escarre suppure !
La moindre occasion, sous des masques blafards,
Réclame son forfait et sa minauderie,
Ne dispensant, hélas, au fond des lupanars,
Que le souffle empesté de la maladrerie.
Nos esprits captieux dénieront l’Examen,
Mais n’échapperont pas, bien qu’ils ne désespèrent,
Aux illustres Douleurs de l’abattoir commun,
Dont les verrous sanglants, chaque jour se resserrent !
De cet emportement par la vigueur armé,
Notre vie en faiblesse au Mensonge est rendue,
Et, de son œil luisant, comme un rustre affamé,
Veille aux germes pourris de sa quête éperdue !
L’Opprobre, la Vertu, la Honte et le Revers,
Au sursis du berceau dont la détresse irrite,
Ne nous ont professé, par leurs accents pervers,
Que l’imitation d’un pauvre onirocrite.
Par-devers l’ombre informe et nos vastes taudis,
Les Intérêts brutaux traînant leur masse inerte,
Se raillent de tous ceux qui dans ces temps maudits,
S’inscrivent bêtement en contractant leur Perte !
Ces Orgueilleux parqués par un sot fourvoiement,
De gestes sans raison envahiront la scène,
Mais leur jeunesse austère échoira lestement
À l’immense gâchis qui dès lors les entraîne
En la spirale ardente où les jours abhorrés
N’épandront, tôt ou tard, (unique perspective !),
De tous nos rongements à la Mort consacrés,
Qu’une vague rumeur misérable et captive !
I Ténèbres malsaines
La respiration des ténèbres m’obsède ;
– Connais-tu, comme moi, dans ce désert du sort,
Quand s’allonge la nuit sépulcrale et sans bord,
Cette Angoisse où le spleen à nos désirs succède ?
… Quelques bruits répétés, et puis, le calme affreux !
La pensée, à travers l’ample ivresse du vide,
Roule confusément vers le gouffre homicide,
Et le cœur comprimé loge un froid rigoureux.
Les anges ont masqué leurs jalouses lumières,
Et le néant obscur, par l’effroi du péril,
Règne et fige l’instant de ce piteux exil,
Où notre engeance abonde en félonnes prières !
Chaque étoile n’est plus qu’un orbe sans clarté ;
Et les soucis cuisants que notre esprit renferme,
Gardent tragiquement de notre commun terme,
L’empreinte d’une dette envers l’éternité.
Les heures de la nuit malignement progressent,
Et nos draps sont emplis de souffles inconnus,
Quand les spectres des morts saisissant nos pieds nus,
Par leurs soins dévorants autour de nous se pressent !
Le hideux cauchemar enferme à triple tour
Notre injuste secours que le sanglot saccade,
Et, laissant défiler sa grave cavalcade,
Vient distraire l’Horreur de détour en détour !
Et c’est un labyrinthe aux voûtes souterraines,
Où veillent de grands Sphinx à l’œil glauque et vitreux,
Près des crânes ouverts qui sonnent faux et creux
Sous le pied qui les foule au compte de ses peines…
Puis dans un cimetière, à travers le brouillard,
Une vieille qui rôde entre les sépultures,
Entaille d’un corbeau les chairs fermes et mûres,
Et l’impudeur cruelle aiguise son regard…
Mais voilà qu’aussitôt, sous le velours nocturne,
S’ouvre une crypte où siège un terrible Conseil,
Et deux âpres bourreaux, d’un aplomb nonpareil,
Nous rendent le verdict implacable de l’urne…
Sous leur cagoule brune au contraste troublant,
S’étalent quelques mots d’une langueur morbide,
Et dans leurs globes creux, comme un astre torpide,
Luit et tremble un reflet d’opale triste et blanc !…
Et le Cercle sans fin de la nuit désastreuse,
Épouse les aspects d’un lugubre entonnoir,
Qu’entraînent à leur suite, en guise d’éteignoir,
De fauves tourbillons ceints d’une ombre poudreuse…
Aigreur subtile et dense – Éclair olympien !
Notre claustral éveil que baigne et tord la crainte,
Stimule arrogamment par sa dure contrainte,
Notre rôle éculé de prompt Tragédien.
Mais tout s’avère alors insensible et funèbre !
Et parmi l’air muet de l’insolent dédain,
L’atroce oppression trahit d’un coup soudain,
La chaleur défaillante où l’âme s’enténèbre.
– Car tout se décompose et nous retient à tort !
Et nos pleurs malséants réflectent par hommage,
De nos décroissements la déplorable Image,
Stagnant comme un cloaque – au fond d’un miroir mort !
III Le veilleur d’orées
Je me situe en marge des siècles dociles,
Dont l’ombre seulement suffit pour m’ennuyer ;
Car mon cœur morne et froid, en allant s’endeuiller,
Connaît des plaisirs vains les chaînes imbéciles.
Un ciel obscur roulant par-delà l’épaisseur
De ses gros blocs hantés d’une commune cendre,
M’accompagne et toujours la Mort me fait descendre
Aux enfers dont s’étend le timbre avertisseur.
L’insipide relâche et les quêtes humaines,
Me rendent, par le fiel des limpides matins,
Sourd à tout bruit en proie aux aveugles destins,
Et souvent méfiant des rires et des haines.
De toute chose, hélas, la versatilité
M’indiffère et, bien loin des grands éclats de joie,
Mes pleurs sont un tribut que jamais rien n’éploie,
Contre ce monde mort plein de stérilité !
Sous les sombres chagrins de sa triste opulence,
Une horrible bouffée enceint tous les attraits
De ce luxe imposteur jusque dans les secrets ;
– Et, d’un vol fier et prompt, Mégère enfin s’élance !
Mon crâne humide est plein de ces brouillards plombés,
Où Satan, renouant sa folie orageuse
Et la ronde aux cent pieds de sa force outrageuse,
Change les moindres faits dans l’abîme tombés.
L’un roulé dans la fange, entre les plus infâmes,
Aux baisers venimeux borne tous mes projets,
L’autre, au louche regard, étale par sujets,
L’ombre de la bassesse et les brutales âmes.
Coupable déserteur du crédule univers,
Dans le vide des jours, plus seule et plus débile,
Ma destinée errante, éternelle, immobile,
Ne songe à reparaître au gré des vents pervers !
Quand d’instant en instant, vers le ciel qui l’insulte,
L’œil du rêve se perd, loin des lâches rivaux,
Le présent semble, hélas, se fixer sur mes maux,
Et l’avenir maudit crispe sa forme occulte !
Lorsque la vie éclate aux champs de l’amitié,
Amant du doux repos, sombre et sans violence,
Je préfère dès lors les heures de silence,
À cette fiction de grâce et de pitié.
Ce qui les fait tenir et se vendre à la ville,
Groupe instable et repu de son état proscrit,
N’est rien moins que l’étau des faiblesses d’esprit…
– Le sort m’appelle ailleurs ! Engeance ingrate et vile !
Des fréquentations enflammant l’air froissé,
La vie erre au hasard, silencieuse roue,
Dont le rebut du monde et le fard sur la boue,
Étourdissent l’Histoire en un moment passé.
Prêts à se perdre au fond du noir séjour des ombres,
Ces milliers de pantins, dans la longueur des nuits,
En martyrs généreux, souffrant d’amers ennuis,
Vont répandre des fleurs sur leurs sépulcres sombres !
L’hédonisme vulgaire en son but envieux,
Réplique en défendant l’illusion cruelle :
« – Hâte-toi de jouir de ta farce rebelle,
Ô fétide apostat du déclin pluvieux !
Cesse de t’accoupler à ton infâme idée,
En regoûtant sans fin le pain des trahisons,
Désespéré ! Banni ! La honte et les poisons,
Ont figé dans ton sang la satire attardée » !
– Mais, ô trop vain espoir ! Cet inique procès,
Gronde sans rien pouvoir arracher de mon être,
Et n’a purifié, de par le cœur du traître,
La nation virile et son terre

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