Lettres en sang

Oumar Kanabein Yéo

Description

Dans ce vibrant et émouvant recueil de poésie, l’auteur dénonce les violences subies depuis toujours par le peuple africain mais ne renonce pas à l’espoir en l’exprimant notamment dans le dernier vers du très beau « Mains noires ». Tandis que dans le poème suivant, qui a donné son titre à cet ouvrage, il rend compte de la dramatique condition des enfants et de tout leur sang qui coule. Il n’oublie pas non plus de célébrer la nature, immuable, simple et magnifique dans le chatoiement de ses fleurs, la richesse de leur odeur, la mystérieuse danse des abeilles ou la délicatesse du vol d’un papillon, ainsi qu’il l’évoque dans « En attendant demain ». Il accuse également dans « Bâtissons la paix » les politiques et toutes leurs manœuvres aussi fallacieuses qu’inutiles et déplore avec force le sort de son peuple livré à l’injustice la plus criante. Enfin, « La patience de ma mère » dit avec un amour infini le courage d’une femme, son espérance jamais démentie pour son fils, son soutien inconditionnel et ses mille attentions.

Sujets

• Poetry
• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 07 mars 2018
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782414006526
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
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ISBN numérique : 978-2-414-00650-2

© Edilivre, 2018
Partie I
La cause de l’univers
Peut-être qu’au commencement était Sa volonté
Qu’Il exprima par Son verbe plein de vérité
Et, par amour pour Ses bien-aimés prophètes
Furent créés cieux, comètes et planètes
Puis de la lumière de cet amour
S’établirent les lois et les causes
Et de l’éclat de la lumière de l’amour
Se réalisa la création de toute chose
Ce n’est pas la richesse des empires
Que Sa compagnie m’inspire
Juste, le rêve de construire une vie
Que tous les savants envient
Peut-être qu’au commencement était Sa volonté
Qu’Il exprima par Son verbe plein de vérité
Et, par amour pour Ses bien-aimés prophètes
Toute chose fut créée en proportion parfaite .
Mains noires
Peuples d’Afrique,
Peuples de toutes les couleurs
Gens des tropiques
Afrique des douleurs
Africains aux mains noires
Toujours impliquées dans les crimes
Mains noires qui façonnent les drames
Et du sang sur ces mains noires
Des sales besognes de leurs planifications
Toujours, des mains noires pour les exécutions
Mains noirs vivant pour les autres
Mains noirs s’entretuant pour les autres
Jusqu’à quand, mains noires
Continuerez-vous, avec vos mains noires
A attiser les feux destructeurs de la calamité
Et à attirer les ténèbres sur l’humanité
Vos mains noires depuis toujours souillées
Ont longtemps l’Afrique humilié
Mains noirs ! Qu’allez-vous revendiquer
Dans l’histoire de votre mère éplorée ?
Afrique des gens aux mains noires
En l’avenir ou en vous, il faut croire
Le jour où vous vous accorderez respect
Vos mains noires illumineront l’univers.
Lettres en sang
Anxieux, un enfant esseulé médite
Les mains sur la tête, son existence maudite
Au milieu de gens fous de leur conscience
Déraisonnés et passionnés de violence
Du sang !… l’odeur de sang à respirer
Du sang à boire maintenant
Du sang à manger dorénavant
Du sang partout à n’en plus pleurer
Les fleuves et vastes rivières
Eaux sacrées de nos aïeuls jadis si fières
De leurs parfums odeurs d’encens
Sont là, aujourd’hui humiliées, tout en sang
Tous ces enfants au sang qui coule
Marginalisés dans un monde qui s’écroule
Demain pour conter leur tragédie ; avec du sang
Ecriront à l’humanité des lettres en sang.
Le roi déchu
Un roi déchu, debout dans sa chambre
Est là, immobile et froid comme du marbre
Il songe à son passé glorieux
Pour lui, aujourd’hui est bien fâcheux
Pas un seul valet
Tous s’en étaient allés
Pas un seul soldat
Pour livrer les prochains combats
Quand vinrent les armes ennemies
Le roi ne chercha aucun compromis
Et il fit tout digne un discours
Sobres paroles, mémorable discours :
« Ô ! Piètres traîtres
Que vous pouvez être
Témoins de votre trahison
Maître de mon être, je garde raison
En vérité, un digne maître
A un traître
Ne suppliera point
Mort, que mon esprit soit oint ! ».
Ecoute ton royaume
Ecoute Seigneur Ton royaume
Regarde aussi tous ces hommes
Qui au réveil les matins
Empruntent des chemins incertains
Ecoute Seigneur ton royaume
Tous ces gens interdits de parole
Ton peuple qui est là, si drôle
Couvert de misères, ils sont là ces mômes
Regarde-les courbés dans les plaines
Humiliés et mourants de peine
Mais résignés à leur sort si triste
Et s’interrogeant : « Quand reviendra le Christ ? ».
Nostalgie des temps anciens
Autrefois, sous le toit généreux des arbres
Nos noirs arbres des fières forêts sauvages
Qui toujours procurent ombrage
Lieux de rencontres et de palabres
Où le soir, bercés par des chants créoles
Chants de douces paroles
Et tous les conflits se dissipaient
Pour faire revenir chez les gens : la paix
Aujourd’hui, c’est la saison des guerres
Avec son corollaire de misère
Les cités désertées, leurs habitants exécutés
Les gens franchissent le seuil de la cruauté
Tout dialogue est désormais impossible
Sous la tentation des armes nuisibles
Quel grave délit que de raisonner
Les humains sont prêts à tout : sauf à pardonner.
Sermon matinal
Dans les ténèbres des jours derniers
L’Homme s’est dénié
Ne pensant point à la fin de sa vie
Qu’il savoure donc le rêve de sa vie !
Son existence jalonnée de fatigues
Sur une terre d’adversités et d’intrigues
Sa vie qu’égrainent les tristes séjours à l’hôpital
Seulement pour soulager son mal
L’Homme, toujours épris d’espérance
Pas un seul temps de pénitence
L’Homme chaque jour s’ennuie
L’Homme qui constamment se nuit
Qui donc à la vue des Flammes
Dans la douleur de son âme
Pensera un seul instant à sa famille
A sa mère, à son père ou à sa fille ?
A l’ouvrage
Et le temps s’en va
L’Homme se fortifie
Les rides apparaissent
Avec les blancs cheveux
Quand les soucis ont rougi les yeux
Et le temps s’en va
Avec les épreuves aux trousses
Du travail, toujours du travail
Le matin : à l’ouvrage
A midi : au travail
Le soir ! Toujours à l’ouvrage
Et même la nuit
Minuit comme le soleil au zénith
Les rues étouffent
Encore d’hommes et de femmes
La cité ne dort plus
Et pourtant, la tâche n’a pas diminué.
Le chasseur spirituel
C’est le chasseur spirituel
...