Mes cris par mes écrits
151 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Mes cris par mes écrits , livre ebook

-

151 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les gens du voyage. Derrière ces mots se tient une réalité inconnue de ceux que l'on n'appelle pas sédentaires. Gens du voyage / sédentaires. Deux univers qui se côtoient, s'ignorent, s'affrontent parfois et, profondément, se méconnaissent. Les poèmes de Françoise Gaspard nous dévoilent des difficultés quotidiennes que nous ne soupçonnons pas. Indignation, révolte, espoir, amour... tout se retrouve dans ces pages. La Dame du Voyage est une grande dame.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 276
EAN13 9782336281643
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296082489
EAN : 9782296082489
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace L’histoire d’Ange Quelques souvenirs VIVRE ET L’ÉCRIRE L’HARMATTAN, ITALIA
Mes cris par mes écrits
Poèmes de la Dame du Voyage

Françoise Gaspard
Je voudrais dédier ce livre à madame Thérèse Chevalier, une dame qui a une très grande place dans mon cœur. Sans elle, je ne serais jamais arrivée jusqu’ici.
Mai 2006. Devant l’église des Saintes Maries de La Mer, vers 15 heures, la place est déserte. Je m’assois avec mon mari sur le mur qu’il y a face à l’église. Je lui dis : « Tiens, on va s’asseoir ici, on sera très bien là et puis, avec un peu de chance, il va bien y avoir une petite chanteuse et un guitariste qui vont venir sur la place. » En terminant ma phrase, je vois venir face à nous une petite femme et un homme. La place est grande et, à deux mètres de nous, ce couple se prépare à chanter. Je dis en riant à mon mari : « Regarde, y a qu’à demander et cela arrive. » Elle se met à chanter, lui l’accompagne à la guitare. Au bout de trois chansons, je lui dis « c’est trop beau comme tu chantes, j’ai un poème que je porte toujours avec moi dans ma poche, je te l’offre ». Elle me dit « merci, c’est gentil, mais je ne sais pas lire ». Je lui dis : « Toi, tu as la chance de savoir chanter, et moi j’ai la chance de savoir lire et écrire. » Alors je lui lis le petit poème. Elle est très contente et moi aussi. Je me rassois et une dame s’approche de moi et me demande : « C’est vous qui avez écrit ? » Je lui dis « oui madame ».


Elle me dit : « Vous avez le don de pouvoir écrire de si belles choses. Vous écrivez beaucoup ? » Je lui dis : « Non, vraiment pas beaucoup, deux ou trois fois, quand j’ai de la peine, au lieu de pleurer j’écris, après je me sens mieux. » Elle me dit : « C’est très bien, il faudrait essayer d’en écrire quelques-uns et les mettre en reliure. »
On a fait connaissance après le pèlerinage des Saintes Maries de la Mer ; on se quitte et on reste en contact. En un an de temps, j’ai écrit mille poèmes avec ses encouragements. Un premier recueil a été présenté au Palais des congrès des Saintes Maries de la Mer l’année qui a suivi, puis un deuxième et un troisième. Depuis ce jour, mon cœur s’enflamme de pensées que je peux étaler sur des feuilles de papier, parfois même sur des filtres à café. Chaque poème que j’écris, je dis merci Thérèse, ma lumière. Sans elle, je n’aurais jamais été amenée à faire tout le travail que j’ai fait depuis ce jour. Je parcours des milliers de kilomètres et je vais très souvent dans des réunions pour apporter mon soutien à toutes ces personnes qui s’occupent des voyageurs ; elles ont du mérite et je voudrais leur dire merci. J’ai fait avec certaines personnes du terrain et je sais le travail qui est fait, pour bien des fois pas grand résultat.
Pour mon amie Thérèse
Aujourd’hui est un grand jour Je l’attendais Depuis toujours, Ces larmes que J’ai tant versées Sont imprimées Sur des feuilles de papier. De mon stylo Elles ont coulé Dans un livre, Elles sont arrivées, Maintenant, Elles chantent, Elles dansent, Elles sonnent, Et aujourd’hui, Je réalise et plus rien Ne m’étonne
Mes Écrits
Aujourd’hui Tu me lis Et ça t’étonne De lire Ces quelques vers Que j’écris Et qui sonnent.
Mais Si je te dis Que moi aussi Je m’étonne De relire Les écrits de Ces vers qui sonnent Et qui comme toi M’étonnent.
Thérèse, mon amie
Sous cette étoile Où un jour je suis née Je n’aurais jamais imaginé Ces quelques belles histoires Qui grâce à toi Me sont arrivées. Je faisais tant de vœux Si tu savais Depuis que je t’ai rencontrée Comment je vais mieux. Comme des étoiles filantes On se rencontre Comme des étoiles filantes On disparaît De pouvoir écrire Des passages de ma vie si dure J’ai pris dans la figure Un grand bol d’air pur Quelques histoire un jour Arriveront chez toi D’autres resteront chez moi. Mais les pires Je ne pourrai jamais les écrire. Aujourd’hui, Je voulais te dire merci Tu es mon amie Tu es dans mon cœur Je suis sans argent Et je nage dans un si grand bonheur Rassure-toi je veux rester comme ça
Je vous envoie la lettre de Thérèse Chevalier que je ne remercierai jamais assez toute ma vie pour avoir vu ce que j’avais au fond de moi et qui a su trouver et me faire vivre depuis quelques années des moments les plus formidables de ma vie. Je ne sais comment le dire tellement ça m’impressionne.
Que de belles rencontres parmi lesquelles la vôtre, l’équipe de Vivre et l’Écrire, Bernard Legroux, Monique Lelay, frère Michel Masthias, vous tous qui avez écouté mes quelques paroles et lu mes quelques textes.
Que des gens formidables ! Les gens de ma communauté ne comprennent pas pourquoi j’ai fait un si grand pas dans ma vie. Je voudrais que les gens gadjo (sédentaires) et voyageurs (gens du voyage) comprennent que nous devons faire, nous, des milliers de personnes, les uns comme les autres, de grands pas de géant comme celui que je viens de faire. Ça me devient une passion de faire de telles démarches.
Je ne comprenais pas que tant de gens ne nous connaissent pas alors que l’on vit presque côte à côte à quelques mètres, voire quelques pas les uns des autres. Pourquoi tant de préjugés ? Pourquoi tant de peur ? Pourquoi si loin ? Pourquoi ne pas se rapprocher dans les années à venir ? Ce que je souhaiterais ? Que l’on ne nous mette plus près des décharges (déchèteries aujourd’hui), lignes de chemin de fer, trop près des grandes rivières, trop loin des villages, trop loin des écoles, trop loin de tout. Nous avons encore de beaux métiers à partager avant qu’ils ne disparaissent à jamais. La solidarité que l’on se porte à la perte de l’un des nôtres. Le respect de la famille, de nos personnes âgées, l’amour et la tendresse que l’on porte à nos enfants et encore plus à nos petits-enfants. C’est une chaîne sans fin qui continue de génération en génération. Notre liberté s’en va de plus en plus vite, elle se resserre de jour en jour.
Dans dix ans, il y aura de moins en moins d’illettrés dans notre communauté, je travaille beaucoup là-dessus. Quand on sait lire et écrire, on nous regarde d’un autre œil , je l’ai remarqué cela fait des années. Mais voilà, je n’y ai jamais prêté autant d’importance qu’en ce moment. J’ai vu parmi ces milliers de personnes que je peux rencontrer dans une année, tous ces témoignages d’enfants me disant que, dès la maternelle, ils sont entrés à l’école avoir 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15 ans et jusqu’en dernière année de collège, et ne pas savoir signer seulement son nom, ce témoignage d’un papa me disant : « Pourquoi moi je n’ai pas eu la chance d’aider mes enfants dans leurs devoirs ? J’en avais tellement envie pourtant. » Une femme d’une cinquantaine d’années reprochant à sa maman de savoir lire et pas elle, elle lui disait : « Elle est vieille, elle lit, et moi quand je serai comme elle, qu’est-ce que je ferai ? Moi je ne sais rien faire ; je ne vais pas apprendre à mon âge ? » Je lui dis : il est encore temps, si tu veux, en quelques mois, tu peux savoir lire. Quand on partait avec d’autres familles du voyage faire les saisons dans l’Est (ramonages et mirabelles), des personnes étaient en admiration et me disaient souvent : tu as de la chance de savoir lire et écrire, comment on ferait si tu n’étais pas là ? J’avais très bien conscience de la chance que j’avais. C’est pour cela que je me suis donnée à fond pour mes enfants et que je continue à encourager mes petits-enfants. Pour vous dire, en ce moment, Océane, cinq ans, à côté de moi, ramène un bon point tous les jours depuis qu’elle a repris l’école. Un jour dans la semaine, trois d’un coup : quelle fierté, et elle le sait très bien qu’elle nous fait un grand plaisir de bien apprendre.
Pardonnez-moi quand je commence je n’arrêterais plus tellement j’aime écrire. Je vous souhaite bon courage et je vous embrasse.
Intervention dans une classe de CE1 à Saint Gervasy (30)

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents