Nizar Kabbani a-t-il plagié Jacques Prévert ?
105 pages
Français

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Nizar Kabbani a-t-il plagié Jacques Prévert ? , livre ebook

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Description

Le rapport du poème arabe Avec un journal (Poèmes, 1956) du poète syrien Nizar Kabbani avec le poème Déjeuner du matin (Paroles, 1947) du poète français Jacques Prévert a provoqué de vives polémiques dans le monde littéraire arabe, en raison de la grande parenté repérée entre les deux poèmes. Le rapport d'influence a été ainsi considéré comme un vol, un plagiat par les détracteurs du poème arabe. Nizar Kabbani a-t-il vraiment plagié Jacques Prévert ? Il s'agit, par un parallèle entre les deux poèmes d'en comparer le sujet, la présentation et enfin l'art de la versification.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 330
EAN13 9782296701601
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nizar Kabbani a-t-il plagié
Jacques Prévert ?
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12189-8
EAN : 9782296121898

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Magda I BRAHIM


Nizar Kabbani a-t-il plagié
Jacques Prévert ?


Étude comparée des poèmes
« Déjeuner du matin » de Jacques Prévert et
« Avec un journal » de Nizar Kabbani


L’H ARMATTAN
Du même auteur


Thèses de doctorat
Étude du roman de Roger Vailland, « Beau Masque » (1954 ), Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), (Thèse de Doctorat de 3 ème cycle. Littérature française), Paris 1987,282 p.

« Beau Masque » de Roger Vailland (1954), roman de formation. Genèse et analyse, Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), (Thèse de Doctorat (Ph.D.). Littérature française), Paris 1990,588 p.

Recherches
« Le Thème de la prison dans Ce que la nuit raconte au jour d’Hector BIANCIOTTI », Horizons (Le Caire 2003 -2004, Égypte), n° 9, pp. 29-72.

Réflexions sur le roman de Denis JEAMBAR : « Le Jour où la girafe s’est assise ». Suivies de Entrevue avec Denis JEAMBAR sur son roman « Le Jour où la girafe s’est assise » & Traduction arabe de cette entrevue », in Publications of the Bulletin of the Faculty of Arts, n° 19 annexé au Bulletin of the Faculty of Arts, n° 54, Université d’Alexandrie (Alexandrie 2005, Égypte), 129 p.

« Le Système des personnages dans Corruption de Pramoedya Ananta TOER & L’Homme rompu de Tahar BEN JELLOUN », Présence francophone (Worster, Massachusetts, États-Unis), mai 2006, n° 66, pp. 230-246.

Contribution intensive à la presse arabe
Articles impressionnistes, articles de critique littéraire et artistique, interviews et traductions.
POÈMES ÉTUDIÉS
Déjeuner du matin
v. 1 Il a mis le café
v. 2 Dans la tasse
v. 3 Il a mis le lait
v. 4 Dans la tasse de café
v. 5 Il a mis le sucre
v. 6 Dans le café au lait
v. 7 Avec la petite cuiller
v. 8 Il a tourné
v. 9 Il a bu le café au lait
v. 10 Et il a reposé la tasse
v. 11 Sans me parler
v. 12 Il a allumé
v. 13 Une cigarette
v. 14 Il a fait des ronds
v. 15 Avec la fumée
v. 16 Il a mis les cendres
v. 17 Dans le cendrier
v. 18 Sans me parler
v. 19 Sans me regarder
v. 20 Il s’est levé
v. 21 Il a mis
v. 22 Son chapeau sur sa tête
v. 23 Il a mis son manteau de pluie
v. 24 Parce qu’il pleuvait
v. 25 Et il est parti
v. 26 Sous la pluie
v. 27 Sans une parole
v. 28 Sans me regarder
v. 29 Et moi j’ai pris
v. 30 Ma tête dans ma main
v. 31 Et j’ai pleuré
Jacques PRÉVERT, Paroles (1947)

Traduction française du poème
de
Nizar KABBANI

Avec un journal

A Jacques Prévert

v. 1 Il a sorti de son manteau le journal…
v. 2 Et la boîte d’allumettes
v. 3 Et sans remarquer mon trouble
v 4 Et sans aucune sollicitude
v. 5 Il a pris le sucre de devant moi
v. 6 Il a fondu dans la tasse deux morceaux
v. 7 Il m’a fondue…
v. 8 Il a fondu deux morceaux…
v. 9 Et quelques instants après
v. 10 Et sans me voir
v. 11 Et connaître le désir qui m’a atteinte
v. 12 Il a pris le manteau de devant moi
v. 13 Et a disparu dans la foule
v. 14 Laissant derrière lui le journal,
v. 15 Seul… comme moi, seul…


Nizar KABBANI, Poèmes (1956)
INTRODUCTION
Le rapport du poème arabe « Avec un journal » ( Poèmes , 1956) du poète syrien Nizar Kabbani avec le poème « Déjeuner du matin » ( Paroles , 1947) du poète français Jacques Prévert a provoqué de vives polémiques dans le monde littéraire arabe, en raison de la grande parenté repérée entre les deux poèmes. Le rapport d’influence a été ainsi considéré comme un vol, un plagiat par les détracteurs du poème arabe.
Ainsi dans son livre Etudes et modèles dans les mouvements de la poésie et sa critique (sans date), le Professeur égyptien Mohammad Ghoneimi Hilal a considéré le poème de Kabbani, comme une copie du poème de Prévert, présentée dans une versification arabe. Ce qu’il réprouve en tant qu’« imitation servile non originale » et non une « influence louable » {1} .
La critique de Jihad Fadel et du journal saoudite Okaz cité par celui-ci est la plus virulente. Tous les deux ont en effet entendu ce poème de Kabbani, chanté par Magida Al-Roumi (Liban) sur une musique du Dr. Gamal Salama (Égypte). Okaz a alors carrément accusé Nizar Kabbani de vol, dans son numéro 10932, daté du 18 juillet 1996. Jihad Fadel, lui, a parlé de raid, dans son article « Raid contre Jacques Prévert », publié le 16 août 1996, dans le magazine libanais Al-Hawadisse [Les accidents] : le titre est, d’après lui, le même (ce qui n’est pas vrai) ; les mots aussi, sont, d’après lui, les mêmes. Et ce critique de surenchérir en accusant Kabbani d’aller au-delà du rapport d’influence vers la simple traduction, sans citer ses sources et se contentant de précéder ce poème « traduit » d’une dédicace au poète original. Le texte transmetteur lui-même «Déjeuner du matin » a été enfin accusé par Jihad Fadel de banalité, de faiblesse et de futilité {2} .
Cette même accusation de vol a été d’ailleurs reprise plus tard dans le même esprit, dans un article anonyme, intitulé « Nizar Kabani vole ses poèmes d’un poète français », publié le 26 août 2002 dans le site Internet www.lahaonline.com et qui cite à l’appui Okaz et Jihad Fadel {3} .
Du côté des défenseurs, citons l’article anonyme, intitulé « Critique de la tombe, non critique de la poésie (1) », publié le 17 septembre 2000, dans le numéro 7964 du journal arabe Ashark Al-Awsate [ Le Moyen Orient] (Londres). Cet article reproche à Jihad Fadel sa subjectivité de critique : « Le plus ancien des critiques de la presse libanaise insère parfois sans nécessité ses rapports personnels et ses positions individuelles dans des questions, des affaires et un apport littéraire qu’on ne peut juger qu’avec ce qu’impose l’objectivité, de noblesse, d’impartialité, de professionnalisme et de critères » {4} . L’accusation de Nizar Kabbani d’anti-arabisme de la part de Jihad Fadel est un exemple donné par cet article de la subjectivité critique de celui-ci {5} .
Du côté des défenseurs, citons aussi le Professeur égyptien Mohammad Zakaria Anani qui a relevé dans son livre Les Littératures du monde et nous (1993) les identités entre les deux poèmes au niveau du sujet, de la présentation de ce sujet sous forme de scénario (donc s’intéressant aux détails et à l’ancrage spatio-temporel) et de son expression dans la langue du quotidien. Mais sans préjugés aucuns, il a valorisé (sans malheureusement le développer) le point de vue comparatif dans l’approche des deux poèmes et a ainsi disculpé le poète syrien de l’accusation de plagiat {6} .


Les questions qui se posent sont désormais : Nizar Kabbani a-t-il vraiment plagié Jacques Prévert ? Son poème « Avec un journal » n’est-il qu’une mauvaise traduction du poème « Déjeuner du matin » ? Il s’agit par un parallèle entre les deux poèmes d’en comparer le sujet, la présentation et enfin l’art de la versification, avec la conviction que la poésie est non seulement un fond, mais aussi une forme et que l’analyse du poème est d’abord une analyse du discours.
RESSEMBLANCES
Les deux textes sont, en effet, des poèmes lyriques narratifs : ils prennent appui sur les mêmes thèmes intemporels de l’amour et de la souffrance ; ils racontent plus précisément une même expérience, une même situation : celle d’un couple en discorde. L’homme néglige la femme qui l’aime. Cette femme l’observe, ne fait rien pour le retenir et en souffre.
Il s’agit pour chacune des deux femmes d’un cas de solitude, appelé en psychanalyse « solitude d’isolation émotionnelle » {7} – source de pri

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