Notre-Dame-des-Temps
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Notre-Dame-des-Temps , livre ebook

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Description

Majestueuse, flamboyante, pétrie d’Histoire et de symboles, ornée de gargouilles et gardant toujours une part de mystère bien à elle, Notre-Dame de Paris s’impose comme un personnage à part entière dans cet ouvrage lyrique et poétique, hors norme, douloureux aussi parfois. Le texte qui l’inaugure « À ma dame de Paris » lui rend d’ailleurs un vibrant hommage en l’associant à l’amour, proposant à sa belle de lui faire ici « (sa) cour, sa cour des miracles ». Dès lors, la belle Esméralda et le tendre Quasimodo sont déjà convoqués, figures éternellement indissociables de ce lieu alors que rôde dans l’ombre le sinistre Frollo. Mais dans cette relecture atypique de l’Histoire, l’on croise également des personnages inattendus mais indissociables de Paris, dans sa misère parfois la plus crasse, telle la Môme de toujours, la Piaf, l’Abbé Pierre, saint Vincent de Paul et ses petites sœurs mis en miroir de nos tristement célèbres Restos du cœur. Brel, Brassens, MC Solaar, Renaud, sont également présents ainsi que Ronsard, Verlaine ou Rimbaud tandis que l’âme de Victor Hugo plane sur cet ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414199303
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-19928-0

© Edilivre, 2018
Exergue


« Sur la face de cette vieille reine de nos cathédrales, à côté d’une ride on trouve toujours une cicatrice. Tempus edax, homo edacior ; ce que je traduirais volontiers ainsi : le temps est aveugle, l’homme est stupide. »
Victor Hugo
À ma dame de Paris
Je viens de mon amour, je viens de Notre-Dame.
Frollo n’était plus là, mais il n’était pas loin,
Et pour sa crèche un jour, j’irai chercher du foin,
Entre le Christ et moi, je mettrais bien ton âme.
Je porte mon amour comme un enfant trouvé
Si tu n’en voulais pas, loin des yeux, loin du cœur,
Je saurais le confier, dans son panier percé,
À quelque saint parvis, au premier Sacré-Cœur…
Quand on n’est que Gringoire et qu’on n’a qu’un mystère,
Il faut confier son œuvre au bourdon des sonneurs.
La papauté des fous règne aussi sur ma peur…
Aimer Esmeralda, c’est la prendre au Saint-Père.
Tous les chagrins d’amour sont des enfants morts-nés,
Trop beaux pour être vrais, trop lourds à bien des ventres.
Truands et maraudeurs, ils vont te rire au nez,
Sans pitié pour les mots, sans pitié pour les chantres.
Leur naissance échappant aux lois péridurales,
Quasimodo gémit tant son cœur carillonne ;
Ce sont fœtus ingrats, de ceux qui empoisonnent,
Et qu’on retrouve épars au pied des cathédrales.
Il te faudra toujours venir à Notre-Dame,
Loin des chagrins d’amour, du bruit de leur débâcle.
Nous avons rendez-vous à jamais chez nos âmes,
Je t’y ferai ma cour, une cour des miracles.
Les tours de Notre-Dame
Je suis couché sur le parvis de Notre-Dame,
J’ai collé mon oreille au pavé polygame.
Comme un indien reconnaissant l’épiscopat,
Je demande à l’écho de m’annoncer ton pas.
Je t’entends entre mille et même entre les villes…
Le badaud maladroit va fouler notre amour,
Marchant sur ton silence, allant aveugle et sourd,
Mais je saurai toujours trouver ton évangile.
À gésir au milieu des mendiants et des gueux,
Des boiteux et des laids, des manchots et des fous,
Je crains qu’on ne me prenne aussi pour l’un d’entre eux,
Mais ne suis ni menteur, ni Clopin Trouillefou.
Si ton visage est une obole à me jeter,
Mon pauvre cœur sera sébile à t’accepter,
Si ton regard est un verdict pour me jeter,
J’en déduirai que Dieu n’a pas de volontés.
Je suis lynché sur le parvis de Notre-Dame :
Tu es ma pénitence et mon parfum de femme,
Bossu de toi, enfant de Dieu, Quasiment Mot,
T’en demande pardon et pardon pour Hugo.
Nul ne connaît l’histoire et comment vint l’ouvrage,
Je le taillais déjà depuis mon Moyen Âge,
Ciselant cathédrale et faisant notre amour,
Pour t’avoir avec moi, je lui ai mis deux tours.
Le jardin de Notre-Dame
J’ai cultivé longtemps, avec ou sans Voltaire,
Des jardins ouvriers, quelques arpents de terre,
Mais partout le bâti a remplacé la glèbe :
Autant planter des clous et labourer l’Érèbe !
Contrariant le quartier, bousculant les principes,
Notre-Dame a poussé au milieu des tulipes.
Le jardinier n’offrant que des fleurs éphémères,
L’architecte a voulu un enfant séculaire.
Il lui fallut alors aller chercher la vie,
Sous les coups des burins, dans le cintre des gouges ;
De la gargouille odieuse aux sujets du Messie,
Il imita le saint et l’apôtre qui bouge.
Mais la pierre est la pierre, à jamais immobile :
Indifférente et sourde au sort de Galatée,
Elle offre sa beauté comme un reproche athée,
Friable à l’eau du ciel qui pleut en évangile.
Du Seigneur qu’on supplie au latin qu’on bredouille,
Regarde bien Frollo ! Regarde mes gargouilles
Et vois dans leur grimace un crachat salvateur,
Qui préserve les murs et fait pousser mes fleurs !
Dans le jardin des sourds, on n’entend pas les fleurs,
Ni les bruits des pistils, ni ceux des étamines,
Leurs chagrins et leurs tons ne sont pas si mineurs…
Même un bouquet criard ne se voit qu’en sourdine.
Dans le jardin des morts, on n’entend pas les pleurs,
De ceux qui sont restés, des simples visiteurs,
Dans le respect discret de quelques chrysanthèmes,
On aperçoit parfois celui qui dit : « Je t’aime ».
Dans le jardin des fous, on n’entend pas les cœurs,
Ni les cris des mendiants, ni les sanglots des gueux,
On cultive un pavot égoïste et frileux,
Comme un rêve éveillé qu’on prend pour le bonheur.
Dans le jardin d’Éden, on n’entend pas les corps,
Ni le désir qui sourd, ni le plaisir qui rampe,
Il faut être serpent pour allumer la lampe,
Entrevoir un amour dans un pied nu qui dort.
Dans le jardin de pierre, on n’entend pas les âmes,
On promène un enfant qu’on prête aux grands-parents,
On arrose une fleur qui prête aux sentiments,
Mais on reste tout seul au cœur de Notre-Dame.
Moi le malentendant par trop de carillon,
Moi le malentendu en butte aux curaillons,
Me dira-t-on pourquoi j’entends gémir les autres
Et pourquoi mon jardin fut conçu par Le Nôtre ?
Quand on parle d’amour, quand on dit des merveilles,
Nul cœur ne comprend rien, nul cœur n’est dur d’oreille,
Me dira-t-on pourquoi les nabots ont une âme
Et ce qui fait parfois qu’elle hante Notre-Dame ?
Je t’entends comme Écho qui répète un prénom
À longueur de journée, à longueur de saison,
Car il faut parler fort et s’approcher de moi,
Pour que je reconnaisse un tantinet ta voix.
Dans le vacarme ambiant, on n’écoute plus l’autre ;
On devait pourtant bien s’aimer les uns les autres.
Mais les bossus n’existent pas pour ma gitane,
Trop repoussants pour ça, trop lourds en caravane.
Dans vos jardins bruyants, soufflez à Notre-Dame,
Qu’on est sourd pour le corps, mais qu’on entend de l’âme !
Des paradis latins aux enfers rimbaldiens,
Je ne sens que ton chant, mon rêve Esmeraldien.
Le graal des amants
Le troupeau laborieux s’entassait dans les rames,
Surpeuplant de ses cris les stations du Seigneur.
Venu de Trinité, partant de Sacré-Cœur,
Chacun se débrouillait pour gagner Notre-Dame.
Gainsbourg dans ses lilas attendait le pécheur,
Faiseur de confettis et de trous de mémoire,
Il poinçonnait sans fin le pigeon voyageur,
Qui rejoignait mes tours en passant par l’histoire.
Le jour de mon parvis ressemblait à des gares :
Au gré d’Arman, « L’heure est à tous » à Saint-Lazare ;
Saint-Augustin dessert une Cité de Dieu,
Où l’instant compte plus que de vieillir ensemble.
Trébuchant par trois fois au nom de tous les saints,
Par Saint-Marcel, par Saint-Denis et par Saint-Paul,
Le mouton s’agrégeait au dictat des guignols,
Grossissant de sa foi l’église des pantins.
Quand il ne manqua plus qu’un démon tentateur,
Poursuivant Madeleine ou traquant les papesses :
Je connus ma laideur… et que je faisais peur
Aux filles du calvaire et aux mains des abbesses.
Enfin le grand portail ! Enfin la cathédrale !
Le Paris transhumant crachait ses amygdales :
Sa bouche de métro vomissait ses humeurs
De populace ignare et de petits taggueurs.
Chacun venait chercher dans les yeux des gargouilles,
Pourquoi le cœur se fend, pourquoi les yeux se mouillent.
La clef, depuis longtemps, rouillait dans...

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