Paté, saucisson et mortadelle
148 pages
Français

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Paté, saucisson et mortadelle , livre ebook

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Description

Tranches de vie, poèmes et pensées de l'ado à l'adulte, tout y passe ou presque. Cet ouvrage est le ressenti des époques de toute une vie à travers les petits bonheurs et les coups du sort.
L'auteur retrace dans ces lignes ce qui l'a marqué sur le moment ou plus profondément, sombre. Souvent, dans son propos, le soleil du midi dont il est originaire pointe malgré tout son nez au détour d'une page, d'une phrase ou d'un vers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414121793
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-12177-9

© Edilivre, 2018
Ecrire avant d’oublier, voilà ce que je voudrai faire. Chaque jour qui passe m’éloigne de mon enfance tout en m’en rapprochant d’une certaine manière. J’ai l’impression de voir les visages qui ont bercé mon jeune âge ; s’enfoncer dans le brouillard, comme si, face à un mur rempli d’affiches de films, je m’en éloignai inexorablement et que je m’enfonçai dans la nuit. Une nuit brumeuse, une rue sale, un mur gris. Le film est en noir et blanc, le son est vieillot, un peu criard, il manque des mots, des sons sur la bande ; mais les acteurs je les vois encore nettement. Alors, avant qu’ils ne s’effacent totalement de ma mémoire, je vais me les raconter encore une fois.
Tout commence au fond de ma mémoire sous le soleil d’été du Midi, les volets bleu lavande qui grincent, les hirondelles qui criaillent. Mais tout se bouscule. Mon esprit a effacé les larmes de ces vrais chagrins qui troublent et marquent à jamais la vie d’un homme. Ces chagrins qui éveillent à l’intérêt de la vie, ou, évaporent à jamais l’essence d’une vie bien remplie.
D’ailleurs à chaque regard que je porte en avant ou en arrière j’ai souvent l’impression d’être un oiseau sur une branche ou un ange perdu, tombé du ciel, puni ?
Mais revenons à notre matin d’été où les oiseaux chantaient insouciants et nombreux. Revenons à ce rêve de vie ou une mère chante des ritournelles ou des airs d’opérette, où la couleur est là partout. Pourtant, rien ne ressemble à ma vision du passé, là où une place règne j’y vois une rue vieillotte qui court le long de la rivière, une gendarmerie au crépi sale, des séchoirs ou d’énormes écheveaux sèchent au soleil. Je me vois passer sur le pont, le Touyre de chaque côté, et, des travaux de recouvrement, l’octroi abandonné. Mais rien ne colle car je me souviens aussi de cette place, et de ce marché couvert en construction ; tout comme je me rappelle les voix, les sons et les odeurs. Je vous dis rien ne colle ; car à mon âge tout cela existait déjà lorsque je suis venu au monde où pour le moins j’étais trop jeune pour pouvoir m’en souvenir : bizarre, non !!
Revenons à cette vie de musique et de sons doux comme le miel (bizarre, le son crachote, je n’entends pas bien les paroles, il y a des blancs) ; cette vie que j’aurais aimée poursuivre ; les crinolines blanches sous les pommiers, le cerisier croulant sous les fruits rouges ; Hélas ! Ce ne fut pas le cas. Les crinolines ont disparu depuis longtemps, les cerises ne font plus que le bonheur des oiseaux et les pommiers ne sont plus là.
De mes tendres années, pourtant, je n’ai que le souvenir permanent d’un soleil qui caresse, d’une grand-mère et de grand-tantes avec les mains pleines de sucreries. J’ai encore dans les oreilles, la douceur des berceuses en patois occitan où le tambour des doigts sur la tête métallique du lit qui marque le pas de charge, la retraite ou l’extinction des feux ; souvenir de la vie de garnison de ma grand-mère.
J’ai dans la bouche le goût frais de la menthe verte ou de l’orgeat. Je revois encore le chignon serré et le tablier noir parsemé de petites fleurs blanches de ma grand-mère. Je me vois courir dans les collines qui se dressent à l’arrière de la maison, j’y ramasse des coquillages, fossiles oubliés par une mer qui s’est retirée il y a bien longtemps. Je me vois sur le quai de la gare attendant la “micheline” crème et rouge, je me vois, encore, assis sur le skaï rouge des banquettes, regarder défiler les paysages de la haute vallée de l’Aude. Et puis, le soleil déclinant, les montagnes s’enflamment des couleurs de l’automne, je me vois écraser avec une pierre les amandes tombées de l’arbre. Je sens encore sous mes doigts les noyaux des abricots que je viens de manger et que je frotte sur le ciment pour faire un sifflet. Et puis, le retour plus haut, en Ariège, le père sévère, la mère qui atténue comme elle peut. Et puis, les premiers jours d’école et l’ennui dans la classe à faire et refaire toujours les mêmes exercices. Dessiner des cerises, former des lettres. Ensuite, plus tard le froid qui arrive, une sœur qui part en pension, le silence qui s’installe, les jours tristes et sombres au pied de l’ombre “cathare”. Les buchettes en bois de couleur verte que nous alignons sur notre pupitre, la craie qui crisse au tableau ou sur nos ardoises et dehors la pluie qui joue des claquettes. Le vent qui souffle et siffle dans les rues et dans les branches. Le bruit lancinant des métiers à tisser, la poussière envahissante, particules de laine échappées des ateliers et des usines, l’odeur du suint dans la rue et jusque dans le lit. La colline « sainte Rufine » qui finit de perdre ses couleurs de feu, et enfin Le givre, sur les vitres de ma chambre un matin, dessinant de merveilleux décors. La neige dans le jardin, tapis d’ouate froide, étouffant la tristesse d’un enfant autant que les bruits de la ville ; tristesse aussi profonde et insondable que ce ciel gris blanc qui semble nous envelopper comme un linceul. Linceul qui est tombé un soir noir et lugubre d’automne sur cette grand-mère chérie que j’avais accompagnée à l’autocar quelques heures plutôt.
Je me souviens encore de mon père passant la porte, ma mère enceinte et en pleurs se jetant à son cou et moi accroché à ses jupons. Je me rappelle quelques minutes plutôt le voisin qui sonne à la porte et dit :
– Mme Calvet, c’est grave, il y a quelqu’un au téléphone pour vous.
Le voile noir est tombé sur le miroir
Comme le brouillard sur la lande
Le souvenir s’estompe dans le noir
La course s’arrête sur les brandes
Le poulain s’endort
Aux pieds de la mort
Je me souviens de la descente vers Quillan. Descente sombre, dans la nuit de novembre ou l’hiver commençait à disputer la place à l’automne. Le froid n’était pas encore très vif mais rendait la route par endroit très glissante. Dans la descente du col une voiture, une “traction” je crois, en avait fait les frais et il m’a semblé voir mes premiers morts. Atroce, pour un enfant que de faire la connaissance de cette habitante de l’ombre. Horrible vision que celle de la mort sous sa forme sanguinolente. Pourtant souvenir fugace, ou, jeu morbide d’un cerveau peut-être malade ?
Arrivés dans l’impasse où logeait ma grand-mère, les tantes, les voisins qui se précipitent et nous entourent comme pour nous aider à étouffer le chagrin. Le docteur Bouchère qui explique à ma mère les circonstances mais déjà un sombre brouillard s’insinue dans nos esprits. Et puis, le trou noir dans les souvenirs, le sentiment de voler au-dessus des autres, d’embrasser hier et demain ; à nouveau le vide, comme un tunnel, “stars wars” avant l’heure. Pourtant un petit frère est né quelques temps après, moment de bonheur et de solitude à la fois. Et puis, ce sentiment d’être délaissé, soudain perdu, se cacher derrière des lunettes qui ne sont pas les siennes ; puis, faire “l’intéressant” pour être reconnu avant de sombrer dans l’oubli, puis recommencer un peu plus tard, se faire reconnaître, amuser la galerie, semer un peu la zizanie dans la classe, se faire houspiller, puis se faire rejeter par des enfants qui croient ce que disent les adultes ; je n’étais pas plus riche qu’eux pourtant ; sauf, peut-être, en moi ce petit quelque chose que j’aie perdu en route et qui me différenciait des autres. L’oubli, oublié, se sentir de trop, se sentir mal aimé, vouloir disparaître, s’effacer, rentrer en terre, ne plus exister qu’en rêve, rejoindre ceux qui nous ont quittés. Les passés se mélangent, celui d’hier et celui d’avant-hier ; j’ai huit ans, dix peut-être, me voilà montant des filets, des “pièges” à chats soudain un vide, un de mes pièges a fonctionné trop bien, j’ai pris un moellon sur la tête : personne n’a rien vu, je me suis relevé avec un sacré mal de tête. Les noms de mes maitres défilent dans ma tête, leur visage, leur tics aussi, je vois encore au tableau les règles de grammaire, ceux de leçons de choses et ceux de mathématique. Les rêves de trésor enfoui quelque part dans le jardin ; un éclat vu de la fenêtre de ma chambre et me voilà dévalant les escaliers pour voir… déception ce n’était qu’un bout de verre, de mica ou de piryte, l’or des fous et des enfants.
Le métier du forgeron, père d’un copain, sa forge qui souffle, l’odeur du fer chaud, celui du sabot que l’on marque, le marteau qui sonne sur l’enclume et fait des étincelles, feu d’artifice, joie du métal qu’on travaille. La tournée des fermes alentour les jeudis après-midi. La préparation de la fête des fleurs, les costumes loués au Capitole pour l’occasion. J’ai entre douze et quinze ans ; je me vois dans ma gangue, emprunté, timide et entreprenant à la fois, dirigiste et dirigé ; Bonheur, malheur, noir et blanc tout à la fois.
Et, même si les hivers étaient doux parfois, ils devinrent pour moi, souvent, des hivers polaires. Je vois encore le givre revenir dessiner sur les vitres de la fenêtre de ma chambre des fleurs ou des animaux fantastiques, et malgré la douceur qui régnait dans la maison je sentais chaque jour que mon cœur se brisait un peu plus. J’avais beau faire, mes avances étaient mal comprises ; je voulais faire du sport : eh bien non ! Ce n’était pas pour moi. Je voulais jouer du piano : eh bien non ! Ce n’était pas pour moi. Plus tard, Je voulais entrer dans une voie professionnelle innovante, trop ludique aux yeux de mon père. En même temps j’ai voulu montrer que je pouvais faire quelque chose, je me suis inscrit à un radio crochet, mais lorsque mes parents l’ont appris, ils se sont empressés de s’y opposer. Pourtant je crois que j’aurai pu faire carrière ; s’était d’autres temps, d’autres mœurs. J’

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