S'édenter la chienne

David Goudreault

Description

Les Écrits des Forges ont le plaisir d’annoncer la sortie du second recueil de poésie du slameur québécois David Goudreault, intitulé S’édenter la chienne :

 Le poème brisé à la gencive (…)
Dépècerai secrets et silences
Génocide intime
Tout à la fois
Sauverai la bête
Dompterai le chien fou »

Pour son second recueil, David Goudreault s’est construit un univers poétique proche du quotidien. Ses images, qui portent le sceau de l’oralité, suscitent la complicité du lecteur qui se sent à la fois pris à témoin et confident. Ses propos, parfois très directs, portent la marque de l’observateur attentif, rôle que le poète ne manque pas d’endosser avec perspicacité, certes, mais aussi avec humour, ironie et même une touche d’autodérision :

Mes dragons sur mon char
Mon chien devant ma maison
Mes tatous sur mon corps
Mes ecchymoses sur ma femme
Mes photos sur la toile
Mes toiles au musée
Mon aménagement dans ma cour
Mes livres à la librairie
Mes placements dans le monde
Mon monde à moi

Exister en caractère gras
Est capital »

 S’édenter la chienne pour réfléchir librement, comme le poète, aux faits divers de la vie, aux idées qui nous font ou qui nous défont, qui tissent notre monde, notre quotidien, notre pensée.

Sujets

• Poetry
• Canadian

Informations

• Publié par: Écrits des forges
• Date de parution: 12 juin 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782896454747
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

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S’ édenter
la
chienne /* Script */ /* Script */ /* Script */
Les Écrits des Forges, fondés par Gatien Lapointe en 1971, bénéficient
de l’appui financier du Conseil des arts du Canada et de la Société de
développement
des
entreprises
culturelles
du
Québec
(SODEC).
Illustration
de
couverture:
Jean-François
Dupuis
Nouvelle
édition
revue
et
corrigée:
2018
Dépôt
légal:
quatrième
trimestre
2018
(papier)
                   
deuxième
trimestre
2023
(epub)
Bibliothèque
et
Archives
nationales
du
Québec
Bibliothèque
et
Archives
Canada
ISBN: 978-2-89645-374-0
(papier)
ISBN: 978-2-89645-474-7
(epub)


©
2018,
2019
Écrits
des
Forges
992-A,
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840-8492
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En
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Prologue
1650,
boul.
Lionel-Bertrand
Boisbriand
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J7H
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[e-mail]

Avec
la
participation
du
gouvernement
du
Canada

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DAVID
GOUDREAULT

S’édenter
la
chienne
/* Script */ /* Script */ /* Script */
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Celui
qui
a
dit
qu’une
image
vaut
mille
mots

a dit cinq mots de trop .

Yves
Boisvert
                                                                                                                                                     

/* Script */ /* Script */ /* Script */
/* Script */ /* Script */ /* Script */
Prologue
La
soif
de
mordre
le
monde
À
froid
je
m’arracherai

La
peur
d’être
à
part
entière
Pendrai
ma
chienne
Une
molaire
à
la
fois
M’exhumerai
l’essentiel
Le
poème
brisé
à
la
gencive
Extirperai
la
racine
à
l’ancienne

Les
mains
sales
à
même
la
matière
Les
larmes
clouées
au
sol

Dépècerai
secrets
et
silences
Génocide
intime
Tout
à
la
fois
Sauverai
la
bête
Dompterai
le
chien
fou

9 /* Script */ /* Script */ /* Script */
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Chapitre
1
Où l’on considère l’auteur
délimitant
ses
zones
d’ombres

On
ne
naît
pas
humain,
on
le
devient.
De
plus
en
plus
ou
de
moins
en
moins.
Jean-Pierre
Siméon /* Script */ /* Script */ /* Script */
/* Script */ /* Script */ /* Script */
De
la
pérennité
Le
sang
excite
les
bêtes
à
mort
Au
fond
des
océans
et
des
cours
d’écoles
Depuis
l’éveil
des
temps
connus
Dans
un
parc
sans
exception
L’éclat
de
nos
rires
acérés
Couvrait
le
grincement
des
crocs
On
a
planté
les
plus
faibles
Il
y
a
poussé
des
junkies
On
a
mâché
les
plus
belles
Elles
y
louent
encore
leurs
os
Sous
le
regard
bienveillant
D’agresseurs
en
puissance
Entre
la
marelle
et
les
seringues
L’avenir
du
monde
reprend
le
jeu
Inocule
les
mêmes
hémorragies

À
l’ombre
de
nos
campagnes
de
préventions

13 /* Script */ /* Script */ /* Script */
La
noble
utilisation
des
compas
Faire
brûler
ton
enfance
Comme
un
bâton
d’encens
Pour
l’ambiance
Cachée
derrière
tes
mutilations
Brandies
à
bout
de
bras
À
tous
les
hommes
tous
ton
père
T’ayant
trop
ou
jamais
prise
Tu
balances
tes
plaies
Dans
le
vertige
tu
t’en
balances
Tu
ne
t’appartiens
plus
Tu
n’oseras
plus
sauter
Tout
va
trop
loin
Tu
te
découpes
une
histoire
Dans
ta
chair
sans
reliure
L’enfance
est
une
pierre
à
polir
Manipulée
avec
soin

14 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Protéiforme
À
trop
se
creuser
la
tête
On
tombe
sur
des
puits
de
lumière
Élevés
à
la
renverse
L’horizon
au
creux
de
la
paume
On
voit
si
bien
si
haut
Qu ’ on s ’ enfarge
au
quotidien
Les
lacets
de
la
routine
Noués
au
fond
de
la
gorge
À
ciel
ouvert
on
devient
Mine
de
rien
ou
presque
À
se
vider
on
devine
pourquoi
On
s’acharne
à
se
creuser
la
tête

15 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Risque
d’averse
La
pluie
s’abat
Comme
un
chevreuil
Complice
dans
la
fuite
Recouvre
nos
pistes
Découvre
la
lumière
Dans
nos
carcasses

Courbées
écrasées
cassées
Sous
quelques
gouttelettes
Glaire
du
monde
Et
nous
courons
sans
plaisir
Sous
un
ciel
gris
gorgé
d’eau
sale
Se
débattre
à
vivre
est
vain
Même
les
nuages
finissent
par
crever

16 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Sous
le
soleil
Il
pleut
des
suicidés
Nous
fendant
l’air
avec
gravité
À
pleine
face
sur
nos
terrasses
Où
l’on
se
remet
de
mille
manques
Glissés
sous
nos
bavettes
graisseuses
Il
pleut
des
suicidés
À
tour
de
bras
à
tour
de
force
Dans
la
marge
de
nos
forfaits
illimités
Derrière
la
rigidité
cadavérique
De
nos
minuscules
caractères
Au
bas
de
lettres
d’adieu
En
haute
définition
Il
pleut
des
suicidés
Dans
la
gorge
des
actrices
porno
À
notre
bureau
sur
notre
table
Plein
la
rétine
et
plein
les
mains

Dans
le
silence
soutenu
De
leurs
bouches
pleines
Il
pleut
des
suicidés
Dans
le
sous-sol
de
nos
tours
d’ivoire
Dans
l’espoir
salace
d’être
assez
lisse
Pour
sodomiser
nos
doutes

17 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Et
s’enfoncer
dans
nos
rêves
Aussi
sales
et
crus
et
vrais

Que
ce
qu’on
leur
pend
Au
bout
du
nez
Il
pleut
des
suicidés

Ça
tombe
du
toit
des
cathédrales
Des
fenêtres
des
hôpitaux
Ça
s’accroche
aux
arbres
Rebondit
sur
nos
trottoirs
En
fracas
mou
et
sec
Il
pleut
des
suicidés
Dans
les
bouteilles
à
rabais
Où
se
frottent
nos
grands
génies
N’ayant
que
la
dépression
à
consigner
Il
pleut
des
suicidés
Dans
les
casinos
érigés
Sur
le
comptoir
des
dépanneurs
Il
pleut
des
suicidés

Au
fin
fond
des
garde-robes
Que
nous
avons
condamnés
Il
pleut
des
suicidés
Sous
les
ponts
rouillés
D’où
l’on
saute
à
l’évidence

18 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Il
pleut
des
suicidés

Quelque
part
à
quelques
pas
de
la
réalité
Dans
nos
écoles
nos
arénas
nos
tavernes
Dans
toutes
les
bonnes
familles
Même
la
tienne
Il
pleut
des
suicidés
Sur
notre
honte
de
leur
survivre
Car
derrière
ses
voiles
Le
temps
viole
nos
mémoires
Brise
leurs
rires
leurs
traits
et
leurs
voix
Le
fond
de
l’air
est
humide
De
nos
jours

19 /* Script */ /* Script */ /* Script */
La
substantifique
moelle
Pour
s’arrêter
et
humer
les
fleurs
Il
n’y
a
que
les
poètes
et
les
fleuristes
Pour
lever
la
tête
et
le
regard
vers
l’infini
Il
n’y
a
que
les
poètes
et
les
astronomes
Pour
se
plonger
les
mains
dans
la
matière
mot
Il
n’y
a
que
les
poètes
et
les
linguistes
Et
voilà
qu’émerge
l’évidence
Nous
avons
grand
besoin

Des
fleuristes
Des
astronomes

Et
des
linguistes

20 /* Script */ /* Script */ /* Script */
SPCA
Un
chien
se
grugeant
l’os

Finira
toujours
par
mal
finir
Mangera
son
maître
ou
sa
misère
Pissera
ses
derniers
espoirs
Sur
la
visite
ou
sur
le
doute
La
bête
folle
réclame
la
mort
Rapporte
la
balle
et
la
raison
Aux
pieds
de
ses
vieilles
amours
Il
est
monté
trop
haut
Trop
tard
pour
l’élever

21 /* Script */ /* Script */ /* Script */
De
la
foi
L’ordre
des
choses
L’amour
de
la
mère

La
bienveillance
de
l’état

Sont
à
prendre
pour
acquis

Sous
la
rouille
de
nos
exosquelettes
Survivre
se
fait
sans
vertige
Sans
viser
trop
haut
Ni
regarder
en
bas
La
face
enfoncée
dans
le
mur
On
manque
de
perspectives

22 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Écrire
ce
qui
est
Il
faut
bien
écrire
ce
qui
est
Puisqu’il
n’y
a
rien
à
faire
Les
routes
du
mystère
Sont
déneigées
en
juillet
On s ’ est
irrité
l’érythème
De
l’instant
présent
Et
notre
poésie
a
l’herpès
Sur
le
bout
de
la
langue
Le
monde
était
déjà
sale
Quand
je
suis
arrivé
Et
les
poètes
sont
des
chiens
Comme
les
autres

23 /* Script */ /* Script */ /* Script */
La
grosse
classe
On
me
parachute
dans
leurs
classes
à
part
Cordées
en
rang
comme
des
colonnes
Deux
cent
fois
en
paquet
de
trente

En
tranche
de
soixante
minutes
Et
de
la
poussière
Combien
de
génies
croisés
Combien
d’abusés

Sexuellement
entre
autres
Combien
de
petits
suicidés
Apprenant
tout
par
cœur
pour
rien
Combien
de
coiffeuses
et
de
physiciens
Combien
d’architectes
et
de
schizophrènes
Pour
une
seule
poète

Un
seul
soigné
Terre
à
terre
Je
remballe
mon
parachute

M’envole
par
l’entrée
principale

24 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Chapitre
2
Où l’on suppute la durée
du temps perdu sur la route
par
l’auteur

Et
tu
prépa