Trace pour un autre a-venir
196 pages
Français

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Description

« Nous avons trop retourné notre médaille.

Le temps de la haine et de la détestation est alors venu.

Nous avons trop plongé dans nos failles

Et le temps merveilleux des épousailles n’est jamais revenu. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414342259
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hervé Boyer
Trace pour un autre avenir Poèmes
2
À EMILIDA
Il est une fois, un matin derrière une ruine guerrière, Dans l’herbe bleutée marchait une paire.
Il fait chaud dans la demeure, se sont les instants qui meurent. Ils étaient là, formant, déformant, reformant, performant un duetto. L’un, Emil, au saxo ; l’autre, Ida, au micro.
La paire était séparée, face à face ils étaient. Aucun mot ne se disait, aucun geste ne se faisait. Les alentours gémirent car les duellistes se mirent A regarder l’acier de leurs lames plongées dans la lave de leur haine.
Ils entamèrent leur sérénade adeux, les deux Duettistes partaient sur la bonne voie, Voit la voix du saxo au micro d’EmilIda.
De la plaine plaignante poussait cette plainte : « Pourquoi tant de déchirures, tant de brûlures de la lave de la haine, Pourquoi la paire a pourri à ce point de l’ultime combat ? ». Les duellistes faisaient taches qui se détachent pour tacher de toucher l’autre, coulé.
Ils jouaient à s’entendre, ils s’entendaient jouer à Merveille. Ils s’entendaient à merveille pour jouer à S’entendre pendant cent ans, pendant tout le temps.
Plus un mot ne bougeait, plus un geste ne se disait. Les pierres avaient froid comme des cœurs écœurés d’être en pierre. Les duellistes se donnaient ce à quoi ils s’adonnaient, Je veux dire le néant pour l’autre, l’univers pour soi.
Alors je dis non à l’ultime combat, Combat de cons battant et se battant de haut en bas. Alors je dis non à l’acier des lames plongées dans la froideur des cœurs. Alors je dis, viens m’initier A te regarder pour cent ans, pour tout le temps.
3
À TOUS LES DEUX
Des deux, il n’y a pas de préférence, Et pourtant, des deux, il y a de la différence. Deux illustres prénoms, Qui illustrent le désir porté par leur nom.
L’un, le grand, le premier né, Fierté de la lignée de son grandpère marseillais. Les chemins qu’il emprunte sont parfois étranges, Ses voies et sa voix souvent dérangent, Bousculant ces adultes imbéciles qui se prennent pour des maîtres Et qui veulent l’enfermer dans leur abject paraître. Adultes encore plus infantiles que lui, Croyant jusqu’à s’en étouffer que c’est l’exercice aveugle du pouvoir qui les a grandi. Haletants et hurlants demandeurs de respect, Incapables majeurs, de temps en temps, foutez lui la paix. Vous qui, trop souvent, êtes grossiers, Encore plus vulgaire que le caniveau, plein de saletés, Vous osez, emplis de morgue, exiger cette considération Que vous êtes infoutus de réfléchir, pauvres cons. Et pourtant, il faut bien que tu composes, Même si face à certains iniques, je sais, ça rend morose. Je me souviens du jour de ta naissance, Moi, t’accompagnant déjà, presque en transe. Ce jour là, tu m’as élevé au rang de père, Me donnant alors la responsabilité de toi, poignant ministère. Puis, après, dans ce parc où un jour nouveau lui aussi naissait, Ce sentiment mégalomaniaque que je ressentais, D’être le roi du monde, l’unique, Un sourire béat aux lèvres, superbe mimique. Mais maintenant, beaucoup d’eau s’est écoulée dans la clepsydre suprême. Le temps de l’innocence s’achève, pas de nouveau baptême.
4
Bientôt, un autre cycle viendra, nouveau, Alors, dans une étrange mue tu y laisseras ta vieille peau. Du chef, maître queue, tu revêtiras les habits blancs, Prenant plaisir à donner du plaisir en sustentant, Tu feras même s’affoler les papilles Des vulgaires grossiers qui maniaient, sur toi, si bien l’étrille. Et ce sera ta plus belle victoire, Leur envoyant à la face, par mets succulents interposés, combien leurs discours étaient aléatoires. Tu leur feras servir tout ton art Et tu recueilleras leurs bravos, pour toi dînatoires. Et moi, je serais toujours fier comme un paon Que tu sois mon fils, Alexandre, pour moi, le grand.
Le second, le cadet, né où je suis né, Résumant à lui seul cette double appartenance, Des vertes Vosges de part sa naissance, De la chaude Massilia de part le prénom que nous lui avons donné. Espiègle et malicieux, tu séduis ton entourage, Tu manies la logique du verbe Pour faire valoir, d’un ton parfois acerbe, Tes indignations que tu livres alors sans ambages. Ta faconde est, pour moi, une trace méridionale Et je veux voir en elle une partie de tes origines, provençales. Toi qui ne tolère pas l’injustice, Souvent dans les discours soi disant supérieurs des adultes tu t’immisces. Le spectacle de ton honnêteté Est beau et n’a d’égal Que ce que tu développes : ton intégrité. Oui, je l’affirme tu es sincère et loyal. Mais tu es aussi comme les mômes de ton âge, Bondissant, turbulent et pas toujours sage. Quoi de plus normal après tout. Et les pissefroids qui trouvent encore à redire Feraient bien, plus souvent, de se souvenir Qu’eux aussi, avant d’être fripés, ont été des boud’chous. Tu es l’amalgame réussi entre le nécessaire infantile Et le « deviens ce que tu es » qui te sortiras du puéril. Ô mon pitchoun, pour moi tu es déjà grand,
5
Et la taille n’a pas grandchose à voir là dedans. Beaucoup retiendrons le romain dans ton prénom, César. Moi, je veux faire référence à celui de Pagnol qui derrière son bar N’imaginais pas autre chose que l’amour Entre un père et ses fils, toujours.
6
ACCOLADE
Ton visage est pour l’instant loin de nous. Absent, il est pourtant bien présent, pas flou du tout. Tu as engagé une bataille, peutêtre même une guerre Dont tu sortiras vainqueur car tu le mettras à terre.
C’est un face à face qui manque, Comme la venue d’une figure en attente. En transit, mais pas sur une voie de garage, Tu franchiras cette porte comme un passage.
Tu continues à avancer vers la lumière, Dans ce solstice d’été, droite et d’une marche altière. Ton étoile te guide, avec toi toujours à l’unisson, Ta présence est indispensable dans nôtre chaîne d’union.
J’attends ton retour, même si tu n’es pas partie, Impatient d’autres accolades, pleines et jamais taries. Nous partagerons bientôt de nouvelles agapes, odes à la joie, Comme autant d’hymnes à la vie, pour toi.
7
ADDICTION
Tu as longtemps été mon héroïne. Ta blancheur était, pour moi, toute câline. Tu coulais dans mon sang, remontant jusqu’au cœur Que tu faisais battre, pour toi plein d’ardeur. Matin, midi et soir je te consommais sans modération Et pour cause puisque, pour moi, tu étais une passion. Tous mes jours étaient consacrés à toi. Sujet de mes pensées, en moi tu provoquais l’émoi. De toi, j’avais besoin de ma dose. De moi, tu avais fais ta chose. Extases sans cesse répétées, Nirvana toujours renouvelé, Je m’agenouillais devant toi juste pour te goûter Et toi tu savais t’y prendre pour me faire bander. Accroché à toi comme un wagon à sa locomotive, Sur des rails je te suivais dans une démarche contemplative. Pas de rupture possible, j’étais trop accroc. Musique trépidante et endiablée que je jouais fortissimo.
Mais, le temps passant, tu es devenu dépendance. C’est alors que notre relation a commencé à sentir le rance. Tout ce temps que je vivais comme un unisson N’était finalement qu’une sombre possession. Soumission à toi, je pensais être libre Mais, de ta maîtrise, tu me tenais par tous les fibres. Pour arrêter cet asservissement, il fallait un désenvoutement, Pour stopper cet assujettissement, il fallait un désenchantement. Décrocher était devenu la seule issue. Il me fallait rompre ce lien, sinon j’étais foutu. Chaque fois je me disais que c’était la dernière. Chaque fois je replongeais, cruel retour en arrière.
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J’étais bel et bien pris dans tes filets, Comme le lion de la fable, je me débattais dans ces rets. Pourtant, je voulais bien mettre fin à cette histoire, Voulant effacer une tache devenant de plus en plus noire. Mais, parfois la seule volonté ne suffit pas, Même quand on commence à entrevoir son trépas. Décrochages momentanés, Raccrochages presque instantanés. Ça tournait en rond et devenait délétère, Ça s’enlisait dans la fange, perspective mortifère. J’étais enlisé et empêtré jusqu’au cou, Presque noyé, à bout de souffle, dans cette boue.
Pourtant, même épuisé par tant de batailles perdues, Même touchant ton fond, je ne m’avouais pas vaincu. Et puis un jour, arrivé aux frontières de l’overdose, Alors que la faucheuse m’ouvrait ses bras dans une mortelle apothéose, Le déclic tant attendu se produisit. Et toi, mon héroïne, tu n’as plus été ma mie. Mon amour s’est réduit à une peau de chagrin. Rétrécissement aigu, j’ai lâché ta main. Mes sentiments se sont réduits en deçà du boson, De toi je n’étais plus le compagnon. Ma force de gravitation à ton endroit Etait devenue comme un poison, à force d’être une foi. Maintenant, c’est la fin de l’intoxication et tu n’es plus ma chérie, Après ce définitif sevrage, tu n’es même pas mon amie. Tous ces lustres de cheminement conjoint sont devenu brisure, Oui, je suis indifférent à toi dans cette définitive rupture.
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AMIEANTÉ
Comment pourrais je te dire Sans pour autant t’envahir, Comment pourrais je t’attendrir Sans pour autant vouloir te conquérir.
Non, point de conquête, Car avec toi ce serait pure perte. Tout juste un peu de séduction, Comme un léger soupçon De charme et d’attirance Qui de toi me fait apprécier la fragrance.
La joliesse de ta plastique Eclate et pétille dans mes yeux, Suggérant des pensées fantastiques, De décollages et d’envols merveilleux.
L’indépendance est l’un de tes apanages. Comme ces pays trop longtemps restés sous le joug, Tu étais emprisonnée, tu t’es libérée, sortie de la cage. Délivrance, comme un dégagement, coupe et atout.
Non, plutôt comme une île verte Que, doucement, il me plairait d’accoster. Seulement voila, tu n’es pas déserte Et toujours à distance me renvoie la marée.
Souvent je laisse mon esprit se lâcher, Et il me vient des rêves éveillés. Alors, tu apparais, limpide sirène. Non, pas l’Odysséenne Qui à notre perte nous entraîne. Mais bien la gracieuse scandinave, Subtile et délicate nudité, sans entrave.
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