Portrait de vie

Pierre Christen

Description

Ce livre est un recueil de courts portraits ayant comme objectif de croquer des êtres humains à un moment de leur vie. Si chaque personnage reste fictif, il n’en demeure pas moins que nous pourrions aisément les croiser dans notre quotidien. Chaque existence est précieuse. Dès lors il ne tient qu’à nous de la découvrir et la partager le temps d’une courte pause. Bonne lecture.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 19 avril 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782312009872
• Langue: Français

Extrait

Portrait de vie

Pierre Christen
Portrait de vie
Tome 1









LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00987-2
Avant-Propos
L’ouvrage qui vous est proposé est un recueil de courts portraits, ayant comme objectif de croquer les êtres humains à un moment de leur vie.

Si chaque personnage reste fictif, il n’en demeure pas moins que nous pourrions aisément les croiser aux détours d’une ruelle ou dans un café.

Il s’agit en fait de peindre la vie avec des mots.

C’est ainsi que par le biais de diverses descriptions, nous allons pouvoir, le temps d’une pause, partager le quotidien de nos semblables qui, comme nous, tentent de vivre au mieux sur cette belle et terrible planète, « bleue comme une orange ».

Chapitre I
R OULEZ JEUNESSE
Elle pédale avec énergie et son vélo file sur la piste cyclable qui longe le canal.

Un soleil lumineux réchauffe l’atmosphère de ce mois d’octobre. C’est l’époque de l’été indien qui nous laisse un souvenir des beaux jours.

Les cours ont repris depuis déjà 15 jours, et l’étudiante se plie doucement au rythme scolaire qui va bercer sa deuxième année d’après bac.

Le lycée parait très loin maintenant.

Désormais son quotidien se décline en heures de cours dans les amphis, en pauses déjeuner à la cafet, à engloutir des sandwichs poulet mayonnaise dans une ambiance décontractée, en pauses cigarette, pauses café, et soirées festives à se déhancher sur Matmata et Téléphone, en s’abreuvant de bière pas chère qui vous gonfle la panse.

Mais ce soir, ce sera simplement révision devant l’ordi en restant connecté au reste du monde, via internet.

Grâce à facebook, elle n’est jamais vraiment seul, et c’est tant mieux car la solitude l’angoisse, surtout depuis qu’elle a quitté le cocon familial pour venir s’installer dans sa chambre étudiante – qualifier ses appartements de petits serait un pléonasme – malgré tout, sur dix mètres carrés, elle a réussi à installer un lit, un bureau, une armoire et une table.

En rentrant, il faudra aussi réviser l’anatomie des méduses.

Tandis qu’elle file au vent sur sa monture métallique, la jeune fille aux cheveux noués, avec son sac en bandoulière, essaie de se rappeler des paroles du professeur qui a tenté de les instruire, mais malgré sa concentration, elle se souvient surtout de son voisin d’amphi, celui avec le long bouc et les cheveux en pétard, qui a marqué les esprits avec sa fameuse blague, que seul un étudient en licence de science de la vie peut apprécier, à savoir « qu’une méduse dans un œuf, c’est un cnidaire surprise. »

Ça la fait encore sourire en y repensant.
C’est aussi ça la fac, un peu d’innocence bercé d’insouciance.
À l’orée de la vie active, le campus est le dernier bastion de sa jeunesse, avant d’entrer bientôt dans un monde d’adulte et de cristalliser ses projets.

Son avenir, elle y pense parfois quand sa famille l’oppresse de questions, quand elle allume les infos, et qu’elle observe les sdf sur le bitume glacé en hiver.

L’angoisse de rater sa vie, c’est au moins ça que les vieux n’ont plus.

Au loin, la piste cyclable s’achève sur un grand carrefour très fréquenté.

Elle commence à ralentir, et des pigeons effrayés s’envolent sur son passage ; bientôt un feu rouge l’oblige à freiner.

Face à la route, la jeune sportive aux joues colorées par l’effort met un pied à terre, tandis que les moteurs de voiture vrombissent.

Elle aussi un jour aura une belle voiture avec un siège enfant à l’arrière, mais en attendant, elle préfère profiter encore un peu de ses folles années étudiantes, et engranger un maximum de souvenirs.
Quand elle aura un travail, un mari, et des enfants elle pourra alors se souvenir avec nostalgie de la jeune fille sur son vélo bleu acheté à Emmaüs, qui roulait par n’importe quel temps, affrontant le vent d’automne, le verglas d’hiver, et le soleil du printemps, avec les écouteurs dans les oreilles diffusant Mika, Nirvana, ou encore Jacques Brel, pour rejoindre chaque jours ses compatriotes à la fac, dans un bouillon de culture rempli de rêves, de projets, et d’espoirs, avant d’être livré en pâture à la dure réalité de notre société.
Chapitre II
L A FILLE DE SES RÊVES
Il se réveille dans la quiétude de la chambre. Ses yeux s’ouvrent doucement, et le soleil pâle de décembre filtre à travers la fenêtre.

Comme aujourd’hui c’est dimanche, ils ont pu dormir longtemps.
Dans la tiédeur du lit conjugal, le jeune homme savoure ce rare moment de bien-être et s’étire jusqu’à toucher le corps inerte et chaud qui dort encore, tout contre lui.