Post-scriptum
148 pages
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Post-scriptum , livre ebook

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Description

« Pluto, c’est mon surnom du moment. Ce serait une question de similitude physique avec le cador Black and Tan Coonhoud dans les dessins animés de Walt Disney. Ça me va : petit, mon nom de guerre, c’était le Chien. Qu’on m’appelle donc plutôt Pluto, même plus tard. »

Ce livre conclut une trilogie. Dans les deux premiers, l’un traitant de l’enfance et l’autre de l’adolescence, les quatre-vingts fragments de mémoire distillés étaient des bribes de vérité́ ou des fictions installées, ce qui importait peu. Les cinquante derniers textes présentés ici le sont encore, et cela n’a toujours aucune importance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414065820
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06580-6

© Edilivre, 2017
Avertissement
Je ne me souviens pas à quel moment (exactement) j’ai changé de costume.
Petit, à l’acmé de mon arrogance (ou pas loin), je pensais être immortel. Ah ! L’âge où l’acné commence à vous faire fuir les miroirs alors que vous tient au ventre l’envie irrépressible de vous y admirer. En réalité – car jamais je n’ai eu à expérimenter cette dermatose due à une inflammation des follicules pilo-sébacés – c’était la mollesse de mon corps qui m’éloignait de la psyché installée dans ma chambre. Adolescent, à l’apogée de ma connerie (pile poil) – soumis à l’atavisme matérialisé par d’incessants « moi je sais, vous avez tort et je vous emmerde tous » –, je pensais mourir à trente-trois ans, histoire de me flouer moi-même en me croyant une puissance insoupçonnée derrière le masque. Jeune, à l’apoastre (ou à peu près), de mes illusions et de mon innocence, sauvé par l’amour – comme le héros de « Young and Innocent », un thriller en noir et blanc de 1937 d’une durée exacte de 1 heure et 23 minutes, réalisé par ce cher vieil Alfred et distribué par Carlotta Films – et puisque j’en avais la force, j’entretenais ma flamme au foyer de l’incessante activité commune aux bien-portants. J’étais « strong », j’étais « in », j’allumais des feux sur tous les fronts. Après, au mitan du bastringue (à vue de nez), j’ai baissé de pied – comme tant d’autres –, et je me suis essoufflé en durant.
Je le sais depuis toujours, demain (qui n’est évidemment pas vécu, et par conséquent encore moins écrit) j’aurais à accepter de devenir une nature morte, et même une vanité.
« Mais l’enfance n’est ni nostalgie, ni terreur, ni paradis perdu, ni Toison d’Or, mais peut-être horizon, point de départ, coordonnées à partir desquelles les axes de ma vie pourront trouver leur sens. »
Georges Perec dans W. Ou le Souvenir d’enfance.
Ce volume est le troisième d’une trilogie dont « je » est le sujet. Dans les deux premiers, l’un traitant de l’enfance et l’autre de l’adolescence, les fragments de mémoire distillés étaient des bribes de vérité ou des fictions installées, ce qui importait peu. Sous leurs airs de résurgences simples, certains d’entre eux semblaient révéler des promesses de destins. Quelle émotion, quel événement ancien n’a jamais déterminé un futur ? Ici, en résonance avec les précédents, cinquante nouveaux textes continuent tant bien que mal de poursuivre une histoire. Épargné par les tempêtes dévastatrices, « je » passe de la jeunesse adulte à la maturité, et ses « après » ressemblent à s’y méprendre à des constats. Ces derniers fragments, dont certains sont difficiles à situer dans le temps, sont encore des bribes de vérité ou des fictions installées, ce qui importe toujours aussi peu.
Aux amours gravés à mon bras : Véronique ma femme, Cédric et Luc nos enfants.
Exergue

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue.
Socrate.
Enfin au tombeau l’errance terrestre disparue, puis au néant, bercée de rêves, l’âme…
Emilio Fortunato Scriba dans L’automne des Iroquois.
Au mieux : la niaiserie, l’éveil, l’apprentissage, la maturité, et enfin la mort, tranquillement.
Spencer Orhl dans La vie en tranches.
Bilan
Je ne me souviens pas quand m’a pris cette obsession du retour en arrière introspectif. Assez tôt, je pense. Je n’ai pas eu besoin d’atteindre l’âge naturel où il n’est plus raisonnable de croire aux lendemains qui chantent. De toute façon, on n’échappe pas à l’exercice. On le voudrait bien, mais non.
Où qu’on soit, devant soi, il y a une paille, un verre ou une bouteille vides. Ce sont les outils du diable qui n’ont de cesse d’attirer l’œil, qui invitent à farfouiller dans sa vie, à l’ausculter dans ses moindres détails, jusqu’à même y chatouiller le propriétaire de ces accessoires dont on sait qu’il habite justement là. On pourrait regarder ailleurs, oublier son nombril au prétexte que c’est jouer petit bras, préférer supporter le flot continu des nouvelles du monde avec ce rien d’angoisse partagée devenu obligatoire, mais non.
Malgré soi, on s’arme de la paille, on l’agite, on la contorsionne, on la plie. On pilonne le fond du récipient en faisant des bruits incongrus jusqu’à ce qu’on déniche son Enfant intérieur. On le jauge, on le menace ou on l’amadoue. Il marchande l’acuité nécessaire à nos regards pour revisiter ce qui a déterminé notre existence du moment. En quelque sorte, on s’apprivoise réciproquement. Et quand enfin on lui demande pardon, il guide nos patrouilles de reconnaissance par-delà le fond de ce verre ou de cette bouteille – qu’on aurait traversé comme un miroir – jusqu’à ce qu’on puisse relever la tête en sachant dire si notre vie elle-même est à moitié pleine ou à moitié vide. Un bilan convenable vaut de finir en vieillesse apaisée. Un bilan faible vaut son lot de regrets ou de remords. Le plus douloureux, c’est qu’on n’est même pas maître de l’évaluation. On le croit, mais non.
C’est le diable qui mesure.
Post-scriptum (1)
114
Jeune , mon adolescence juste terminée, j’empruntais souvent un autobus à plate-forme aux couleurs verte et crème sur la ligne 114 qui courait du Château de Villemomble à la Porte Jaune. Je montais à La Maltournée et je descendais à la Mairie de Nogent. Ce vieux bus aux allures de diligence désuète me menait vers les cafés où j’avais gardé des attaches. Un beau matin, on l’avait remplacé par une espèce de car rondouillard fermé en forme de cornichon.
J’avais eu immédiatement l’impression qu’après plus rien ne serait comme avant.
Ça fait peur !
Post-scriptum (2)
Clown
Jeune , j’avais un temps aéré mes bronches en Haute-Savoie dans une colonie de vacances désaffectée proche d’Abondance. Là, avec des copains de mon ancien bahut, j’avais suivi un stage de trois semaines auprès de circassiens. Le matin du jour de clôture, c’était mon anniversaire. J’entrais dans ma vingtième année, comme on disait dans ma famille ; il faut comprendre que je venais d’avoir dix-neuf ans.
Depuis le début de notre séjour, les artistes nous avaient seriné que chacun avait en lui son clown et qu’il nous fallait d’abord le débusquer avant de l’enrichir. Dans le petit bureau dont je revois encore la table en Formica et les chaises en plastique ajouré, la quinzaine de filles et de garçons réunis attendait qu’on lui donne des pistes à explorer plus tard pour que leurs recherches individuelles ne soient pas vaines. Au fur et à mesure, des sourires de reconnaissance éclairaient les visages de ceux à qui le chef de troupe glissait ses conseils à l’oreille. Je passais en dernier. J’étais impatient, j’attendais mon cadeau.
Quand mon tour était arrivé, il m’avait dit : « Toi, tu as beau te croire drôle, tu n’es ni un auguste, ni un contre-pitre, ni un clown blanc. Tu es, ou plutôt tu n’es pas, comment dire… ». Il n’avait pas trouvé de mot. Seul un long soupir échappé avait donné la mesure de l’abîme dans lequel il m’imaginait dégringoler.
Post-scriptum (3)
Précisions
Jeune , avant que la vraie vie – en m’attrapant par le col – m’y invite très fermement et que je ne puisse pas lui résister, on m’avait suggéré de travailler. Une activité à laquelle, adolescent, je criais haut et fort vouloir échapper.
À titre d’essai, avec quelques compères de mon âge rompus comme moi à ne jamais en foutre une rame, je m’étais fait embaucher par une société de distribution de prospectus – un boulot à réaliser sans qu’aucune formation ni aucun diplôme ne soit exigé, selon un secteur urbain prédéfini, sans liberté d’organisation de sa tournée ni de choix quant aux lieux des dépôts (pour que l’employé ne puisse pas cibler uniquement des barres d’immeubles où le travail est plus rapide et moins épuisant), sous condition d’un nombre minimum de publicités déposé par individu, sous surveillance régulière, et bien évidemment payé au lance-pierre. Le premier jour, une camionnette Peugeot 403 débâchée, proche de la casse, était venue nous prendre en charge à un point convenu. On s’était assis mollement sur le plateau-arrière en maudissant son inconfort. Cela se passait en janvier. Il était 7h30. On pelait. On avait démarré rapidement. Le vent giflait les joues. Comme souvent, je ne m’étais pas assez couvert et j’avais la goutte au nez au bout de quelques centaines de mètres. On s’était arrêté plusieurs fois en route pour charger d’autres gars plus âgés qu’on sentait habitués à l’exercice qui nous attendait. De loin, en voyant filer le véhicule à ciel ouvert, on aurait pu nous prendre pour des paysans mexicains partant s’échiner aux champs, le soleil ardent en moins.
Arrivés au premier quartier visé par la diffusion, un maître-chiot nous attendait, emmitouflé dans un (ou une) parka – manteau court à capuchon, en tissu imperméable, souvent matelassé et coulissé à la taille et aux poignets –, appuyé le (ou la) clope au bec contre la porte arrière ouverte rabattue sur un côté d’un second véhicule Peugeot dans un état aussi pitoyable que celui de la 403, une camionnette compacte J7 – en mètres : Longueur 4,74, Largeur 2, Hauteur 2,35 ; de type cabine avancée pile au-dessus du moteur sous le capot, dont la traction avant impose un rayon de braquage plus limité qu’un véhicule à propulsion mais qui permet un seuil de chargement très bas encore amélioré par la suspension à quatre roues indépendantes (pas d’essieu arrière rigide), avec un volume aménageable important pour les dimensions de ce petit camion automobile à charge réduite doté d’une formidable particularité : des portes de cabine coulissantes qui permettent de les laisser ouvertes en roulant. On apercevait, répartis sur le plancher de la fourgonnette – en mauvais aggloméré

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