Quelle est la blancheur de vos Blancs et la noirceur de vos Noirs?
88 pages
Français

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Quelle est la blancheur de vos Blancs et la noirceur de vos Noirs? , livre ebook

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Description

Quelle est la blancheur de vos Blancs et la noirceur de vos Noirs ? est un essai qui démontre scientifiquement que les soi-disant « races humaines » n’existent pas. Le parti pris pédagogique est l’ironie. Depuis l’origine du mot « caucasien » dans les fantasmes des voyageurs du XVIIe siècle qui visitèrent les harems orientaux, jusqu’à l’impossible définition de « races humaines », Christophe Oberlin, en s’appuyant sur nombre d’anecdotes personnelles, nous rappelle que la terminologie « races humaines » continue à être bien présente, notamment en science. Pourtant l’anthropologie moderne et la génétique démontrent, sans passion, l’ineptie que constitue cette notion. En illustrant son propos d’exemples historiques et actuels, l’auteur nous démontre à la fois l’absence de fondements scientifiques et en même temps la résistance opiniâtre, y compris parmi les médecins, de certaines idées reçues. La démonstration est claire et donne toutes les clés à ceux qui sont désireux de posséder un argumentaire solide, qu’ils soient élèves, enseignants, journalistes ou hommes politiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juillet 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332712097
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-71207-3

© Edilivre, 2014
Dédicace


A Michel Sakka
1 Une histoire de Caucasiennes
Connaissez-vous Jean Chardin ? Probablement son nom vous est inconnu.
Nous sommes au milieu du 17 ème siècle. Fils d’un joaillier de la Place Dauphine à Paris, protestant à une époque où il n’était pas bon de l’être, Jean Chardin entreprend, dès l’âge de 21 ans, un voyage en Orient : six longues années qui permettent à Jean d’apprendre le langage de ses hôtes, l’arabe d’abord, puis le persan.
A peine revenu de son premier voyage, Jean repart pour huit années cette fois. Il est accompagné d’un artiste qui dessine avec une précision quasi-photographique les cités traversées, les monuments, les costumes des habitants. La connaissance de la langue permet à cet esprit curieux de décrire la vie sociale, l’organisation politique et administrative : il devient le conseiller d’Abbas II et de Soliman III. Ses observations sont réunies dans un ouvrage monumental : douze volumes publiés à Londres en 1686 : « Voyages de Monsieur le chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient ».
Et bien Jean Chardin a beau être un grand écrivain et un intrépide explorateur, il n’en est pas moins un homme. Et il décrit avec un réalisme étonnant les mœurs des habitants de la Perse, et notamment les femmes qu’il suit jusqu’aux portes du harem du sultan.
« Les femmes sont plus étroitement gardées en Perse qu’en aucun endroit de la terre. J’en rapporte la cause à la luxure qui est naturelle en climat persan, et à la religion du pays qui permet de jouir de toutes les femmes qu’on peut avoir. Car, comme le climat est généralement chaud et sec, à ce degré auquel on ressent plus les mouvements de l’amour, la passion pour les femmes y est extrêmement violente, et par conséquent la jalousie y est aussi plus forte. La chaleur est si excessive qu’elle va jusqu’à épuiser la vigueur. »
Qu’en d’élégantes formules ces choses-là sont dites !
Chardin n’approche pas les belles du harem, enfermées qu’elles sont par trois murs successifs gardés par des hommes dont le dernier cercle constitué d’eunuques. Par contre il nous signale quand même que cette bonne ville d’Ispahan ne compte pas moins de 14 000 filles publiques dument enregistrées (car elles payent l’impôt).
Chardin nous fait une description imagée de sa première rencontre avec les « danseuses » : « Elles furent plus de deux heures sur la scène sans ennuyer » ! « Elles ont une agilité de corps incomparable, faisant des tours et des sauts si légèrement que souvent elles échappent aux yeux ».
Et elles font aussi du théâtre : « Les actrices épuisent la voix et les gestes. Elles sont mises comme hors d’elles-mêmes et transportées. Mais c’est là aussi où les yeux et les oreilles en qui il reste quelque pudeur sont obligés de se détourner, ne pouvant soutenir ni l’effronterie ni la lascivité de ces derniers actes. Cependant, cela ne blesse point la vertu persane, chez qui la continence passe pour un défaut » !
On comprend le succès de ces descriptions au retour de notre voyageur, descriptions dont s’inspire directement Montesquieu dans ses Lettres Persanes, notamment la troisième et la septième, celles que l’on ne recommande pas aux écoliers, et sur laquelle vous allez vous précipiter dès la fin de la lecture de ces lignes, avec la description du harem d’Usbek où l’attendent ses femmes, innombrables !
Mais si Chardin n’a pas vu les courtisanes du harem, il sait d’où elles viennent : « Le harem du roi est incomparable eu égard à la beauté des femmes qu’il renferme, car on y envoie continuellement les plus belles personnes du royaume… Elles sont Géorgiennes, Circassiennes, où il semble que la beauté répande ses charmes avec plus de libéralité qu’en aucun autre endroit du monde. »
Et j’en viens à notre sujet : les plus belles femmes du harem du sultan de Perse, les plus belles femmes du monde sont Géorgiennes et Circassiennes, c’est-à-dire Caucasiennes !
Jean Chardin en fait état, et le raccourcis est sitôt fait : « Puisque nous les Occidentaux sommes la lumière du monde, et donc forcément les plus beaux, nous descendons évidemment… des Caucasiens ! »
Ainsi est entré dans le vocabulaire courant et même scientifique, et jusqu’aujourd’hui encore, le terme de caucasien. Façon pseudo scientifique de signifier « blanc », par opposition aux « noirs »… Alors que, soit dit en passant, les habitants du Caucase sont discrètement basanés ! Une énorme supercherie, un véritable scandale sémantique, dont la trace reste profonde et ne s’est pas effacée jusqu’à nos jours.
2 La notion de « races humaines » dans l’étude de l’homme
L’étude scientifique de l’homme, l’anthropologie, est une science récente. Ce n’est que lorsque la planète fut à peu près explorée, l’Amérique et l’Asie découvertes, que l’anthropologie est apparue, en même temps que le colonialisme dont elle va constituer pour longtemps la caution scientifique. Si l’un de vos enfants fréquente l’un des nombreux établissements scolaires « Jules Ferry », méditez cette phrase que le député prononce à l’Assemblée nationale en 1885 : « Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » .
La brève histoire de l’anthropologie, quelques siècles, est donc parcourue d’embuches, d’erreurs grossières. Celles-ci font parfois rire, tant elles apparaissent évidentes, cousues de fil blanc, influencées jusqu’à la perversion par l’ambiance du temps.
Mais attention, nous vivons aussi un temps avec ses influences, ses erreurs et ses perversions… L’erreur se glisse parfois là où on ne l’attend pas. Et les mieux intentionnés des auteurs peuvent se casser magistralement la figure en une seule phrase. Chacun n’est pas, en général, totalement juste ou totalement absurde. Les deux aspects cohabitent allégrement. Ce qui montre bien que la pensée n’est pas nécessairement guidée par une idéologie malsaine, mais plutôt par une envie de savoir. Un savoir de tout temps influencé par les grandes idées ambiantes que l’on ne saurait remettre en question. C’est ce qui rend divertissante la lecture de certains ouvrages par un lecteur attentif.
Citons par exemple, au 18 ème siècle, la description de la Création du monde par le génial Buffon.
Buffon est un vrai scientifique qui tire logiquement les meilleures conclusions des données de l’observation. Pourtant, il ne lui échappe pas que si Dieu a créé la terre « le premier jour », cette notion même de jour implique l’existence du jour et de la nuit, c’est-à-dire celle du soleil. Créé probablement la veille ? Il faut lire alors ses explications alambiquées, totalement dépourvues d’humour, pour essayer d’échafauder une théorie plausible. Il n’est pas question pour Buffon de remettre en cause le créationnisme.
Mais au fait, aujourd’hui, certaines théories « néo créationnistes » ne redeviennent-elles pas à la mode ? Plus qu’une mode, puisque certains dirigeants d’envergure planétaire soutiennent ces théories. Et qu’il s’en est fallu de peu que celles-ci ne soient enseignées, « à égalité avec d’autres théories », dans les écoles du pays le plus puissant du monde.
Ne nous moquons donc pas trop de ces pionniers de l’anthropologie, et cherchons plutôt à comprendre leurs errements… pour ne pas les reproduire !
En tous cas, après l’engouement de Jean Chardin pour les harems orientaux, le terme « caucasien » est utilisé par les anthropologues, géographes, naturalistes, philosophes, notamment Meiners et Blumenbach en Allemagne.
Au 19 ème siècle, c’est l’Américain Morton dans son ouvrage « Crania Americana » en 1839 (démontrant la supériorité de l’intelligence américaine), qui reprend le terme, et aussi le Français Serres en 1860.
Mais un célèbre géographe français, Onésime Reclus, ne s’y laisse pas prendre : « C’est bien à tort que l’on a donné à la race blanche le nom de caucasique, puisque des hommes des origines les plus diverses vivent en nations ou clans sur les deux versants de la chaine ».
C’est alors que surgit Darwin, avec l’un de ses ouvrages monumentaux, « La descendance de l’homme » publié en 1871.
Curieusement, pour le grand public, le nom de Darwin est attaché à la notion de sélection naturelle en tant que mécanisme de l’évolution. Or la sélection naturelle a été décrite cinquante ans plus tôt par Lamarck, un français (cocorico), et fut même pressentie par Diderot au 18 ème siècle (re-cocorico). En fait, il serait navrant de réduire l’œuvre de Darwin à un mot : les observations et réflexions de ce génial auteur vont beaucoup plus loin.
Lorsqu’il aborde la question des « races » humaines, Darwin semble gêné aux entournures. Il attaque même fort bien le chapitre, se démarquant radicalement des anthropologues de son époque et de la plupart de ceux qui ont suivi : « Je n’ai nullement ici l’intention de décrire les soi-disant diverses races humaines ». Et cette excellente formule, « soi-disant races » est utilisée plusieurs fois par Darwin.
Sans nier pour autant frontalement l’existence des races humaines, le discours de Darwin est semé de bon sens. « Tout Européen nouvellement débarqué en Inde ne distingue pas d’emblée les diverses races indigènes, qui finissent ensuite par lui paraitre tout à fait dissemblables...

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