Aux sources du fleuve Congo

Paul Briart

Description

A la fin du XIXè siècle, Paul Briart voyagea jusqu'aux sources du Lualaba (le fleuve Congo à sa naissance) comme médecin d'une expédition belge, dont le but trompetté était "d'apporter la civilisation aux nègres" tout en les débarrassant des traiteurs "arabes" ou plutôt arabisés. Conquête et exploitation coloniale supposent le mépris du colonisé. Les carnets de Briart sont représentatifs de ce mépris général. Témoin neutre, il considère l'esclavage comme une fatalité, les pacifications comme nécessaires.

Sujets

• Colonisation
• Histoire
• Afrique subsaharienne
• République démocratique du Congo
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2004
• Nombre de lectures: 179
• EAN13: 9782296330283
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 19 Mo

Extrait

Docteur Paul Briart
édité par Dominique Ryelalldt
AUX SOURCES DU FLEUVE CONGO
Carnets du Katanga
(1890-1893)
Éditions L'HARMATTAN
5-7 rue de l'Ecole-Polytechnique
75005 - PARIS
3Paul Briart (1860-1920). Docteur en médecine de 1"Université I--iibre de
Bruxelles, l'auteur fait plusieurs voyages aux Etats-Unis en qualité de 'médecin de
bord sur la ligne Red Star Line (1888-1890). 11est alors engagé par la Compagnie
Congolaise pour leÇommerce et l'Industrie (CCCI) pour accompagner
l'expédition au Katanga dirigée par Alexandre Delconmlune (1890-1893). Il est
ensuite engagé par Delcommune , devenu Administrateur-Directeur de la SAB
(Société Anonyme Belge pour le Commerce du Ht-Congo) pour l'organisation des
transports de cette société dans le Bas-Congo. TIdevient directeur de la SAB au
Congo de 1898 à 1908, et administrateur de cette société en 1908. En 1909, il
fonde avec L. Thierry la société commerciale «Belgo-Katanga ». Pendant
l'occupation allemande de 1914-1918, il est pris comme otage et déporté en
Allemagne ce dont il se remettra mal. TImeurt en Belgique en 1920.
.
Etudes de Paul Briart :
- « Les fortifications indigènes au Congo » ~
- « Les plantes alimentaires du Congo» ;
- « Le climat du Katanga» ;
- « Les richesses minérales du Congo» ;
- « Profil de la chaîne des Mitumba de Bunkeia au lac Kisale ».
Dominique Ryelandt, éditeur du présent texte, est né à Bnlges en 1932. Il est
licencié en Sciences Politiques et Sociales de l'Université de Louvain. Il a fait une
grande partie de sa carrière (1960-1982) en Afrique, dans le cadre de la
Coopération Technique Belge: Congo-Kinshasa, Cameroun, Maroc, Sénégal,
Mali, Guinée-Conakry, Côte d'Ivoire.
En couverture: Paul Briart
@ L'Harmattan 2003
ISBN: 2-7475-4861-9
4Avant-propos
Les textes manuscrits des carnets de route et des lettres du docteur Briart
concernant l'expédition d'Alexandre Delcomn1une au Katanga en 1890-1893 se
trouvent aux archives du Fonds Stanley (Musée Royal de l'Afrique Centrale, à
Tervuren-Bruxelles). TI en existe au mêlne endroit une copie dactylographiée
incomplète. La famille possède également une version dactylographiée, plus
complète, faite par Gaston Bliart, neveu de l'explorateur.
C'est grâce à l'amabilité de Jean-Paul Emonds-Alt, petit-neveu du docteur
Briart, que nous avons eu co'nnaissance de ces textes.
Monsieur M. Walraet, conseiller au Comité Spécial du Katanga, s'est
inspiré de ces carnets de route pour faire, en 1956, un exposé d'une quinzaine de
pages sur l'expédition Delcommune au Katanga. Mais le texte des carnets n'a
jamais été publié. Il a d'ailleurs été écrit sans idée de publication: il s'agit de notes
prises au jour le jour, et destinées au père de l'auteur, sans aucun souci de la forme.
La publication intégrale des carnets de route et des lettres n'était pas
possible pour plusieurs raisol1s : le style en est tellement sommaire que la lecture en
est très pénible. Il y a de plus de nombreuses redites, les lettres reprenant souvent
textuellement les notes du carnet de route.
Les carnets de route comprennent de nombreux dessins à la plume
représentant des huttes, des tatouages, des coiffures... Ils n'ont pas été repris ici:
en reprendre quelques uns n'offrait guère d'intérêt, et les reprendre tous était
impossible.
L'intérêt de ce texte est qu'il est spontané: le docteur Briart décrit ce qu'il
voit et ce qu'il fait, avec les yeux et la mentalité de l'époque, sans chercher à se
créer un personnage. Al' opposé, Alexandre Delcommune a écrit ses souvenirs sur
cette expédition, mais il l'a fait 30 ans plus tard, dans l'idée d'une geste héroïque,
et avec la mentalité de 1922.
Notre travail a donc consisté à améliorer un peu le style de l'original, à
supprimer les doublets journal-lettres, et à supprimer les passages évoquant des
événements familiaux. Nous avons également essayé de restituer l'orthographe des
noms propres, mais sans y être toujours parvenu. Cela est particulièrement vrai
pour les noms de lieux, ceux-ci s'identifiant souvent au nom du cheflocal.
En dehors de cela, nous avons tenu à respecter complètement J'approche et
le regard de l'auteur, quitte à garder certaines lourdeurs dans le texte afin ne pas
édulcorer le témoignage.
Les textes entre [ ] et en italiques 80nt des explications brèves, ren1plaçant
les notes bas de page.
En annexe, nous avons mis de courtes notices biographiques sur les
personnes rencontrées ou citées par l'auteur. Il ne s'agit pas d'un travail
d'historien, ni d'une recherche originale, mais d'une compilation effectuée à partir
de :
Biographie Coloniale Belge et Biographie Belge d'Outre-Mer (Académie Royale des
Sciences d'Outre-Mer) ~
.N'allezpas là-bas! de Van Balberghe et Fettweis (Archives et Musée de la Littérature,
1997 ~
5La vie tragique du lieutenant Lippens de George-.Henri Dmnont (éd. J-M Collet,
1988)~
Katanga de René Cornet (éd. Cuypers, 1944)
Congo
- mythes et réqlités de Jean Stengers (Duclllot, 1989)
L'Etat Libre du Congo, paradis perdu de Jules Marchal (éd Borgloon 1996)
Nous avons divisé le texte en chapitres auxquels nous avons donné des titres séquentiels.
Enfin, une carte -très sommaire- se trouve au début du volume.
Nous remercions particulièrement Michel Van der Vennet et Michel
Buisseret pour leur amicale collaboration en documentations et en conseils
techniques.
6Introduction: le contexte historique
L'organisme couvrant l'action du Roi Léopold II en Afrique a eu
successivement plusieurs structures et plusieurs appellations:
la Conférence de Géographie (1876)
l'Association Internationale Africaine (septembre 1876)
le Comité d'Etudes du Haut-Congo (1878) du Congo (1882-1885)
l'Etat Indépendant du Congo (1885-1908)
En marge de la Conference de Berlin sur l'Afrique (1884-1885), Léopold II
se voit reconnaître par les différentes puissances l'autorisation de créer un Etat
correspondant grosso modo au bassin du fleuve Congo, état qui n'établirait pas de
barrières douanières. La carte délimitant cet immense telTÎtoire était forcément
assez sommaire, la géographie de l'Afrique centrale comprenant encore de
nombreuses inconnues. Cette carte fut d'ailleurs subrepticement modifiée
ultérieurement par Léopold II pour y ajouter le Katanga.
L'Acte Général de Berlin qui clôturait la Conférence 'prévoyait la liberté du
commerce en Afrique centrale, ce qui ne fut pas respecté. Il spécifiait également
l'obligation d'occuper et d'administrer effectivement le terrain, sous peine de
perdre ses droits. Pour les limites les plus reculées du Congo, cela voulait un peu
dire que le terrain appartiendrait au premier occupant.
*
* *
En 1885, le Katanga était encore peu connu en Europe, et les explorateurs
Cameron, Bôhm et Reichard, Capello et Ivens, n'avaient fait que le traverser. Mais
il avait la réputation d'être très riche, et de posséder notamment des mines d'Of.
L'Angleterre ne montrait à ce moment guère d'enthousiasme à étendre ses
colonies, mais Cecil Rhodes, le magnat sud-africain des diamants et de l'or, crée
son propre empire en 1889 avec la British South Africa Corporation, qui occupe les
deux Rhodésie. Il tente de s'étendre au Katanga. D'où l'expédition Thomson, qui
visait à obtenir l'allégeance du roi Msiri à la British South Africa Corporation.
Cette situation explique la hâte de Léopold II à conquérir et à occuper le
plus de territoires possibles vers le Sud-Est (le Katanga) et vers le Nord-Est (son
projet de s'étendre jusqu'aux sources du Nil, voire jusqu'à Khartoum). Presque
simultanément, il envoie donc vers le Katanga quatre expéditions.
En novembre 1889, ordre est donné au capitaine Paul Le Marinel de mettre
sur pied et de diriger une expédition de reconnaissance et d'occupation du Katanga.
Il s'agit de créer un poste de l'Etat à Bunkeia et d'obtenir le ralliement du roi
Msiri. Mais Le Marinel doit d'abord assurer ses arrières en créant un poste fortifié
sur le Sankuru, à Lusambo.
TI part finalement de Lusambo le 23 décembre 1890, avec le capitaine
Descamps, le lieuten