Expédition nocturne autour de ma chambre
53 pages
Français

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Expédition nocturne autour de ma chambre , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 144
EAN13 9782820607003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Exp dition nocturne autour de ma chambre
Xavier de Maistre
1825
Collection « Les classiques YouScribe »
Faitescomme Xavier de Maistre, publiez vos textes sur YouScribe
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ISBN 978-2-8206-0700-3
Préface

Xavier de Maistre.
Né à Chambéry en 1763, Xavier de Maistre appartenait à unefamille de magistrats. Son père était président du Sénat de Savoieet son frère Joseph fut membre de la même assemblée jusqu’àl’invasion du pays par les Français. Xavier choisit le métier desarmes. Officier sarde, il ne voulut point servir le conquérantfrançais. Lorsqu’en 1802 son frère fut nommé par Victor-Emmanuel1er, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, Xavier le suivit en Russie ets’engagea dans l’armée du Tsar. Il participa comme officier auxcampagnes du Caucase et de Perse, puis il s’établit dans lacapitale russe, qu’il ne quitta plus, sinon pour faire un voyage enFrance, quelques années avant sa mort. C’est à Saint-Pétersbourg eneffet, que Xavier mourut, en 1852.
L’œuvre de Xavier de Maistre n’est pas très abondante, mais elleest d’une clarté, d’un esprit essentiellement français. Chacun deses courts ouvrages : Voyage autour de ma chambre (1794), Le Lépreux de la cité d’Aoste (1811), Les Prisonniersdu Caucase et La Jeune Sibérienne (1825),l’ Expédition nocturne autour de ma chambre , sont despetits chefs-d’œuvre de style, de simplicité et de naturel.
Les circonstances dans lesquelles Xavier de Maistre se mit àécrire sont assez curieuses. Officier, en garnison dans la petiteville d’Alexandrie, en Italie, une malencontreuse affaire de duelle fit mettre aux arrêts pendant plusieurs jours. Le jeune officieraccepta la punition avec philosophie. Ne pouvant quitter sachambre, il se plut à passer en revue les objets qui l’entouraient,notant les réflexions que ceux-ci lui inspiraient, les souvenirsque chacun évoquait en son esprit. Il confia le cahier contenantcette série d’impressions à son frère, lequel avait acquis déjà àcette époque une enviable renommée grâce à la publication de sesLettres d’un royaliste savoisien. Le comte Joseph de Maistre trouval’essai de son cadet, original et d’une réelle valeur littéraire. Al’insu de son frère, il décida de le faire éditer. Ainsi, Xaviereut la surprise et la grande satisfaction de relire son ouvragesous la forme d’un volume imprimé !
On ne pourrait donner sur l’œuvre de Xavier de Maistre, uneappréciation plus concise et plus juste que celle de MM. JosephBédier et Paul Hazard dans leur « Histoire de la littératurefrançaise » : « Xavier eut en partage, écrivent ces auteurs,l’observation fine et délicate, l’humour, une sensibilité toujoursdistinguée : toutes qualités aimables, dont se pare ce charmant Voyage autour de ma chambre qui a fondé sa réputation. Ilsavait jouer nonchalamment avec les idées et les sentiments etinviter le lecteur à participer lui-même à ce jeu. Il n’était pastrès profond, bien qu’il ne manquât pas d’humanité ; mais dansle domaine intermédiaire entre les émotions superficielles et lespassions obscures de l’âme, il était roi. »
Ne terminons pas ce bref aperçu biographique, sans épingler cemot charmant de Xavier de Maistre, qui eut toujours une profondeadmiration pour son illustre aîné, l’auteur des « Soirées deSaint-Pétersbourg », « du Pape », et des « Considérations sur la France » : « Mon frère et moi, nousétions comme les deux aiguilles d’une montre : il était la grande,j’était la petite ; mais nous marquions la même heure, quoiqued’une manière différente ».
R. Oppitz
Chapitre 1

Pour jeter quelque intérêt sur la nouvelle chambre dans laquellej'ai fait une expédition nocturne, je dois apprendre aux curieuxcomment elle m'était tombée en partage. Continuellement distrait demes occupations dans la maison bruyante que j'habitais, je meproposais depuis longtemps de me procurer dans le voisinage uneretraite plus solitaire, lorsqu'un jour, en parcourant une noticebiographique sur M. de Buffon, j'y lus que cet homme célèbre avaitchoisi dans ses jardins un pavillon isolé, qui ne contenait aucunautre meuble qu un fauteuil et le bureau sur lequel il écrivait, niaucun autre ouvrage que le manuscrit auquel il travaillait.
Les chimères dont je m'occupe offrent tant de disparate avec lestravaux immortels de M. de Buffon, que la pensée de l'imiter, mêmeen ce point, ne me serait sans doute jamais venue à l'esprit sansun accident qui m'y détermina. Un domestique, en ôtant la poussièredes meubles, crut en voir beaucoup sur un tableau peint au pastelque je venais de terminer, et l'essuya si bien avec un linge, qu'ilparvint en effet à le débarrasser de toute la poussière que j'yavais arrangée avec beaucoup de soin. Après m'être mis fort encolère contre cet homme, qui était absent, et ne lui avoir rien ditquand il revint, suivant mon habitude, je me mis aussitôt encampagne, et je rentrai chez moi avec la clef d'une petite chambreque j'avais louée au cinquième étage dans la rue de laProvidence . J'y fis transporter dans la même journée lesmatériaux de mes occupations favorites, et j'y passai dans la suitela plus grande partie de mon temps, à l'abri du fracas domestiqueet des nettoyeurs de tableaux. Les heures s'écoulaient pour moicomme des minutes dans ce réduit isolé, et plus d'une fois mesrêveries m'y ont fait oublier l'heure du dîner.
O douce solitude ! j'ai connu les charmes dont tu enivrestes amants. Malheur à celui qui ne peut être seul un jour de sa viesans éprouver le tourment de l'ennui, et qui préfère, s'il le faut,converser avec des sots plutôt qu'avec lui-même !
Je l'avouerai toutefois, j'aime la solitude dans les grandesvilles ; mais, à moins d'y être forcé par quelque circonstancegrave, comme un voyage autour de ma chambre, je ne veux être ermiteque le matin : le soir, j'aime à revoir les faces humaines. Lesinconvénients de la vie sociale et ceux de la solitude sedétruisent ainsi mutuellement, et ces deux modes d'existences'embellissent l'un par l'autre.
Cependant l'inconstance et la fatalité des choses de ce mondesont telles, que la vivacité même des plaisirs dont je jouissaisdans ma nouvelle demeure aurait dû me faire prévoir combien ilsseraient de courte durée. La Révolution française, qui débordait detoutes parts, venaient de surmonter les Alpes et se précipitait surl'Italie. Je fus entraîné par la première vague jusqu'à Bologne. Jegardai mon ermitage, dans lequel je fis transporter tous mesmeubles, jusqu'a des temps plus heureux. J'étais depuis quelquesannées sans patrie, j'appris un beau matin que j'étais sans emploi.Après une année passée tout entière à voir des hommes et des chosesque je n'aimais guère, et à désirer des choses et dès hommes que jene voyais plus, je revins à Turin. Il fallait prendre un parti. Jesortis de l'auberge de la Bonne Femme , où j'étaisdébarqué, dans l'intention de rendre la petite chambre aupropriétaire et de me défaire de mes meubles.
En rentrant dans mon ermitage, j'éprouvai des sensationsdifficiles à décrire : tout y avait conservé l'ordre ;c'est-à-dire le désordre dans lequel je l'avais laissé : lesmeubles entassés contre les murs avaient été mis à l'abri de lapoussière par la hauteur du gîte ; mes plumes étaient encoredans l'encrier desséché, et je trouvai sur la table une lettrecommencée.
Je suis encore chez moi, me dis-je avec une véritablesatisfaction. Chaque objet me rappelait quelque événement de mavie, et ma chambre était tapissée de souvenirs. Au lieu deretourner à l'auberge, je pris la résolution de passer la nuit aumilieu de mes propriétés. J'envoyai prendre ma valise, et je fis enmême temps le projet de partir le lendemain, sans prendre congé niconseil de personne, m'abandonnant sans réserve à laProvidence.
Chapitre 2

Tandis que je faisais ces réflexions, et tout en me glorifiantd'un plan de voyage bien combiné, le temps s'écoulait, et mondomestique ne revenait point. C'était un homme que la nécessitém'avait fait prendre à mon service depuis quelques semaines et surla fidélité duquel j'avais conçu des soupçons. L'idée qu'il pouvaitm'avoir emporté ma valise s'était à peine présentée à moi que jecourus à

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