La cuisine des révoltés du Bounty
147 pages
Français

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La cuisine des révoltés du Bounty , livre ebook

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Description

"J'ai voulu avec mon voilier La Railleuse aller voir sur place ce qu'étaient devenus les descendants des révoltés du Bounty. De marin de La Railleuse, je suis devenu marin du Bounty. J'ai vécu les rigueurs de la vie à bord d'un navire de Sa Gracieuse Majesté au XVIIème siècle et la douceur des fêtes à Tahiti, les rêves et les moments de désespoir sur un rocher perdu dans les mers du Sud. J'ai partagé le requin à la choucroute et la langouste cuite à l'étouffée, la portable soupe et les petticoats tails, le kava des Polynésiens et le punch au rhum des Antilles."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 241
EAN13 9782336281605
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mise en page : Julien Denieuil
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296042933
EAN : 9782296042933
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Collection Là-bas Dedicace Epigraphe I - Pacifique sud. Le 7 octobre 1964. 04h. 2 - Le Bounty et sa mission 3 - Le grand départ 4 - Tahiti et sa cuisine 5 - Mutinerie 6 - La fin de l’histoire Épilogue Bibliographie Remerciements à :
La cuisine des révoltés du Bounty

Eric Deschamps, Eric Deschamps (auto-entrepreneur)
Collection Là-bas
dirigée par Jérôme MARTIN
Déjà parus :
J. A. MEIJN VAN SPANBROEK, Le voyage d’un gentilhomme d’ambassade d ’ Utrech à Constantinople . Texte présenté et annoté par C. VIGNE, 2007.
Louis GIGOUT, Syracuse, 2007.
Aline DUREL, L’imaginaire des épices, 2006.
Henri BOURDEREAU, Des hommes, des ports , des femmes , 2006.
Gérard PERRIER , Le pays des mille eaux, 2006.
Fabien LACOUDRE, Une saison en Bolivie , 2006.
Arnaud NOUÏ. Beijing Baby, 2005.
À mes fils Quentin et Robinson
« On ne saurait trop insister sur l’utilité de la choucroute... »
James Cook (Deuxième voyage)
La Railleuse
I
Pacifique sud. Le 7 octobre 1964. 04h.
LA question est : faut-il matérialiser un fantasme, un rêve ou ne vaut-il pas mieux le laisser dans l’abstraction, dans le flou et l’imprécision ? Je n’ai pas trouvé Tahiti à la hauteur de mes rêves. Dois-je alors rendre visite à Pitcairn, l’île où se sont réfugiés les révoltés du Bounty qui hante l’imaginaire de tous les navigateurs ? J’hésite tout en sachant que je ne vais pas résister au plaisir de suivre le sillage de cette légende. Nous sommes cinq à bord, Yves le Parisien, René le Breton, Santiago le Pascuan, Puck le chien et moi, propriétaire et « maître après Dieu ». La Railleuse est un ketch de quarante-trois tonneaux construit aux Sables d’Olonne en 1950. Un bon bateau de travail qui a fait ses preuves.
Le dernier point d’hier midi donne 20° de latitude sud et 129° de longitude ouest. La mer est belle. Venant de Papeete, babord amures, notre voilier taille gentiment sa route vers l’île de Pâques où nous attend un « explorateur-conférencier » déposé quelques mois plus tôt. Il est venu pour révéler que les « mystères » n’en sont plus depuis qu’il sait que les extra-terrestres sont à l’origine des statues géantes. Des forces magnétiques autant que gravitationnelles ont pris les « moaï » (nom polynésien des statues) par la main et les ont déposés à leurs places actuelles. Il fallait y penser.
Notre voilier a appareillé un an et demi plus tôt d’Antibes pour Rapa Nui (nom polynésien de l’île de Pâques). Nous avons fait escale aux Canaries, aux îles du Cap-Vert, et, après la traversée de l’Atlantique, aux îles du Salut et en Guyane, à Trinidad, à la Guadeloupe. À Curaçao nous avons traversé Panama et son canal et jeté l’ancre à l’île Coco où nous n’avons pas trouvé le trésor caché selon la légende par des pirates farceurs, puis les Galapagos et enfin l’île de Pâques.
Des mouillages forains peu sûrs et l’hiver austral menaçant nous ont fait chercher un abri à Tahiti pour revenir avec le beau temps. Tahiti - île de Pâques, la route est longue et les îles Gambier sont une escale sympathique. Nous y avons embarqué trois cents noix de coco germées pour les planter sur l’île de Pâques. Pour le moment, un seul cocotier s’obstine à pousser sur son sol rocheux et il ne donne pas de fruits. Les anciens de l’île m’ont demandé de leur ramener de quoi faire un nouvel essai d’acclimatation. L’idée qu’on dise un jour peut-être que c’est La Railleuse et son équipage qui ont introduit les cocotiers sur l’île de Pâques n’est pas pour me déplaire.
H.M.S. (His Majesty Ship) Bounty en 1787, a eu une mission similaire, ramener des plants d’arbre à pain de Tahiti pour les acclimater aux Antilles. Les colons anglais qui avaient des intérêts dans ces îles cherchaient à l’époque une nourriture abondante et bon marché pour leurs esclaves. Avec l’accord du roi Georges III, un bateau est acheté et équipé spécialement aux chantiers navals de Depford. Il devient H.M.S. Bounty et sous les ordres du Capitaine Bligh sera dépêché en 1787 dans le Pacifique qui commence à être connu des navigateurs, afin de ramener ce miracle végétal. En plus de l’équipage proprement dit, un botaniste et un jardinier sont attachés à la surveillance des précieux plants. Bligh connaît le Pacifique et a navigué sous les ordres de Cook.
L’aventure s’est mal terminée.
Bligh est un excellent marin, mais un imbécile arrogant, qui a autant de psychologie qu’un plomb de sonde, paranoïaque affublé d’un énorme complexe de supériorité, totalement inapte à la vie en communauté. D’après les témoins, il est vaniteux, coléreux, insultant, méprisant et ne semble pas avoir besoin d’amitié. Bien que doué, il se rendra tellement antipathique lors de son voyage sous les ordres de Cook, que ses travaux cartographiques ne seront pas mentionnés dans les comptes rendus officiels du voyage. Sur le Bounty, il réussira à se mettre à dos tout son équipage par des restrictions, des punitions, des décisions arbitraires qui le mèneront tout droit à la catastrophe. D’ailleurs, la mutinerie du Bounty ne sera pas la seule de sa carrière.
Qui sont les mutins ? Fletcher Christian, 24 ans, originaire d’une excellente famille de l’île de Man, doit être un brave gars poussé à bout par Bligh, mais lui non plus n’est pas à sa place et il est très vite dépassé par les évènements qu’il a déclenchés. Bligh, de souche beaucoup plus modeste doit prendre un malin plaisir à l’humilier. Lors du procès, il le décrira comme un homme solide, de teint brun, mais sujet à transpirations subites et abondantes. « Il salissait tout ce qu’il touchait avec ses mains moites ».
Les châtiments corporels sont tout à fait courants sur les navires de sa Majesté et Bligh n’est pas désigné comme un monstre par ses pairs quand il fait fouetter un homme. Un commandant avait en temps de guerre droit de vie et de mort sur son équipage.
Il faut lire les terribles « Naval Articles of War » dont l’article 19 précise : « Toute personne dans ou appartenant à la Marine qui aura fait ou essayé de faire une mutinerie, sous quelque prétexte que ce soit, toute personne qui s’en sera rendue coupable et aura été convaincue par un jugement de conseil de guerre, sera punie de mort. »

Pitcairn, carte de l’époque
On verra comment la perversité et la mesquinerie de Bligh poussèrent ses marins à prendre un tel risque.
J’assure le quart qui voit se lever le soleil. Pitcairn est là, dans la brume, telle qu’elle dut apparaître aux yeux de Christian et de ses compagnons deux siècles plus tôt. Quand René vient me remplacer, je ne vais pas me coucher, mais après un bon café, je cherche dans la bibliothèque du bord tout ce que j’ai pu trouver sur le sujet depuis que je rêe de mers lointaines. Pendant ce temps, Puck le chien n’en peut plus de tendre sa truffe vers cette terre inespérée qu’il a, lui aussi, repérée. Depuis un moment déjà, comme à son habitude quand il sent une escale proche, il se retient de toutes ses forces pour arroser comme il se doit les arbres du coin et marquer ainsi son nouveau territoire. Je me souviens d’une arrivée dans le port d’Alicante oùn’en pouvant plus, il avait vidé sa vessie sur les bottes d’un garde-civil médusé. Cela nous avait coûté une bouteille de whisky pour laver l’affront et éviter d’être fusillés sur place par le type fou de rage. Pour l’instant, Puck fait la navette en aboyant entre le barreur et le trou de l’écubier, juste à hauteur de ses petites pattes. Il est parcouru de frissons d’impatience en guettant les premières senteurs venant de terre.

PITCAIRN
Ce rocher perdu a été découvert par l’Anglais Carteret en 1767. Mais, à cause d’une erreur de deux degrés en longitude, Pitcairn est mal positionnée sur les cartes de l’époque. Ce détail permettra aux mutins de rester introuvables pendant presque vingt ans. Carteret décrit ainsi l’île dans son Voya

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