Le nègre blanc
202 pages
Français

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Le nègre blanc , livre ebook

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Description

Le band a terminé son show, pis ç'a été l'hystérie. Le cortège était de retour. Les gens hurlaient, scandaient des slogans partisans. La version black de 1984. Mes moves de ninja étaient prêts. Le cortège s'est arrêté aux grilles, et un tumulte s'est élevé. Ils revenaient bredouilles. Les lumières se sont éteintes. Les gens sont retournés chez eux, dociles...



Monsieur Compaoré n'était pas venu...


Jérôme Claveau se réveille un lundi matin, la tête gonflée, face à un urinoir. Depuis combien de temps n'est-il plus présentable? Son téléphone sonne : sa demande de stage en travail social au Burkina Faso est acceptée. On vient de lui donner plus qu'une opportunité... on lui donne une raison de vivre.


Le nègre blanc n'est pas un récit de voyage au ciel bleu et à la mer calme. Durant deux mois, Jérôme a vécu l'Afrique pure, les misères, les injustices, les incongruités... mais aussi les brins d'optimisme et les drôleries. Dans un langage cru, souvent violent, souvent amusant, il raconte avec concision et sans tabous son parcours au pays des hommes intègres...



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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2015
Nombre de lectures 26
EAN13 9782924255377
Langue Français

Extrait

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Le nègre blanc Récit Matopée
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Note de l'auteur Tous les événements relatés dans ce livre sont véridiques. Toutes les réflexions qui y sont inscrites sont celles que j'ai eues alors que j'étais au Burkina Faso. Je n'ai rien censuré, sauf les noms des stagiaires et accompagnatrices, que j'ai modifiés parce que je ne veux pas que vous vous fassiez une idée de qui sont ces personnes merveilleuses en vous basant seulement sur ma vision des choses au moment où les événements se sont produits, vision qui était des plus étroites, quand je la regarde avec du recul... ces personnes sont merveilleuses, point final. Je les aime, de tout mon cœur... Aussi, merci à Xavier Arpin-Delorme, de m'avoir gentiment donné le livre qui m'a servi de journal de voyage. C'est ce qui m'a permis de replonger dans mes souvenirs et d'écrire ce livre, qui est une transcription pratiquement telle quelle de mon journal original. Pis merci à ma maman (celle du Québec), de m'avoir toujours encouragé à réaliser mes rêves.
« Si j'en avais le pouvoir, je marcherais sans cesse à la limite du jour et de la nuit, histoire de profiter de la froideur des étoiles et de la chaleur du soleil. » 8 octobre 2007, quelque part au-dessus de l'Atlantique
Prologue « Câlisse que j'haïs ma vie ». C'est sur cette idée-là que j'commence un lundi matin des plus pénibles. Comme tous les lundis matins. Comme toutes les ostie d'journées des 23 dernières années – à quelques exceptions près. Lundi matin, et je suis lendemain d'brosse. Ça fait déjà quelques heures que j'suis levé, mais j'viens tout juste de me réveiller, au Cégep de Jonquière, devant un criss d'urinoir puant. J'tente tant bien que mal de boire mon café, mais l'arrière-goût de bière, de cigarette pis de pot m'empêche de l'apprécier. Je bois tout croche, pis je sens le café chaud me couler dans barbe... câlisse que ça pue... ostie, c'est pas l'urinoir, c'est mes cheveux qui sentent la marde. Une criss de chance que je suis tout seul à matin. Une criss de chance que y a personne d'autre dans les toilettes... Ça fait combien de temps que je suis plus présentable?
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Ma sortie des limbes est interrompue par un vrombissement dans mes culottes; mon cellulaire qui vibre. Je réponds tant bien que mal en essayant de poser mon café sur le rebord de l'urinoir. Ouin? Jérôme? C'est Manon. Ouin? Tu dois t'douter de pourquoi j't'appelle? M'en douter? Câlisse, c'est la raison pourquoi je suis lendemain de brosse un lundi matin... du moins, une des raisons. La veille, j'étais en journée d'entrevues pour le stage au Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest. Le stage ultime en Techniques de travail social à Jonquière. La chance pour neuf étudiants en troisième année d'aller faire de quoi à l'autre bout de la planète. C'est tellement hot comme stage qu'ils choisissent leur monde genre neuf mois à l'avance pour les préparer. On était une vingtaine à avoir donné notre nom, faque la compétition était féroce. Mais pas pour moi. Les entrevues, c'était une formalité, pour moi. C'est pour ça que j'ai pas été surpris quand elle m'a dit que j'étais accepté – même si j'ai fait semblant de l'être, du haut de ma fausse modestie. Criss, j'avais de quoi être pris. Ça faisait un an et demi que je travaillais juste pour le stage. Parce que j'avais compris (j'pense), bien avant les autres, que les entrevues, c'est juste une criss de mascarade. Les profs, y passent un an et demi avec les étudiants avant la sélection. Pis comme le trois quarts du comité
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de sélection, c'est les profs, c'est pas difficile de deviner qu'ils ont choisi depuis longtemps qui va y aller, pis que leurs ostie d'entrevues, c'est juste pour se donner bonne conscience, pour se dire : « Tsé, c'est pas arbitraire notre choix, on laisse la chance à tout le monde. » En tout cas, c'est à cette idée-là que j'me suis raccroché dans la dernière année... je sais pas si c'est vrai ou pas, mais c'est ça qui m'a permis de tenir le coup... Faque depuis le début de mon DEC, j'ai tout fait pour me démarquer du reste du troupeau. Parce que je voulais aller au Burkina Faso. J'ai choisi d'étudier en travail social juste pour faire le stage. Je me suis forcé le cul dans mes études, je me suis forcé le cul dans mes deux premiers stages. J'me suis impliqué comme un mongol, à m'en rendre malade, pour être vu par les profs pis qu'y m'prennent. Ostie, j'ai tout fait pour être LA personne pour le stage... Mais j'avais quand même un doute... j'imagine que je suis pas aussi confiant que j'aimerais l'être, hein? C'est pour ça que j'avais bu pis fumé après les entrevues. Pour endormir l'angoisse. Pour endormir le mal. Parce que pour moi, ce stage-là, c'était mon salut, mon raccord à la vie. C'était clair dans ma tête : si je suis pas pris, je meurs. Littéralement. Volontairement... Une personne normale aurait sauté de joie en apprenant la nouvelle que j'venais d'apprendre. J'imagine en fait que les huit autres qui ont reçu c'te téléphone-là, c'est ça
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qu'ils ont fait. Pas moi. Je suis pas normal, faut croire. Je me suis assis en petite boule, en face de l'urinoir, pis j'ai pleuré. J'ai braillé comme un imbécile. J'venais d'apprendre qu'on me donnait une raison de vivre. Une criss de chance que j'étais tout seul dans les toilettes ce matin-là... 8 octobre 2007 J'ai l'impression de pas réaliser où j'suis en ce moment. De façon pragmatique, j'dirais que je suis dans ma chaude chambre de l'ODE à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. J'ai aucune criss d'idée de ce que ça veut dire, ODE. J'imagine qu'on a tenté de me l'expliquer, mais je devais être occupé à me traîner jusqu'à un coin d'ombre pour pas mourir de chaleur. La journée a été rude, c'est le cas de le dire. À peine sortis de l'avion, des inconnus se sont garrochés pour empiler nos valises sur un chariot, pis ils se sont mis à courir... avec le chariot... pis nos affaires... c'est ben beau pas être raciste, mais câlisse, c'est difficile de pas avoir un pincement au cœur quand une gang de nègres partent en courant avec tes bagages! Mais c'était des
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gentils noirs, sérieusement. Ils s'appellent les Belles du jour, même si c'est toutes des gars, pis ils accompagnent souvent des stagiaires en coopération. Non seulement ils ont pris en charge nos bagages, mais en plus, ils nous ont amenés manger des brochettes de poulet après qu'on aille passé la douane... la douane! Pfff! Bon, faut avouer qu'on arrivait de Charles-de-Gaulle, en France. Tsé, le genre d'aéroport où à chaque coin, y a deux, trois gars de l'armée qui te dévisagent avec leur mitraillette? Sérieux, j'imaginais Sébast refaire la joke qu'y a faite à Bagotville (parce que oui, c'te gars-là a été assez con pour dire à la fille de la sécurité qui lui demandait si y avait des trucs à déclarer : « Ouais, j'ai mangé une coupe de balle de fusil, c'est-tu correct? »... Juste le fait d'le voir étendu sur le lit à côté de moi en ce moment, j'me dis que le stage au Burkina, c'est comme la mort. Quand t'es dû, t'es dû!) Faque on arrivait direct d'un aéroport digne d'un temps de guerre, pour se retrouver à l'aéroport de Ouagadougou... celui où des inconnus peuvent partir avec tes bagages, pis tout le monde s'en câlisse. Pis celui où le douanier s'est même pas levé de sa chaise pour checker nos valises. Y s'est étiré le bras, y'a dézippé un sac juste assez pour voir que y avait des choses dedans, pis il nous a tous laissés passer... tellement paresseux, y'a jamais refermé le criss de zipper... La chambre d'hôtel est... africaine, j'imagine. Aussi bien m'y faire, on doit passer deux ou trois jours dans la capitale, pis ils nous hébergent ici... dans cette...
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