Je crois que New York, que la ville de New York, invite celui ou celle qui la parcourt à se tenir dans le présent, sur l'extrême pointe ou tout du moins sur la pointe du présent. Il en va ainsi de tous les voyages, me direz-vous, mais pour New York, c'est peut-être encore plus manifeste et réel. Je m'explique: si vous êtes sensible, alors c'est un peu comme une bombe ou en tout cas quelque chose de très puissant et de renversant qui vous explose à la figure, lorsque vous découvrez la ville pour la toute première fois. Durant les jours qui suivent, des images vous poursuivent, la foule, le métro, Central Park, les boroughs (les quartiers), la verticalité et parfois la taille démesurée que peuvent atteindre, sans crier gare, les gratte-ciel qui vous entourent et vous cernent parfois... Bref, vous êtes une barque, un tout petit esquif, et pour survivre dans cet océan de bruit, de mouvements, de lumières et d'éclats – qui n'a plus rien d'atlantique pour ce qui nous intéresse –, il vous faut écoper en effet, retrouver votre calme. Si ce carnet de voyage, écrit quasiment sur le vif, relate un séjour new-yorkais de J.-M. Delthil en 2009, il n'offre aucune considération touristique. Car ce qui importe ici, ce sont moins les hauts lieux, les monuments et leur histoire, que la confrontation d'un homme à une cité démesurée, labyrinthique, tour à tour familière et insaisissable. De là le caractère éminemment intimiste d'un récit qui nous promène, avec un recul empreint de sensibilité et de sensitivité, sur une Grosse Pomme où émerveillement, perte de soi et retour à soi se tutoient.
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