Rêve d ailleurs !
174 pages
Français

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Rêve d'ailleurs ! , livre ebook

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Description

Il est noir, elle blanche, les deux unis par le mariage et unis aussi par le désir de partir, mais vers des destinations opposées.
Rêve d’ailleurs ! est une réflexion autour des questions du départ, à la recherche de l’herbe qui est toujours plus verte chez le voisin. Sans pour autant être un simple caprice de riches, ni une fuite propre aux pauvres, ce roman voudrait de manière plus complexe pénétrer le phénomène obsédant du désir de migrer à tout prix. L'auteur se demande si le besoin de voyager vers un univers meilleur ne serait-il pas une réalité que se partagent beaucoup d’humains d’où qu’ils viennent et où qu’ils vivent ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332476968
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-69295-5

© Edilivre, 2015
Citation


Ce texte est le fruit de l’imagination. Toute ressemblance avec une histoire vécue ou connue est un pur hasar d.
Dédicaces


À Papa et Maman,
à tous ceux qui me sont chers
à tous les citoyens de ce monde qui rêvent de toutes sortes d’ailleurs.
Chapitre premier Ndombe au pays des merveilles
Sept heures du soir et il faisait encore jour, c’était mon premier choc dans cette vie ailleurs où j’avais choisi de vivre. J’étais loin de penser que c’était le moins difficile, le plus dur allait venir, mais je ne pouvais même pas l’imaginer. Pour moi la belle vie allait commencer parce que le rêve de mon existence venait de se réaliser. J’avais enfin foulé le sol de ce pays tant rêvé. Je me sentais ragaillardie, je me disais que j’avais de la chance ! Car beaucoup attendent encore leur visa. Le fait de ne plus aller passer des heures devant cette grille qui ne s’ouvre que pour les plus chanceux me poussait à remercier le ciel.
De notre côté de la grille, il fallait être parmi les dix premiers, sinon on se résignait à revenir le lendemain, le surlendemain et parfois plus encore pour pouvoir être parmi les premiers. Il parait qu’il y en a même qui dormaient là pour être sûrs d’être à la première place. Moi, je n’avais pas pu faire ça, c’est quand même exagéré et je me suis toujours demandé si c’était même vrai. Tu sais, chez nous, les gens ont parfois tendance à raconter des histoires à dormir debout. Cette fois-là, j’étais parmi les premiers et j’ai vraiment ressenti la pression tomber. J’avais fait ce va-et-vient des semaines durant, en vain.
Quand mon tour est arrivé, je me suis dirigé vers ce bureau aux murs blancs en passant par une allée de palmiers nains et de fleurs. J’avais l’impression d’être déjà au Sufisus du fait que j’avais pu m’introduire dans leur ambassade se trouvant dans mon pays. Une fois devant l’employé de l’ambassade du Sufisus, j’ai dû garder mon sang-froid pour ne pas l’insulter. Il me parlait avec une telle condescendance, j’avais envie de lui dire de prendre un autre ton pour me parler. Mais ce n’était pas possible, il savait que cet instant lui appartenait et il pouvait se défouler à merveille. Il pouvait me montrer que j’étais un quémandeur d’un peu de bonheur que je rêvais d’aller prendre dans son pays. Cette arrogance à notre égard, beaucoup l’avaient remarquée, personne ne l’acceptait, cependant nous ne pouvions rien dire. Même les médias n’osaient pas en parler alors que tout le monde savait plus ou moins ce qui se passait là-bas.
Il m’avait demandé de présenter tous les papiers qu’on avait exigé que je fournisse. En sortant mes documents de ce porte-document qui me donnait l’image d’un affairé sans rien faire, je tremblais.
Chez moi il y a de nombreuses personnes, des jeunes et de moins jeunes, qui sont des affairés sans rien faire. Ils sortent tous les jours avec un porte-document ou un gros sac, noir de préférence. Ils sortent le matin et reviennent le soir, on ne sait pas ce qu’ils vont faire au centre de ma ville natale, qui est au bord de l’océan Atlantique. Cette ville qu’on appelle Ndjindji, ma belle ville natale. Mais dont je ne voyais pas la beauté avant d’arriver au Sufisus, sinon, pourquoi serais-je parti ? Ils ne travaillent pas, mais se comportent comme des salariés d’une entreprise inexistante. Cependant, la fin du mois arrivée, ils ne perçoivent aucun salaire, alors qu’ils sortent tous les matins, bien sapés et des documents sous le bras. C’est une expérience humiliante, mais on fait du forcing pour montrer à ses voisins qu’on est une personne importante, puisqu’on sort chaque matin et on revient le soir.
De retour dans le quartier, le soir, on fait semblant de marcher comme le gars qui a eu une journée harassante au boulot. On salue les voisins, qui eux sont restés à la maison, pour qu’ils vous remarquent bien. Et eux, qui se plaignent toujours de leur sort, vous regardent et vous envient. Ils se disent : « Comme il a de la chance celui-là ! » Les plus envieux, vous lancent un de ces regards qu’on ne sait lancer que chez nous. Tu vois, non, ce regard qui vous fait ressembler à une femme qui vient de voir sa belle-mère s’introduire dans son salon alors qu’elle avait prévu de passer un week-end romantique et intime avec son homme.
Lorsque j’ai ouvert mon porte-document de chef d’une entreprise qui n’existe pas, je tremblais. Cet endroit vous réduit à l’état de loque, puisque vous savez que le fait d’être arrivé là, même avec vos documents au complet, ne veut rien dire. Cet agent peut de manière arbitraire refuser de prendre votre dossier, pire encore, il peut le prendre et vous refuser le visa. Tout dépend de lui, si votre bouille ne lui plait pas ou si vous vous comportez comme une personne trop sûre d’elle, il vous le fera payer. Comme je l’ai déjà dit, cet instant lui appartient. Sinon comment pouvez-vous expliquer qu’il vous parle comme on ne parlerait même pas à son chien dans les pays développés ? Chez nous le chien n’a rien à dire, il vit dans votre cour, vous lui donnez à manger si vous avez quelques miettes, sinon il doit aller chercher sa nourriture, seul à la décharge du coin, ou dans les poubelles qui se trouvent dans d’autres poubelles. Puisque nous vivons dans une grande poubelle, y a qu’à voir la saleté qui nous engloutit. Pour faire joli comme chez les autres, nous avons des poubelles dans un coin de notre cour. Mais comme toute la ville est déjà une grande poubelle, alors, nos poubelles domestiques se trouvent dans une plus grande.
Je disais donc que ce type, debout ou assis de l’autre côté de la grille intérieure, oui, il y a encore une grille, même à l’intérieur, qui vous sépare de ces agents de l’ambassade. C’est fou de voir comment nos mondes ne se touchent pas, il y a des grilles partout, comme s’ils avaient peur de se faire contaminer par une maladie ou de se faire bastonner. Ce qui est vrai, c’est que, s’il n’y avait pas ces grilles, il y en a qui recevraient de ces bastonnades qu’ils n’auraient jamais oublié de toute leur vie.
Alors, ce mec qui est de l’autre côté de la grille vous regarde droit dans les yeux et vous dit :
– Monsieur, avez-vous votre dossier au complet ? Sinon, ne me perdez pas le temps, j’ai beaucoup de monde à voir.
Et vous, tout tremblant, vous commencez à sortir un papier après l’autre. Lui, voyant vos mains trembler, trépigne comme Satan qui voit un futur pécheur tomber dans son piège bien ficelé. Et pour mieux vous stresser il vous dit sur un ton sérieux :
– Monsieur, faites vite, je ne vais pas y passer la journée.
Vous lui remettez le dossier au complet et il vous demande de placer vos doigts l’un après l’autre sur une sorte de boîte et vous êtes surpris, c’est quoi encore ce bordel ? En plus de mes documents, je dois inscrire mes empreintes comme on le fait avec les criminels dans les films. Mais ce n’est pas fini, cette fois vous allez voir que c’est encore plus vrai que dans les films. Il vous demande de regarder droit devant vous, et pluf ! et de côté, pluf ! Mais qu’est-ce qui m’arrive donc ? Ai-je commis un délit pour qu’on me fasse des photos de face et de profil, comme dans les films d’américains que je regarde à la télé ? Ces films que la chaîne nationale pique sur des télévisions étrangères. Nous, on les regarde des années après que les Américains les aient vus passer sur leurs chaînes. Sur ces photos qu’on nous fait dans les ambassades, il ne manque que le numéro de prisonnier, le reste y ressemble beaucoup. Je ne pouvais rien dire, même pas poser une question, t’as déjà vu les chiens de chez nous demander à leur maître pourquoi, malgré leur dévouement et leur obéissance aveugle à leur maître, ces derniers ne leur expriment qu’indifférence ? C’est au Sufisus que j’ai vu des chiens qui sont mieux traités que certains humains. Ils rivalisent de confort avec les humains, et là encore je pense que c’est exagéré. C’est vrai, comment comprendre que des chiens aient des cliniques, des supermarchés, des salons de coiffure, des piscines, des cimetières, des passeports et mêmes des avocats, non, c’est exagéré !
Moi, pour avoir un passeport au Mawan, j’ai dû aller jusqu’à payer des sommes et des sommes d’argent à plusieurs agents de notre service d’immigration. J’ai même payé de l’argent à leur gardien pour être reçu au domicile des chefs qui travaillent au service d’immigration. C’est la méthode du poussoir à documents administratifs, cette méthode devenue officielle s’impose à tout Mawanais qui se respecte. Un passeport est un document ordinaire, même les chiens l’ont ici, mais au Mawan c’est une pièce exceptionnelle.
Mais, voilà, tout cela n’est plus que de l’ordre du passé puisque je suis enfin au Sufisus, ce pays tant rêvé. Dans le foyer où ils nous avaient logés, j’ai retrouvé beaucoup d’autres Noirs comme moi, mais le plus curieux c’est qu’il y avait aussi des toubabous 1 . À ce moment-là, je ne savais pas d’où ils venaient. J’étais sûr que c’étaient des toubabous, par exemple Himarë ou encore Pasha. Je n’avais pas encore compris à ce moment-là qu’ils étaient ceux que nous appelons ici dans le monde des quémandeurs d’un peu de bonheur, des faux toubabous. Chaque jour leur présence m’intriguait, surtout quand je les voyais vivre la même galère que des Noirs comme moi. Oui, parce que l’image du toubabou que j’ai toujours eue lorsque j’étais au Mawan, c’est celle de la personne qui nage et qui se noie dans son trop-plein de bonheur. Jamais je n’aurais imaginé un toubabou venir demander l’asile à des toubabous comme lui. D’ailleurs ceux qui vivent chez moi, je les ai toujours considérés comme des

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