72 lions dans le ciel
120 pages
Français

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72 lions dans le ciel , livre ebook

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Description

À la suite d’un accident cardiaque massif, Angelo Conti se réveille à Venise et doit faire face à une réalité altérée de son existence dans laquelle des lions volent dans le ciel. Avec leur aide, il devra partir à sa propre rencontre et à celle des siens.
Entre expérience de mort imminente et voyage initiatique, « 72 lions dans le ciel » nous emmène sur les chemins sinueux de notre propre existence où la réalité de ce que nous sommes n’est pas toujours celle qu’on imagine.

Informations

Publié par
Date de parution 24 avril 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312058450
Langue Français

Extrait

72 lions dans le ciel
Thomas Da Rovaré
72 lions dans le ciel
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05845-0
À mes deux pères,
L’un pour sa lumière,
L’autre pour sa crinière.
Prologue
Étrangement , je me souviens mieux de ma seconde naissance que de ma mort. Il me semble qu’il faisait beau ce matin-là quand je suis rentré à l’hôpital, mais je n’en suis pas certain. Je ne suis plus certain de grand-chose, à dire vrai. Des détails me reviennent mais je sais que les informations importantes ont disparu à tout jamais de ma mémoire. Sauf la douleur. Je me vois attendre dans une petite salle sombre, seul, assis sur une inconfortable chaise métallique. Bleue , je crois. Au bout d’un long moment, une femme aux traits sévères a surgi d’une porte, l’air grave, et s’est approchée de moi un papier à la main.
– Angelo Conti ?
Je me suis levé et j’ai vaguement souri en acquiesçant.
– Suivez-moi, s’il vous plaît.
Nous avons déambulé dans les couloirs du service ORL . Mon oreille droite me faisait terriblement souffrir mais j’entendais néanmoins les râles derrière les portes. Je n’aimais déjà pas les hôpitaux et ça n’a pas changé. Une histoire d’odeur, peut-être. La femme en blouse blanche devant moi me parlait en lisant sa feuille, certaine que je la suivais comme un chien docile. Ce que je faisais.
– Donc , vous allez vous faire opérer aujourd’hui. Tympanoplastie … oreille droite… d’accord… vous êtes bien à jeun ?
– Oui madame.
– Bien. Vous avez des problèmes d’oreille depuis longtemps ?
– J’ai toujours fait des otites quand j’étais petit…
– Perforantes ?
– Oui, parfois.
– Et bien visiblement, cette fois-ci la perforation est trop importante pour que ça cicatrise tout seul… Ah, nous y voilà.
Nous sommes rentrés dans une chambre vide et froide, il n’y avait qu’un lit sur lequel un sac plastique était jeté, un fauteuil, et c’est tout. Je suis resté là sans bouger pendant que la femme continuait de lire mon dossier. Au bout d’un moment, elle s’est retournée et m’a regardé pour la première fois.
– Bon, vous vous déshabillez complètement, vous enfilez la chemise stérile qui est dans le sac sur le lit et on viendra vous chercher. Bonne journée.
Et elle a disparu sans un sourire.
Je me suis exécuté et me suis assis sur le fauteuil, les fesses collées sur le skaï. J’avais froid et la chambre empestait un mélange acide de détergent et d’urine. Au bout d’un temps infini, la porte s’est ouverte et deux hommes ont fait leur apparition. L’un des deux a regardé la fiche qu’il tenait à la main.
– Monsieur Conti ?
– C’est moi.
– Vous êtes prêt ? Allez, on y va. Allongez-vous sur le brancard, on vous descend au bloc.
Et on est donc descendu au bloc. Dans la salle, il y avait de la lumière partout et tout le monde semblait très occupé. Les deux hommes m’ont transféré sur la table d’opération avant de disparaître et un grand type avec un calot vert enfoncé sur la tête et un masque sur la bouche s’est approché de moi. Je ne voyais que ses yeux très clairs.
– Bonjour Monsieur ! Je suis le professeur qui va vous opérer, je vous explique un peu ce qu’on va faire en attendant que tout soit prêt ?
– D’accord.
– Donc, votre tympan est multi-perforé, ça veut dire qu’il y a un gros trou. En fait, il y en a même trois. D’après les mesures, il ne reste que la moitié de la surface totale de la membrane et elle ne va pas cicatriser si on ne l’aide pas un peu. Donc on va faire une greffe. Je vais découper un petit morceau de cartilage, juste là, au bord de votre oreille, et je vais reboucher tous les trous en faisant de la couture, comme une grand-mère !
Il avait l’air content de sa blague.
– C’est une opération bénigne, ne vous inquiétez pas. Je fais ça tous les jours. Donc vous, vous dormez tranquillement, pendant ce temps moi je fais ma petite couture et quand vous vous réveillerez vous aurez un tympan tout neuf et vous pourrez de nouveau entendre parfaitement. Ça vous va ? On est parti ?
J’avais le choix, vraiment ?
– C’est parfait, ai-je murmuré.
On m’a placé un masque sur le visage, j’ai inspiré à fond et j’ai sombré.
D’après ce que j’en sais, l’opération s’est bien passée. Je me souviens m’être réveillé doucement, tout était calme et au bout d’un long moment, une infirmière est venue me voir et m’a dit qu’on allait me remonter dans ma chambre. Je ne souffrais pas mais j’avais froid. J’ai vaguement senti qu’on me remettait sur un brancard et j’ai en revanche une vision assez nette des néons au plafond qui défilaient lorsqu’on m’a dirigé vers l’ascenseur. Un des types qui poussaient le chariot a appuyé sur un bouton et il a continué sa conversation avec son collègue. Il y a eu une petite sonnerie et les portes se sont ouvertes, je m’en souviens clairement parce que c’est exactement à cet instant que j’ai ressenti quelque chose d’étrange. Comme une grande vague à l’horizon qui approchait à toute allure. Une vague d’une hauteur vertigineuse. J’étais calme, mais je savais qu’elle allait tout dévaster. Puis j’ai entendu des gens crier au loin, j’ai revu les néons dans l’autre sens, et plus rien.
J’imagine que c’est à peu près à cet instant que je suis mort.
P REMIÈRE PARTIE : Des lions dans le ciel
Chapitre 1
Quand je me suis réveillé, bien vivant, dans ma chambre d’hôpital, je n’ai pas ouvert les yeux tout de suite. J’ai juste entendu sa voix.
– Angelo, tu m’entends ? Regarde-moi.
Valentina était là. C’est la première personne que j’ai vue. Ses grands yeux verts, ses cheveux nattés d’un noir d’ébène, sa peau mate et sa silhouette élancée, elle rayonnait dans la pièce. J’ai vaguement esquissé un sourire et j’ai lentement tourné la tête. Cette fois, mon sourire s’est agrandi.
– Papa !
Luna a pris ma main et l’a pressée contre sa petite bouche. Elle l’a embrassée mille fois, comme elle faisait avec son doudou préféré. Les deux femmes de ma vie étaient là, à mon chevet, et j’ai senti une douce chaleur m’envahir. J’ai refermé les yeux. Valentina s’est approchée et m’a embrassé doucement sur le front.
– Angelo, mon amour, te revoilà enfin.
J’ai avalé ma salive et j’ai réussi à murmurer :
– Que s’est-il passé ?
– Tu as fait un malaise en te réveillant, rien de grave, rassure-toi. Tout va bien maintenant, il faut juste que tu te reposes un peu. Comment te sens-tu ?
– Ça va, ça va. Je suis un peu dans la brume mais j’imagine que c’est normal. Je suis heureux que vous soyez là.
Luna a voulu me faire un bisou et Valentina l’a portée jusqu’à ma joue. J’ai immédiatement reconnu son odeur et la douceur de sa peau. Cet enfant était ma merveille.
– Quand est-ce que tu reviens à la maison Papounet ?
– Luna, laisse papa se reposer un peu. Il rentrera quand il sera de nouveau en forme, je te l’ai déjà expliqué. D’ici quelques jours peut-être. Ne commence pas à le harceler de questions !
J’ai souri.
– Ce n’est pas grave mon amour, laisse-là. Ça me fait du bien de vous voir. Tu connais la suite de mon programme ?
– Pas vraiment. Ils m’ont juste dit que le médecin passerait te voir dans l’après-midi et qu’ils allaient te garder un peu en observation. On ne peut hélas pas rester longtemps car ils ont dit que tu étais fatigué. Je voulais juste qu’on soit là quand tu ouvrirais les yeux.
– Vous êtes adorables.
– Allez, repose-toi, je suis passée au marché ce matin et j’ai acheté tout ce que tu aimes, alors je vais gentiment commencer à préparer un festin pour ton retour. Luna, embrasse papa, nous reviendrons le voir demain matin.
Ma fille s’est approchée, a déposé un baiser sur la paume de ma main et a murmuré :
– À demain, mon papa de l’amour. Repose-toi et reviens vite à la maison. Je t’aime fort comme les étoiles !
Valentina m’a embrassé à son tour avec une grande douceur, je me souviens de ses lèvres chaudes sur les

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