Ah! Mbongo
675 pages
Français

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Description

Il s'agit du premier roman connu du Congo-Kinshasa. Entamé par P.L Tchibamba en 1949, peu après Ngando, long conte publié cette même année, le roman fut achevé après la retraite de l'auteur en 1978. Situé dans les années 20, il raconte les mésaventures d'un prince africain, sorte de Don Quichotte naïf et pur, descendu de son Oubangui traditionnel et attiré par la modernité de la trépidante Kinshasa. L'occasion pour l'auteur de présenter un portrait haut en couleurs de la vie populaire à Kinshasa et acerbe des relations entre colonisateur et colonisé. La publication de ce roman constitue un événement historico-littéraire ; Alain Mabanckou, qui en a signé la préface, déclare : "Nous tenons ici le roman fondateur de la littérature congolaise".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 116
EAN13 9782336263380
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection L’AFRIQUE AU CŒUR DES LETTRES dirigée par Jean-Pierre Orban
L’AFRIQUE AU CŒUR DES LETTRES
L’Afrique a été l’objet de multiples éclairages politiques, historiques, sociologiques. Mais la littérature a-t-elle un regard spécifique sur le continent africain ? Quel est ce regard ? Comment les écrivains, africains ou non, ont-ils appréhendé et saisissent-ils la réalité africaine d’hier et d’aujourd’hui ? Comment la recréent-ils ? Quelle parole, littéraire, politique, polémique, journalistique, portent-ils sur elle ?
C’est à ces questions que la collection L’Afrique au cœur des lettres veut répondre. En recherchant et en rééditant ce que les écrivains, célèbres ou moins connus, ont dit de l’Afrique, de son histoire et de son esprit. En publiant ce que les auteurs littéraires écrivent d’elle aujourd’hui sous diverses formes : du journal de voyage à l’essai, en passant par les articles de presse ou les interventions politiques.
Enfin, la collection L’Afrique au cœur des lettres entend présenter, sous un regard critique, des analyses de la parole des écrivains : comment celle-ci s’intègre dans leur œuvre, comment et pourquoi ont-ils écrit sur l’Afrique ?
Titres parus :
Mark TWAIN, Le soliloque du roi Léopold , satire, traduit (de l’américain) et introduit par Jean-Pierre Orban
Jules VERNE, L’étonnante aventure de la mission Barsac , roman, suivi de Voyage d’études, 2 vol., lecture d’Antoine Tshitungu Kongolo
Thomas KANZA, Sans rancune , roman, nouvelle version inédite, préface de Herbert Weiss, lecture de Mukula Kadima-Nzuji et de Jean-Pierre Orban
Silvia RIVA, Nouvelle histoire de la littérature du Congo-Kinshasa , préfaces de V.Y. Mudimbe et de Marc Quaghebeur
Titres à paraître :
Momar KANE, L’Afrique et ses représentations : de la périphérie du monde au cœur de l’imaginaire occidental , essai
Noël X. EBONY, Les masques , roman inédit
Si vous voulez être tenu(e) au courant des publications de la collection, écrivez à L’Harmattan, Collection « L’Afrique au cœur des lettres », 5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris (France), ou envoyez un message à afrique.lettres.harmattan@wanadoo.fr
Ah! Mbongo

Paul Lomami Tchibamba
Sommaire
L’AFRIQUE AU CŒUR DES LETTRES Page de titre Remerciements Page de Copyright PRÉFACE - Et la littérature congolaise naquit... BIOGRAPHIE - Une vie au creux des mots : Paul Lomami Tchibamba vu par sa fille Ah ! Mbongo - Texte établi pour l’édition par Willem De Bondt AVERTISSEMENT Dedicace PROLOGUE PREMIÈRE PARTIE - Vers le bonheur DEUXIÈME PARTIE - Mongamba pamba … TROISIÈME PARTIE - « Missié -sales-nègres » , les manœuvres-porteurs et les ndumba-ya-l’État QUATRIÈME PARTIE - Wapi paku ? NOTES GLOSSAIRE DES MOTS ET PHRASES EN LANGUES AFRICAINES OU EN ARGOT DU CONGO-KINSHASA
Remerciements à toutes celles et ceux qui ont contribué, à titres divers, à la présente publication d’ Ah ! Mbongo . Entre autres, Jean Danhaive, Jean-Pierre Jacquemin, Jean-Claude Kangomba, Alphonse Mbuyamba, Filip Reyntjens, Antoine Tshitungu et particulièrement Monique Simon et Willem De Bondt.
www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296035232
PRÉFACE
Et la littérature congolaise naquit...
Voici une œuvre qui manquait à l’histoire de la littérature africaine. L’auteur, Paul Lomami Tchibamba, est surtout connu pour son livre Ngando , première œuvre de la littérature congolaise parue en 1949. Alors que le mouvement de la négritude battait son plein, Lomami Tchibamba comprit que toute littérature devait d’abord et avant tout privilégier l’expérience personnelle – sans pour autant se détacher des préoccupations collectives. Partant donc de sa vie de migrateur – il a vécu dans les deux Congo et a voyagé en Centrafrique alors appelée Oubangui-Chari –, il s’attellera à peindre son univers, nous dévoilant une photographie d’une époque où l’Afrique francophone, encore sous domination française et belge, exprimait ses aspirations d’autonomie.
Dans les années quatre-vingt, la lecture de Ngando me bouleversa, d’autant que je découvrais en ce temps-là les grands textes des auteurs latino-américains portés par le « réalisme merveilleux ». Et je ne cessais de me demander : qu’est-ce que Ngando , sinon une sorte de Contes d’amour, de folie et de mort d’Horacio Quiroga ou alors Pedro Páramo de Juan Rulfo ? De même que ce dernier auteur allait inspirer toute une génération d’auteurs latino-américains – y compris l’auteur de Cent ans de solitude , Gabriel García Márquez –, Lomami Tchibamba aura plus qu’un impact sur les auteurs congolais des deux rives. Parce qu’il montrait que la vie quotidienne, le choc des civilisations, les traditions et les croyances du peuple pouvaient être les sujets du roman et que celui-ci n’était pas un simple exercice scolaire réservé à quelques privilégiés qui avaient eu la chance de fréquenter l’école coloniale. Pourtant, Ngando n’était, pour l’auteur, que les débuts d’un projet plus vaste, plus ambitieux, et c’est ainsi qu’il entreprit l’écriture d’un « roman-fleuve Congo », si je peux me permettre cette extrapolation. Et ce roman, c’est Ah ! Mbongo resté inédit jusqu’à ce jour...
La parution de Ah ! Mbongo réhabilite un auteur injustement relégué au purgatoire, et c’est sans doute pour cela que nous devons lire ce livre avec plus d’attention. Nous tenons ici le roman fondateur de la littérature congolaise. L’auteur y a consacré une partie de son existence à achever ce premier « pavé » congolais. Entamé à la fin des années quarante, le point final fut mis en 1978. Ah ! Mbongo est l’œuvre maîtresse de Lomami Tchibamba. Non pas par le temps que mit l’écrivain à l’écriture, mais grâce à l’éclatement des thématiques, au « désordre texte », un désordre que seuls peuvent se permettre ceux qui portent en eux le vertige d’une œuvre intemporelle. Et c’est ce désordre qui donne une variété du langage, des hardiesses stylistiques et une obsession d’un certain « merveilleux » qui a souvent caractérisé les fictions de Lomami Tchibamba.
Dans Ah ! Mbongo, la société congolaise est passée au peigne fin : la corruption, le pouvoir de l’argent, la prostitution, l’infidélité etc. « Mbongo » – qui signifie d’ailleurs, en lingala, l’argent – devient le mobile du dysfonctionnement de la vie courante. Voici un prince qui migre vers la ville avec sa femme et son griot dans le dessein de s’enrichir. Et ils découvrent tous une autre manière de vivre à Kinshasa où l’argent est plus qu’un roi. Le prince, dans sa candeur, cède aux appels d’une vie de mirages pendant que son épouse plonge dans la prostitution, poussée par les citadines avec qui elle entre en contact. Le roman pourrait être considéré comme le procès d’un système capitaliste qui décapite peu à peu les fondements de la société africaine. L’argent et l’intégrité deviennent deux ennemis qui se toisent, se jaugent avant de se livrer un combat farouche dont le vainqueur est connu d’avance : l’argent, bien sûr ! Dans ces conditions, seule la force de l’âme permet de résister. Et cette résistance a un prix.
L’argent ? Il n’est pas étonnant de constater par exemple que le répertoire de la chanson congolaise fourmille de textes sur ce thème. Je pense par exemple à une chanson de Lutumba Simaro, justement intitulée « Mbongo » ! Le musicien – surnommé « Le poète Simaro » par la qualité des ses compositions – dira :

Mbongo, Na yokaki lisolo na yo bakulutu ba kosolola Ba zali kotonga yo mbongo Loboko na kopo monoko etondi na makasu Ba zali ko tonga yo mbo Balobi mama na yo abotaka bino mibale Yo nde mwana ya liboso Leki alanda yo na sima bapesa kombo mwasi Bo ningisi mokili yo mbombo
L’argent, J’ai surpris les anciens en train de discuter, Le verre à la main, la bouche pleine de noix de cola, Ils évoquaient ton nom Ils disaient que ta mère a eu deux enfants Tu es l’aîné, et celle qui t’a suivi est appelée Femme Et, à vous deux, vous avez secoué l’univers entier
Le roman de Lomami Tchibamba est ancré dans la tradition populaire africaine

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