Au coeur de la forêt
112 pages
Français

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Au coeur de la forêt , livre ebook

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Description

Qui n’a pas rêvé de posséder une maison à la campagne et de vivre en harmonie avec la nature ? C’est dans cette atmosphère de dépaysement utopique que le destin des
personnages de ce roman, qui n’est pas sans cruauté, se croisent et se scellent.
Or la vie à la campagne est loin d’être de tout repos et la quête d’une vie en dehors du tissu banal de l’existence n’a rien à voir avec la réalité.
Paul et Gisèle l’apprendront à leurs dépens lorsqu’ils seront entraînés dans une suite d’évènements dont l’achat d’une maison de campagne n’est pas le moindre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 août 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782897261313
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PREMIÈRE PARTIE
Dans la nature sauvage
-1-
E nfin, ils ont trouvé la petite maison de campagne qu’ils cherchaient depuis si longtemps. Ils en ont visité des dizaines avant de fixer leur choix sur celle-ci. Paul et Gisèle ont été prudents. Ils ont résisté à la tentation de succomber au charme d’une vieille maison qu’ils se seraient plu à retaper. Ils n’étaient pas prêts à prendre ce risque, celui entre autres, d’engloutir tout leur avoir dans de coûteuses rénovations. La maison qu’ils ont choisie est comme on dit, clés en main. Construite il y a neuf ans, elle n’a presque pas été habitée et n’a subi aucune usure, sauf pour les murs dont la peinture est à refaire et les rideaux dont la doublure a été décolorée par la lumière et le soleil, vraiment pas beaux à voir de l’extérieur lorsqu’ils sont tirés. Il faudrait les changer un jour mais ce n’est pas une priorité pour l’instant. En revanche, les canapés, les fauteuils sont comme neufs. La maison est restée fermée la plupart du temps depuis qu’elle a été construite par des Autrichiens qui n’y séjournaient que quelques semaines par année. Les tapis seraient encore bons s’ils n’avaient pas été endommagés par des brûlures de cigarette. On peut en voir un peu partout, dans le salon, dans la chambre des maîtres, au chevet du lit. Quelqu’un, lui ou elle, lui probablement, s’endormait sans doute, devant la télévision, avec un mégot allumé au coin des lèvres. Heureusement que la maison n’a pas brûlé. De tous petits cernes noirs indiquent le lieu où la cigarette est tombée pour finalement se consumer sur place. Ces signes de négligence auraient pu passer inaperçus si Gisèle et Paul n’avaient pas passé au peigne fin la maison dès qu’ils en ont pris possession.
On croirait que les propriétaires n’ont quitté les lieux que la veille avec l’intention d’y revenir, car ils n’ont rien emporté avec eux, ils ont tout laissé dans la maison : des vêtements presque neufs, des souliers en si bon état qu’ils n’ont peut-être jamais servi, des pantoufles et des robes de chambre qui sont exactement de la taille de Paul et de Gisèle.
« Regarde comme ce chandail me va bien », dit Gisèle, un peu appréhensive tout de même, comme si elle avait l’impression d’usurper la place de quelqu’un, de profiter d’un malheur car qui sait si ces gens n’ont pas été forcés de vendre. Et pourquoi ? Gisèle se le demande. Comment se fait-il qu’ils n’aient pas emporté dans leurs bagages tous ces beaux lainages, ces gants de cuir, ces jolis chapeaux de feutre ou de paille et la montre en argent trouvée dans les tiroirs de la commode de la chambre ?
L’ordinateur dans le bureau de la mezzanine fonctionne. Impossible de déchiffrer les documents, ils sont tous en allemand, de même que les instructions pour le téléscope découvert dans un des placards de la chambre des maîtres dont la porte-fenêtre s’ouvre sur un balcon ayant vue sur le lac. C’est sans doute là qu’ils installaient le téléscope pour observer les étoiles, l'été ou les oiseaux, la nuit.
Gisèle, intriguée, fouille partout dans la maison. Dans les armoires de la cuisine : du sel de mer et du sel d’ail, de la camomille et du tilleul, des gousses de vanille encore fraîches, des épices variées, de la vaisselle, des verres à vin et des bocks à bière, tout un assortiment d’outils – il faudrait construire un cabanon de jardin pour les entreposer – scies, marteaux, tournevis, foreuse, perceuse et des boîtes de rangement pour les nombreux clous, vis, équerres et tout ce dont on a besoin pour les menus travaux et réparations que nécessite une maison de campagne.
L’écran de l’ordinateur est à faible radiation, ce qui fait croire à Gisèle et à Paul que ces gens-là étaient très écolos, soucieux de leur santé et respectueux de la nature, d’une nature qu’ils ont choisi de laisser à elle-même. Pas de terrasse, si ce n’est un bout de pelouse envahie par les mauvaises herbes, pas de fleurs sinon celles qui sont sauvages, aussi sauvages que les framboisiers et les bleuets qui poussent pêle-mêle au milieu de plantes, de végétations qui leur livrent un combat acharné. L’espace ici, n’a pas été aménagé et la verdure fut laissée libre de s’épanouir à sa guise, abondante en fleurs, tels ce sabot de la vierge éclos au printemps parmi les mousses au bord du lac et cette digitale pourpre dont un colibri est venu, un matin, puiser le nectar des délicates corolles blanches mouchetées de rose. Gisèle et Paul arpentent leur petit domaine : près de deux acres de forêt ! Bouleaux, érables, épinettes se serrent les uns contre les autres, se disputent l’espace autour de la maison. Seuls les milieux humides sont épargnés par ce formidable élan de la nature. De petits ruisseaux alimentent en permanence un grand marais couvert de joncs et le lac, qui ouvre un autre espace, au-delà du couloir qui descend jusqu’à ses rives.
« Pourquoi ont-ils vendu ? » se demande encore Gisèle tout en faisant l’inventaire des biens inclus dans le prix de la maison, des tiroirs de la commode de la chambre des maîtres où l’on a rangé des sachets de fleurs séchées et des poupées habillées de taffetas et de dentelles avec des rubans dans les cheveux. Les armoires à pharmacie contiennent de l’eau de cologne, des rasoirs, de la lotion après-rasage, différentes sortes de shampooing et des savons parfumés fabriqués en Suisse.
On dirait qu’il ont fait une croix sur leur vie passée dans cette maison, vie encore palpable, croirait-on, et qui se perpétue à travers les objets qu’ils ont laissés : les postes de télévision dans la chambre des maîtres et dans le salon ; ils s’y asseyeaient sans doute pour regarder, au milieu de cette nature sauvage, les images du monde civilisé ou pour écouter les disques, de Mozart de Strauss, de Beethoven, de Brahms qui sont restés là, comme tout le reste, même les objets légers faciles à emporter avec soi.
Lui devait passer des heures à naviguer sur Internet pendant qu’Elle cuisinait des petits plats longuement mijotés dans cette cuisine plus grande qu’à l’ordinaire dans des chalets comme celui-ci. Elle aimait, paraît-il, cueillir les framboises et les bleuets qui poussent en abondance sur la propriété et boire, sans doute, l’eau pure du puits artésien qu’ils ont fait creuser il y a trois ans. Le vieux puits dont l’eau était ferrugineuse a dû être condamné. Cela coûte cher, un puits artésien, tout comme une fosse septique avec un champ d’épuration. La plupart des maisons visitées par Paul et Gisèle ne possédaient pas ces deux atouts essentiels. On n’aime pas trop dépenser pour ce qui ne paraît pas. On préfère construire des petits murets de pierre plutôt que de se doter d’un système d’égoût sécuritaire.
La vue sur le lac est imprenable. Elle donne sur une montagne escarpée et de hauts rochers que survolent parfois des oiseaux de proie. Hier matin, deux oiseaux y déployaient leurs ailes immenses en poussant des cris ulcérés. De violents combats se livrent, entre prédateurs, au c œ ur de la forêt où toutes sortes de bêtes rôdent et luttent pour leur survie. Les oiseaux tournoyaient au dessus des arbres, à la recherche de l’intrus qui avait osé franchir les limites de leur territoire. Gisèle et Paul les ont observés de la terrasse, d’où l’on peut apercevoir un autre lac traversé par une petite route de campagne la plupart du temps déserte. Ce lac est alimenté par une source venue de la montagne qui le surplombe, dont le surplus d’eau se déverse, à travers un ponceau, dans celui au bord duquel se trouve la maison de Paul et Gisèle. On entend couler l’eau jour et nuit. On croirait entendre le bruit d’une fontaine au fond des bois. Paul est resté longtemps sur la terrasse, hier soir, à écouter le chant de l’eau, seul bruit à rompre le grand silence de la nuit. Les oiseaux s’étaient tus et la noirceur avait envahi la forêt. On n’entendait plus maintenant que le vol affolé d’une phalène autour de la lanterne qui éclairait faiblement la galerie. Paul respirait profondément l’air du soir, léger comme le vent qui frissonnait dans les feuillages. Gisèle était venue le rejoindre sur la galerie, enveloppée dans un long châle de laine trouvé au fond d’une armoire : « C’est un pur cachemire. Si nous pouvions parler l’allemand, nous pourrions leur téléphoner et leur demander s’ils ne regrettent pas de ne pas

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