Barnabé , livre ebook

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Barnabé arrive à l’âge adulte. C’est un homme-enfant, un handicapé mental, qui découvre sa différence dans le regard des autres. Et le regard des autres, c’est surtout celui de Vanessa, la jolie métisse arrivée tout droit de la région parisienne, dont il tombe éperdument amoureux.
Un handicapé mental amoureux d’elle ? Voilà qui fait bien rire Vanessa, et beaucoup souffrir Barnabé.
Aussi, lorsqu’une série d’incendies volontaires se déclenche tout autour de Montdunon, il ne manque pas de témoins pour affirmer que l’on a vu Barnabé et son scooter rouge rôder aux alentours.
Se vengerait-il des sarcasmes dont il est l’objet ? Ou bien fait-il un coupable idéal ? Barnabé est-il un incendiaire ou un bouc émissaire ? Il affirme qu’il est innocent, mais doit-on le croire simplement parce qu’il est handicapé ?
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Publié par

Date de parution

30 septembre 2014

Nombre de lectures

565

Langue

Français

BARNABÉ
Les mystères de l’Argentor


Sébastien Lepetit



© Éditions Hélène Jacob, 2012. Collection Mystère/Enquête . Tous droits réservés.
ISBN : 979-10-91325-23-3
Les mystères de l’Argentor


L’Argentor coule doucement quelque part entre la Charente, le Limousin et le Poitou. L’Or prend sa source au creux d’une fontaine résurgente nichée au fond d’un pré. L’Argent naît un peu plus loin, sur le flanc d’une colline. Les deux ruisseaux serpentent quelque temps entre les prés et les bois avant de s’épouser pour donner naissance à l’Argentor. La vallée se marque alors un peu plus. La petite rivière se faufile dans les forêts odorantes, glisse entre les prairies et les champs de blé, de betteraves ou de maïs, coule sous le viaduc d’une voie de chemin de fer oubliée, serpente au milieu des villages qui l’ont jadis ornée de ponts et de lavoirs puis là-bas, quitte la vallée pour aller se jeter dans la Charente.
Là, loin des autoroutes et des trains à grande vitesse, loin des villes et des aéroports, on pourrait presque dire loin du monde, dans cette vallée un peu à l’écart, des femmes et des hommes vivent. Ici, les pierres et les arbres content des histoires. Châteaux et fermes fortifiées rappellent que maints pouvoirs féodaux se disputèrent cette région. Églises indestructibles et abbayes ruinées portent en elles les terribles guerres qui se menèrent au nom de Dieu ou des hommes. Cimetières et monuments aux morts gardent les traces de ceux qui tombèrent au siècle dernier, tout près ou très loin, au nom de la liberté ou d’idéaux moins présentables. Même les chemins creux les plus isolés se souviennent des bruits de bottes, des embuscades, des traversées silencieuses la nuit tout au long d’une ligne imaginaire qui coupait la vallée en deux zones, l’une libre et l’autre non.
Et l’Argentor conte aussi l’autre histoire, la petite, l’histoire quotidienne des gens ordinaires. Là, une enseigne presque effacée peinte jadis au-dessus d’une grange aujourd’hui fermée rappelle que les bourgs regorgeaient encore d’artisans, il n’y a pas si longtemps, lorsque l’agriculture et l’élevage nourrissaient toute une population. Ici, la petite usine installée à la sortie du village montre que si la vie n’est plus la même, si beaucoup de jeunes ont choisi de partir chercher du travail en ville, certains sont encore là et construisent chaque jour à leur mesure la nouvelle réalité rurale. La supérette a remplacé les épiceries d’antan. Les écoles se sont regroupées pour survivre. Les ruraux d’aujourd’hui regardent à la télévision les banlieues s’enflammer et ne comprennent pas pourquoi là-haut on s’obstine à vouloir fermer les écoles dans les villages. Sans doute pour nourrir le mirage urbain, pour pousser un peu plus les gens à quitter la campagne et à aller s’entasser en banlieue, dans de grandes cages de béton, où ils vivoteront entre les murs tagués, le magasin hard discount et l’antenne locale de Pôle Emploi, recréant au bord de l’autoroute les jardins ouvriers, ersatz de campagne qui leur rappelleront les jardins de leurs ancêtres. Pendant ce temps, dans la vallée de l’Argentor, les gens vivent leurs petites histoires de tous les jours, loin des projecteurs et des caméras. Ils aiment, ils souffrent, ils vivent, ils meurent, ils vont travailler ou chercher un travail.
Ce sont ces petites histoires, ces tragédies de hameaux, ces comédies de villages et ces destins immenses de héros de canton que nous retrouvons dans Les Mystères de l’Argentor .
1 – Un nouveau fonctionnaire


Ça y est ! Je suis fonctionnaire. C’est monsieur le maire qui est venu me le dire à la maison hier matin. Grand-mère en a pleuré tellement elle était contente. Moi aussi, remarquez, j’étais drôlement content. Mais moi, j’ai mes raisons et ce ne sont pas les mêmes que Grand-mère.
On était à la maison, comme d’habitude. Grand-mère faisait un peu de ménage avant d’aller au marché. Tous les jours, c’est pareil. On se lève à six heures, parce que Grand-mère dit que ce sont les fainéants qui traînent au lit. Moi, j’aimerais bien rester un peu au lit, surtout parce que le soir, je lis en cachette et forcément après, j’ai du mal à me réveiller. Mais bon, il faut se lever à six heures. Ensuite, il faut prendre une douche parce que Grand-mère dit que ce sont les vauriens qui sortent sales. Et comme je ne suis pas un vaurien, je prends une douche. Lorsque je suis bien lavé, on prend le petit-déjeuner. Grand-mère sert le café et je coupe le pain pour faire des tartines avec de la confiture. J’aime bien la confiture parce que c’est sucré et Grand-mère ne veut pas que je mette trop de sucre dans le café. Alors quand je mange de la confiture, j’ai le goût du sucre qui coule dans la bouche. Parfois, il arrive qu’il n’y ait plus de confiture à la maison. Ça, c’est quand Grand-mère n’a pas encore touché la pension et que les confitures que Grand-mère a faites pendant l’été sont terminées. Dans ces moments-là, il faut faire des économies, alors il n’y a plus de confiture au petit-déjeuner. Mais ça ne fait rien parce que je sais que quand la pension arrivera, il y aura de nouveau de la confiture.
Quand nous avons fini le petit-déjeuner, il faut aller se laver les dents. Grand-mère dit toujours que si on ne se lave pas bien les dents, elles deviennent toutes noires comme dans les films de pauvres à la télé et puis elles tombent. C’est pour ça que les vieilles personnes, des fois, elles n’ont plus de dents. C’est parce qu’elles ne se sont pas lavé les dents après le petit-déjeuner. Quand on a terminé, il y a ce que Grand-mère appelle le travail d’intérieur. Normalement, quand on a un travail, c’est à cette heure-là qu’on part de la maison. Alors quand on n’en a pas, on doit faire comme si et faire le travail d’intérieur. Le travail d’intérieur, c’est quand on fait le ménage avant d’aller au marché. Enfin, Grand-mère dit que faire mon lit et ranger ma chambre, ce n’est pas vraiment un travail d’intérieur comme les autres et qu’il faudra que je continue à le faire.
Parce que moi, jusqu’à hier, je n’avais pas de travail donc je devais faire le travail d’intérieur comme faire la lessive, laver le sol, nettoyer les vitres et plein d’autres choses comme ça. Grand-mère, elle trouve toujours quelque chose à faire même quand on a tout fait. Elle dit qu’elle ne veut pas de fainéant chez elle. Mais maintenant, je ne serai plus obligé de faire le travail d’intérieur puisque j’ai un travail d’extérieur.
Hier matin, Grand-mère était occupée dans la cuisine et moi, je rangeais ma chambre. Enfin, il ne faut pas le dire à Grand-mère, mais je rangeais surtout ma collection. J’ai une très belle collection d’étiquettes. J’en ai de toutes sortes. Des étiquettes de fromages, de vin, de boîtes de conserve, de bonbons. J’ai même des étiquettes de la bibliothèque que la dame m’a données quand ils ont refait tous les rayonnages, avec des noms de grands auteurs. Ça fait presque comme si j’avais les livres.
J’étais donc dans la chambre quand la sonnette a retenti. Je n’ai pas bougé parce que des fois, c’est des représentants qui viennent voir Grand-mère, mais elle ne veut jamais discuter avec eux parce qu’elle dit qu’ils veulent surtout ses sous et qu’elle n’en a pas assez pour leur en donner. Si c’est ça, elle a bien raison. Mais là, ce n’était pas un représentant. C’était monsieur le maire en personne. Moi, j’étais tranquillement dans ma chambre quand Grand-mère m’a appelé. Il voulait me voir moi. Je suis allé vers la cuisine et Grand-mère m’attendait dans le couloir pour me demander tout bas :
C’est-y que t’as fait une bêtise ?
Ben non ! que j’ai répondu.
Je suis rentré dans la cuisine et Grand-mère me suivait. Elle était curieuse de savoir, mais je n’étais pas trop rassuré non plus. Je savais bien que je n’avais rien fait de mal. Je ne sors que l’après-midi pour aller à la bibliothèque ou pour me promener. Je me serais bien rendu compte si j’avais fait quelque chose. Quoique des fois, à l’école, il arrive qu’on soit puni alors qu’on n’a rien fait, juste parce que le maître croit qu’on a fait une bêtise. Ça, je m’en souviens. Alors ça ne veut rien dire d’avoir

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