252
pages
Français
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Ebook
2018
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Publié par
Date de parution
28 février 2018
Nombre de lectures
2
EAN13
9782342159615
Langue
Français
« Le chasseur blanc et son boy se penchèrent au-dessus de la fosse d'où sortait toujours la plainte. Recroquevillée sur elle-même, une très jeune femme noire, entièrement nue, protégeait de ses bras un primate difficilement identifiable à cause de la crasse couvrant son corps et de la faible luminosité dispensée par la lune. Mais Roger en était sûr, ce singe peu velu n'appartenait pas à la famille des chimpanzés ! »
Publié par
Date de parution
28 février 2018
Nombre de lectures
2
EAN13
9782342159615
Langue
Français
Bo' Quatre Sangs : Tome II
Nathan Liondor
Mon Petit Editeur
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Bo' Quatre Sangs : Tome II
1. BOMA2. MATADI
3. LEOPOLDVILLE4. STANLEYVILLE
5. KILO5’. MAHAGI
6. ALBERTVILLE 7. MPWETO
8. ELISABETHVILLE 9. SAKANIA
10. LIKASI11. BUKAMA
12. KASENGA
Introduction
Les héros du roman, bons ou méchants, ainsi que leurs comportements, leurs actions et les dialogues qu’ils échangent, relèvent de la pure invention. De même pour certains personnages qu’ils côtoient, qui ont réellement existé, et que le lecteur reconnaîtra ou apprendra à connaître.
Personnellement, je n’imagine pas qu’un auteur puisse aboutir sans le soutien de son entourage. Ma famille et mes amis m’ont beaucoup aidé, corrigé et conseillé. Je les en remercie du fond du cœur. Merci également pour l’aide apportée par mon éditeur qui me fait une nouvelle fois confiance.
Résumé de la première période
En 1882, un jeune séminariste belge, peu motivé par la vie religieuse, décide de partir pour le Canada à l’appel d’un évêque local, Monseigneur Taché, qui cherche des instituteurs missionnaires. À dix-huit ans, il prend la mer à Anvers sur un des bateaux de la Red Star Line reliant la métropole flamande à Halifax.
Le jeune homme gagne les Territoires du Nord-Ouest, futures provinces du Saskatchewan et de l’Alberta. Il y rencontre une jeune indienne, fille de Chef et petite-fille de chamane, qu’il épouse après de nombreuses aventures.
Ils auront un fils, naturellement doué physiquement, intellectuellement et psychiquement. Il est le héros central de l’histoire. Il deviendra reporter puis correspondant international. Ayant gagné quatre vies lors de la Danse du Soleil des Sioux Lakhotas, il atteindra l’âge de cent sept ans.
À la demande d’un journaliste, il acceptera de raconter ses aventures. La première partie de son parcours se termine à Sarajevo où il est arrêté suite à l’assassinat de l’archiduc austro-hongrois François-Ferdinand et de son épouse.
Djambo !
Djambo, Bwana !
Habari gani ?
M’zuri sana ?
Wageni, mwakaribishwa kongo yetu !
Hakwuna matata !
Kongo mchi mzuru
Hakwuna matata !
Inchiya amani
Hakwuna matata ! 1
Bonjour !
Bonjour, Monsieur !
Comment allez-vous ?
Très bien ?
Visiteurs, vous êtes bienvenus dans notre pays !
Pas de problème !
Le Congo est un bon pays !
Pas de problème !
Il est Terre de Paix
Pas de problème !
Belgique, Bruxelles, juin 2000
Curieusement, j’ai hâte de retrouver le mémorialiste et de poursuivre la suite du récit. J’ai réécouté le déroulement de ma première vie avec plaisir. Comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Il est vrai que tellement de lunes se sont succédé ! Nous avons interrompu la séance très tard hier soir. Il est bizarre le bonhomme. Je n’ai pas encore entendu le son de sa voix. Je l’ai observé à la dérobée, il prenait régulièrement des notes alors que je lui avais promis une copie de l’enregistrement. À certains moments, il avait l’air contrarié ou émotionné, comme concerné par ce qu’il entendait. Quand je lui ai proposé de rester loger, il a immédiatement accepté. Le temps de chien qu’il faisait dehors est sans doute l’explication. J’aurais peut-être dû me renseigner sur lui et son journal. Le « Boomerang », quel nom pour un canard ! Qu’importe, cent et sept années d’aventures m’ont blindé contre toute forme de curiosité stérile, d’inquiétude, d’anxiété ou même d’angoisse quelconque. Seules ombres au tableau, ces peurs primales et incoercibles qui me réveillent presque chaque nuit. L’héritage chamanique de mon arrière-grand-mère ne m’a pas apporté que des avantages. Ah, enfin, je l’entends venir. 2
— Entrez, cher Monsieur, excusez-moi de ne pas vous avoir attendu pour le petit-déjeuner. Je me lève aux alentours de la cinquième heure. C’est une habitude que j’ai prise il y a bien longtemps et je suis en appétit dès potron-minet. Servez-vous donc de thé ou de café avec les viennoiseries que nous avons pu trouver. J’espère que vous avez confortablement dormi et que vous êtes en forme pour la suite de mon histoire. La fin de ma première vie me laisse en mauvaise posture. Et la Grande Guerre est là ! Je n’ai pas eu beaucoup de choix dans mon second parcours, vous le comprendrez très vite. J’y ai côtoyé ces nouvelles machines de mort qu’une kyrielle d’ingénieurs et industriels se sont échinés à créer en urgence avant ceux de l’autre camp. Qu’ils disaient ! Ils étaient souvent les mêmes d’un côté comme de l’autre et ne revêtaient leur veste patriotique, qu’ils retournaient régulièrement, que pour mieux vider les caisses des États, se fichant pas mal des conséquences de leurs inventions. La suite de mon existence et de celle des autres personnages, je l’ai réécrite sous la forme d’un roman avant d’en faire une copie sonore sur ce magnétophone. Un jour, peut-être, un éditeur s’y intéressera. Ou un réalisateur de cinéma. Vous constaterez d’ailleurs qu’il y a matière à remplir des bobines ! Sur la table, des photographies et quelques cartes vous éclaireront mieux.
« START »
Congo belge, région de l’Ituri, février 1903
En trois mois, depuis Khartoum, ils avaient suivi le Nil et atteint Nimoulé. Deux semaines auparavant, à Gondokoro, la fièvre s’était emparée d’Armand et ils faillirent abandonner leur campagne de chasse. Dans les précédents villages du bord du fleuve où leur bateau avait abordé, ils avaient entendu parler des ravages mortels de la mouche tsétsé, glossine responsable de la maladie du sommeil, dont un des symptômes est une forte température. Cependant, au cours de la semaine qui suivit, aucune aggravation ne se manifesta et la fièvre disparut. Un personnage étonnant les rassura. Haut en couleur, médecin autant baroudeur que pasteur, le révérend Alphonse Tielemans, un père blanc qui cherchait un moyen de remonter le Nil, leur apprit que le principal foyer de la maladie se situait plus au Sud. Sœur Edmonda de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame, qui accompagnait le missionnaire, leur inculqua les mesures de prophylaxie efficaces qu’il fallait prendre. En remerciement, les deux Français leur offrirent d’ajouter une embarcation à leur expédition et de faire route ensemble. Car Roger et Armand 3 décidèrent de prolonger leur périple jusqu’en Ituri, réputée pour l’abondance et la diversité du gibier.
Ils armeraient une courte pirogue, avec toit de paille, pouvant accueillir trois solides pagayeurs en plus des religieux. Ceux-ci acceptèrent avec enthousiasme, leur but final étant de rejoindre les réseaux fluviaux connus et de les suivre jusqu’à Mpweto sur le lac Mweru, frontière naturelle entre le Congo belge et la Rhodésie du Nord.
Après le contournement à pied des rapides de Nimoulé, la navigation en pirogue put continuer jusqu’au lac Albert-Nyanza où ils affrétèrent un robuste voilier à coque d’acier, motorisable en cas de nécessité, pour longer la rive ouest jusqu’au passage terrestre, via la bourgade de Djugu, vers Irumu. Les porteurs y chargèrent les bagages et les armes sur des embarcations indigènes de la rivière Shari. Le sens du courant de celle-ci, affluent du fleuve Ituri et donc sous-affluent du Congo, offrit une progression plus rapide que pendant la remontée du Nil. Et donc, fournit plus d’occasions de s’arrêter pour permettre aux deux amis de s’adonner à leur passion.
La chasse se déroulait le plus souvent en fin de journée quand les animaux viennent s’abreuver aux cours d’eau. Cela permettait de ne pas trop s’éloigner des pirogues. Ce jour-là, Roger choisit de s’enfoncer dans la forêt en milieu d’après-midi accompagné de deux robustes porteurs Dinkas et son boy Niam-Niam 4 , un courageux géant surnommé Yabon à qui il confia son second fusil, un Lee-Enfield 303. Luzarche avait repéré sur la rive ouest, dans la dense végétation, une trouée probablement récemment créée par une famille de ruminants. La suite lui donna raison et il put abattre trois grandes antilopes qu’il confia aux porteurs en charge de les ramener aux bateaux.
Après avoir grignoté quelques galettes de millet, il décida de continuer car Yabon avait relevé des traces d’un animal presque mythique, mi-girafe, mi-zèbre que les Pygmées appellent o’api, ou mondonga en langage lingala. C’était une chance unique qui s’offrait au Français d’observer un spécimen vivant et d’en ramener éventuellement la peau. Il ne put résister à la tentation de les suivre, négligeant la plus élémentaire prudence. Dans cette région, le soleil se couche sans crépuscule et les deux hommes se retrouvèrent brusquement dans la nuit.
Il n’y avait pas d’autre choix que de rebrousser chemin. Tout se passa bien dans les premières centaines de mètres puis les moustiques les assaillirent et il leur fallut franchir plusieurs marais dans de l’eau jusqu’à mi-cuisse avec une multitude de bestioles grouillant autour d’eux. Ce n’était pas la piste par laquelle ils étaient venus. Celle-ci était très étroite et les buissons d’épineux les lacéraient douloureusement jusqu’à même traverser les bandes molletières. Le temps passait et Roger commençait à fatiguer et à s’inquiéter. Complètement désorienté, il avait l’impression de tourner en rond.
Soudain, le Niam-Niam s’écria : « Efe, Efe ! » en pointant agressivement sa sagaie devant lui. Il tapota frénétiquement son oreille. Une musique étrange leur parvenait effectivement, vocale, polyphonique pratiquant l’ostinato 5 et y incorporant du yodel et des hoquets. Elle était cadencée par des sifflets artisanaux et des lamellophon