Buvons, Buvons
128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Ce triptyque nous offre : une autobiographie de Marcel Mazeron, quatre entretiens des trois protagonistes de ce projet, et enfin, le film Buvons, buvons et moquons-nous du reste. Un ensemble qui rend la parole à un vaincu de Mai 68, qui a pris ses slogans à la lettre, plutôt que de faire carrière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296478152
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Buvons, buvons
et moquons-nous du reste
Jean-Marie APOSTOLIDÈS
Michel MAZERON
Bertrand RENAUDINEAU


Buvons, buvons
et moquons-nous du reste


Un livre, un film
Réalisation de la maquette de couverture : Sookok Cho


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55675-1
EAN : 9782296556751

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Note au lecteur
L’ouvrage que nous proposons au public se présente comme un triptyque. Dans le panneau central, nous aurions aimé une autobiographie de Michel Mazeron. Il nous l’avait annoncée, il en avait même arrêté le titre : Souvenirs de l’autre pays. Cela n’a pu se faire. Pour pallier à ce manque, nous avons dû trouver une solution. À partir des centaines de pages que nous a fait parvenir depuis deux décennies notre héros, nous avons constitué, en plein accord avec lui, un texte apparemment disparate, mais qui possède une unité. On trouvera pêle-mêle dans cette première partie une ébauche d’autobiographie, des extraits de la correspondance entre Michel et son cousin Jean-Marie, des mémoires adressés à l’administration française ou au tribunal administratif. Entre ces différents textes, tous de la main de Michel, nous avons intercalé quelques documents en provenance de l’administration française qui ne manquent pas d’éclairer de façon curieuse certains aspects de l’affaire Mazeron. Ces documents nous prouvent qu’en dépit des efforts de modernisation de notre pays, en ce qui a trait à l’administration du moins, le temps de Georges Courteline n’est pas si éloigné de nous. La prose et les attendus de Maître Dominique Foussard en témoignent éloquemment. Ajoutons que Michel Mazeron défend lui-même sa cause, sans l’intermédiaire d’un avocat pouvant le conseiller, tant au niveau des arcanes du droit administratif qu’à celui de la conduite à tenir face aux représentants du système juridique. Cet aspect n’est pas à négliger dans l’analyse du rapport de force entre notre personnage et une bureaucratie qui se retranche derrière la loi pour nier sa toute-puissance. Tous ensemble, ces documents se présentent comme un équivalent littéraire de l’art brut. Nous n’avons cherché dans cette première partie ni la cohérence ni l’analyse. Notre désir a plutôt été de confronter directement le lecteur à Michel Mazeron. Nous nous sommes refusés de faire écran pour amoindrir le caractère dérangeant du personnage ou adoucir la violence de ses propos. Le lecteur qui acceptera de regarder en face la figure du fou y reconnaîtra un aspect de la réalité contemporaine qu’on préfère généralement ignorer. Parmi les excès verbaux ou les incohérences proférés par notre personnage, ce même lecteur sera peut-être sensible aux éclairs de génie qui émaillent ici et là des textes marqués au coin de la polémique. Ainsi, il connaîtra à son tour l’expérience qui fut la nôtre au long des années, chaque fois que nous nous sommes heurtés au héros de cette histoire.
Le panneau gauche de notre triptyque se présente comme un échange verbal entre les trois individus impliqués dans le projet. Il s’intitule simplement Entretiens. La contribution de chacun de nous est indiquée par nos initiales, MM, BR ou JMA. Ces dialogues évoquent (toutes proportions gardées) les grands textes du XVIIIe siècle au cours desquels Diderot se mettait en scène avec ses amis et connaissances, afin de débattre d’une question épineuse ou de faire connaître une figure haute en couleurs. Michel Mazeron, c’est notre neveu de Rameau à nous. Notre échange avec lui se poursuit pendant quatre journées, du vendredi 23 novembre au lundi 26 novembre 2001. Si, à l’origine, les propos qu’on lira furent véritablement échangés par les trois interlocuteurs, nous leur avons donné une tournure littéraire, visant à contrebalancer l’aspect "art brut", c’est-à-dire non travaillé, non raffiné, du panneau central du triptyque. Ce dialogue se tient entre la littérature et la réflexion philosophique. Il concerne le devenir du monde contemporain et, à un niveau plus terre-à-terre, le projet d’un film qui aurait Michel Mazeron pour héros. Un des thèmes que nous souhaitions mettre en valeur, c’est la place du fou dans la société contemporaine ; nous en débattons à plusieurs reprises.
Enfin, le troisième volet du triptyque est composé d’un film intitulé Buvons , buvons et moquons-nous du reste… Nous avons conservé ce titre pour l’ensemble de l’ouvrage. La démarche est la même que pour le panneau de gauche. À partir des dizaines d’heures d’entretiens filmés que nous avons eus sur plusieurs années avec notre personnage, nous avons sélectionné quelques scènes, afin de réaliser un docu-fiction , ou un film expérimental, visant à prolonger les deux autres parties de l’ensemble. Aucun des panneaux n’a été fait indépendamment des autres. Ils ont été conçus et réalisés en même temps, cherchant à se répondre l’un l’autre, comme les tableaux d’un triptyque traditionnel. En ce sens, chaque panneau est en harmonie avec les deux autres et lui sert de miroir. L’œuvre peut être abordée à partir de n’importe quel volet, même si la compréhension de l’ensemble diffèrera selon que l’on débutera par l’un ou l’autre de ses éléments.
Cet ouvrage est le fruit d’un compromis entre nous trois, renouvelé à chaque étape du travail, ce qui explique pourquoi sa finition a pris tant d’années. Aucun de nous ne peut le revendiquer comme son œuvre propre, en raison de la présence des deux autres dans tous les aspects de sa production. À l’origine, Michel était plutôt responsable de l’autobiographie, Bertrand du film et Jean-Marie des entretiens littéraires, mais il était entendu que nous pouvions intervenir dans le domaine de l’autre, ce que nous ne nous sommes pas privés de faire. En raison de son éloignement, Michel n’a pas directement participé au montage du film ou à l’écriture des entretiens, mais nous avons fait le maximum pour le tenir au courant de l’avancement du projet. C’est donc en connaissance de cause que nous présentons au public cet ensemble sous nos trois noms. Les liens qui nous attachent l’un à l’autre sont complexes ; on s’en rendra compte à maintes et maintes reprises. En cours de tournage, les tensions et les péripéties n’ont pas manqué ; nous avons souhaité en garder la trace. Jean-Marie Apostolidès est le cousin germain de Michel Mazeron ; ils se fréquentent depuis la petite enfance. Bertrand Renaudineau et Jean-Marie viennent de la même ville (Troyes) et se connaissent depuis l’adolescence. Ils ont travaillé ensemble dans quelques entreprises cinématographiques depuis le début des années 1970. Quant à Michel et Bertrand, c’est dans ces mêmes années qu’ils ont noué des liens d’amitié qui se poursuivent jusqu’aujourd’hui.
Michel Mazeron, héros de l’affaire Mazeron, est né à la fin de l’année 1944. Si son père, ingénieur aux usines Dunlop à Montluçon, venait de la bourgeoisie ruinée par la crise de 29, sa mère était issue d’un milieu plus modeste. L’histoire même de la famille Mazeron est fascinante, tant elle est fertile en secrets cachés/transmis sur plusieurs générations, mais ce n’était pas notre propos. Elle demeure néanmoins en fond de tableau de cet ouvrage parce qu’elle seule permet de comprendre le parcours exemplaire de Michel et sa complaisance pour la dérive sous toutes ses formes. L’enfance de notre personnage se résume en un trait, mais essentiel dans la société française traditionnelle : Michel fut, tout au long de sa scolarité, et jusqu’au second baccalauréat qu’il obtint à quinze ans avec mention, un premier de classe. Il ne s’en remit jamais. Ses exploits scolaires parurent si étonnants aux membres de sa famille (parents et grands-parents) qu’ils reportèrent sur lui l’espoir d’échapper à la décadence où les avait plongés la crise de 29. L’attitude de Michel Mazeron à l’âge adulte ne s’explique-t-elle pas en partie par les attentes exagérées que les siens avaient construites autour de quelques brillants résultats scolaires ? Il fut, à un âge assez jeune, perçu comme le Sauveur et, dès qu’il se trouva confronté au monde réel, c’est-à-dire dès que prit fin la chappe d’adoration perpétuelle dont il était entouré et qui le protégeait des atteintes du monde extérieur, il ne parvint plus à faire face aux demandes les plus légitimes de son entourage. Au cœur de son affectivité gît un sentiment jamais affirmé ouvertement, mais qui justifie la plupart de ses comportements, celui de devoir obtenir partout la première place. Et, faute d’

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