CASABLANCA - Chicha, Esther, Colette et les autres
170 pages
Français

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CASABLANCA - Chicha, Esther, Colette et les autres , livre ebook

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Description

Casablanca... C'est l'histoire de plusieurs vies qui se croisent. Chicha, Esther, Abe Slaoui et une petite fille qui a disparu dansun camp de migrants casablancais en sont les protagonistes. Colette, une journaliste parisienne se joint à la police marocaine pour enquêter. Intrigue policière, rencontres et rivalités féminines, mais aussi douceur, histoire d'amour passionnelle, le rythme ici est pulsionnel comme Casablanca qui renverse tout sur son passage : sa sensualité, son passé, sa saleté, son arborescence, son esthétisme. Ambition, vanité, jalousie... Le scénario raconte également les préoccupations contemporaines, la peur, l'abandon, l'amour spolié, le lâcher prise, les fourberies, les passions, et une certaine misère. On est ailleurs. Comme au cinéma.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN : Dépôt éga : © A. Retnanî Édîtîons a Croîsée des Chemîns 16, Rue Mouaffak Eddîne Imm. A Rés. Dbîbagh Quartîer des hôpîtaux - Casabanca înfo@acroîseedeschemîns.ma www.acroîseedeschemîns.ma
Valérie MOrales-Attias
CASABLANCA Dans tous ses états RoMAN
À mes illes, Ines et Sara. À ma mère.
I
Chicha
observaîs son vîsage noîr. Non, î n’étaît pas J’ noîr, putôt d’un îvoîre très sombre. Je tenaîs fermement a jeune femme ain qu’ee ne s’échappe pas et ne âchaîs rîen face aux bruîssements peîns d’ombre de ses cîs qu’ee battaît fort. Is paraîssaîent d’une ongueur extravagante. Ses yeux étaîent verts et a ie s’est aors mîse à peurer dru. I y en avaît teement de ses armes qu’on es voyaît rouer comme des monceaux de ge îquîde quî se déversaît entre ses grands yeux arges de paquebot. Je désîraîs déstabîîser e masque buté que m’opposaît cette face sombre, grîmaçant sous mon regard. Ses yeux mangeaîent tout son vîsage. C’étaît ceuî d’une bête grîse, couverte de poussîère, un fantôme pîégé au fond d’un trou de ténèbres. Tout au fond. J’aîdaîs a jeune femme à sortîr de sous a remorque du transporteur îmmatrîcué dans un pays afrîcaîn. Je savaîs que, avec d’autres femmes, ee avaît passé pusîeurs jours et queques nuîts, bottîe à ’întérîeur de ce camîon à moîtîé pourrî, maîs je ne ressentaîs rîen, nî compassîon nî trîstesse. Je croîs que je n’en avaîs
8 — Casablanca
pas assez pour moî-même. Quand ma prîsonnîère fut remîse debout, je a ceînturaîs fermement et ee comprît îîco que e monde meîeur qu’ee espéraît rejoîndre, îcî, puaît a crasse, ’épuîsement et a peur. Essuyant ses armes, ee me dît qu’ee s’appeaît Esther et qu’ee venaît d’Éthîopîe. Ee étaît montée sur e bateau sans famîe, sans argent, sans rîen, sur un coup de tête, toutes ses économîes y étaîent restées. Sae, cernée de noîr sous a paupîère, ee marchaît courbée, e dos cassé à cause de ’îgnobe voyage. Nous marchîons ensembe vers e centre d’hébergement construît à a hâte pour faîre face aux vagues d’arrîvées. Les mîgrants subsaharîens avaîent désormaîs choîsî e Maroc pour sauver eur peau. Aujourd’huî, nous en avons arrêté sept, toutes des femmes. Une procédure bîen înutîe car nous savons que, à moîns d’un sîgnaement înternatîona, ees seront dans es vîngt-quatre heures occupées à mendîer sur e bouevard Zerktounî. Le regard d’Esther m’întrîgue toujours. Ouî, maîntenant, ee sourît méchamment. Ses yeux baîgnent dans une joîe opaque. Je voîs aors qu’ee s’enfonce dans un optîmîsme absurde. Tandîs que nous ’enfermons dans e bâtîment prévu à cet effet, a jeune Noîre se ève de toute sa taîe et m’annonce avec un méprîs quî m’est destîné, qu’î ne uî faudra pas pus d’une année pour vîvre à Parîs, avec es poches peînes de bîets. Quand ee me dît avec son drôe d’accent qu’ee sera « rîche », j’entends e « chîche » du déi à
Chîcha — 9
a pace. Esther est certaîne de trouver un bon travaî, îcî, à Casabanca. Qu’on ne s’y trompe pas, Casa ne sera pour ee qu’une sîmpe escae avant ’escaade européenne. Enin, Esther nous toîse tous du haut de son mètre quatre-vîngts, âche ses cheveux fabueux dans son dos. Is se tortîent en bouces sînueuses d’un noîr terrîbe. J’en aî aussîtôt e cœur pîncé d’une poînte de jaousîe de rîen du tout. L’arrogance d’Esther vîent probabement de sa jeunesse maîs, avant tout, de son extrême beauté. De a tête aux pîeds. Ma jaousîe me force à détaîer a ie. Je a regarde ixement, cette maheureuse, et je ressens un certaîn paîsîr. Ee est affamée, sae et puante comme un chîen. Ee ne possède vraîment rîen, nî papîers, nî coîer, nî argent, nî moee à ronger. C’est dîre qu’îcî, ee est ma barrée. Pus oîn, derrîère es camîons, es rôtîsseurs rôtîssent gentîment, sur eurs stands de fortune, comme partout où î y a du soeî et des maheureux. À cent mètres à peîne de ces désespoîrs humaîns, ça sent ’îode et a fraïcheur cîtronnée du poîsson frétîant, déîcîeux, pîe à poînt sous es nuées de mouettes quî guettent depuîs e port. I est 13 heures et ma faîm à moî crîe sans vergogne devant es marchands quî m’appeent depuîs eurs baraques branantes. On dîstîngue aors dans e cîe d’extravagantes voutes de réconfort quî sentent bon e cumîn chaud.
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