La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 05 mai 2016 |
Nombre de lectures | 6 |
EAN13 | 9782140010293 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Copyright
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-76265-4
Titre
Gabrielle R atcliffe
Code barrée
Petit inventaire drolatique
des étiquettes sociales
Illustrations de Mélissa Fries
Du même auteur
Du même auteur
Dieu est possédée, l’Harmattan, collection Vivre et Ecrire, 2014
Crédits photographiques
Couverture : Jean-Louis Hess
– D’abord, moi – Prise de carapace artificielle
Je suis née à l’âge de vingt ans, enfantée par des rencontres qui m’ont portée, supportée, transportée. Je les appelle mes maïeuticiens, mais jamais je n’ai su ni connu la chrysalide dont ils ont accouché. Cependant je sais qu’ils ont livré une vérité plurielle et si singulière sur moi.
Car je suis et demeure narcissique, et je n’ai pas de flaque où me refléter.
Mon égo n’est nullement égotique, car je n’aime pas Stendal, et préfère Casanova. Mon égo n’est pas mimétique, il est magnétique ; et, lançait Cocteau, son miroir ferait bien de « réfléchir avant de renvoyer des images ».
Ce miroir, c’est votre regard.
Il est flasque, c’est ma flaque d’eau, c’est vous. Et je vais de ces trous terreux que sont mes yeux boueux vous raconter la bonne aventure ; enfin, mes aventures.
Cocteau, toujours lui, décidément bien lumineux, me disait à l’oreille « je trempe ma plume non dans un encrier mais dans la vie » ; et ma vie est une machine à écrire… Vieille, usée, mais vaillante !
Des rencontres, qui m’ont donné vie et espoir sans nulle destinée : un chemin, des hasards sans bis repetita, pas de récurrence dans ma vie, juste des contingences. Et une trilogie qui parsème ce chemin si sinueux mais tellement vertueux.
Des disparus, des égarés, des vivants : tous célèbrent la plus belle des ivresses et le plus puissant paradis sur terre, qui n’est nullement artifice.
Vivre sans relâche, sans modération, car si je ne suis pas mature, je suis toujours nature. Une plante qui se cultive pour se dresser d’elle-même, vers le ciel sur lequel elle peint des étoiles, à la kalachnikov.
Je préfère néanmoins un coup de rouge à un bain de sang, et jamais sangloter, sinon de joie.
– Alcoolique – Notre Dame de la picole
Entre la trappiste et la carmélite, je préfère la Chimay bleue, car je ne suis point semblable à Louise de la Vallière, jamais je n’entrerai au Carmel même avec une oraison funèbre de l’auguste Bossuet. La blonde en verre illustrée de charmants petits monstres me redonne décidément la raison.
Un verre et je deviens voyante. Deux verres et je regagne toute ma lucidité. Trois verres… Je suis raisonnée mais plus vraiment raisonnable.
Et plus, je danse sur les tables arrosées de ma verve et de mon verbe si haut qu’il annonce la fin de la mesure… Mais non de la partie !
La femme est la mesure de toute chose et l’alcool un sacré métronome. Or je préfère les pendules molles, et le décalage ambré qui me laisse un rien décalquée.
Je deviens un récital du bréviaire de la gueule de bois. Mais mes jambes comme ma langue ne sont vraiment pas de bois… Je valse et je tangue, je tourne les têtes d’un regard lascif un rien vitreux. Je deviens torche vive et mon esprit se fait incendie.
Ma langue déliée se met à chanter l’allemand des tavernes de mon enfance. Mais pour vous dire vrai, je n’aime pas la Pils. Ni sa chauvine imitation alsacienne, la Météor.
Pour la bière, c’est belge. Je le décrète car peut être est-ce une remontée acide de mes origines flamandes.
Mon mari ne partage pas du tout ce goût pour les beuveries car lui, heureusement pour moi, a épousé non Bacchus mais la sobriété… Et moi accessoirement pour parler et danser et bouger et ne pas s’ennuyer… Jamais ! C’est toute l’étendue de notre contrat de mariage !
Moi qui croyais être un bon parti ! Il manque et la dot et le trousseau mais nullement le gosier et l’appétit de vie ! Car l’appétit terrestre s’apaise avec la panse et la soif recèle toutes les vertus… Jamais elle ne s’altère ! Et toujours désaltère !
À chaque dîner, nos amis sont avertis d’office, d’une boutade : « il a faim, qu’est-ce qu’on mange… Et moi j’ai une telle soif ! »
J’ai toujours soif d’ailleurs, de plaisir et de joie sans être fille de joie.
Excès et démesure sont inscrits dans le missel de ma vie !
Non, la femme n’est pas la mesure de toute chose sinon elle serait usée, élimée, éculée au visage ridé… Un masque.
Santé !
– Ami – Parce que c’était lui, parce que c’était moi
Un soir, dans un appartement rangé mais en rien propret, sonne un étrange individu de haillons vêtu, témoignant de la vitesse de son apparition, tant spectrale que spectaculaire.
Un ami en recherche bientôt séminariste.
Une nuit, dans une chambre jonchée de papiers et de cendriers en tout genre, frappe violemment sur une porte toujours ouverte une jeune fille. Ses bras saignent, ouverts de la marque du désespoir.
Une amie en déroute bientôt peintre.
Un matin, je cours échevelée, et rencontre inopinément un ami aussitôt baptisé gourou, car personnage rocambolesque au charisme qui n’a d’égal que son ventre. Assez gras pour partager dans la joie des instants de folie en verbe et en espèce.
Moi, en espoir de chemin d’ivresse.
Un lien sans chaîne. Un fil sans filet car Ariane nous unit sans nous emprisonner, livrant les clés de l’arrivée comme du départ, avec de quoi nous nourrir, nous fournir des vivres, nous faire rire de feu follet en acrobatie sur le chemin tortueux de la vie.
Un cœur et des peines, des contes et des petites choses murmurées ou hurlées au creux d’une oreille toujours en éveil, parfois même réveillée sans jamais crier, en pleine légèreté car respectant un contrat.
Il est signé le jour d’une fête, d’arbres et de vergers en fleurs ou en bourgeons avec promesse éternelle de retrouvailles, sans nul certificat de bonne conduite, mais une sécurité pour seul mot de passe. L’amitié.
Tout s’envole pourtant comme des papiers chiffonnés avec pour seules lettres des hiéroglyphes. Un Champollion des cœurs sait déchiffrer en apposant sur nos fronts ce nom.
Amitié.
Car un ami pleure. Avec moi.
Car un ami rit. Avec moi.
Pas de monastère, pas de phalanstère mais une communion du cœur qui peint et qui dessine et qui trace des ornières de plaisir en chuchotant… Ici tu es chez toi… Pour un instant nommé vie… Pour un présent qui dit don.
Car tu as toi ami brisé ma carapace et je suis maintenant fêlée.
Pour laisser passer ta lumière
En plein jour.
– Banquière – Banco
Une femme croupit piteusement dans un bureau aussi dépouillé qu’anonyme. Une plante morte signe l’arrêt de mort des publicités chantant la gloire de ses missions usurpées. Pas de rime en cette maison, mais des rides coulent sur ce visage pourtant jeune, emportant sa fraîcheur dans son affublement maniaque ; tailleur noir assorti à son écran couleur gris démoniaque.
Une femme sourit quand elle se répand et s’étend en vendant ses produits de consommation trop courante. Ils se nomment piteusement crédit, assurance vie. Elle camoufle sa pression et ses boutons d’un maquillage sans âge.
On ne devine pas la moindre passion chez cette femme en dépit d’une lutte acharnée sur la piste de ses vices cachés. Elle excelle dans l’obéissance à une loi qu’on lui a prescrite telle une décoction magique. Si elle s’exécute sans ciller de son mascara trop noir, jamais elle ne décide, de rien.
Elle sait compter, elle sait remplir sur un papier codes et chiffres à la teneur aussi frigide que son visage sans le moindre paysage.
Je gis, je contemple et soudainement m’affole. Je suis assise dans cet espace sans vie proscrit aux découverts sans décolletés. Soudain, cette femme s’anime, parle et esquisse un sourire, un rictus qu’elle croit aimable. Il faut bien se vendre, pense-t-elle, dans sa mécanique habituelle q