652
pages
Français
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2013
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Ebook
2013
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Publié par
Date de parution
06 février 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782748392555
Langue
Français
Condicha ? Une jolie femme au charme dévastateur. Ensorcelante et impitoyable. Qui est le personnage caché derrière le mythe ? Contrebande, guerre sainte, empoisonnement, attentat à la bombe... D’un siècle à l’autre, d’un complot à l’autre, l’histoire et la légende s’entremêlent. Hamid, témoin d’un accident pas comme les autres, mène une enquête qui bouleversera sa vie...
Publié par
Date de parution
06 février 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782748392555
Langue
Français
Condicha, la comtesse de Marrakech
Bouih El Barhoumi Elidrissi
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Condicha, la comtesse de Marrakech
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://bouih-el-barhoumi-elidrissi.societedesecrivains.com
Le présent ouvrage est dédié à la mémoire des personnes marocaines et étrangères, victimes du lâche et odieux attentat du Café Argana, perpétré contre la Place Djamaa Lafna, patrimoine oral de l’Humanité et symbole de la rencontre de toutes les races et de toutes les confessions.
Ce sang marocain et étranger qui a été mêlé sur le plancher de l’Argana suite à cet acte terroriste, ne fera que conforter dans leurs convictions, tous ceux qui militent pour la paix, à continuer à œuvrer inlassablement pour que soient extirpées à tout jamais, les racines de ce fléau, totalement étranger aux traditions de ce pays.
Avertissement
À l’exception des personnages appartenant à l’histoire universelle, tous les autres personnages du présent récit sont fictifs. En conséquence, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence.
Prologue. La terrible apparition
L’extraordinaire aventure dont nous reproduirons, ci-dessous, fidèlement le film, et qui défraya la chronique lorsqu’elle fut rapportée, sous forme d’un fait-divers par un quotidien national, eut lieu au début des années 2000 :
Sur son lit d’hôpital et encore sous le choc du terrible accident de la circulation dont il fut victime la nuit précédente, Bouchaib, délirait en ces termes :
— Pitié Lalla, pitié, je n’avais aucune intention de vous manquer de respect… je vous ai prise pour une personne en danger, abandonnée en pleine nuit sur cette route déserte. J’ai voulu vous rendre service en vous embarquant dans mon camion. Pitié, j’ai des enfants qui n’ont d’autre soutien que moi. Pitié… Pitié… Ah !
Le pauvre blessé tomba à nouveau dans un son silence comateux.
— Oui, je la reconnais l’ennemie d’Allah ! s’exclamait sans cesse la dame obèse qui se trouve être Fatna, la femme de l’infortuné Bouchaib, c’est Condicha et personne d’autre. C’est elle qui tend ses pièges aux hommes de cette manière pour les perdre.
Assise en tailleur à côté du lit, la femme se tapait violemment les cuisses en se lamentant sur son sort alors que les autres femmes, aussi superstitieuses qu’elle et incapables de prononcer le moindre mot de consolation, priaient en silence pour conjurer la diablesse, seule responsable du drame à leur sens.
— Oui, vous dis-je, c’est elle. C’est la djénia et personne d’autre. Depuis qu’il a acheté ce maudit camion, notre vie a été bouleversée. Il a délaissé sa ferme, son bétail, ses enfants et ne fait plus que courir les routes. Il s’obstine à voyager la nuit, à défier les dangers malgré mes exhortations. Je me suis tant égosillée à lui dire : méfie-toi Bouchaib, les djinns sont partout. Méfie-toi, Condicha est dans les parages. Prends garde, le mauvais œil nous poursuit.
Elle se leva, fit face au groupe des visiteuses et continua d’une voix encore plus passionnée :
— Mais rien n’y faisait et l’homme ne devenait, au fil des années, qu’encore plus enragé. À chacune de mes relances, il ne faisait que répartir : « Fatna, occupe-toi des enfants, de ta maison et laisse-moi faire. L’agriculture ne rapporte plus rien. J’ai longtemps planté mes choux et attendu que d’autres viennent me les prendre à un prix dérisoire, ne me laissant que les yeux pour pleurer. À présent, je prends ma revanche et c’est moi qui achète leur récolte aux autres. Et puis regarde, ces bracelets en or qui rendent jalouses de toi toutes les femmes du douar, crois-tu que j’aurais pu te les payer si j’avais continué, comme par le passé, à gratter le sol ? ». Oui je conviens, lui disais-je, que nous nous sommes enrichis. Oui je conviens que les gens du douar nous envient cette richesse. Mais toi tu es toujours sur les routes, tu t’absentes parfois pendant des semaines, nous laissant dans l’appréhension et l’inquiétude. J’ai peur pour toi. « Et qui crois-tu avoir comme époux ? me répondait-il, le plus souvent excédé ou rouge de colère. Une lavette ? Un chien errant ou quelqu’un qui court les routes pour le plaisir ? Non Madame, je suis Bouchaib, je peine pour assurer l’avenir de ma famille et les hommes comme les djinns ne me font pas peur ».
Elle reprit sa position assise et enchaîna d’une voix résignée :
— Voilà à présent où nous en sommes : Que ferais-je s’il y restait, avec ce paquet d’enfants hein ?… Que deviendrions-nous s’il y passait ? Qui pourrait subvenir aux besoins de ces gouffres à pain, qu’il me laisserait.
Une vieille infirmière que l’âge a sans doute rendu plus humaine, s’approcha et se mit, avec beaucoup de diplomatie, à évacuer la salle.
— Allah est grand et veillera sur tout le monde, dit-elle laconiquement. Maintenant vous devez sortir, je dois changer les pansements du blessé.
Les visiteuses quittèrent la salle à pas lourds.
Dans une autre salle, du même établissement hospitalier, un autre blessé, moins grave celui-là, encore secoué mais lucide, racontait les circonstances de l’accident à un groupe de ses amis. C’était Hamid, un jeune du douar, qui travaillait pour Bouchaib, comme homme à tout faire.
— Nous avons terminé le chargement du camion avant la tombée de la nuit grâce au concours des ouvriers de la ferme, mais nous sommes restés pour prendre part au dîner, auquel le fermier nous a conviés. Nous avons donc quitté la ferme vers neuf heures du soir et Bouchaib était, contrairement à ses habitudes, dans de très bonnes dispositions. Il était optimiste quant au gain qu’il comptait tirer de son opération et disait : « Demain la pastèque fera parler d’elle, j’en suis sûr et les prix seront à leur niveau le plus élevé. Je suis également optimiste pour tout le reste car la récolte a été acquise à bon prix. Si la campagne tourne à notre avantage, je te promets mon cher Hamid un bon mariage avec la plus belle des filles du douar, tu n’as qu’à pointer ton index en direction de celle que choisit ton cœur et je m’occuperai de tout y compris des festivités pour lesquelles je ferai appel aux meilleures danseuses de la région, les chikhates de Safi qui savent jouer du derrière et du ventre comme personne et on dansera durant ta noce, mon cher Hamid, jusqu’à la levée du jour. Mais en attendant fêtons ce coup d’envoi de la campagne », conclut-il en tirant, d’une cache aménagée sous son siège, une bouteille de vin rouge. Débouche-la mon cher Hamid, la nuit comme la route sont encore longues. Il me tendit en même temps, un verre. Nous venions d’entamer la troisième bouteille, lorsqu’une silhouette blanche apparut sur la chaussée, à une centaine de mètres devant nous. Le patron ralentit machinalement et nous vîmes, en nous en approchant davantage, qu’il s’agissait d’une femme. Bouchaib est un bon vivant et ne recule jamais devant l’aventure quand elle se présente. Alors, il s’arrêta net, au niveau de la femme.
Hamid reprit sa narration au bout d’un bref moment de silence :
— Vous dire à quel point la femme était belle est au-dessus de mes moyens. Je pourrai seulement vous dire que je n’ai jamais vu pareille beauté. Malgré le Haïk qui l’enveloppait, la perfection du corps ne faisait aucun doute. Et le visage, oh ! Les traits du visage, j’ai beau aller au cinéma, regarder la télé, me promener dans les villes, je n’ai rien vu de comparable. Bouchaib était bouche bée devant cette beauté et ne savait que faire ni quoi dire et je le comprends car cette femme n’avait rien à voir avec celles que nous avions l’habitude de rencontrer. J’entendais distinctement sa respiration haletante et il m’avait semblé qu’une éternité s’était écoulée avant que l’extraordinaire beauté ne s’approchât de la portière droite, celle de mon côté. J’ai chaviré en humant son parfum et j’ai failli m’évanouir quand, la vitre baissée, elle s’approcha davantage. « Monsieur, dit-elle à l’intention du patron alors qu’elle semblait totalement ignorer mon existence, c’est un hasard douloureux qui me met au bord de cette route et si vous consentez à me déposer au village le plus proche, je vous raconterai ma tragédie. » « Oui Lalla, avec plaisir Lalla, s’empressa-t-il de répondre, je peux même vous déposer à Casablanca si c’est là où vous allez, alors montez, mais… Attendez. Hamid, descends, viens de mon côté. » Il descendit en me faisant signe de le suivre à partir de la portière du conducteur et je fus aussitôt, après avoir enjambé le levier de vitesse, à ses côtés. Et croyez-moi, c’est un autre homme qui me souffla d’une voix haletante : « Monte en haut Hamid, tiens, termine cette bouteille et emporte celle-là aussi. » Je le vis faire le tour de la cabine pour aller ouvrir obligeamment, la portière côté passager, à la jeune beauté. L’homme était carrément ensorcelé, continua Hamid d’un ton rêveur. Alors je montais en haut et me mis sur la galerie située sur la cabine du camion. Pour la première fois de ma vie, je me sentais jaloux de cet homme, de l’argent qui lui a permis de devenir maître de mon destin et je maudissais la vie qui n’a pas fait de moi, comme lui, un propriétaire de camion, pour que je puisse un jour rencontrer une beauté aussi sublime. Alors, en désespoir de cause, j’ai décidé de me consoler en vidant les bouteilles mises à ma disposition. En guise d’accompagnement, à l’aide de mon couteau, je me suis acharné sur la plus grosse pastèque qui me tomba sous la main.
Hamid marqua