Confidence pour confidence
62 pages
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Confidence pour confidence , livre ebook

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Description

[Extrait] J’ai rencontré Alberto un soir, sur le net. Face book occupait une place importante dans ma vie sociale et je passais le plus clair de mon temps à y poster des choses qu’il m’était impossible de faire en vrai. Ersatz virtuel, défouloir de mon bordel intérieur, amis au quintal, mon mur servait à tout. Cette vie numérisée, je la trouvais rassurante, parce que je la contrôlais d’un simple clic, d’un glissement de curseur. J’avais reçu une demande d’amitié, comme j’en recevais des dizaines par semaine. Comment les gens faisaient-ils pour vous trouver vous et pas quelqu’un d’autre, c’était une question à laquelle je n’avais jamais pu répondre. J’ai accepté la demande d’un nouveau visage, d’un nouveau nom. Lyne était désormais amie avec Alberto. Il écrivait des articles par-ci et par-là, tournait des documentaires et des courts métrages. Un intello, qui vivait de ses idées. J’étais une carriériste qui vivait de ses lubies. On allait discuter sans s’exposer, sans se voir, c’était exactement ce que je voulais. Lui attendait autre chose de moi et n’avait pas tardé à me le dire.

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Date de parution 07 novembre 2018
Nombre de lectures 8
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sabel Da Costa
Conidence pour conidence ROMAN
A Titi ma sœur, inspiratrice et phare,
… à Hans beau-frère adoré et multitask,
… à mes parents comme au bon vieux temps,
… au Chat du Cheshire mon plus beau cadeau,
… à Henri mon ami, paix à ton âme et à tous ceux qui ont lu ce livre avant publication.
…Je vous aime…
S
ab
el
Da
Co
s
ta
Conidence pour conidence
J’ai rencontré Alberto un soir, sur le net. Face book occupait une place importante dans ma vie sociale et je passais le plus clair de mon temps à y poster des choses qu’il m’était impossible de faire en vrai. Ersatz virtuel, défouloir de mon bordel intérieur, amis au quintal, mon mur servait à tout. Cette vie numérisée, je la trouvais rassurante, parce que je la contrôlais d’un simple clic, d’un glissement de curseur. J’avais reçu une demande d’amitié, comme j’en recevais des dizaines par semaine. Comment les gens faisaient-ils pour vous trouver vous et pas quelqu’un d’autre, c’était une question à laquelle je n’avais jamais pu répondre. J’ai accepté la demande d’un nouveau visage, d’un nouveau nom. Lyne était désormais amie avec Alberto. Il écrivait des articles par-ci et par-là, tournait des documentaires et des courts métrages. Un intello, qui vivait de ses idées. J’étais une carriériste qui vivait de ses lubies. On allait discuter sans s’exposer, sans se voir, c’était exactement ce que je voulais. Lui attendait autre chose de moi et n’avait pas tardé à me le dire.
Alberto voulait se sentir femme entre mes mains. Il voulait que je l’aide à choisir de la lingerie, à la porter, il voulait que je le pénètre, que je le prenne en photo, puis plus tard que je le regarde s’amuser avec d’autres personnes. Sa demande avait été formulée de la manière la plus simple qui soit. « Je pense qu’avec une femme à mes côtés, je pourrais tout faire plus facilement. Elle partagerait mon intimité et m’aiderait à m’explorer d’une autre façon ». Le raisonnement se tenait, mais ce n’était pas du tout mon trip.
Je tombais souvent sur des tarés, mais celui-là savait dans quoi il mettait les pieds. Rien ne m’obligeait à accepter, je pouvais décliner à n’importe quel moment et eacer son nom de ma liste d’amis. Mais il faut croire que ça m’intriguait. Un fond de narcissisme ou de self complaisance peut être. J’étais à la fois choquée et titillée par cette proposition. Il avait besoin de moi pour aller au bout de ses fantasmes, il devait bien y avoir une raison. Nous vivions tous les deux au Maroc et il prétendait que ses pulsions étaient inhibées par les mentalités. «Ce n’est pas évident de mener une vie sexuelle normale dans ce pays. Je reste très limité dans mes envies, parce qu’il est pratiquement impossible d’en parler librement ». Son message était clair, sans équivoque. Je croyais comprendre…
Comment fallait-il s’habiller pour un premier rendez-vous avec « un bi-transfuge » ? Le plus simplement possible à mon avis. Mon nouvel ami n’en avait pas après mes courbes ou ma féminité, il en avait après la sienne. J’avais îni par accepter sa proposition. Il n’y avait aucune contre partie me concernant. J’étais le vecteur de son plaisir et c’était tout. Peut être que je n’avais rien de mieux à faire et qu’il l’avait senti, voilà pourquoi nous étions assis l’un en face de l’autre dans ce café bruyant. Je souriais intérieurement en pensant à toutes les histoires bizarres, à toutes les alliances mi-sordides mi-fantasmagoriques que cette ville de fonctionnaires pouvait abriter. Combien de gens comme lui et moi, se parlaient en ce moment et échafaudaient des stratégies de luxure, des agapes de cul, l’air de rien comme ça. Je pouvais encore tout arrêter, rien ne me forçait. Cette rencontre pouvait se limiter à un thé à la menthe puis à une prise de congé. Mais non...
-Tu vis ici depuis longtemps?
- Bientôt quatre ans. Et toi ?
-J’y ai vécu toute ma vie. Mes parents étaient professeurs à la mission française.
- Tu fais quoi ?
-Chasseuse de tête pour un cabinet de recrutement.
Le sujet qui nous réunissait était délicat, il fallait l’amener progressivement. À coup de banalités sur nos métiers respectifs, nos goûts culinaires, nos voyages. Plus les êtres humains étaient gênés et incertains, plus ils parlaient de banalités. Ça aussi je n’ai jamais compris pourquoi. Je devais initier cet homme aux dessous en dentelle, lui faire écarter les jambes, le photographier, mais à cet instant, savoir s’il mettait du sucre dans son café me semblait crucial.
-Je suis content que tu ais accepté de venir Lyne, j’ai tout de suite senti que tu étais quelqu’un d’ouvert.
- Ce n’est peut être qu’une curiosité malsaine de ma part.
-Je ne pense pas. Il faut plus que de la curiosité pour accepter ce genre d’expériences. Il faut une propension à vouloir les vivre, autrement tu m’aurais déjà envoyé balader.
-Je peux encore le faire.
-Mais tu ne le feras pas.
Il avait raison, la machine était enclenchée, depuis un bon moment déjà. J’avais une heure de retard pour un quelconque refus. Cette propension, existait bel et bien. Toute rangée que j’étais, j’avais toujours été attirée par les extrêmes des autres. J’aimais m’en approcher, les frôler et me retirer ensuite avec la satisfaction de celle qui avait su rester en dehors, s’épargner le désastre, la crasse. Adolescente j’adorais regarder mes amis fumer des joints, se bourrer la gueule et vomir tout juste après. Adulte, j’aimais écouter les conîdences de mes proches. Les adultères consommés, les coucheries perdues, tentées, avortées. Le glauque m’attirait, la fange aussi.
-Comment vois- tu cette relation ?
-C’est toi qui m’a faite venir ici, c’est à toi de me le dire.
-Je suis un peu perdu, c’est la première fois que je fais ça, enîn que je demande ça à quelqu’un. Je ne sais pas quoi dire ou faire sur le moment.
-Alors commençons par le début. Tu t’approvisionner en petites culottes, c’est ça ?
-Oui
 disais vouloir
Son oui était presque inaudible, une confession, un aveu.
-Tu aurais pu directement les acheter dans un magasin et faire croire que c’était pour un cadeau.
-ça n’aurait pas été pareil, une vendeuse m’aurait conseillé en deux temps et trois mouvements et je serais reparti. Ce n’est pas ce que je veux. Je veux toucher, comparer, saisir le tissu comme tu l’aurais fait pour toi-même.
-On y va ?
De plus en plus d’enseignes, laissaient les hommes accompagner leurs femmes jusqu’aux cabines d’essayage. Quand il fallait réaliser du chire, on mettait de côté certains principes. Alberto voulait des strings, il les aurait ce soir même. Pour les vendeuses, nous étions un couple parmi tant d’autres, dans nos têtes, il s’agissait d’un prélude à l’inconnu. Pendant que je le regardais s’activer autour des bacs, l’une de ses phrases me revint à l’esprit « je n'ai pas besoin de mille femmes... juste une complice qui puisse me comprendre et partager avec moi toutes ces choses-là... pas plus ». C’était ce que je faisais, même si la donne était quelque peu biaisée. Je ne savais pas si je devais tenter de le séduire ou me laisser séduire par lui/elle en devenir.
 Son choix s’était porté sur des couleurs vives, des dentelles, des bouts de tissus minuscules. Des trucs que je n’aurais jamais achetés tellement ils avaient l’air inconfortable. C’étaient des hommes qui dessinaient et commercialisaient ces modèles. Ils surgissaient de leur psyché, de cet idéal de femme qu’ils avaient inconsciemment envie de devenir. Et à l’achat, leurs confrères moins talentueux se dirigeaient systématiquement vers ces articles, comme une continuation de leurs œuvres.
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