Crasse et paillettes , livre ebook

icon

212

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2023

Écrit par

Publié par

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

212

pages

icon

Français

icon

Ebook

2023

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Ce roman est une incursion dans le milieu de la mode et du mannequinat. Il commence tout en rimes comme un apparat de strass jusqu’à la claque qui dévoile la réalité.
Derrière la brillance du monde de la mode, ne se cachent plus les brebis galeuses et les loups sans scrupule qui prennent un malin plaisir à mettre de la crasse dans les paillettes.
Crasse et paillettes croise les ambitions de deux mannequins : une nouvelle et naïve qui se heurte à une ancienne impérieuse qui règne en diva sur les T depuis des années. Sont mis en opposition la passion de la féérie, l’innocence de la beauté, la recherche perpétuelle de succès éphémères et le dilemme des valeurs et traditions africaines face aux appels des voies occidentales.
Voir Alternate Text
Alternate Text

L'avis de l'équipe

Date de parution

01 janvier 2023

Nombre de lectures

360

EAN13

9782372232777

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

AWABA
Crasse et paillettes Roman
CIV 3277
À mes chers critiques, merci pour tout.
À mon ancien professeur de français, M. Ayité, féru de lecture et grand critique, pas seulement à ses heures perdues.
À Tchonté Pitin Mireille Silué, passionnée de littérature qui communique si bien cet amour, en critiquant les livres des autres.
À Josué Guébo, talentueux poète, qui sait toujours avoir le dernier et beau mot.
À ma chère sœur Fatim qui a le privilège, après de longs et doux harcèlements, de lire la première chacun de mes manuscrits.
À mon adorable époux, Mahama, qui, entre dix-huit matchs de basket-ball, a ni par apprécier mon manuscrit et répondre à cinq de mes mille questions.
En pleîn dans le mîlîeu
Timidement, elle efeura la lourde porte boisée et écarquilla ses oculaires pétillants de curiosité. L’émerveillement l’illumina, comme happée par un songe où elle était soudainement emmenée. Elle ne marchait plus mais glissait, sans effort ni mouvement, telle une envoutée. Dans une gigantesque salle éblouissante et chargée, des dizaines de porte-manteaux étaient disposés devant de grands miroirs bordés, chacun, d’une demi-douzaine d’ampoules alignées. Un doux parfum de luxe expirait l’air et lui inspirait une bouffée de gaieté.
Une vingtaine de personnes s’activaient autour de Zeus et de Vénus liformés, des mannequins, comme elle les découvrait dans la plupart des magazines et des délés. Elle avait l’impression de faire son entrée dans un monde féerique de beauté. Tous ces êtres étaientd’une grande majesté, avec des manières particulières qui l’avaient déjà hypnotisée. Elle les regardait avec admiration et une naturelle amitié. Elle ressentait le bonheur absolu d’un invité du paradis au bout de ce fameux tunnel où une lumière aveuglante l’attira par son étrangeté. Puis le parfait jardin qui se dévoila avec des gens vêtus de blancheté, gambadant à travers champs brillamment verts et aérés. Vaguement perdue dans sa béatitude, elle se cogna contre un porte-manteau ployant sous un gros lot de vêtements accrochés. Le fracas que cela provoqua attira des regards hébétés.
La petite nouvelle, qu’elle est, venait de se faire remarquer, bruyamment.Avec un air de dédain, tous les yeux se détournèrent aussi soudainement, chacun retournant à ses occupations brusquement. Elle scanna autour d’elle, cherchant à repérer un endroit où se mettre
7
Crasse et paillettes
et quelqu’un à qui s’adresser à cet instant. Où trouver sa place dans ce monde charmant, se sentant comme une minuscule tâche noire trop visible sur ce linge purement blanc ?
Bouche bée, elle s’éveilla à la vue d’une scène de deux géantes en équilibre sur d’interminables talons aiguille, leurs seins s’agitant. Leur mi nudité la choqua au point de croire à un hard excitant qui n’était autre qu’un essayage, les demoiselles s’entraidant à pénétrer dans leurs tenues de divas en se forçant.
Comme un gong qui venait la réveiller gentiment, un jeune homme au corps d’Apollon l’aborda en lui tendant la main gracieusement. Son timbre de voix banal était dans cet univers idyllique très contrastant:  - Donne tes dix mille francs de droit de participation au délé ! Tu n’es pas sur la liste des personnes qui ont payé.  - Euh… comment ? Il faut payer pour déler ?  - Oui, bien sûr.  - Ah, bon! Mais je n’ai pas assez d’argent sur moi. On ne m’a pas prévenue…  - Ben, tu ne pourras pas déler alors. Avance au moins cinq mille francs et tu me donnes le reste plus tard. Violemment sortie de son rêve par cette belle brute, elle fouilla mécaniquement dans son sac à mains et rassembla toutes ses coupures de billets nerveusement pour lui donner ce qui représentait son repas de midi de la semaine. Il prit les quatre mille sept cent cinquante-cinq francs en la lorgnant.
Un autre homme, petit de taille et arborant une queue de cheval et des boucles d’oreille clinquantes, tapa le sol de ses souliers vernis pour attirer l’attention et donna des instructions dans ce chuchotement énervant:S’il vous plait ! Un petit brieng rapide sur les essayages ! Vous avez les noms sur chaque tenue, commencez à vous rapprocher des porte-manteaux.
Gourmandement captivée, elle dévora des yeux celui qu’elle admirait dans tous les médias depuis des années : le célébrissime styliste Alex I. de tous les grands T. Elle savourait la délicieuse
8
Crasse et paillettes
annonce qu’elle avait reçue de son agence d’avoir été retenue pour ce délé. Elle, dans un chef-d’œuvre d’Alex I., un rêve qu’elle allait intensément vivre auprès de cette icône brillamment née ! Il se retourna tout à coup dans sa direction, comme s’il avait entendu ses pensées, se rapprocha jusqu’à quelques centimètres d’elle, marquant signicativement le mètre de hauteur qui les séparait. La tête baissée vers son interlocuteur, elle était hautement intimidée, se demandant si elle avait, à haute voix, parlé.  - Dis donc, comment peut-on être aussi grande et maigre avec de telles rondeurs ? Une bonne poitrine et des fesses rebondies ! C’est ton premier délé ? Elle le xa, estomaquée :Ne fallait-il pas être maigre pour être mannequin ? Devant son attente, elle nit par acquiescer ; il l’examina de haut en bas, puis de bas en haut, ensuite de haut en bas, la toisa et repartit, dépité :Ben, ça se voit que c’est ton premier délé, ma cocotte ! Qu’est-ce que les agences nous ramènent comme marchandises ! Il s’assit avec un groupe de personnes puis interpella l’un d’eux très affairé :Carlo, elle a été recommandée par qui, la nouvelle ?  - Elle vient d’Afrique Model, apparemment c’est l’une de leur future égérie.  - Mouais, elle a du potentiel mais il faudrait qu’elle s’enlève le manche à balais qu’elle a dans le hum hum.
Il ne se censurait pas à la critiquer. Les autres personnes présentes l’entendaient et n’en étaient pas gênées. Les éclats de rire que provoqua sa remarque couvrirent de honte la nouvelle candidate au T.
Elle avait toujours rêvé de le rencontrer et de porter ses somptueuses créations, apparemment aussi coûteuses que sa gratuite méchanceté. Elle eut à peine le temps de sentir ses larmes monter et de penser que cePradoavait des attitudes de diable qu’elle l’entendit crier : La nouvelle ! Monte sur le T et fais-nous voir comment tu déles ! Carlo, viens la coacher là, c’est quand même toi le chorégraphe.
Elle s’exécuta, empotée :Mais pourquoi mon ex-idole s’acharne sur moi comme ça ?
9
Crasse et paillettes
Elle contourna la tige de deux mètres sur quinze d’une moquette rouge vif complètement enveloppée. Elle devait gravir quelques marches comme une échelle de piscine menant à la planche élevée avant le grand saut de dix mètres dans l’eau glacée. Son plongeon dans le milieu devra être une réussite au risque, dans le petit bassin, de se noyer. Elle trébucha sur la deuxième marche du T.  - Ça commence bien, dis donc,lança Alex I.. Se rent entendre ricanements gracieux et éclats de rire forcés. Carlo prit sa défense tel un chevalier :Remarque, il vaut mieux qu’elle tombe ici que pendant le délé. En général, le problème n’est pas de tomber mais de se relever à chaque fois qu’on tombe;leçon de vie ! Alex I., sarcastique et agacé :Euh, Carlo, garde pour toi tes proverbes à demi-balle. Dans le milieu, si tu commences à tomber, tu précipites la n de ta carrière, c’est tout ! Que tu te relèves ou que tu restes couché sur le T, ça ne changera rien. Elle se redressa, dissimulant son stress avec élégance. Elle repensa aux mois d’apprentissage de Catwalk à son agence. Il était temps qu’un délé rembourse son long investissement en lui donnant une chance. Aux castings, elle n’était jamais conviée d’avance. Les stylistes ne semblaient miser que sur les anciennes, déjà pleines d’assurance. Celles qui venaient d’arriver dans le milieu n’étaient pas encore des valeurs sûres à leur sens.
Dans un jean bleu et un body noir moulant, elle entraina avec plus de conance ses nouveaux talons de dix centimètres dans des pas croisés, ses jambes telle une paire de ciseaux devant rester droites et dépliées en cadence ; les douleurs aux pieds lui rappelant que le neuf pèse dans la balance. Elle s’appliqua à regarder devant elle, sans xer dans les yeux l’assistance, comme elle l’avait appris, et t une vingtaine d’aller-retour sur le T, avec une certaine aisance. Mimant la démarche d’une sirène qui aurait des membres inférieurs, elle se déhancha à se rompre le bassin, comme un ralenti de transe. Son port de tête se voulait irréprochable, avec une expression faciale à mi-chemin entre la sensualité et l’arrogance.
Elle entendit quelqu’un lui lancer :La nouvelle, descends maintenant ! Tu nous donnes le vertige, là. Plus personne ne te regarde!
1
0
Voir Alternate Text
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents
Alternate Text