Dans l'oeil de Dorian

Danielle Gauthier

Description

Danielle, une fonctionnaire québécoise, a quitté le Québec avec ses deux filles pour vivre avec Chad, l’amour de sa vie, à Marsh Harbour, Great Abaco aux Bahamas. 
À l’annonce de l’arrivée de Dorian pour le 1er septembre 2019, elle a travaillé fort pour préparer la maison et sa famille. Cependant, Dorian a frappé plus fort que prévu, dépassant le niveau 5 de l’échelle internationale de Saffir-Simpson avec des vents de plus de 300 kilomètres à l’heure. L’île a été secouée pendant plus de 36 heures, causant 3,4 milliards de dommages et faisant une centaine de victimes. 
Danielle nous raconte ce qu’a vécu sa famille avec un style d’écriture direct et truculent. À plusieurs moments, l’autrice nous parle d’évènements qui nous glacent le sang tant la mort a côtoyé ces Québécois.

Sujets

• Fiction

Informations

• Publié par: Distribulivre
• Date de parution: 21 novembre 2022
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782897757076
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Dans l’œil de Dorian
 
 
 
 
Danielle Gauthier
 
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
 
Images originales de la couverture : Shutterstock 1492317566 et AdobeStock 434878046
 
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur .
 
 
 
Distributeur : Distribulivre   www.distribulivre.com   Tél. : [phone] Télécopieur : 1-450-915-2224
 
 
 
© Les Éditions de l’Apothéose Lanoraie (Québec) J0K 1E0 Canada [e-mail] www.leseditionsdelapotheose.com
 
 
 
Dépôt légal —  Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022 Dépôt légal —  Bibliothèque et Archives Canada, 2022
 
 
ISBN : 978-2-89775-661-1
ISBN EPUB : 978-2-89775-707-6
 
 
Imprimé au Canada
 
 
 
Ohana   !
 
Pour Aiden, mon p’tit gars d’amour,
pour Arianne, mon Ti-gazou chéri
«   Just keep swimming   »
 
Chad, mon amour
«   To infinity and beyond   »
 
A1 Isabelle D., mon amie qui sait ce que le mot courage signifie
 
Aux 74 victimes de Dorian, aux centaines de personnes toujours portées disparues et aux milliers de personnes qui ont vu leur vie abruptement changée le 1 er septembre 2019
 
À Bryan et Dylan
 
 
 
 
 
Cette histoire est romancée.  
 
Toute ressemblance avec des personnes réels est totalement fortuite.
 
 
 
 
 
 
 
 
Préface
 
 
Fiona vient tout juste de frapper les côtes canadiennes sur l’Atlantique avec une force de catégorie 1 , causant des morts et de nombreux dégâts matériels et écologiques. Nous avons tous suivi sa trajectoire, grinçant des dents quand Fiona dévastait un coin connu, fermant les yeux sur nos larmes à l’annonce d’une perte de vie.
 
En 2019, Dorian a saccagé les Bahamas avec une puissance qui défiait l’échelle internationale des ouragans Saffir-Simpson, dépassant la catégorie 5 et imposant presque qu’on ajoute l’échelon 6. Danielle Gauthier et sa famille l’ont vécu de plein fouet à Marsh Harbour sur l’île Great Abaco aux Bahamas.
 
En tant que coach en écriture, j’ai vu Danielle batailler fort pour coucher sur papier sa terrible expérience qui aurait pu lui coûter la vie, celles de ses enfants et de son mari. Danielle s’est servi des émotions ressenties lors du passage brutal de Dorian et celles qui l’ont secouée pendant des mois, durant la phase post-traumatique, pour nous raconter comment sa famille a échappé à la mort face à l’ouragan le plus violent que l’Atlantique ait connu.
 
La plume de Danielle nous montre sa sensibilité de femme, d’épouse et de mère. Sa force de caractère exceptionnelle lui a permis de résister aux effets dévastateurs causés par Dorian, de survivre les jours terribles qui ont suivi la crise, d’aider les membres de sa famille à surmonter la terreur qu’ils ont éprouvée.
 
Danielle s’est servie de tout ça pour garder le cap au cours de l’écriture de ce premier récit troublant, mais informatif. Dans son livre, Danielle nous raconte généreusement les évènements de sa vie qui ont précédé son départ pour les Caraïbes ainsi que son expérience d’expatriée. Sa description des îles où elle a vécu nous incite à nous envoler vers ces lieux enchanteurs… pourvu qu’on n’annonce pas un ouragan.
 
J’ai adoré travailler avec Danielle. De ses pleurs et de ses rires, elle a su tirer l’énergie nécessaire pour se rendre au bout de son rêve. Son texte m’a fait sourire et verser quelques larmes. Plusieurs parties déchirantes de son récit m’ont tout simplement fait trembler de frousse pour elle et sa famille.
 
À toi, Danielle, je dis bravo ! Maintenant, ma chère, savoure le moment de présenter ton livre au public. Tu le mérites. Les lecteurs vont t’adorer.
 
Suzie Pelletier
Écrivaine québécoise
Coach en écriture
 
Chapitre 1
Une folle en cavale
 
 
Nassau, 6 septembre 2019, cinq jours après le passage de Dorian
Je me tiens là debout devant cette petite clôture à contempler les flamants roses. Je connais tous leurs gestes. En effet, quelques années plus tôt, j’ai eu la chance de les voir arriver dans leur nouvel habitat, l’un des plus grands complexes hôteliers des Caraïbes, le Baha Mar, sur l’île de New-Providence. Si vous y séjournez un jour et que vous entendez une dame parler à ces oiseaux flamboyants ou que vous la voyez admirer les carpes koïs, ce sera peut-être moi, la French Canadian comme les anglophones se plaisent à me nommer.
Dans ma vie d’expatriée, je me trouve toujours une bonne raison pour un court passage dans ce lieu pour des événements particuliers comme les championnats nationaux en natation auxquels ma fille Perle a participé. Puis, nous y logeons le temps d’une escale en retournant chez nous sur « Great Abaco », une île de la chaîne insulaire des Abacos. Je vous le dis, je m’invente d’excellents motifs pour rester quelques heures à l’un des trois hôtels qu’offre ce centre de villégiature de 1000 acres. J’ai même invoqué des excuses de sécurité en affirmant que c’est le seul endroit où je me sens en sûreté lorsque je dors sur cette île remplie d’histoire.
Bon ! Question de quiétude, j’accepterai peut-être un jour à faire exception à cette règle, si Julie Masse et Corey Hart m’invitaient à séjourner chez eux… J’étais très excitée à cette idée lorsque Chad, mon conjoint, et moi avons décidé d’explorer les Bahamas, il y a de ça presque six ans. Je sais que ce couple fascinant possède une résidence cossue ici , mais je ne les ai jamais croisés.
Par contre, si vous passez devant la magnifique piscine où l’on retrouve la caverne à l’heure que toutes les vacancières s’habillent de leurs plus belles robes, vous observerez peut-être une femme avec les pieds dans l’eau, son vêtement levé à ses cuisses. Pas de soucis ! C’est comme ça que je dis bonne nuit aux tortues, aux requins, aux raies, sans oublier les étoiles de mer. Vous me trouvez un peu… spéciale, peut-être ?
On me traite régulièrement de folle. Deviner quoi ? J’assume parfaitement ce côté de ma personnalité rebelle, intuitive et… folle bien sûr. Mes collègues, des agents correctionnels, m’ont déjà lancé plusieurs observations à cet effet. Vous savez, en quatorze ans, en tant que gardienne de prison, j’en ai accumulé des histoires à raconter ! J’en conserve de magnifiques souvenirs comme de plus douloureux.
Tu es folle !
Le jour où j’ai décidé d’aller visiter Chad aux îles Turquoises, je suis devenue définitivement la risée du centre de détention où je travaillais. J’aurais peut-être dû me taire, ne pas mettre ce projet au grand jour, pour ne pas passer pour une folle. J’avais fait la connaissance de Chad quelques mois auparavant sur la plateforme Réseau Contact.
Ah ! Les sites de rencontre ! Je pourrais vous en parler longtemps ! J’avais bien organisé ma présence sur ce site. J’ai apprécié la navigation sur cet espace Internet qui permet à ceux qui le désirent d’échanger les uns avec les autres, pour des raisons amicales, sentimentales et sexuelles.
À chaque visite, ce lieu virtuel me fascinait. J’ai pris plaisir à découvrir les gens. Alors je me suis gâtée à fond ! J’en ai passé des heures à discuter et connaître ces hommes via la plateforme ! Sans toutefois trouver le bon…
Mais lorsque j’ai communiqué avec Chad, tout a changé. Je suis tombée en amour. Dans l’instant même. Au cours de la nuit qui a suivi ma première vidéoconférence avec Chad, j’ai rêvé à des néons, un plafond rempli de tubes fluorescents. Dans ce songe, je me détendais sur un grand lit douillet et je contemplais cet éclairage. Enfin ! Pour la première fois depuis que j’ai décidé de me sortir d’une relation que je jugeais toxique, j’interprétais mes rêves positivement.
À cette époque de chamboulements personnels profonds, je donnais de l’importance à ce que je percevais dans mon sommeil et ça me fascinait. Selon mes recherches, «  la lumière représente l’ouverture sur une évidence, sur l’épanouissement et l’amour. Voir un lit semble aussi annoncer ce sentiment d’affection, un équilibre sexuel, et un parfait accord  1 ». Avec les néons lumineux, j’en avais enfin fini avec les cauchemars de perte de dents ou d’accidents qui me rappelait un peu trop que les derniers mois m’avaient mis à l’épreuve. Avec le recul, j’ai compris tout le courage dont j’ai eu besoin pour quitter mon projet de petite famille unie. Il m’a fallu de la volonté afin de me sortir de cette relation toxique qui ne m’aurait conduit nulle part autre que sur le chemin de la violence. J’aurais participé à ma propre autodestruction.
Après quelques mois de fréquentation virtuelle avec Chad, j’ai ressenti ce besoin profond d’aller le voir en vrai, pour le sentir, pour le toucher et, bien sûr, pour vérifier si nos deux corps se connecteraient !
Je ne me suis pas posé de questions et j’ai suivi mon instinct. Douze ans plus tard, nous éprouvons toujours, l’un envers l’autre, un grand amour. Comme le précise le dicton que mes parents se déclaraient tendrement : « plus qu’hier moins que demain… »
Chad s’amuse aujourd’hui à dire que les coûts pour son abonnement à cette plateforme de rencontre ont été le meilleur investissement dans sa vie !
 
 
Tu es vraiment folle !
À l’époque, mes collègues, mes patrons, mes amis et ma famille me traitaient de folle. Quelle idée d’aller rejoindre un inconnu à l’autre bout du monde ! À l’exception de ma mère qui m’a simplement encouragée à suivre mon instinct. La rebelle en moi serait allée même sans son accord, mais le fait qu’elle me supportait dans mes choix me rendait plus déterminée encore.
Plusieurs années ont passé. Grâce à cette folie reprochée par plusieurs et à ma créativité, notre couple a su survivre à notre relation à distance. J’étais décidée à ne pas laisser les jugements des autres interférer dans notre bonheur. Je vous le dis, ce n’était pas facile ! Je n’avais qu’une seule envie, celle de me blottir dans ses bras.