De l audace et des larmes : Saga des Montazay I
236 pages
Français

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De l'audace et des larmes : Saga des Montazay I , livre ebook

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Description

Mai 1940 : l’Allemagne lance son offensive vers l’ouest et envahit les Pays-Bas, la Belgique puis la France.
Hilde, Antoine et leurs cousins se retrouvent aux avant-postes de l’Histoire et leur destin en sera à jamais bouleversé.
Mêlant références historiques et fiction, Blandine Brisset nous fait vivre, à travers une grande épopée familiale, cet instant crucial où l’Europe est emportée par la la folie de la guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312128481
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De l’audace et des larmes
Blandine Brisset
De l’audace et des larmes
Saga des Montazay I
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur :
La Babouchka du 6 ème étage , éd. Le Triomphe , 2018.
Le Maître du Phare , éd. Le Triomphe , 2019.
Quatre places pour l’Alsace , éd. du Net , 2021.
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-12848-1
Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait.
Mark Twain
L’art d’être tantôt audacieux et tantôt très prudent est l’art de réussir.
Napoléon Bonaparte

1
Berlin , Allemagne , vendredi 3 mai 1940.
Rompant le silence de la nuit, le téléphone sonna. Tirée de son sommeil, Louise se redressa dans son lit le cœur battant et pieds nus, s’élança vers l’escalier, dévala les marches quatre à quatre pour se précipiter dans le salon plongé dans l’obscurité. Elle avait les appels nocturnes en horreur car ceux-ci n’auguraient jamais rien de bon.
– Madame Kraus ?
– Elle-même, répondit celle-ci haletante.
– Docteur Fischer à l’appareil. J’ai besoin de parler à votre fille Hilde, de toute urgence.
– Ne quittez pas docteur, je vais la chercher.
Rassurée, Louise abandonna le combiné sur la console et remonta en vitesse dans la chambre de sa fille, située au dernier étage de la maison. La sonnerie l’avait bien entendu réveillée mais elle était tout ensommeillée.
– C’est pour toi, ma chérie ! claironna Louise en appuyant sans ménagement sur l’interrupteur. Vite, dépêche-toi !
– Qui est-ce ? bougonna Hilde, en s’étirant avec contrariété.
– Le docteur Fischer.
– Fischer ? répéta-t-elle d’un air ahuri, tout en se mettant sur son séant.
Depuis déjà deux ans, Hilde Kraus était sage-femme dans la très renommée maternité Unter den Linden, dans le centre de Berlin. S’il lui arrivait parfois d’être appelée en renfort, y compris au beau milieu de la nuit, jamais le docteur Fischer n’avait pris la peine de l’appeler en personne. Elle sauta de son lit et se rua à son tour dans l’escalier puis dans le salon, faiblement éclairé par une lampe bouillote.
Ce fut à peine si elle reconnut la voix du médecin, rauque et impétueuse qui lui signifiait qu’elle était attendue séance tenante à la maternité. Parce qu’il était tard, un chauffeur allait passer la chercher dans quelques minutes. Aussi devait-elle se hâter de se préparer pour se tenir prête devant son domicile, dans les plus brefs délais. Le ton âpre de Fisher n’avait pas manqué de la déconcerter, mais elle n’avait guère le temps de s’interroger à ce sujet. Au cours de la succincte communication, sa mère était restée en retrait et lorsqu’elle eut raccroché, Louise ne put s’empêcher de l’interroger. Mais Hilde, tout à la fois fatiguée et soucieuse, éluda ses questions, lui enjoignant de retourner se coucher sans s’inquiéter. Ce n’était pas la première fois loin s’en faut, qu’elle était ainsi convoquée en pleine nuit. Plusieurs accouchements devaient être en cours et à coup sûr, le personnel se trouvait en sous-effectif.
De retour dans sa chambre, la jeune fille ouvrit sa penderie et attrapa une robe au hasard ainsi que sa paire d’escarpins bleus. Elle fit un rapide tour dans la salle de bain pour se laver les dents et se brosser les cheveux puis, ayant attrapé son sac à main, elle descendit les escaliers sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller ses frères.
La nuit était fraîche et Hilde enfila en vitesse un chandail. À l’instant même où elle ouvrit la porte d’entrée, des phares jaillirent au coin de Helmstedter straße dans Güntzelkiez , un quartier résidentiel de Berlin . Une Citroën pila devant le portail rouge. Le chauffeur retira poliment son couvre-chef, vérifia l’identité de la jeune femme qui se tenait devant lui et, satisfait de sa réponse, lui ouvrit la portière. Elle avait à peine eu le temps de s’installer que la voiture démarra à une vitesse insensée. Cramponnée à la banquette arrière, Hilde ferma les yeux, espérant arriver saine et sauve à la maternité. Par chance, à presque deux heures du matin, les rues de la capitale allemande étaient désertes.
En un temps record qui ne lui procura pas vraiment l’opportunité de s’interroger sur la situation, elle arriva à destination. Mais quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une bonne douzaine de soldats armés jusqu’aux dents qui, de toute évidence, montaient la garde devant et jusqu’aux alentours de l’établissement. Que se passait-il donc ?
La maternité Unter den Linden était un vaste bâtiment de style néo-classique qui avait été magnifiquement restauré en 1937. Devant l’entrée principale, Hilde Kraus ne tarda pas à repérer le docteur Fisher ainsi que sa collègue et excellente amie Amelia Friz, qui semblait avoir le plus grand mal à garder les yeux ouverts. Le médecin ne lui adressa pas un mot et le trio pénétra dans l’établissement où d’autres militaires étaient en faction.
Si elle allait de surprise en surprise, la sage-femme avait tout de suite perçu le malaise ; le docteur Fisher n’était pas dans son état normal. Lui qui d’ordinaire se montrait si jovial et bon vivant, était fort nerveux et distant, sur la défensive aussi, ce qui ne lui ressemblait pas. Dans le hall, il se dirigea droit vers un homme arrogant en uniforme, à la poitrine bardée de médailles. Il lui indiqua que son équipe était au complet, ce qui sembla le satisfaire au plus haut point.
Hilde jeta un regard déconcerté vers son amie mais celle-ci semblait aussi désorientée qu’elle. Ensemble, ils gravirent l’escalier central jusqu’au deuxième étage, remontèrent un long couloir silencieux aux murs peinturés en vert d’eau et s’arrêtèrent devant le bureau du médecin.
Avec courtoisie, l’officier s’effaça pour les laisser entrer puis ferma la porte derrière lui avec soin. Chacun prit place sur des chaises cannelées réparties dans le bureau, dont le mobilier se réduisait au strict minimum. Levant des yeux interrogateurs vers le médecin, Hilde avisa derrière lui un portrait d’Hitler qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Si elle s’était habituée à croiser le regard du Führer dans le hall d’entrée de la maternité, la découverte de ce cliché dans ce modeste bureau l’étonna.
– Mesdemoiselles, commença alors le docteur Fischer d’une voix métallique. Annabell Hitler, l’épouse de notre Führer, vient d’être admise dans notre maternité et je vous ai convoquées afin de procéder à mes côtés, à son accouchement.
À ces mots, les deux jeunes filles blêmirent, ce qui n’échappa nullement au regard affuté du gradé qui s’était levé séance tenante.
– Soyez -en certaines Mesdemoiselles , c’est un grand honneur qui vous est fait ! poursuivit-il avec emphase. J’avais exigé que, le jour venu, les meilleures sages-femmes de cette prestigieuse clinique soient convoquées au plus vite. Je constate que vous avez très vite répondu présent et vous en sais gré. Désormais , il ne vous reste plus qu’à vous rendre auprès de votre illustre patiente. Mais avant tout, je tiens à vous dire ceci : vous allez accomplir votre travail de la meilleure façon. Ne prenez aucune initiative seule, obéissez en toute chose. Vous n’avez pas le droit à l’erreur et la naissance du premier fils de notre Führer bien aimé doit se dérouler dans les meilleures conditions qui soient. De tout ce que vous entendrez et verrez, rien, je dis bien rien, ne doit sortir de cet établissement. Me suis-je bien fait comprendre ?
– Oui, répondirent en chœur les deux jeunes femmes apeurées.
– Si vous failliez à votre promesse, les conséquences pourraient être fâcheuses. J’espère avoir été très clair, conclut le général Schnabel en regardant tour à tour les femmes puis le médecin.
Hilde ouvrit la bouche pour lui signifier que sa recommandation était tout à fait superflue puisqu’elles étaient tenues par le secret médical et que de fait, elles n’avaient pas l’habitude de parler de leurs patientes. Mais comme le docteur Fisher la foudroyait du regard, elle la referma aussitôt, sans émettre le moindre son.
– C’est à vous de jouer ! annonça alors le général, en ébauchant un sourire crispé.
– Mesdemoiselles, ajouta le docteur Fisher, allez vite vous préparer puis rejoignez-moi dans la salle d’accouchement numéro trois.
Sans plus attendre, les deux filles se levèrent et quittèrent le bureau. Elles gagnèrent le vestiaire où elles disposaient de leurs affaires personnelles et enfilèrent leurs blouses blanches, sous le regard importun d’un soldat qui avait manifestement pour consigne de les suivre à la trace. Elles brûlaient d’envie de discuter de la situation, mais sa présence les déstabilisait et elles gardèrent le silence.
En entrant dans la salle d’accouchement, les sages-femmes tombèrent sur le docteur Fisher qui achevait de se préparer. Un peu plus d’une heure auparavant, la jeune épouse d’Hitler – qui avait fêté en grande pompe ses vingt-cinq ans le mois précédent – avait perdu les eaux et avait été transportée en toute urgence à la maternité. Récemment pourtant, Hilde avait lu dans Signal {1} que la naissance était prévue pour le début du mois de juin ; le bébé serait donc prématuré de plusieurs semaines. Etant donné le contexte, la jeune fille croisa les doigts, espérant que l’accouchement se déroulerait dans les meilleures conditions et que l’enfant serait en bonne santé.
***
Le travail avait déjà commencé sous le regard quelque peu embarrassé et incommodé de deux soldats et du général Schnabel. Ce dernier ne perdait pas une miette de tout ce qui se passait et n’hésitait pas à fourrer son nez partout, ce qui n’était pas sans exaspérer le médecin dont les yeux en disaient long.
Les traits tirés, le front perlé de sueur, la jeune parturiente semblait profondément inquiète. Avec douceur, le docteur Fischer se pencha vers elle et lui adressa quelques paroles réconfortantes avant de lui rappeler ce qui allait se passer. Un peu à l’écart, une infirmière et une puéricultrice se tenaient prêtes à intervenir à tout moment.
– Quelle est la fréquence des contractions ? demanda le médecin en se tournant vers Amelia.
– Cinq min

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