Du coton dans les narines
132 pages
Français

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Du coton dans les narines , livre ebook

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Description

Explorant les abysses de l’âme dans tous ses contours ainsi que leslégèretés de l’esprit humain, l’auteure, douée par sa capacité à tisser lesmots et les récits, en fait des merveilles s’adressant au psychique del’Homme. Que dire de cet homme qui perd sa dignité, sa liberté et safamille à cause de sa libido ? Que dire de cette belle métisse qui croitqu’à cause de sa beauté et de sa peau claire, le monde se soumettrait àses pieds ? Quoi penser après avoir appris le décès d’un être bien portantavec qui vous étiez quelques secondes seulement avant son départtragique ? Que penser de cet homme qui a perdu ses meilleurs amis dansun contexte de délinquance tout simplement parce que prenant la sociétépour responsable de leur malheur ? Que dire de cet homme,extrêmement généreux, qui a perdu sa vie au travail sans toutefoisprofiter de ses revenus parce que toute la charge de la grande famille sereposait sur lui ? Telles sont entre autres les questions que suscite cetteœuvre merveilleuse. Comment réagir face à ces situations ? La nouvelleest surprenante en ce sens qu’elle ne donne pas des réponses toutesfaites mais elle plonge le lecteur dans une profonde méditation quil’emmène à remettre en cause son existence et à la redéfinir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782376702214
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait













Du coton dans les narines




(Recueil de nouvelles)








1































2
Maïmouna Besso





Du coton dans les narines
(Recueil de nouvelles)









Editons Toumaï
L’éditeur de nouveaux talents

3






























4
Ce texte publié aux Éditions Toumaï est protégé par les lois et traités
internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier
est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage
personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé
que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des
sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code de la
Propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur
sur la protection des droits d’auteur.



Éditions Toumaï
Avenue Taïwan
B.P: 5451 N’Djaména-Tchad
Tél:+235 63 05 65 02/99 77 83 43
e-mail: editionstoumai30@yahoo.com



ISBN : 978-2-37670-221-4








Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Toumaï en
décembre 2022
5




























6




Le monde est petit

-Ah le lycée, quel lieu extraordinaire !
-Tu ne crois pas si bien dire, ma chère ! C’est même, à mon avis,
par essence, le lieu où on apprend à forger son caractère et où on
cherche à se connaître.
-En passant par diverses phases de sentiments : amour, haine,
jalousie, envie… ssous les regards parfois inquisiteurs, des
« anges gardiens » que sont les proviseurs, professeurs,
surveillants et autres.
-Les pauvres ! Faut dire qu’ils ont du pain sur la planche parce
qu’être en charge, cinq jours sur sept, neuf mois sur douze, de
centaines d’adolescents et de leur complexité légendaire, ce
n’est pas donné à tout le monde.
-Mais justement ! Sans ces adolescents et leur âge, qu’il soit
bête, ingrat ou beau, un lycée n’a pas lieu d’être. Même si leurs
comportements sont parfois qualifiés de curieux ou bizarres.
Pour beaucoup d’entre eux, et je parle en connaissance de cause,
le lycée est non seulement un lieu où on vient s’instruire, mais
également un terrain où on se rencontre, où on fait connaissance,
7
où on se lie d’amitié ou d’amour, parfois pour un temps, parfois
pour la vie.
-Ton avis est partagé. J’irai même jusqu’à ajouter, et à mon
humble avis, que le meilleur de l’adolescence se passe au lycée.
Cette conversation se déroulait entre Didja et Fanta. Ces deux
jeunes femmes de trente-deux ans chacune étaient d’anciennes
élèves de ce qui était alors, l’unique lycée de la ville de Mora
qui est le chef-lieu du département de Mayo Sava. C’est une
région montagneuse située à l’extrême nord du Cameroun, et qui
a pour point culminant, le mont Mandara.
-Ceci dit, je me demande ce qu’est devenu notre bon vieux
lycée, dit Fanta.
-Pareil qu’avant. Mis à part le changement de place de quelques
classes. Sinon, c’est toujours aussi calme et relativement
paisible ; avec quelques remous de temps en temps, mais
beaucoup moins qu’à notre époque, à mon avis, énonça Didja.
-Ah oui, des remous, il y en a eu, de notre temps ! Mais
étrangement, ils étaient tous d’ordre sentimental.
-Pourquoi cela t’étonne-t-il ? L’amour, la passion… C’était des
choses nouvelles, des découvertes pour les adolescents que nous
étions.
-Pas que pour les adolescents que nous étions. N’oublie pas que
les professeurs n’étaient pas non plus en reste. Et avec les
élèves, s’il vous plaît ! Quand je pense qu’ils sont censés servir
de seconds pères pour ces mêmes élèves ! Aucun sens de la
déontologie propre au corps enseignant ! C’est vraiment
navrant ! Je te défie de seulement me citer dix parmi ceux qui
8
nous ont tenus de la sixième jusqu’à la quatrième, qui n’ont pas
eu à fricoter avec certaines de nos camarades.
-Oh, je peux toujours essayer ; sans rien promettre, bien sûr. Il y
avait Monsieur Womba, tu sais, notre professeur de français en
sixième, celui qui était aussi responsable de la bibliothèque.
-Oh, je me souviens très bien de lui ! Même que c’était le
chouchou de toutes les filles de la classe ; mais le bougre n’avait
d’yeux que pour sa femme. C’était peut-être pour ça, le fait qu’il
était inaccessible, qu’on l’admirait.
-Tout chez lui forçait l’admiration : sa voix, son maintien, son
style vestimentaire, bref, tout. Même les garçons – qui n’étaient
pas du tout commodes – le respectaient et le craignaient. Il y
avait donc Monsieur Womba, puis, Monsieur Onana, le
professeur de mathématiques et Monsieur Ngwa, le professeur
d’anglais ; ça, c’est pour la sixième. En cinquième, je peux citer
Monsieur Nkwo, professeur d’anglais également, qui ne
m’aimait pas beaucoup et je le lui rendais bien d’ailleurs, le
pauvre monsieur Bissié qui est à présent décédé, professeur de
français et d’histoire-géographie, et enfin la « terrible » classe de
quatrième. Dans ladite classe, je ne vois que Monsieur Béabé, le
professeur d’éducation physique. Ah ! J’oubliais ! Il y a aussi
Monsieur Elomo, notre cher professeur d’espagnol,
-Ce vieux schnock de Guanto ? Je te suggère tout de suite de le
retirer de ta liste car cet enfoiré avait à maintes reprises, essayé
de me draguer, mais sans succès.
-Quoi, le vieux Guanto et son look des années soixante-dix ? Je
n’en crois pas mes oreilles ! Moi qui le prenais pour un saint !
9
-Un drôle de saint, en tout cas ! Pourquoi l’avait-on surnommé
Guanto, déjà ? Je n’arrive pas à m’en souvenir.
-Moi, si. C’était à cause d’une chanson avec laquelle il nous
bassinait sans cesse. Quelque chose comme : « Guantanamera,
guajira Guantanamera … ». J’ai oublié le reste des paroles mais
c’est du mot guantanamera que quelques rigolos de notre classe
ont eu l’idée de tirer le mot Guanto, devenu le fameux surnom
de Monsieur Elomo.
-Oui, cela me revient à présent ! Après le refrain, arrive : « Yo
1 2soy un hombre sincero ; de donde crecen las palmas … », et
cætera, non ?
-Oui, c’est ça ! En tout cas, on peut dire qu’il n’a pas fait
honneur aux paroles de cette chanson qu’il affectionnait tant.
-Aux par… Ah oui, tu parles d’un homme sincère ! Quoique le
3contexte ne soit pas le même … Ah, la quatrième ! Surtout la
quatrième 3.
-C’est pourquoi je l’ai qualifiée de terrible.
-Je ne te le fais pas dire ! Mais revenons à nos moutons.
Combien de professeur clean as-tu trouvé pour les trois classes ?
-Seulement six. Ou… plutôt sept, car je crois me souvenir d’un
autre… C’est monsieur… Mbakop…
-Mbakop ? Tu n’es pas sérieuse ? À côté de celui-là, Monsieur
Elomo peut être revêtu de l’habit de saint.

1 Je suis un homme sincère.
2 Du pays où poussent les palmiers.
3 Guantanamera est une chanson nationaliste cubaine
10
-Mais comment ? Ce n’était pas notre charmant professeur de
technologie ?
-Oh, que non ! Mbakop n’est autre que celui qui traitait toutes
les filles de poules !
-Lui ?!!! Suis-je donc bête ! Comment ai-je pu confondre ce
malotru avec un autre ? De tous mes professeurs, toutes classes
confondues, c’est celui que j’exécrais le plus !
-Et je peux te dire que tu n’étais pas la seule ! Il était si… si…
-Si désinvolte, si hâbleur, si affreusement prétentieux…
-Voilà ! Tu as tout dit ! Hum… Heureusement pour ce rigolo,
qu’il ne m’a jamais traitée de poule ! Sinon, je peux te jurer
qu’il m’aurait entendue, tout professeur qu’il était !
-Et moi donc ! « Et Maman, alors » est la réplique toute prête,
que je lui réservais. Hum, bref… On a donc six professeurs…
non, sept.
- À ce propos, c’est de Monsieur Mbandjok que tu parlais, tout à
l’heure.
-Oui, Mbandjok, c’est ça !...
-Alors, ne trouves-tu pas honteux que sur trois classes, il n’y ait
eu que sept professeurs dignes de ce nom ?
-Oui en effet. Au fait, en parlant de professeur clean et non
clean, est-ce que tu te souviens de l’Évènement ?
-Quel évènement ?
-Pas évènement, mais Évènement avec un grand E ; tu ne vois
toujours pas ?
11
-Bah non !
-Tu n’es pas non plus en reste question trous de mémoire,
diraiton ! Comment se fait-il que tu ne te souviennes pas d’une
histoire qui avait secoué tout le lycée et ce, pendant plusieurs
mois ?
-Désolée, c’est le vide total dans ma tête. Quelle classe
faisionsnous à l’époque ?
-Troisième.
-Si c’est la troisième, c’est normal que je n’en ai aucun souvenir
puisque je n’étais plus ici. Rappelle-toi, c’était en mille neuf
cent quatre-vingt-treize, l’année où mon père a été affecté à
Belabo. Nous avons dû partir juste à la fin de l’année scolaire.
Qu’est-ce qu’on a pleuré toutes les deux, le jour du départ !
-Que je suis bête ! Comment ai-je pu l’oublier ? Mille excuses,
ma chérie. Je suis impardonnable. Mais tu me connais. Moi et
les dates…
-À qui le dis-tu ! Alors l’Évènement, c’était quoi exactement ?
-Oh ! Une histoire a priori banale, mais qui a pris une autre
tournure par la suite.
-Quel genre de tournure ?
-Du genre, disons, dramatique.
-Dramatique ? Non, je n’en crois rien ! Une histoire dramatique
au lycée de Mora ! Il va falloir que tu me la racontes ; et avec
moult détails ma chère amie.
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-Ha, ha ! Je vois que tu raffoles toujours de ce genre d’histoires ;
mais si tu veux mieux comprendre, il va falloir que je te décrive
les principaux protagonistes.
-Cela va sans dire, ma chérie ! Je suis tout ouïe.
-Eh bien…
« Il y avait d’abord, Monsieur Etamé Basile. C’était un
professeur de français âgé d’une quarantaine d’années, marié et
père de cinq enfants. Il débarqua toutefois, seul cette année-là à
Mora. Sa femme avait préféré rester avec ses enfants dans la
précédente ville où ils étaient, et d’où elle était originaire et y
remplissait les fonctions de maire adjointe. Ce qui faisait de lui,
un célibataire ; temporaire fut-il. Tout de suite, il s’

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